Relais d'informations sur les lieux d'enfermement et sur les actions menées pour briser l'isolement des personnes incarcérées et de leurs proches. contrelenfermement@riseup.net
Abdelkader Azzimani et Abderrahim El-Jabri sont des « miraculés » de la machine judiciaire française, selon les termes de leurs avocats. Les deux Marocains, condamnés en 2003 à vingt ans de réclusion criminelle pour le meurtre sauvage d’un petit dealer de drogue à Lunel dans l’Hérault – une condamnation confirmée en appel un an plus tard –, ont passé respectivement onze et treize ans derrière les barreaux. Pourtant, il y a quelques mois, les deux véritables auteurs du meurtre ont été confondus par des traces d’ADN et sont passés aux aveux, disculpant Azzimani et El-Jabri. Ces « faits nouveaux » ont conduit, mercredi 15 mai, la Cour de révision de Paris, seule habilitée à annuler cette condamnation, à casser la décision de la cour d’assises des Pyrénées-Orientales. Une décision extrêmement rare qui débouchera dans les prochains mois à un nouveau procès. Abdelkader Azzimani livre ses impressions au Monde.
Je suis encore étourdi par l’annonce, qui a été très rapide. Mais c’était les deux minutes les plus importantes de ma vie. J’étais très excité et je n’avais pas dormi de la nuit, mais ça y est : c’est la fin d’un cauchemar qui a duré quinze ans. C’est surtout une victoire sur la justice qui nous a condamnés à tort, une victoire aussi pour ma famille qui a été condamnée avec moi, car j’ai vécu ce cauchemar dedans, mais eux l’ont vécu dehors. Tant que ce n’était pas officiel, il y avait toujours ce poids qui vous ronge.
Comment avez-vous vécu ces années de combat judiciaire ?
Le plus dur pendant les onze années que j’ai passé en prison, a été de ne pas pouvoir élever ma fille. Quand j’ai été incarcéré, elle avait cinq mois, et à ma sortie elle était déjà au collège. Pendant tout ce temps, elle venait me voir au parloir et me disait : « A l’école on me dit que mon père est un assassin. » C’était terrible. Si je me suis toujours battu c’était pour laver mon honneur et celui de ma famille, qui a été sali. Mais ce n’est pas facile de lutter contre des erreurs judiciaires. J’ai failli me suicider plusieurs fois…
Comment appréhendez-vous l’avenir ?
Pour l’instant je ne sais pas. Je vais essayer de retrouver du travail, mais ce combat a beaucoup fragilisé ma santé. J’ai été victime d’une crise cardiaque il y a quelques semaines pendant mon sommeil. Et il y a encore un procès à venir, dans quelques mois, où nous comparaîtrons « présumés innocents ». Cette fois, ça devrait être une formalité vu les preuves que la justice possède. Mais on ne sait jamais, on a connu tellement de désillusions…
Abdelkader Azzimani, témoignage d’un condamné à tort
Abdelkader Azzimani et Abderrahim El-Jabri sont des « miraculés » de la machine judiciaire française, selon les termes de leurs avocats. Les deux Marocains, condamnés en 2003 à vingt ans de réclusion criminelle pour le meurtre sauvage d’un petit dealer de drogue à Lunel dans l’Hérault – une condamnation confirmée en appel un an plus tard –, ont passé respectivement onze et treize ans derrière les barreaux. Pourtant, il y a quelques mois, les deux véritables auteurs du meurtre ont été confondus par des traces d’ADN et sont passés aux aveux, disculpant Azzimani et El-Jabri. Ces « faits nouveaux » ont conduit, mercredi 15 mai, la Cour de révision de Paris, seule habilitée à annuler cette condamnation, à casser la décision de la cour d’assises des Pyrénées-Orientales. Une décision extrêmement rare qui débouchera dans les prochains mois à un nouveau procès. Abdelkader Azzimani livre ses impressions au Monde.
Lire : La justice annule deux condamnations pour meurtre
Que représente cette décision pour vous ?
Je suis encore étourdi par l’annonce, qui a été très rapide. Mais c’était les deux minutes les plus importantes de ma vie. J’étais très excité et je n’avais pas dormi de la nuit, mais ça y est : c’est la fin d’un cauchemar qui a duré quinze ans. C’est surtout une victoire sur la justice qui nous a condamnés à tort, une victoire aussi pour ma famille qui a été condamnée avec moi, car j’ai vécu ce cauchemar dedans, mais eux l’ont vécu dehors. Tant que ce n’était pas officiel, il y avait toujours ce poids qui vous ronge.
Comment avez-vous vécu ces années de combat judiciaire ?
Le plus dur pendant les onze années que j’ai passé en prison, a été de ne pas pouvoir élever ma fille. Quand j’ai été incarcéré, elle avait cinq mois, et à ma sortie elle était déjà au collège. Pendant tout ce temps, elle venait me voir au parloir et me disait : « A l’école on me dit que mon père est un assassin. » C’était terrible. Si je me suis toujours battu c’était pour laver mon honneur et celui de ma famille, qui a été sali. Mais ce n’est pas facile de lutter contre des erreurs judiciaires. J’ai failli me suicider plusieurs fois…
Comment appréhendez-vous l’avenir ?
Pour l’instant je ne sais pas. Je vais essayer de retrouver du travail, mais ce combat a beaucoup fragilisé ma santé. J’ai été victime d’une crise cardiaque il y a quelques semaines pendant mon sommeil. Et il y a encore un procès à venir, dans quelques mois, où nous comparaîtrons « présumés innocents ». Cette fois, ça devrait être une formalité vu les preuves que la justice possède. Mais on ne sait jamais, on a connu tellement de désillusions…