PORTRAIT – Alors que la Chancellerie assure, ce mardi, que les violences sont en baisse dans les prisons françaises, «20 Minutes» revient sur l’histoire tortueuse de Rachide…«Il a un peu perdu la notion du temps…», lâche Marie Crétenot, la juriste de l’Observatoire international des prisons (OIP) qui le suit. Comment pourrait-il en être autrement? Entré en prison en 1996 pour purger une peine de trois ans, Rachide est aujourd’hui libérable en 2038. «Et ce n’est peut-être pas fini…», souffle Marie Crétenot.>> Les faits: Les violences en prison baissent selon la ChancellerieCar, dans le monde de la pénitentiaire, Rachide est un cas à part. Condamné pour une série de «vols avec violence» à la base, il a déjà vu sa peine être multipliée par quatorze pour une des faits commis alors qu’il était déjà en détention. «On voit de plus en plus de profils comme lui, assure encore la juriste.Des gens qui sont totalement déstructurés par la prison.»Qui n’accepte pas ses règles. Pour Rachide, c’était d’abord celles de la salle de sport de sa première prison. Après s’être vu refuser l’accès car il n’avait pas les bonnes chaussures, il s’emporte. Quelques jours de mitard (lire l’encadré) ne le calment pas. Fin 1999, une série d’outrages lui vaut une rallonge de peine de 23 mois. Un an plus tard, c’est pour des menaces de mort qu’il écope de deux ans supplémentaires. Insultes, feux de cellule, Rachide macule aussi régulièrement de ses excréments les cellules d’isolement afin de protester. Violences, destruction de bien: l’addition aboutit au final à une peine de 42 ans.
«Il s’est inscrit dans un rapport de force. Il ne cède pas, poursuit Marie Crétenot.Son seul souhait est d’être transféré à Clairvaux (Aube) pour pouvoir voir sa compagne.» Aujourd’hui, c’est à Saint-Maur (Val-de-Marne) que l’a mené son 86e transfert de prison. «Rachide ne souffre pourtant d’aucun trouble psychiatrique, assure encore la juriste. Il vit simplement dans l’instant. Si sa situation n’est pas convenable, il proteste sans penser au lendemain. Il n’a pas compris comment fonctionne la prison.»
Source : http://www.20minutes.fr/societe/1436067-20140904-violences-prison-comment-rachide-vu-peine-passer-3-42-ans
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Comment Rachide a vu sa peine passer de 3 à 42 ans
PORTRAIT – Alors que la Chancellerie assure, ce mardi, que les violences sont en baisse dans les prisons françaises, «20 Minutes» revient sur l’histoire tortueuse de Rachide…«Il a un peu perdu la notion du temps…», lâche Marie Crétenot, la juriste de l’Observatoire international des prisons (OIP) qui le suit. Comment pourrait-il en être autrement? Entré en prison en 1996 pour purger une peine de trois ans, Rachide est aujourd’hui libérable en 2038. «Et ce n’est peut-être pas fini…», souffle Marie Crétenot.>> Les faits: Les violences en prison baissent selon la ChancellerieCar, dans le monde de la pénitentiaire, Rachide est un cas à part. Condamné pour une série de «vols avec violence» à la base, il a déjà vu sa peine être multipliée par quatorze pour une des faits commis alors qu’il était déjà en détention. «On voit de plus en plus de profils comme lui, assure encore la juriste.Des gens qui sont totalement déstructurés par la prison.»Qui n’accepte pas ses règles. Pour Rachide, c’était d’abord celles de la salle de sport de sa première prison. Après s’être vu refuser l’accès car il n’avait pas les bonnes chaussures, il s’emporte. Quelques jours de mitard (lire l’encadré) ne le calment pas. Fin 1999, une série d’outrages lui vaut une rallonge de peine de 23 mois. Un an plus tard, c’est pour des menaces de mort qu’il écope de deux ans supplémentaires. Insultes, feux de cellule, Rachide macule aussi régulièrement de ses excréments les cellules d’isolement afin de protester. Violences, destruction de bien: l’addition aboutit au final à une peine de 42 ans.
«Il s’est inscrit dans un rapport de force. Il ne cède pas, poursuit Marie Crétenot.Son seul souhait est d’être transféré à Clairvaux (Aube) pour pouvoir voir sa compagne.» Aujourd’hui, c’est à Saint-Maur (Val-de-Marne) que l’a mené son 86e transfert de prison. «Rachide ne souffre pourtant d’aucun trouble psychiatrique, assure encore la juriste. Il vit simplement dans l’instant. Si sa situation n’est pas convenable, il proteste sans penser au lendemain. Il n’a pas compris comment fonctionne la prison.»