L’avocat d’un ex-détenu de Fresnes, handicappé à vie après avoir été agressé par son compagnon de cellule en 2008, a dénoncé mercredi la « lenteur » de l’enquête menée notamment pour non-assistance à personne en danger et visant l’Administration pénitentiaire (AP)
En novembre 2008, Slaheddine El Ouertani, un sans-papiers tunisien, est découvert inanimé dans sa cellule de Fresnes où il est en détention provisoire dans le cadre de l’enquête sur l’incendie du centre de rétention de Vincennes (Val-de-Marne). Il sera totalement blanchi au cours de l’instruction.
M. El Ouertani tombe alors dans le coma et ne se réveillera que trois mois plus tard avec un handicap à 80 %, affirme à l’AFP son avocat, Me Sébastien Rideau-Valentini, confirmant une information du Canard Enchaîné.
Selon l’avocat, l’AP évoque d’abord une « chute accidentelle ».
Mais l’enquête judiciaire, close en septembre 2011, établira que M. El Ouertani a été agressé par son compagnon de cellule qui ne « supportait pas d’être avec un musulman pratiquant », d’après Me Rideau-Valentini qui a ouvert un autre front judiciaire.
L’avocat estime que les surveillants ont tardé à venir en aide à son client le jour des faits et qu’ils l’ont par ailleurs transporté à l’infirmerie sur une chaise roulante, « au mépris des règles élémentaires de secourisme ».
« Cela n’a fait qu’aggraver ses blessures », assure Me Rideau-Valentini, qui accuse également le directeur de Fresnes à l’époque d’avoir menti en écrivant dans un rapport que les deux détenus avaient eux-mêmes demandé à être dans la même cellule.
En août 2010, l’avocat porte plainte à Créteil contre des personnels de l’AP pour « non-assistance à personne en danger », « blessures involontaires », et « faux en écriture publique ».
Une juge d’instruction ouvre une enquête tout en estimant que les investigations pour « faux en écriture publique » ne sont pas justifiées.
L’avocat, qui a fait appel de cette décision, assure aujourd’hui que la justice fait preuve d’une « extrême lenteur dans ce dossier pour ne pas installer un climat délétère entre la maison d’arrêt et le tribunal ».
« Il n’y a aucune obstruction. C’est un processus lent mais hélas normal », a rétorqué une source judiciaire, affirmant que le parquet de Créteil n’avait fait « preuve d’aucune négligence ».
L’AP n’a pas souhaité commenter une « procédure en cours ».
source : AFP