Parloir de Bois d’Arcy du Lundi 24 Décembre

( Bois d’arcy maison d’arrêt des hommes dans le 78)

L’ambiance est tendue et il y a beaucoup de monde. Une femme a perdu sa carte de parloir du coup depuis 5 mois elle ne voit pas son mari. Elle est venue faire une énième demande tentant de jouer sur la période de Noël pour obtenir de la compréhension ou de la « gentillesse » des agents de l’AP. Ils cherchent la carte puis l’ignore après leur refus. La femme est au bord des larmes et son fils est dégouté. Aucuns proches de détenus ne restent insensibles à cette scène, à la tristesse de cette femme. Et on attend. Une femme âgée redemande à un agent s’ils ne peuvent pas faire quelque chose pour elle. On essuie un nouveau refus.

C’est vraiment pas un bon jour. Avant mon parloir 2 proches de détenus se font embarqués par la police pour avoir fait entrer des  choses. Personne ne juge. La police nous dit de ne pas regarder : « regagner la salle d’attente ! »

Au parloir, mon pote enfermé me raconte qu’un homme s’est suicidé  dans son bâtiment cette semaine. Il en est encore secoué:  » c’était un daron tranquille, je m’y attendais pas. » Je n’en ai pas encore entendu parler dans les médias.  Il me raconte un peu les différentes histoires des hommes qu’il voit ici… 

Il est étonné de l’ambiance qu’il y ‘a ici par rapport à d’autres prisons.  Il « préferait » Nanterre  qui laisse passer beaucoup de choses mais ici  non plus c’est pas aussi pire qu’a Fleury ou aux baumettes, par contre «  Ici les pointeurs (les violeurs) sont tranquilles, ici c’est normal ».

Les familles parleront justement après le parloir, dans la salle « d’attente » du mélange fait entre les mecs incarcérés pour des petits délits ou délits «  économiques » et ceux qui sont là pour des crimes sexuelles ou de sang. «  Ca les bousille ».

La tension est palpable et irrémédiablement ça se met à discuter… Un gars explique qu’il n’est pas resté tout le temps de son parloir parce que son frère est trop tendu depuis qu’il est là… et lui il a du mal à supporter. On se met en cœur à râler, à dire que c’est toujours les mêmes qu’on enferment… que le racisme s’acharne dans ce pays.

 » On nous laisse aucune chance à nous les noirs et les arabes ».

Je repars avec une femme dont le mari est en préventive depuis 2 mois. Elle habite juste en face de la prison de Fresnes, ça ne la gênait pas jusqu’à présent…

 

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