La famille du Montois mort à la prison de Pau veut savoir

Officieusement, Paquito Philipot, un jeune Montois de 25 ans en détention provisoire à la maison d’arrêt de Pau, est décédé d’une intoxication médicamenteuse, le 1er avril dernier, dans sa cellule, en pleine nuit. Officieusement, car six mois plus tard, sa famille attend toujours des informations officielles. Et principalement le rapport de l’autopsie ordonnée par la justice et réalisée peu après le décès à l’Institut médico-légal de Toulouse.

« Pour l’instant, les seules explications que l’on a eues, c’est de la part de la police. Un enquêteur nous a dit :  »Il a pris des cachets et il s’est étouffé. » Mais quels cachets a-t-il pris ? Comment se les est-il procurés alors qu’il était en prison ? Que s’est-il passé cette nuit-là ? On n’en sait toujours rien et on a la sensation que l’on nous cache des choses. Pour qui nous prend-on ? On est des êtres humains comme les autres, on a le droit de savoir », s’emporte Brigitte, la sœur du jeune homme. La famille Philipot a pris un avocat, Me Frédéric Dutin, qui assure avoir relancé à plusieurs reprises le parquet de Pau.

« Le critère humain est oublié »
À chaque lettre son « cri de douleur », son « au secours », sa « détresse ». Et elles sont nombreuses. Il y a celles des détenus, envoyées comme des bouteilles à la mer et arrivées par des voies plus ou moins connues. Et il y a celles des familles, moins fréquentes, mais toujours lourdes de sens.

L’une d’entre elles est arrivée l’été dernier. Elle évoque la mort d’un frère décédé dans le secret du centre pénitentiaire Pémégnan de Mont-de-Marsan le 14 avril dernier, soit treize jours après celle de Paquito Philippot à Pau. Autre département mais même symptôme : « le silence » gênant d’« une administration qui oublie complètement le côté humain ».

« J’avais tenté de contacter le service social de la prison mais personne ne m’avait répondu. J’avais laissé des messages en pleurs en disant que j’étais très inquiète pour mon frère qui s’était mutilé et que l’on ne reconnaissait plus ; je disais qu’il fallait me rappeler rapidement mais jamais on a daigné me rappeler, pas même une seule fois pour me dire quelque chose », souffre la sœur endeuillée. Elle ajoute : « Le lendemain du drame, nous avons été reçus par le directeur. Il nous a dit qu’il ne pouvait pas se douter de ce qui allait arriver… »

Depuis, rien. Le pire des maux pour les familles est sans doute le silence.

V. D.

« Le silence crée la suspicion »

« Je leur ai écrit le 23 avril, demandant qu’il m’adresse une copie du rapport d’autopsie et des procès-verbaux de l’enquête en recherche des causes de la mort. Le même jour, j’ai envoyé une télécopie à la direction de la maison d’arrêt. Personne ne m’a répondu. Un mois plus tard, le 23 mai, j’ai recommencé. Toujours rien. J’ai fini par adresser une lettre en recommandé au parquet, vendredi dernier. Le problème avec ce silence, c’est qu’il fait naître la suspicion alors qu’il suffirait qu’on nous explique simplement les choses », réagit l’avocat qui est aussi le bâtonnier de Mont-de-Marsan. Joint hier soir, le procureur de la République à Pau, Jean-Christophe Muller, n’a pas souhaité commenter cette affaire.

Le jeune Montois souffrait de toxicomanie et de troubles psychologiques pour lesquels il avait fait plusieurs séjours à l’hôpital psychiatrique de Mont-de-Marsan. Il avait eu maille à partir avec la justice à plusieurs reprises et avait déjà fait l’objet de condamnations à de la prison lorsqu’il a été placé en détention provisoire à Pau, courant mars, pour une affaire de vol.

« Il aurait dû être jugé le 2 mars en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan, mais au vu de sa fragilité psychologique, nous avions demandé qu’une expertise psychiatrique soit réalisée avant son procès », relate Me Dutin.

La demande avait été accordée par le tribunal qui avait ordonné le renvoi de l’affaire au 6 avril. Le jour de sa mort, Paquito Philipot n’avait toujours pas été vu par un expert psychiatre.

 

En date du 10/10/2012

source : http://www.sudouest.fr/2012/10/10/mort-en-prison-sa-fam-ille-veut-savoir-845233-4344.php
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