Côtes-d’Armor. En prison, les cadeaux se font au parloir

Durant les fêtes de fin d’année, l’emprisonnement se ressent plus lourdement. Pour les familles des détenus, c’est l’absence d’un mari, d’un père ou d’un frère qui devient douloureux. « J’ai hâte que les fêtes de fin d’année se terminent », lance Géraldine*, épouse d’un détenu à la maison d’arrêt de Saint-Brieu

En ce jeudi, elle attend l’heure de son passage au parloir dans la maison d’accueil des familles de détenus. Son mari a écopé de 4 ans et demi de prison. C’est le deuxième noël qu’elle et ses quatre enfants vont le passer sans lui. « C’est dur pour les enfants et pour lui. Car il est un bon papa, il est proche d’eux. En plus Noël, ça doit être un moment magique ».

Géraldine leur a expliqué son absence. Avec ses mots. « Nous les adultes, on s’adapte avec le temps, pour les enfants c’est plus difficile ». Elle tente de les préserver. « Je ne montre pas ma tristesse auprès d’eux ». Et puis cette jeune femme se dit qu’elle doit être forte car « je sais que c’est nous qui le faisons tenir ». Jamais, même dans la tourmente, elle n’a envisagé de se séparer ou prendre ses distances. Et les jours, où le moral est en berne, elle s’appuie sur un groupe de femmes de détenus devenues des amies. Les seules à comprendre, sans juger, ce qu’elle vit.

Jouets fait main

Ce lien qu’elle entretient avec son mari, l’association Juno Bravo et l’A3SMA (association pour le soutien et le développement du sport, de la culture et de la solidarité de la maison d’arrêt de Saint-Brieuc) tente de l’alimenter par différentes actions. Surtout en cette fin d’année. « C’est toujours un moment de tension dans la prison », reconnaît une intervenante.

Alors, un atelier jouet bois a été proposé aux pères détenus. Des jouets qu’ils ont fabriqués et qu’ils offriront à leurs enfants lors des visites au parloir. Mis en place depuis cinq ans, « cet atelier est très apprécié », fait remarquer Cyrille Cantin, coordonnateur des affaires culturelles du Spip (service pénitentiaire d’insertion et de probation). « Mon mari l’aurait bien fait, mais il travaillait dans un autre service de la prison », souligne Géraldine.

L’A3SMA a, quant à elle, financé cette année des jouets pour mettre dans un coffre réalisé à la maison d’arrêt. « Les enfants sont contents de venir faire un câlin à leur père. Mais très vite ils s’ennuient. C’est dommage que le coffre à jouet ne soit pas installé au parloir », regrette Géraldine.

Car l’accès aux jouets est verrouillé dans une autre pièce. Accessible que lorsqu’il y a la présence d’une assistance sociale. Un regret, que d’ailleurs des gardiens de prison ont fait remarquer. Ils avaient tout de même mis à disposition quelques crayons de couleurs et papiers au parloir.

 

*Géraldine est un prénom d’emprunt.

 

source : http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-Cotes-d-Armor.-En-prison-les-cadeaux-se-font-au-parloir_40771-2147445-pere-bre_filDMA.Htm
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