« La prison dans la prison » le témoignage de Robert King (anciennement détenu en Louisiane/ Etats-Unis)

Placé pendant 29 ans en isolement cellulaire dans une prison de Louisiane, Robert King dénonce un châtiment cruel et inhumain.

Le visage de Robert King n’exprime pas de colère, mais de la détermination. Depuis sa libération en 2001, cet ancien militant des Black Panters n’a eu de cesse de batailler pour celle d’Albert Woodfox et Herman Wallace, placés comme lui en isolement cellulaire en 1972 dans la prison d’Angola, en Louisiane.

Connus comme les « Trois d’Angola », les trois hommes ont engagé des poursuites contre cet État, invoquant que leur isolement prolongé constituait un « châtiment cruel et exceptionnel » contraire à la Constitution américaine.

Robert King avait été arrêté en 1970 pour un vol à main armée dont il s’est toujours défendu. Il fut transféré à la prison d’Angola peu après le meurtre du gardien imputé à Albert Woodfox et Herman Wallace et, dans le climat de violence et de suspicion qui régnait alors, placé comme eux en isolement. L’année suivante, il était accusé du meurtre d’un de ses codétenus, crime dont il sera déclaré « probablement innocent » par un juge fédéral.

80 000 prisonniers à l’isolement, selon Amnesty international

Aujourd’hui en campagne en France, Robert King a été dans plus de vingt-cinq pays pour dénoncer une pratique toujours répandue aux États-Unis : Amnesty International estime que 80 000 détenus y sont maintenus à l’isolement.

« Pendant les 29 ans que j’ai passés en isolement, mes conditions de détention n’ont jamais vraiment changé », affirme Robert King. Coupé du reste de la prison, seul 23 heures sur 24 dans une cellule de deux mètres sur trois, privé de toute activité en groupe et la plupart du temps d’exercice physique, c’est sa « conscience politique » qui lui a permis de tenir le coup.

« La tâche que je me suis assignée est de faire la lumière sur ce qui m’est arrivé et de représenter les milliers d’autres prisonniers qui subissent le même traitement, afin de faire en sorte que ces 29 années ne soient pas perdues », explique-t-il. À propos d’éventuelles séquelles, il n’a que cette formule pudique : « Il est impossible d’être plongé dans les déchets sans soi-même sentir mauvais. »

Des friandises pour « rendre la vie plus douce »

En prison, Robert King a développé une technique de confection de friandises « avec les moyens du bord »  : lait, canettes, papier toilette, et cacahuètes. Libre, il a continué de fabriquer ces pralines rebaptisées « Freelines » pour les vendre et ainsi subvenir à ses besoins. Mais aussi, dit-il avec un large sourire, pour « rendre la vie plus douce aux gens », un autre engagement pris à sa sortie de prison.

 

Source : http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/La-prison-dans-la-prison-le-temoignage-choc-d-un-detenu-americain-2013-05-05-956440
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