Livre de Jann-Marc Rouillan
Jann-Marc Rouillan est en liberté conditionnelle, après 25 ans de prison effective et une année passée sous surveillance électronique (cf. Autopsie du dehors, Al Dante, 2012). Ancien « taulard », il raconte dans ce livre son quotidien et consigne dans cette chronique ses observations du monde dit « libre » ; militant politique il va à la rencontre des gens (travailleurs, chômeurs, précaires, ouvriers en luttes, militants, artistes, habitants des quartiers populaires, intellectuels…) et témoigne d’une situation politique où les gouffres entre classes dominantes et classes dominées s’affirment de plus en plus durement dans toute leur cruelle obscénité. Pour écrire ce récit – qui porte les stigmates de la prison et est émaillé des souvenirs de sa vie de militant révolutionnaire – l’auteur se fabrique une langue désaffublée au maximum de toutes contraintes stylistique et typographique, ce qui donne au lecteur l’impression de suivre en direct une pensée qui se déplie au fur et à mesure des expériences et des souvenirs.
Extrait :
« (si la tâche échue est de me souvenir) j’ai peur d’être gagné par l’amnésie ambiante.
je crains de me réveiller un matin et de ne plus me rappeler du tout.
je manquerai à une vieille promesse.
salvador et deux autres camarades ont dit en riant
tu es encore passé entre les balles…
si tu nous survis…
je les ai coupés en jurant :
je me souviendrai !
le souvenir est la poursuite de la lutte (sous une autre forme). et je me suis souvenu.
(tous les jours) je me suis souvenu sans faillir.
combattre. transmettre. lutter encore. écrire. diffuser…
et porter en soi le sens du début de notre histoire. »
Source : http://al-dante.org/WordPress3/shop-4/jann-marc-rouillan-collection-poesie-litterature/le-tricard-jann-marc-rouillan/