Sécurité, prison, réinsertion

Notre pays vient de battre un nouveau et lamentable record : 67 000 détenus en prison pour 57 000 places en juillet ! La situation devient impossible à gérer, non seulement au plan humanitaire mais aussi au regard de la loi. De plus en plus souvent, l’État est l’objet de plaintes de la part des détenus à propos de leurs conditions d’enfermement : hygiène, promiscuité… L’État est de plus en plus souvent condamné. Actuellement, l’inacceptable prison de Nouméa défraie cette triste chronique.

Mais, inacceptable est aussi la condition des personnels pénitentiaires condamnés à un exercice professionnel impossible, c’est l’efficacité de la prison qui est en cause. « La prison est un lieu de ravage, y règne la loi de la jungle (vol, menace…). Les détenus en sortent la haine au coeur, avec le désir de se venger de la société. Ce n’est pas normal », a déclaré récemment le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, M. Jean-Marie Delarue.

De ses rapports, il ressort que les détenus, en France, sont deux fois plus nombreux qu’il y a quarante ans, 35 000 à l’époque, alors que la délinquance n’a pas augmenté dans une telle proportion. On a accru les peines. On est de plus en plus sévère. On pratique de plus en plus les petites peines, les trois mois et les peines plancher qui ont souvent pour effet de rompre, pour des délits légers, l’insertion sociale et professionnelle.

M. Delarue précise : « 80 000 personnes entrent, chaque année, en prison ; autant en sortent. Qu’est-ce qu’on en fait ? Il faut une prison où les gens soient traités, respectés comme des êtres humains. Les délinquants doivent être punis, mais ils doivent être réinsérés. C’est aussi le rôle de la prison que de contribuer à cette réinsertion. »

Améliorer la sécurité

Et le Contrôleur des prisons de s’interroger : « Qu’est-ce que produit la prison ? Des malfaiteurs ou des bienfaiteurs ? Que faire ? Construire de nouvelles prisons à un coût faramineux ou trouver des aménagements de peines pour les détenus qui ont moins de six mois de détention à accomplir ? »

C’est à cette question que s’est attelée Mme Taubira, nouvelle garde des Sceaux, mais elle est mal comprise par une société toujours plus désireuse d’une sécurité (…)

Mme Taubira estime que la politique pénale actuelle accroît la récidive. Dans un manifeste, des magistrats et des chercheurs se montrent sévères : « Ce système pénal est un échec, la promesse d’une faillite, c’est une course à l’abîme. » (1)

La garde des Sceaux en est consciente. Très certainement, elle a fait sienne la recommandation du Conseil de l’Europe de janvier 2006 : « Ne placer en détention les délinquants (sauf les criminels) qu’en dernier recours et leur infliger une peine dans la communauté, c’est-à-dire dans la société et non pas en prison. Le condamné aura des devoirs et des obligations et un suivi intense pour éviter la récidive. » (1)

On irait ainsi vers davantage de peines de substitution et, probablement, vers cette peine de probation, sorte de suivi sur mesure, qui éviterait la désocialisation. Les prisons non surpeuplées pourraient alors mieux favoriser la réinsertion sociale des détenus ( … ) 

(1) Le Monde, le 21 août 2012.
source : http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Securite-prison-reinsertion-_3632-2106884_actu.Htm?xtor=RSS-4&utm_source=RSS_MVI_ouest-france&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS
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