Le quotidien de détenus dépeint sur les murs d’une des plus anciennes prisons françaises

En 2010, la maison d’arrêt de Charles III à Nancy est démolie car trop vétuste. Juste avant sa destruction, le jeune photographe Paul Heintz s’y est rendu pour immortaliser les lieux et surtout les messages d’anciens détenus. Nous lui avons posé quelques questions.

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“La Vie 2 Reve Nick Charles III”

C’est en passant tous les jours pendant quatre ans devant la maison d’arrêt de Charles III que Paul Heintz, à peine 20 ans à l’époque, commence à s’intéresser à cette vieille prison placée au coeur de la ville de Nancy. “Ce qui m’a marqué en premier lieu, c’était les familles et amis de personnes incarcérées, sur le trottoir, qui essayaient de communiquer, en criant, avec les personnes à l’intérieur. C’était très touchant“, nous confie-t-il.

À cette époque-là, Paul travaillait, dans le cadre de ses études aux Beaux-Arts, sur un film commandité par la ville de Nancy. Un projet sur le réaménagement du quartier du Haut-du-Lièvre et plus particulièrement sur l’implantation d’une nouvelle prison beaucoup plus moderne que Charles III.

En novembre 2010, je me suis permis de demander une autorisation pour entrer sur le chantier de démolition de la prison afin d’y faire des photographies et des vidéos. Pour l’obtenir, j’ai prétexté avoir besoin d’autres plans vidéo de la prison de Nancy Charles III pour mon film sur le quartier de Haut-du-Lièvre, or j’avais déjà en tête autre chose : récolter des documents, textes, images de cette prison pour un futur projet.

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“Lydia, trop belle, trop douce, trop top, soleil de mes nuits, lumière de ma vie”

“Des témoignages bruts de leur vie d’enfermement”

La première fois qu’il s’est rendu sur les lieux c’est d’abord cette impression de vide dans un endroit qui jadis accueillait plus de 300 détenus, qui l’a envahi. Ce sentiment de rentrer également dans l’intimité des prisonniers en lisant leurs messages laissés sur les murs. Des phrases et des dessins à la fois très personnels au sujet de leurs familles mêlant amour et remords, mais aussi des messages politiques pour mieux se positionner contre le système carcéral, certains étant même empreints d’une touche humoristique.

C’était assez étrange lorsque je suis entré dans les lieux, étant donné que l’entreprise de démolition avait déjà coupé le courant dans le bâtiment. Toutes les cellules étaient très sombres, seul le hall central était éclairé car il disposait d’une grande verrière. Tout était vide et tous les sons résonnaient. Le son et la fumée engendrés par les marteaux-piqueurs du chantier détonnaient avec les textes et dessins des anciens prisonniers de Charles III.

Ces témoignages bruts de leur vie d’enfermement, c’est tout ce qu’il restait d’humain dans ce bâtiment froid, j’ai donc décidé d’en récolter un maximum afin d’abord de les consigner.

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“Si les amis se comptaient sur les doigts de la main, faudrait m’amputer”

Les messages, les dessins ou les posters accolés sur les murs s’accumulaient dans les recoins de la prison. Certains se répondaient même, “créant une narration documentaire mais aussi imaginaire“, résume Paul. Et c’est comme si certains détenus communiquaient par graffs interposés.

J’ai été touché par l’extrême lucidité de certains détenus sur leur solitude et leur enfermement, des témoignages à la fois tragiques mais aussi comiques comme par exemple : “Si les amis ce contré sur les doigt de la main fodré m’enputer” ou “G le moral en barbeler” .

On ressent ainsi dans ces messages une nécessité d’écrire ou de dessiner. Une sorte d’exutoire ou une manière de marquer son territoire, de s’approprier le lieu dont les détenus ont besoin. Si dans la maison d’arrêt, les détenus étaient amenés à y rester en général moins d’un an en attendant leur jugement ou avant d’être affectés à un centre de détention, leur besoin de communiquer était bien présent.

Pour Paul, “ces graffitis mettent aussi en exergue toute la portée salvatrice de l’écriture ou du dessin. La cellule devient lors de l’enfermement la seconde peau du détenu, le graffiti est alors un tatouage ou une éraflure qui raconte“. Un tatouage amené à rester gravé sur les murs aussi longtemps que ceux-ci tiennent debout. C’est pourquoi le travail de documentation de Paul a encore plus de sens aujourd’hui puisque la prison a été détruite.

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“Ramène ton oseille, j’ai faim”.

“C’était tout de même un lieu plein d’histoires”

Aujourd’hui, le plan de rénovation Nancy Gare en EcoQuartier a remplacé une des plus anciennes prisons de France où les conditions des détenus étaient devenues insupportables entre surpopulation, manque d’hygiène et insalubrité. Un constat qui lui avait carrément valu le surnom de “la prison la plus vétuste de France“, confirmé par un ancien détenu :

Avec mon voisin de palier qui avait été incarcéré à Nancy Charles III, je discutais parfois de la prison. Il avait surtout été marqué par le manque d’hygiène. Depuis son incarcération, chez lui, tout était toujours en ordre et très propre, certains disaient de lui qu’il était devenu un peu trop à cheval sur la propreté… Cela pouvait créer des conflits lorsqu’on lui rendait visite.

Quant aux autres détenus de la prison, ceux qui devaient encore rester, ils ont été incarcérés en 2009 dans le flambant neuf Centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville, installé dans le quartier Haut-du-Lièvre, relativement excentré par rapport au reste de la ville tandis que les bulldozers commençaient à rayer de la carte Charles III pour y installer parkings, logements et autres espaces verts. “C’est assez étrange que la plupart des nouvelles prisons soient construites en dehors des villes, comme si on voulait isoler, cacher encore plus la détention“, partage-t-il.

Face à tous ces questionnements quant à l’emplacement des prisons, un lieu qui intrigue toujours autant tant les informations dévoilées au grand public sont minimes, un autre aspect vient s’ajouter et trouble particulièrement Paul.

Je me pose tout de même la question : pourquoi ne pas avoir conservé les murs et reconverti le bâtiment comme dans d’autres villes ? C’était tout de même un lieu plein d’histoires : au 18ème siècle le bâtiment abritait une Manufacture à tabac par exemple, ensuite c’est devenu une prison à partir du début du 19ème… Il y a eu aussi les fameuses révoltes de la prison de Nancy dans les années 1970 avec l’intervention, entre autres, du philosophe Michel Foucault et du GIP.

De l’histoire de ce bâtiment, il semblerait qu’il ne reste aujourd’hui qu’un vitrail de la chapelle et une fontaine datant du 18ème siècle, lorsque la maison d’arrêt n’était pas encore là et qu’il s’agissait d’une Manufacture à tabac.

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“20 ans dans cette prison”

Un journal gratuit pour Paris Nuit Blanche 2014

C’est donc dans un soucis de documenter ce lieu et de le dévoiler au grand public que Paul Heintz, aujourd’hui diplômé des Arts Décoratifs de Paris, a décidé de monter un nouveau projet pour mettre en valeur ces témoignages, quatre ans plus tard.

J’ai décidé de prendre ces images telles qu’elles sont avec leur brutalité mais aussi leur fragilité. Cependant, je ne me voyais pas exposer ces photographies aux murs à la manière de tirages d’artistes. Ces graffitis, qui n’avaient pas vocation à être vus à l’extérieur, je n’en étais pas l’auteur. C’est alors que la forme du journal m’a parue la plus appropriée pour actualiser ces photos.

Ce qui l’intéresse particulièrement c’est alors ce rapport privilégié que peut avoir le spectateur avec le format d’un journal. En effet, les double-pages permettent à la fois de montrer comment les graffitis se répondent et de favoriser une approche personnelle avec les photographies.

J’aime l’idée d’un journal gratuit parce qu’il a quelque chose d’éphémère et de fragile : ce journal, on peut le conserver chez soi comme un document mais il peut aussi être détruit ou jeté en un instant, ce n’est pas un objet précieux.

Chaque journal aura sa propre vie, en fonction de chaque lecteur : certains pourront même abandonner cette édition dans le métro, d’autres voyageurs pourront le consulter ensuite… Je trouve ça poétique, l’histoire de ces documents qui naviguent, jetés comme des bouteilles à la mer.

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Le projet du photographe, intitulé “La vie 2 rêve Nick Charles III”, reprend le message d’un des graffitis. Le journal de 48 pages sera tiré à hauteur de 5000 exemplaires et distribué dans l’ancienne gare RER de Reuilly, lors de Paris Nuit Blanche, le 4 octobre prochain. Une démarche qui se veut donc gratuite et pour laquelle il a lancé un projet de financement participatif sur Kiss Kiss Bank Bank.

Si en ce moment, Paul est bien occupé par ce projet qui lui tient à coeur, il est en train de commencer un film qui s’inscrit dans la lignée de “La vie 2 rêve Nick Charles III”, dans le sens où il souhaite questionner notre rapport à l’autorité et à la norme.

J’ai eu envie de m’intéresser à comment le pouvoir (par l’autorité de l’image, de la mise en scène ou de la mise en espace) contraint les individus mais surtout la manière dont certaines personnes tentent de résister en proposant un pas de côté.

Sauf que cette fois-ci, ce n’est pas le monde carcéral qui sera mis en avant, mais le monde de l’entreprise…

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Si vous souhaitez soutenir son projet, rendez-vous sur la page Kiss Kiss Bank Bank qui lui est dédié.

Source : http://www.konbini.com/fr/inspiration-2/serie-photo-messages-anciens-detenus-prisons/ Publié le 11 septembre 2014.

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Transférés dans les prisons de l’Hexagone, comment vivent les détenus d’Outre-mer ?

A des milliers de kilomètres de chez eux, plusieurs centaines de détenus ultramarins purgent leur peine dans l’Hexagone. « Déportation » pour certains, transfert choisi pour d’autres, leur incarcération en métropole pose le problème du maintien des liens familiaux. Premier volet de notre enquête.

Plusieurs centaines de détenus d'Outre-mer purgent leur peine dans l'Hexagone. © AFP THOMAS SAMSON / Montage La1ère
© AFP THOMAS SAMSON / MONTAGE LA1ÈRE Plusieurs centaines de détenus d’Outre-mer purgent leur peine dans l’Hexagone.

« Moi personnellement, ce que je veux, c’est rentrer dans ma prison en Guadeloupe pour avoir le parloir avec ma famille, voilà quoi. » Le message a le mérite d’être clair. Il émane d’un détenu antillais incarcéré dans l’Hexagone depuis 2011. Comme lui, quelques centaines – impossible de connaître leur nombre exact – de Martiniquais, Réunionnais, Calédoniens, etc., purgent leur (longue) peine en métropole, à des milliers de kilomètres de chez eux. Certains par choix, d’autres par « mesures d’ordre et de sécurité ». Une fois écroués sur le sol métropolitain, difficile d’envisager un retour en Outre-mer, tant la surpopulation carcérale est forte dans ces territoires.

 

>>> INTERVIEW du Guadeloupéen Fabrice Boromée, détenu en métropole : « J’en ai marre de souffrir ici, mon pays me manque »

 

« C’est un véritable déracinement« , analyse François Bès, en charge de l’Outre-mer au sein de l’Observatoire international des prisons (OIP). Eloignement familial, différence de température, problèmes occasionnels de langue, cherté des communications téléphoniques et décalage horaire… « Chaque fois que j’appelle, il fait déjà nuit là-bas », témoigne un détenu calédonien auprès de l’OIP. Ce dernier ne voit jamais sa famille au parloir, et pour cause : « Elle habite à 22.000 kilomètres et n’a pas les moyens.« 

A découvrir ci-dessous, des témoignages de détenus ultramarins incarcérés dans l’Hexagone. Leurs réponses proviennent de questionnaires établis et recueillis par l’Observatoire international des prisons entre mars et août 2014 :

Inscrit au barreau de Paris, Benoît David s’est toujours intéressé au sort des prisonniers. S’agissant de ces Ultramarins désireux de rentrer chez eux, l’avocat n’hésite pas à parler de « déportation »« Je trouve que le terme n’est pas disproportionné, certifie-t-il à La1ère.Même si, juridiquement, la déportation n’existe plus, elle existe matériellement pour ces hommes et ces femmes, dès lors qu’ils subissent une incarcération à des milliers de kilomètres, tout ça parce que la France est défaillante au niveau de ses prisons en Outre-mer. »

« L’administration pénitentiaire a l’obligation de favoriser le maintien des liens familiauxrenchérit François Bès, de l’Observatoire international des prisons. Mais en réalité, elle est confrontée à un dilemme : ne pas respecter la dignité des détenus en les laissant dans certains établissements en Outre-mer, ou bien ne pas respecter ce devoir de maintien des liens familiaux. » 

Le cas emblématique du Réunionnais Casanova Agamemnon

Pour les détenus, l’éloignement familial amoindrit parfois les perspectives de réinsertion. En témoigne le cas du Réunionnais Casanova Agamemnon, l’un des plus anciens prisonniers de France. Incarcéré dans l’Hexagone pendant plus de 40 ans, il lui aura fallu 10 ans de demandes répétées pour être transféré sur son île. “Risque de troubles à l’ordre public“, “absence d’établissement adapté à son profil“, autant d’arguments qui ont longtemps été avancés pour bloquer son retour au péi.

Le Réunionnais Casanova Agamemnon a purgé l'essentiel de sa peine dans l'Hexagone. © DR
© DR Le Réunionnais Casanova Agamemnon a purgé l’essentiel de sa peine dans l’Hexagone.

En parallèle, toutes ses demandes de libération conditionnelle (à laquelle il peut légalement prétendre depuis plus de 20 ans) ont été rejetées, « au motif qu’il fallait d’abordun transfert vers La Réunion pour qu’il puisse construire son projet de sortie là-bas… », déplore son avocat, Me Benoît David, atterré par cette “situation absurde“. Casanova Agamemnon a fini par rejoindre la prison réunionnaise du Port en mars 2014. Il a adressé il y a quelques mois une demande de grâce présidentielle à François Hollande. Il a également introduit une requête contre la France devant la Cour européenne des droits de l’homme pour atteinte au maintien effectif des liens familiaux, au droit à la réinsertion et au respect de la dignité humaine.

A voir ci-dessous, un extrait des observations du gouvernement devant la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire « Agamemnon c. France »

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De meilleures conditions de détention dans l’Hexagone

Surpopulation, vétusté, absence de formations… Malgré l’engagement du ministère de la Justice dans une « politique d’investissements significatifs visant à l’amélioration et à la modernisation du parc immobilier pénitentiaire en Outre-mer », les prisons ultramarines demeurent pour nombre d’entre elles dans un état calamiteux (c’est le cas dans le Pacifique ou aux Antilles).

 

S’il existe aujourd’hui en Outre-mer des établissements pour peine, adaptés aux longues condamnations (ce qui, pendant très longtemps, n’a pas été le cas), certains Ultramarins préfèrent encore être emprisonnés en métropole. A la question « pourquoi avoir choisi d’être transféré dans l’Hexagone », ce Kanak répond, lapidaire : « Plus propre. Plus tranquille. Des facilités de formation et de travail ». 

 

>>> POUR ALLER PLUS LOIN : Surpopulation, vétusté, le tableau des prisons ultramarines en 2014

« Que les détenus ultramarins demandent eux-mêmes à purger leur peine dans l’Hexagone ? Ça arrive parfois », constate Loetitia Lebrun, directrice du Centre national d’évaluation de Réau (Seine-et-Marne). Sa mission consiste (entre autres) à émettre un avis sur l’affectation des détenus dans tel ou tel établissement (une sorte de « conseillère pénitentiaire d’orientation », en somme). Elle soutient que les Ultramarins sont loin de vouloir rester systématiquement en Outre-mer : « Surtout les plus jeunes. Soit pour couper avec les mauvaises fréquentations, soit pour suivre une formation. »

A lire ci-dessous, des paroles de détenus. Ils répondent aux questions de l’Observatoire international des prisons :

>>> A LIRE AUSSI : « Le parcours du combattant des détenus longues peines condamnés Outre-mer »

Une liberté de choix « apparente »

L’Observatoire international des prisons, lui, fustige ce discours et maintient que cette« liberté de choix n’est en fait qu’apparente »« Ce changement d’affectation est généralement accepté, voire demandé par le détenu lui-même, dans l’espoir de voir ses conditions de détention s’améliorer notablement », fait remarquer l’organisme.

Un constat qui rejoint celui de Me Dominique Monget-Sarrail. L’avocate exerce aujourd’hui en région parisienne, mais a longtemps travaillé à Cayenne. « Mes clients de Rémire-Montjoly (l’unique centre pénitentiaire de Guyane, ndlr) étaient très nombreux à réclamer leur transfert. Pas pour le climat ou l’ambiance des prisons de métropole… », précise-t-elle, un brin ironique.  « Mais ils ne supportaient plus la promiscuité, l’absence d’activité et le manque de travail », ajoute celle qui a fait condamner l’Etat à plusieurs reprises pour« dysfonctionnement du service public du fait des conditions de détention désastreuses à Rémire-Montjoly« .

 

« Vous savez, poursuit une autre avocate, l’univers carcéral est à l’image de la société. Si le taux de chômage est très élevé dans les départements et les collectivités d’Outre-mer, il l’est encore plus dans les prisons ultramarines. Certains détenus se retrouvent contraints de demander leur transfert en métropole pour pouvoir travailler et commencer à indemniser les parties civiles. »

Juin 2015 : la prison guyanaise de Rémire-Montjoly, photographiée de l'intérieur par des prisonniers révoltés par leurs conditions de détention. © DR
© DR Juin 2015 : la prison guyanaise de Rémire-Montjoly, photographiée de l’intérieur par des prisonniers révoltés par leurs conditions de détention.

 

Des difficultés de transfert dans les deux sens

Et pour ajouter une touche de complexité au tableau, certains détenus en Outre-mer ont bien du mal à obtenir leur transfert en métropole, malgré leurs demandes insistantes. « Au centre pénitentiaire de Baie-Mahault, il n’y a pas d’activité ni travail. Je suis menacé tous les jours par les autres détenus. Je vous prie de bien vouloir faire le nécessaire pour accélérer mon départ », réclame ainsi ce détenu guadeloupéen condamné à plus de 20 ans de prison, dans un courrier adressé à l’OIP. A la mi-juin, un prisonnier martiniquais s’est également illustré en manifestant sur le toit de l’établissement de Ducos pour réclamer son transfèrement en métropole. A noter que ces dernières années, les mouvements de prisonniers sont plus importants dans le sens « Outre-mer – métropole » que l’inverse (voir le schéma ci-dessous).

Les détenus ultramarins qui veulent rentrer ont du mal à rentrer. Et ceux qui souhaitent partir ont du mal à partir…

« Depuis quelques mois, je suis sollicité par plusieurs prisonniers aux Antilles et en Guyane,confirme François Bès, en charge de l’Outre-mer à l’OIP. Ils nous demandent de l’aide pour être déplacés dans l’Hexagone. Ils se disent victimes de menaces, de brimades et de violences auxquels ils ne peuvent échapper en raison de la promiscuité et de la surpopulation. Bref, les détenus ultramarins qui veulent rentrer ont du mal à rentrer. Et ceux qui souhaitent partir ont du mal à partir… »

Source : http://www.la1ere.fr/2015/06/17/transferes-dans-les-prisons-de-l-hexagone-comment-vivent-les-detenus-d-outre-mer-enquete-13-264913.html
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Quatre braquages pour payer ses dettes

Janvier 2012. Des policiers arrêtent Patrice : il a perdu tous ses points de permis. Affaire banale, individu inconnu des fichiers, mais ils prennent quand même ses empreintes digitales. Et surprise ! elles correspondent à celles laissées lors du braquage d’un magasin Naf Naf à Paris début 2008. Branle-bas de combat, Patrice est placé en garde à vue. « Et là, vous avouez spontanément trois autres vols à main armée », raconte l’assesseure ce 4 mai 2015, sept ans après les faits.

Une seule partie civile : sa dernière victime. Marie-Laure, une petite blonde d’une cinquantaine d’années, s’avance vers la barre en béquille. A l’époque, elle était vendeuse chez Etam. Lorsque Patrice la braque, elle simule un malaise. « Il a demandé s’il fallait appeler les pompiers », continue l’assesseure.« Je suis juste venue pour vous, explique Marie-Laure au tribunal. Et pour monsieur (le prévenu, ndlr), pour l’aider à tourner une page… »

Patrice ? Rien à voir avec les braqueurs de séries policières. Pas bien grand, un peu costaud, mais plus des hanches que des épaules, il ne fait peur à personne. À la barre, sa voix tremblotte. Le stress sûrement. Il avait arrêté les braquages « à cause de la peur ».

prévenu, avocate, victimeÀ gauche, le prévenu. Au centre, son avocate. À droite, Marie-Laure, la victime. (illustration : Clarisse Le Chaffotec)

Le problème de Patrice : les dettes, beaucoup de dettes. « J’ai tout essayé, j’étais désespéré, j’étais allé à la banque, j’avais demandé à mes parents… » L’assesseure s’énerve : « Vous pensez que tous les gens qui ont des difficultés financières décident de commettre des vols à main armée ? – En plus ça n’a rien arrangé du tout », répond Patrice les yeux baissés.

25 000 euros de crédits à la consommation

Patrice avait contracté pour 25 000 euros de crédits à la consommation, pour acheter deux voitures, pour lui et sa femme. Silencieuse jusque là, la présidente Isabelle Pulver prend la parole : « Quand on n’arrive pas à gérer son budget, on n’achète pas de voitures ! Parce que là on nous raconte du Zola. » Sauf que Patrice travaillait de nuit : il devait rentrer à temps pour amener ses trois enfants à l’école.Mais la présidente ne l’entend pas de cette oreille. Le couple gagnait 2 900 euros. « Plus toutes les aides ! s’exclame-t-elle. Tous ceux qui ont une bonne gestion arrivent à s’en sortir avec vos revenus. Je ne dis pas que c’est pas difficile. Il n’y aurait pas aussi un écran plasma ? Non ? »Après les faits, Patrice a essayé de s’en sortir. En plus de son boulot de nuit à la RATP, il a fait des extras comme cuisinier. « Vous ne pouvez pas vivre aux crochets de tout le monde tout le temps », réplique la présidente. Mais ses problèmes financiers ont eu raison de son mariage. Après une tentative de suicide, il tombe en dépression. Aujourd’hui, entre 400 et 600 euros sont saisis chaque mois sur son salaire (il est devenu contrôleur RATP).

prévenu, avocatePatrice et son avocate. (illustration : Pauline Dartois)

« Vous jugerez peut-être ces réquisitions trop indulgentes… »

Dès le début de son réquisitoire, le procureur rappelle la chance de Patrice : les faits ont été requalifiés en vols avec violence, lui évitant les assises pour vols avec arme – l’un des braquages est ainsi prescrit. Il pointe certains angles morts du dossier : l’arme n’a jamais été retrouvée. Patrice jure qu’il s’agissait d’un « pistolet à bille en plastique ».

Le procureur le reconnaît, le prévenu est « parfaitement inséré, pourtant, il faut envisager la sanction. » Il hésite : « Est-ce qu’il doit dormir ce soir à Fleury-Mérogis ? Si aujourd’hui on l’envoyait derrière les barreaux, on aurait trois enfants qui perdraient leurs ressources. » Il demande quatre ans, dont deux de sursis simple. Sans mandat de dépôt. « Vous jugerez peut-être ces réquisitions trop indulgentes… »

« Un personnage d’une gentillesse extrême »

Que pourrait rajouter la défense ? L’avocate de Patrice remercie le procureur et se concentre sur la personnalité de son client : « Un personnage d’une gentillesse extrême, un bon père de famille devenu lâche face à ses difficultés financières. » Puisque « préserver l’emploi et la famille, c’est la principale garantie contre la récidive », elle demande du sursis et la non-inscription sur le casier judiciaire.

S’il n’a rien à ajouter sur l’affaire, Patrice veut profiter des derniers instants de l’audience pour s’excuser, encore une fois, auprès de Marie-Laure.

Après 45 minutes de délibération, le tribunal condamne Patrice à quatre ans de prison, dont 30 mois avec sursis simple, sans mandat de dépôt, ni inscription au casier judiciaire, et 1 140 euros à payer à Marie-Laure. À la sortie de la salle, l’ancien braqueur et sa victime se saluent. « C’est bien que vous soyez venue », la remercie l’avocate.

Ecrit par un : « Journaliste de chambres. Comme dit un adage tourangeau : « La justice, c’est comme la cuisine, il ne faut pas la voir de trop près. »

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Journée pour les prisonniers de Villiers-le-Bel

Titre: Journée pour les prisonniers de Villiers-le-Bel
Lieu: la parole errante ( M° croix de chavaux/ montreuil )
Description: Journée de soutien aux prisonniers de Villiers-le-bel

Avec

Lino/Arsenik
Première Ligne
Sitou Kpudadjé
Nodja
Zesau / Bad Game
Awax & Oliver
Bad house
95 NJ-Clan
14h-18h Atelier d’écriture
Atelier graff
Initiation à la boxe anglaise

18h Discussion
Révoltes et procès:
Quelles stratégies face aux crimes policiers ?

Tous les bénéfices seront reversés aux familles et aideront à l’organisation des mobilisations.

Bouffe et boissons disponibles sur place
Un repas spécial sera servi à l’heure de la rupture du jeune de Ramadan.

Prix libre.

Date début: 2015-07-11
Heure début: 14:00
Date fin: 2015-07-12
Heure fin: 00:00

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« Delta, Charlie, Delta » La relaxe programmée des policiers responsables de la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré

« Delta, Charlie, Delta » La relaxe programmée des policiers responsables de la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré
Une salle difficilement accessible, plus de 80 journalistes, des syndicalistes policiers venus soutenir leurs collègues. Et pour les familles et les proches de Zyed Benna, Bouna Traoré et Muhittin Altun, une semaine de souffrance. Un procès tenu dix ans après une course-poursuite qui se solda par la mort des deux premiers, les blessures irréversibles du troisième, et par plusieurs semaines de révoltes dans tout le pays. Un procès conçu dès le départ comme celui de « l’apaisement », avec à la sortie une conviction : si la mort de Zyed et Bouna n’avait pas été suivie par les révoltes de novembre 2005, le procès n’aurait pas eu lieu. La liste effarante des morts survenues lors de courses-poursuites avec la police et qui n’ont eu aucune suite judiciaire en témoigne (1). Un procès, histoire de dire que justice a été rendue. Un procès pour établir l’innocence des policiers, et par là établir l’illégitimité des révoltes. Un procès politique, donc, destiné à clore l’épisode des révoltes, à affirmer leur caractère irrationnel en suggérant que Zyed et Bouna sont les seuls responsables de leur mort.

À aucun moment de ce procès n’a été conçue la possibilité que les policiers mis en examen soient condamnés. Ces dernières années, nous avons vu d’autres affaires être ouvertes suite à une interpellation conduisant à la mort. Or même lorsque la responsabilité des policiers dans ces décès était plus évidente et directe qu’à Clichy, les tribunaux n’ont que rarement condamné. Et quand ils l’ont fait, ce fut pour prononcer des peines symboliques, comme le rappellent le jugement des policiers qui ont étouffé Abdelhakim Ajimi à Grasse en 2008 devant une dizaine de témoins (2), et le jugement du policier responsable de la mort de Lakhamy et Moushin à Villiers-le-Bel en 2007 (3).

Un procès ? Une mise en scène : examen des personnalités, longues écoutes et retranscriptions des communications radio de la police, expertises, le tout orchestré par un président à la réputation d’homme impartial et mesuré. Tout a été fait pour donner une image irréprochable et équilibrée du fonctionnement de la justice. Se concentrer sur les aspects techniques de ces deux morts, en parler avec la froide distance de l’« objectivité » pour transformer une chasse à l’homme en un fait divers tragique. La procureure aura donné le ton du procès à travers ces quelques mots : « Le droit sera dit en toute objectivité, loin du cri du peuple. »

1) Voir « Homicides, accidents, « malaises »: 50 ans de morts par la police », Bastamag
2) Voir Comité Vérité et Justice pour Abdelhakim Ajimi, « On a beau faire, la justice en France, ça n’existe pas », dans Permis de tuer. Chronique de l’impunité policière, Syllepse, 2014
3) Voir Collectif Angles Morts, « Aveugle, sourd et muet. Retour sur le procès du flic responsable de la mort de Lakhamy et Moushin », http://indigenes-republique.fr/aveugle-sourd-et-muet

Lire la suite de la Brochure du Collectif Angles Morts :

Contact : anglesmorts@gmail.com
FB : www.facebook.com/collectif.anglesmorts

Télécharger le fichier pdf :

brochure_delta_charlie_delta.pdf Brochure-Delta Charlie Delta.pdf (8.65 Mo)

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RELAXE DES POLICIERS RESPONSABLE DE LA MORT DE ZIED ET BOUNA

Cette fois encore les juges ont préférés prendre en compte les histoires des policiers…

Après deux mois de délibéré, le tribunal, présidé par Nicolas Léger-Larue de Tournemine, a suivi les réquisitions de relaxe prononcées le 19 mars dernier par le procureur adjoint Delphine Dewailly. En substance, explique son président en lisant le jugement, le tribunal a d’abord estimé que Stéphanie Klein, la stagiaire qui était en fonction au standard du commissariat le jour du drame, sans formation ni connaissance des lieux, « ne pouvait avoir conscience d’un péril grave et imminent ». « Dans le cas contraire, elle aurait réagi », estime le tribunal. *

Evidement c’est un flic donc on peut se baser sur des suppositions et sur le fait que son témoignage dit qu’elle ne pensait pas qu’il pouvait y avoir une centrale EDF d’une telle dangerosité près d’habitation* !  Mais alors si cette dernière fonctionnaire n’est pas coupable de ne pas s’être rendu compte du danger, c’est bien l’etat qui est responsable de mauvaise formation de ses fonctionnaires non ? ( puisqu’il est admis qu’elle ne connait pas l’environnement dans lequel elle se trouve, et donc qu’elle ne se rend pas compte du danger pour les jeunes… en partant du principe bien sûr de la bonne foi des policiers… )

Quant à son collègue policier Sébastien Gaillemin, il « n’a pas pu voir » les adolescents entrer sur le site du transformateur, il a fait des recherches, et il n’a pas eu conscience non plus « d’un péril grave et imminent », car dans le cas contraire il aurait donné l’alerte, raisonne le tribunal.

Pareil le tribunal part du principe que le policier est de bonne foi et pourtant ont sait par les appels radios qu’il se doute que les ados vont aller sur la centrale ; comment dire que celui-ci nie le danger quand il dit que « s’ils rentrent je ne donne pas cher de leurs peau » ??

Conclusion et STRATEGIE DE LA JUSTICE ET DE LA POLICE  :

Ce 27 Octobre les policiers sont effectivement en train de faire leur travail de manière banal et routinière; cela est précisé pendant tout le long du procès pour légitimer le comportement des policiers qui celon eux et la justice, ne sont pas inquiets puisqu’ils ont agit  » normalement » ( donc comme ils ont été formés )… 

Agir normalement pour un policier dans un quartier qui lui a été décrit comme chaud/ dangereux ou sensible n’est pas de se préoccuper que les habitants vont bien mais de s’occuper de mettre la pression aux jeunes de ces quartiers.

C’est là où il y a mauvaise foi et donc non-responsabilité de l’état et de ces mercenaires.

La médiatisation de cette affaire ( et non pas des dixaines d’autres victimes de l’action de la police) a eu lieu grâce aux émeutes et à la détermination des proches de Zied et Bouna . ..La justice a fait payer aux quartiers qui se sont révoltés ( au moins 117 personnes écrouées sur au moins 626 personnes interpellées pendant les  » émeutes »); la justice fait payer à la famille ces 10 ans de combat judiciaire.

Jusqu’au bout le président du tribunal aura mit la pression aux familles voici par exemple ce qui a pu être dit à la famille :
 « Le traitement politique et médiatique des événements qui ont suivi la survenance de ce drame, ainsi que les nombreuses procédures initiées devant divers organismes à son propos, ont considérablement alourdi la souffrance des familles »…

Pour faire bonne mesure, les parties civiles sont également déboutées au civil, et aucune indemnisation ne sera accordée, tranche le tribunal.

C’est hallucinant de « reconnaitre » d’une certaine façon que le combat judiciaire de la famille  a été difficile**, en même temps ne même pas accorder d’indemnité à la famille ; c’est comme pour bien marquer qu’il n’y a aucune reconnaissance d’aucune responsabilité ; de personne… et on leur dit presque « vous avez générés votre propre souffrance »… Encore une fois les responsabilités sont renversés.

Preuve est que tout a été fait pour casser les familles et  renverser le statut de victime de Zied et Bouna en coupable de leurs propre mort.
Cependant, Me Mignard annonce peu après par communiqué qu’il entend retourner vers la cour d’appel de Rennes, et qu’il « sera demandé à la Cour de reprendre l’intégralité de l’enquête de police afin d’établir l’existence d’une faute, indépendamment du caractère définitif de la relaxe ».

* lire le témoignage de la flic en question dans le procès :  http://fr.scribd.com/doc/265744103/Delibere-proces-Clichy-sous-Bois

**Il avait fallu toute une série de péripéties judiciaires pour arriver à la décision, somme toute normale, d’organiser enfin un procès public. L’événement décisif s’était produit quand la chambre criminelle de la Cour de cassation avait, le 31 octobre 2012, cassé intégralement l’arrêt de la cour d’appel de Paris qui avait accordé un non-lieu aux deux policiers.

La Cour de cassation  avait estimé que les policiers n’auraient pas dû quitter la zone sans s’assurer qu’il n’y avait pas de jeunes dans l’enceinte du transformateur EDF, dont la dangerosité était connue, et sans même donner l’alerte. Après avoir sèchement contredit la cour d’appel de Paris, la Cour de cassation avait confié ce dossier à la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes. Et celle-ci avait fait la même analyse que la plus haute juridiction.
*** : source en italique : http://www.nrgui.com/brouillon/46-culture/6004-en-france-comme-a-fergusson-negraille-rime-avec-racaille

 

SOURCE : http://atouteslesvictimes.samizdat.net/

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ZYED ET BOUNA : 10 ANS APRES

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Appel à mobilisation nationale

Le 27 octobre 2005 à Clichy-Sous-Bois, une dizaine d’adolescents qui sortent du foot sont interpellés par la police et prennent la fuite par peur d’un contrôle. Pris en chasse par plusieurs voitures de la BAC, Zyed, Bouna et Muhittin se réfugient dans un transformateur EDF. Vingt minutes plus tard, Zyed et Bouna meurent électrocutés. Muhittin, gravement brûlé, parvient à prévenir les secours.

Le 18 mai prochain, la cour d’appel rendra publique sa décision au sujet des deux policiers mis en examen dans cette affaire. Inculpés au départ pour mise en danger délibérée, la justice ne retient plus aujourd’hui que la non-assistance à personne en danger pour les deux seuls policiers mis en cause.

Après dix ans de batailles judiciaires et une relaxe confirmée une première fois en appel, quelque soit le verdict il ne sera jamais pleinement satisfaisant. Dans de trop nombreux cas les policiers mis en cause bénéficient d’une impunité judiciaire et sont traités comme des citoyens au-dessus des lois (Amnesty International, avril 2009).

Insultes, contrôles d’identité abusifs, brimades, mutilations, autant de pratiques qui constituent une violence quotidienne. Ali Ziri, Abou Bakari Tandia, Mohammed Boukrourou, Lamine Dieng… Nous ne parlons pas ici d’accidents ou de bavures, mais d’une violence d’Etat dont la justice se fait complice. Faut-il s’étonner des révoltes dans les quartiers populaires ?

Le 18 mai nous ne nous tairons pas ! Ces combats ne s’arrêtent pas aux portes des Palais de justice. Dans la rue, la lutte se construit et la solidarité s’organise.

Des familles et des collectifs se retrouveront
devant la cité judiciaire de Rennes à 14H30.

À Lyon,  rassemblement à 19H devant le TGI.

En île-de France, rassemblement à 19H devant
le tribunal de Bobigny, lieu de tous les non-lieux.

Rassemblons-nous devant tous les tribunaux de France
à partir de 19h pour montrer que nous n’oublions pas !

Pour se coordonner sur les actions locales, contactez-nous :zyedbouna18mai@gmail.com

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Prison de Perpignan surpeuplée : 37 détenus dorment sur des matelas au sol

 

Cent onze prisonniers vivent à trois dans une cellule de 9 m2, ce qui oblige «37 détenus à dormir sur des matelas au sol» dans la prison de Perpignan.
Cent onze prisonniers vivent à trois dans une cellule de 9 m2, ce qui oblige «37 détenus à dormir sur des matelas au sol» dans la prison de Perpignan.
Capture site du Ministère de la Justice

Le centre pénitentiaire de Perpignan (Pyrénées Orientales) est saturé. C’est ce que dénoncent des surveillants, délégués syndicaux  du centre. Cent onze prisonniers vivent à trois dans des cellules de 9 m2, ce qui oblige «37 détenus à dormir sur des matelas au sol», ont-ils affirmé samedi, redoutant que cette surpopulation n’engendre des «incidents».
Le directeur de l’établissement n’a pu être joint au cours du week-end pour commenter ce bilan syndical, la direction régionale de l’administration pénitentiaire non plus. «Aucun commentaire», a répondu samedi l’officier de permanence joint à la porte de la prison.

Dans un communiqué intitulé «37 matelas au sol», les délégués UFAP/UNSAjustice demandent «un désencombrement d’urgence et une gestion logique des effectifs de détenus». «111 détenus vivent à trois dans une cellule de 9 m2, sans douche, avec un WC dans un coin de la cellule et le soir un matelas est posé sur le sol pour permettre au troisième de dormir», a expliqué le secrétaire local UFAP/UNSA justice, Johann Reig, un des surveillants de la prison de Perpignan construite il y a 28 ans à la périphérie de la ville.

Situation «aberrante»

Dans les Pyrénées-Orientales et ailleurs en France, «la surpopulation carcérale fait que l’administration ne peut pas respecter l’encellulement individuel officiellement prévu et a été obligée de doubler toutes les cellules en y plaçant des lits superposés», a expliqué M. Reig, joint par téléphone. «Mais cela devient ingérable quand il y a trois détenus par cellule, ils sont tendus et ça se répercute sur le travail des surveillants».

Les délégués syndicaux UFAP/UNSA assurent dans leur communiqué qu’une «accalmie concernant le nombre de matelas au sol» s’était fait sentir lors de l’ouverture de l’établissement de Béziers, fin 2009, mais que la situation s’est détériorée depuis. Pour eux, la situation est d’autant plus «aberrante» que la plupart des autres établissements de la région ont «encore des lits disponibles».

En France, 66 761 personnes étaient incarcérées au 1er avril, un chiffre largement supérieur à la capacité réelle d’accueil des prisons françaises (57 920 places).

 

Source : http://www.leparisien.fr/societe/prison-de-perpignan-surpeuplee-37-detenus-dorment-sur-des-matelas-au-sol-02-05-2015-4740801.php
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Emission ‘Frontline’ du 24 avril 2015, invité: Collectif unitaire de soutien à Mumia Abu-Jamal


Emission 'Frontline' du 24 avril 2015, invité: Collectif unitaire de soutien à Mumia Abu-Jamal
Voici l’émission « Frontline » du 24 avril 2015 avec Claude, membre du collectif unitaire de soutien à Mumia Abu-Jamal. 

Site : http://mumiabujamal.com 

Livres : 
– We want freedom. Une vie dans le parti des Black Panthers. Mumia Abu-Jamal (Le temps des cerises) 
– En direct du couloir de la mort. Mumia Abu-Jamal (La Découverte) 
– Condamné au silence. Mumia Abu-Jamal (La Découverte) 
– Un homme libre dans le couloir de la mort. Claude Guillaumaud-Pujol, Mumia Abu-Jamal (Le temps des cerises) 

Documentaires : 
– Toute ma vie en prison. Marc Evans – 2011 
– Un Mumia, des Mumia. Jérôme Champion – 2001 

Tracklist : 

1) Betty Everett « There’ll come a time » 
2) The Unbound Allstars « Mumia 911 » 
3) Intifada « El fuego de Chicago » 

Pour télécharger l’émission, cliquez droit et enregistrez sous ici : Frontline – 24 avril 2015 

Pour écouter l’émission :

http://lignedefront.free.fr/frontline_24avril2015.mp3 Emission ‘Frontline’ du 24 avril 2015, invité: Collectif unitaire de soutien à Mumia Abu-Jamal


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A Rennes procès de 2 policiers mise en cause pour la mort de Zyed et Bouna

Photo : Georges Gobet/AFP

Dans une rue à Rennes. Photo : Georges Gobet/AFP

La défense a plaidé la relaxe, sans entrer dans le détail des faits. La décision du tribunal sera rendue le 18 mai.

Rennes (Ille-et-Vilaine), envoyée spéciale. Jusqu’au bout, les familles de Bouna Traoré et Zyed Benna auront été exemplaires. Une retenue dans la colère et une dignité dans la douleur qui forcent l’admiration. Elles avaient pourtant de quoi exploser ce matin lors des plaidoiries de la défense – auxquelles elles avaient tenu à assister par « respect pour le tribunal ». C’est d’abord vers elles que Me Daniel Merchat, avocat des deux policiers qui risquent cinq ans de prison pour homicide involontaire, s’est tourné pour leur dire sa « compassion » : « Le deuil d’un enfant est la pire chose qui soit. Dans l’ordre normal des choses, ce sont les enfants qui enterrent leurs parents, pas le contraire ». L’avocat, cheveux gris et lunettes sur le bout du nez, se retourne alors vers le tribunal pour entamer une longue et pénible plaidoirie, bourrée de citations et de références les plus diverses – de Luc Ferry à Socrate, en passant par Malraux, Nicolas et Pimprenelle et Thomas Legrand, le chroniqueur politique de France Inter. Des références pédantes et prétentieuses qui lui servent à étriller les parties civiles et leurs « pensées soupconnistes », voire « conspirationnistes » qui « produisent une toxicomanie de la haine ». Pour lui, « toutes ces vieilles lunes anarcho-marxiste sentent la naphtaline ».

Aucun des deux policiers n’a un regard vers les bancs des parties civiles

Me Daniel Merchat aborde très peu les faits. « Que sait-il passé ? Je suis désolé de dire aux familles des victimes que nous ne le savons pas ». Ce qu’il sait, en revanche, c’est que « ni Stéphanie Klein, ni Sébastien Gaillemin n’avaient conscience du danger qui menaçait ». Il balaye d’un revers de manche la quête de justice des parties civiles depuis dix ans : « La seule chose qui efface le sang et les larmes, c’est le pardon ». Puis la gifle : « Oui, ces garçons sont morts pour rien, leur mort est absurde. Il est aussi absurde de faire le procès de l’absurdité ». Au passage, l’ancien policier n’a pas manqué de décrire la Seine-Saint-Denis comme une zone de non droit, « un immense commissariat », où « chaque intervention policière est dangereuse » (pour les forces de l’ordre évidemment). Ses clients, « présumés coupables », sont des « gens bien » répète t-il en guise de défense. « Vous prononcerez la relaxe parce que dix ans ça suffit », conclue t-il. Comme le veut le protocole, le président du tribunal laisse la dernière parole aux prévenus. Droits derrière la barre, les deux policiers ont assuré d’un ton froid les familles de Zyed et Bouna de leur « compassion ». Stéphanie Klein : « Je ne suis pas indifférente au drame qui touche les familles ». Sébastien Gaillemin : « Je réitère ma compassion envers les familles ». Aucun des deux n’a un regard vers les bancs des parties civiles. Le tribunal met sa décision en délibéré au lundi 18 mai à 14 heures.

Pendant cinq jours, deux prévenus qui n’ont rien expliqué

Il est midi, après dix ans d’attente et cinq jours d’audience, le procès de la mort de Zyed et Bouna se termine doucement. Le temps s’arrête quelques secondes. Les familles s’attardent sur les bancs des parties civiles. Devant la salle d’audience, des hordes de micros les attendent. Face à eux, le grand frère de Bouna dira que oui, il pense que ce procès a lavé l’honneur de son frère. « On n’a bien dit qu’il n’avait commis aucune infraction. » « Les familles sont satisfaites d’avoir eu un procès public pour dire que Zyed et Bouna ne sont pas morts pour rien, souligne Me Emmanuel Tordjman, leur avocat qui a particulièrement brillé lors de sa plaidoirie (lire : « Pour Zyed et Bouna, « les familles ne réclament pas vengeance, mais simplement justice »). Mais elles ont été confrontées, pendant cinq jours, à deux prévenus qui n’ont rien expliqué. » L’avocat se dit « confiant » dans la décision du tribunal. En cas de relaxe, les parties civiles feraient « évidemment » appel.

 

Source* : http://www.humanite.fr/lavocat-des-policiers-oui-zyed-et-bouna-sont-morts-pour-rien-569000
* titre modifié.
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