Le détenu a été retrouvé inanimé à la prison de Seysses, près de Toulouse./ Photo DDM, archives
Soupçonné de braquages, un détenu de la maison d’arrêt de Seysses de 43 ans a été retrouvé dans le coma fin avril. Soigné, opéré, il sort peu à peu de sa léthargie mais a besoin d’une rééducation spécialisée. La justice hésite et le parquet général le juge «dangereux»
«Dangereux de quoi ? Comment un homme qui peut à peine se lever, qui ne peut pas s’habiller seul peut-il être jugé dangereux ?» La colère est profonde. Saisi par l’OIP, Me Alexandre Martin se bat contre la cour d’appel de Toulouse pour obtenir des soins spécialisés pour un détenu. «Les médecins affirment qu’il lui faut une rééducation neurologique. Ce travail ne peut pas être réalisé à l’unité hospitalière sécurisée de l’hôpital Rangueil, à Toulouse. On prive ce détenu d’une chance de mieux s’en sortir neurologiquement et physiquement. C’est ahurissant.»
Ludovic A, 43 ans, n’est pas un enfant de chœur. Plutôt un homme qui a flirté avec les mauvais coups et qui en décembre 2011 puis en janvier 2012 est passé à des crimes plus sérieux. Il est en effet accusé du braquage d’une agence bancaire à Toulouse, d’une tentative cinq jours plus tard toujours dans la Ville rose et enfin d’une attaque d’un bureau de Poste dans les Côtes d’Armor. La police judiciaire l’a interpellé en région parisienne alors qu’il rentrait de ce dernier coup. Mis en examen, il aurait reconnu sa responsabilité et a été placé en détention le 10 janvier 2012. La vie de ce fils de policier a basculé quinze mois plus tard. Le 27 avril, dans des conditions qui font l’objet d’une instruction, il a été retrouvé inanimé dans la cour de promenade de la maison d’arrêt de Seysses. Chute fortuite ou terrible passage à tabac ? L’omertà règne même si les coups semblent s’imposer (lire l’encadré). «L’incident» a plongé cet homme dans un coma profond. Après trois opérations des neurochirurgiens et trois semaines de coma, il commence à sortir de sa léthargie.
Suite nécessaire pour améliorer son état neurologique et physique, un traitement spécialisé dans un des centres de rééducation de la région, comme la clinique de Verdaich. La chambre d’instruction dont dépend cet homme qui attend d’être jugé devant la cour d’assises de la Haute-Garonne a demandé une expertise médicale. Le parquet souhaite son maintien en détention au regard de ce qui lui est reproché et de son caractère «dangereux». Un nouveau débat est prévu le 7 août. En attendant Me Martin parle «de traitement inhumain et dégradant» citant l’article 3 de la convention européenne des droits de l’homme. Et l’OIP, scandalisé, dénonce la faiblesse des soins attribués en France aux détenus, qu’ils soient malades physiquement ou psychologiquement.
Une instruction sur «l’incident»
Que s’est-il passé dans la journée du samedi 27 avril dans l’escalier du bâtiment de détention de Seysses ? Les détenus partaient en promenade. Ludovic A a été retrouvé inconscient, en bas de l’escalier. «Chute fortuite ou agression, personne ne sait. Ce n’est pas clair», admet un membre du personnel de l’administration pénitentiaire. Un légiste qui a examiné la victime exclut l’accident avec un argument simple : une chute n’aurait pas pu entraîner une double fracture du crâne, des deux côtés de la boîte crânienne. Une instruction a été ouverte par le parquet et le 20 juin, un homme a été mis en examen pour «violences volontaires». Il nie son implication et les témoins slaloment entre les versions. L’omertà en détention n’est pas seulement une légende.
Source : http://www.ladepeche.fr/article/2013/07/26/1678634-seysses-justice-juge-braqueur-sorti-coma-encore-dangereux.html
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Seysses : la justice juge le braqueur sorti du coma encore «dangereux»
Soupçonné de braquages, un détenu de la maison d’arrêt de Seysses de 43 ans a été retrouvé dans le coma fin avril. Soigné, opéré, il sort peu à peu de sa léthargie mais a besoin d’une rééducation spécialisée. La justice hésite et le parquet général le juge «dangereux»
«Dangereux de quoi ? Comment un homme qui peut à peine se lever, qui ne peut pas s’habiller seul peut-il être jugé dangereux ?» La colère est profonde. Saisi par l’OIP, Me Alexandre Martin se bat contre la cour d’appel de Toulouse pour obtenir des soins spécialisés pour un détenu. «Les médecins affirment qu’il lui faut une rééducation neurologique. Ce travail ne peut pas être réalisé à l’unité hospitalière sécurisée de l’hôpital Rangueil, à Toulouse. On prive ce détenu d’une chance de mieux s’en sortir neurologiquement et physiquement. C’est ahurissant.»
Ludovic A, 43 ans, n’est pas un enfant de chœur. Plutôt un homme qui a flirté avec les mauvais coups et qui en décembre 2011 puis en janvier 2012 est passé à des crimes plus sérieux. Il est en effet accusé du braquage d’une agence bancaire à Toulouse, d’une tentative cinq jours plus tard toujours dans la Ville rose et enfin d’une attaque d’un bureau de Poste dans les Côtes d’Armor. La police judiciaire l’a interpellé en région parisienne alors qu’il rentrait de ce dernier coup. Mis en examen, il aurait reconnu sa responsabilité et a été placé en détention le 10 janvier 2012. La vie de ce fils de policier a basculé quinze mois plus tard. Le 27 avril, dans des conditions qui font l’objet d’une instruction, il a été retrouvé inanimé dans la cour de promenade de la maison d’arrêt de Seysses. Chute fortuite ou terrible passage à tabac ? L’omertà règne même si les coups semblent s’imposer (lire l’encadré). «L’incident» a plongé cet homme dans un coma profond. Après trois opérations des neurochirurgiens et trois semaines de coma, il commence à sortir de sa léthargie.
Suite nécessaire pour améliorer son état neurologique et physique, un traitement spécialisé dans un des centres de rééducation de la région, comme la clinique de Verdaich. La chambre d’instruction dont dépend cet homme qui attend d’être jugé devant la cour d’assises de la Haute-Garonne a demandé une expertise médicale. Le parquet souhaite son maintien en détention au regard de ce qui lui est reproché et de son caractère «dangereux». Un nouveau débat est prévu le 7 août. En attendant Me Martin parle «de traitement inhumain et dégradant» citant l’article 3 de la convention européenne des droits de l’homme. Et l’OIP, scandalisé, dénonce la faiblesse des soins attribués en France aux détenus, qu’ils soient malades physiquement ou psychologiquement.
Une instruction sur «l’incident»
Que s’est-il passé dans la journée du samedi 27 avril dans l’escalier du bâtiment de détention de Seysses ? Les détenus partaient en promenade. Ludovic A a été retrouvé inconscient, en bas de l’escalier. «Chute fortuite ou agression, personne ne sait. Ce n’est pas clair», admet un membre du personnel de l’administration pénitentiaire. Un légiste qui a examiné la victime exclut l’accident avec un argument simple : une chute n’aurait pas pu entraîner une double fracture du crâne, des deux côtés de la boîte crânienne. Une instruction a été ouverte par le parquet et le 20 juin, un homme a été mis en examen pour «violences volontaires». Il nie son implication et les témoins slaloment entre les versions. L’omertà en détention n’est pas seulement une légende.