Ils sont déjà plus de mille en soutien à sa cause. Lancé par cinq personnalités des mondes universitaire et judiciaire, l’appel pour Philippe El Shennawy demande à ce que le recours en grâce déposé mi-décembre par son avocate auprès du chef de l’Etat « soit examiné d’urgence et avec humanité pour empêcher ce qui serait une exécution déguisée ».
Cet homme de 58 ans, condamné à de multiples reprises pour braquages et évasions — et qui « n’a pas de sang sur les mains », souligne la pétition en sa faveur — a déjà passé trente-sept ans derrière les barreaux. Or il n’est libérable qu’en 2032, à l’âge de 78 ans.
On rappelle qu’El Shennawy « a déjà vécu dix-neuf ans en isolement, six en hôpital psychiatrique (on n’a jamais diagnostiqué aucune démence chez lui) et a changé quarante fois de lieu de détention ». Incarcéré à Poissy (Yvelines), ce détenu à l’étonnante ténacité, soutenu par une épouse infaillible, est parvenu « au bout de ses ressources », décrit son avocate, Me Virginie Bianchi.
Ces derniers mois, alors que grandissait le désespoir de son client, engagé dans une longue grève de la faim, l’avocate avait multiplié les procédures, obtenant notamment des juges quelques années de confusion de peine. Une autre requête déposée début décembre afin d’envisager une libération conditionnelle n’a pas abouti. Le 12 décembre, El Shennawy a tenté de mettre fin à ses jours. « On est passé de la nécessité de redonner un sens à sa peine à celle de redonner un sens à sa vie », lâche Me Bianchi. Le recours en grâce est alors déposé. L’Elysée en accuse réception le 19 décembre.
Le geste d’El Shennawy galvanise l’indignation de personnalités déjà alertées de sa situation, parmi lesquelles le sociologue Michel Wieviorka. Un comité de soutien se forme, l’appel, signé notamment par l’ancien footballeur Lilian Thuram, est lancé. « Notre mobilisation ne faiblira pas. Il y a urgence », explique Michel Wieviorka, qui s’est entendu dire que « François Hollande n’était pas indifférent à ce dossier ». Et d’insister : « Derrière ce cas inhumain se pose la question du fonctionnement du système pénitentiaire et de ces peines de prison infinies. »
* Appel du comité de soutien à M. El Shennawy sur www.petitionpublique.fr
http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2012N33971
source : Le Parisien