Semaine de la rentrée en prison où les cours et les activités reprennent. Mais avant tout aujourd’hui c’est la rentrée des classes et une profonde mélancolie stagne dans l’air ambiant. Ma fille rentre à la maternelle et je ne suis pas là pour lui tenir la main et la soutenir.
Ca fait mal, très mal.De nombreuses filles ont le blues. Sur que l’on ne sera pas de corvée pour couvrir les livres ! Moi qui déteste ça, je serais prête à couvrir tous les les livres de chaque camarade de classe de Nino, mon aîné, qui redouble sa troisième faute à mon absence. Pour lui non plus je ne serais pas présente pour sa rentrée. La honte ! Je n’aurais pas le droit non plus le soir autour du repas familial à ses commentaires sarcastiques sur les nouveaux profs et sur son emploi du temps mal fichu dont il se plaint chaque année.Je ne serais pas là pour le réveiller le matin, et avoir mal au coeur de le voir partir alors que le jour est à peine levé. J’ai mal au coeur pour tous ces gosses dont beaucoup ne savent même pas que leur mère est en prison. Certains se dirigent vers une nouvelle classe avec une nouvelle maîtresse, sans la main rassurante de leur maman, qui ne pourra pas porter leur cartable jusqu’aux grilles de l’école.Malgré le soleil qui brille en cette semaine de rentrée des classes, nos coeurs de maman sont laminés.Une profonde tristesse nous envahit, impossible à gérer, qui dévaste tout sur son passage, car elle touche à nos entrailles à la chair de notre chair, à notre bien le plus précieux.Tous ces gosses qui souffrent sont des handicapés sociaux mutilés par une justice aveugle.Toutes ces maman oubliées au fond de leur cachot, tout le monde s’en fout…Mais ces enfants qui n’ont rien qui pense à eux ? Personne à part leur maman bien sur, mais au fond de notre trou elles ne peuvent rien faire pour eux et cette souffrance s’ajoute aux autres et s’empilent jusqu’à nous faire craquer.Alors on garde le sourire, on ne se laisse pas mourir, et on espère qu’à la rentrée prochaine, on sera là pour tenir la main de nos chérubins, les consoler, porter leur cartable…Et couvrir leurs livres bien sur…
Sylvie Piciotti maison d’arrêt de Fleury – 2 septembre 2010
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