BOUYGUES construit des prisons, où l’État peut faire taire ceux qui refusent l’exploitation et le contrôle.
BOUYGUES construit des centres de rétention administratifs où l’État peut enfermer avant leur expulsion les sans-papiers et ainsi optimiser l’exploitation de la main-d’œuvre que constitue l’immigration.
D’un chantier BOUYGUES à un centre de rétention, en passant ou non par la case prison, un sans-papiers peut bénéficier à de nombreuses reprises du savoir-faire du bétonneur en matière de collaboration avec l’État, de contrôle social, de gestion des indésirables et d’exploitation.
Ce dispositif d’enfermement nous concerne tous et aggrave nos conditions de vie à tous.
Donnons-nous les moyens de reprendre l’offensive.
Pourquoi s’attaquer à Bouygues ?
S’attaquer à BOUYGUES c’est mettre en échec concrètement, partout où nous pouvons le faire, la prolifération de l’enfermement comme dispositif de contrôle social.
Les agrandissements et constructions de centres de rétention sont nécessaire à l’application de la Loi Sarkozy sur l’immigration qui fait passer le temps de rétention maximum des sans-papiers de douze à trente-deux jours : la saturation actuelle des centres oblige l’État à remettre en liberté les migrants et chaque jour de retard d’un chantier est un jour de perdu pour la machine à expulser. Empêcher ces centres d’être édifiés est un moyen de déjouer matériellement la gestion des migrations et de transformer l’offensive sécuritaire en simple velléité de contrôle.
Le problème n’est pas celui des conditions d’enfermement des indésirables : l’enfermement est une condition du contrôle social contre lequel nous luttons. Ainsi, construire de nouveaux lieux d’enfermement n’est pas un moyen de rendre ceux-ci plus vivables, c’est un alibi pour enfermer plus et plus efficacement : à chaque fois que de nouveaux lieux ou de nouveaux modes de punition (par exemple le bracelet électronique) sont mis en œuvre, des délits qui n’étaient pas sanctionnés jusqu’alors le sont, et ceci de manière plus massive et avec des temps d’enfermement plus long. II est dans la nature des lieux d’enfermement que d’être surpeuplés. II s’agit de se donner les moyens de les saborder.
Harceler BOUYGUES ne veut pas dire défendre le service public ou le monopole de l’État en matière de punition, ni lutter contre la privatisation de l’enfermement. Par contre, c’est plutôt s’attacher collectivement à une cible précise qui est un rouage nécessaire à la construction de lieux d’enfermement et à l’efficacité des dispositifs de contrôle social. II ne s’agit pas d’oublier que nombre d’autres entreprises participent à la construction de lieux d’enfermement, mais il s’agit de se donner une cible commune contre laquelle constituer une puissance collective.
Certes, contrairement à l’Etat, BOUYGUES ne participe pas à l’enfermement par seul souci du service public ni par seule nécessité gestionnaire : son intérêt dans le contrôle social est aussi financier. Pour qu’il cesse, il faut que ces activités lui coûtent plus cher que ce qu’elles lui rapportent : c’est à nous de faire exploser les coûts…
En attaquant BOUYGUES, il n’est pas question de dire que les autres sociétés de construction sont plus acceptables mais que c’est, contre celle-là que nous entendons commencer à lutter. II ne s’agit pas que chacun, individualisé, se sente responsable dans sa consommation, mais il importe, ensemble, de ne pas se laisser gagner par l’apathie et de reprendre l’offensive, de constituer des axes de rapports de force. II ne s’agit pas d’avoir l’illusion de sortir du capitalisme ou de le forcer à changer en consommant autrement, mais de lutter par tous les moyens et de le frapper là où ça fait mal. Voilà pourquoi le mot d’ordre de cette campagne ne sera pas le boycott mais la lutte.
BOUYGUES est partout présent sur le territoire (chantiers, TF1, boutiques Bouygues Télécoms, etc.) : c’est ce qui le rend vulnérable, ce sont autant de cibles, que chacun aura à sa portée pour les attaquer avec les moyens dont il dispose. S’il est partout, les attaques en seront d’autant plus nombreuses, plus imprévisibles et plus belles.
Construire une lutte, s’agencer collectivement et se donner les armes pour démolir la stratégie de mise en ordre de nos vies, de neutralisation de nos désirs et de pacification policière du réel ; se coordonner, se tenir au courant, en fonction des désirs et des moyens de chacun ; élaborer une tactique de sabotage permanent des dispositifs de contrôle, la propager jusqu’à ce qu’elle nous dépasse et que la situation devienne ingérable pour l’ennemi…
Tous les moyens sont bons pour harceler, attaquer, saboter Bouygues. Partout.
Ni prison, ni rétention.