Plus de 6200 prisonnier-e-s politiques palestinien-ne-s sont actuellement détenu-e-s dans les geôles israéliennes et sont bien souvent privé-e-s des droits humains les plus basiques. L’un des nombreux droits dont ils sont privés est celui de communiquer avec leurs familles et de recevoir des visites régulières, punissant ainsi tout un peuple.
Depuis 1967, environ 750 000 Palestinien-ne-s ont connu les geôles israéliennes. Il est ainsi difficile de trouver en Palestine un foyer qui n’ait jamais été concerné par la détention ou l’emprisonnement et c’est d’ailleurs une raison pour lesquelles le peuple palestinien voue un respect aussi profond à ses prisonniers.
En matière de détention et de visites des familles, l’état israélien s’assoit une fois de plus sur le droit international et sur les devoirs envers la population occupée qui lui incombent en tant que puissance occupante.
Pour ceux qui aiment les textes de loi, le droit aux visites familiales est un droit enraciné dans le droit international, expressément prévu par la Quatrième Convention de Genève, l’Ensemble des règles minima pour le traitement des détenus, l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement les règlespénitentiaires européennes, la convention relative aux droits des enfants (concernant les enfants détenus).
Premier obstacle aux visites : Israël détient des Palestinien-ne-s originaires des Territoires Occupés dans des centres de détention et des prisons situés en dehors de ces territoires, contraignant les familles à obtenir un permis pour entrer en Israël afin d’atteindre les prisons. Les permis étant eux-mêmes délivrés au bon vouloir de la puissance occupante, on imagine aisément quel machiavélique outil de punition collective représente la délivrance de ces permis. Dans le meilleur des cas, ces permis sont difficiles à obtenir et pour de nombreuses personnes, ils sont tout simplement impossibles à avoir, l’état israélien prétextant toujours les mêmes « raison de sécurité » pour justifier son refus, mais sans jamais définir ce qui se cache derrière cette formulation. La procédure pour obtenir un permis est longue, elle peut prendre entre un et trois mois, alors que le permis en lui même n’est valide qu’un an.
Les visites sont réservées aux parents de premier degré uniquement – enfants, époux, épouse, parents et grands-parents – isolant les détenu-e-s de leur environnement social et professionnel. Les membres de la famille de sexe masculin âgés de 16 à 35 ans se voient souvent interdits de visite toujours pour des « raisons de sécurité ». Dans la pratique, ce sont des centaines de familles qui se voient régulièrement refuser leur permis arbitrairement, sans autre explication que les fameuses « raisons de sécurité ». Certaines familles témoignent avoir été victimes de chantage afin d’obtenir ces permis (vente de leur terre, dénonciation de leurs voisins…) et se retrouvent ainsi privées de visite n’ayant pas collaborées avec l’occupant.
Quand les visites sont autorisées, elles ont lieu toutes les deux semaines, durant 45 minutes.
Les habitants de Cisjordanie sont récupérés par des bus du Comité International de la Croix Rouge, à 6h du matin, à Ramallah (les habitants des villages les plus éloignés ayant donc déjà fait plusieurs de route pour atteindre Ramallah). Ils doivent ensuite passer le checkpoint de Beit Seira, où ils attendent environ deux heures, pendant lesquelles ils doivent se soumettre à des fouilles électroniques et physiques. Une fois arrivés à la prison, ils sont accueillis par de nouveaux contrôles de sécurité, et doivent être une nouvelle fois fouillés électroniquement et physiquement. C’est assez fréquent que les familles attendent plus de cinq heures avant de pouvoir entrer dans la prison. Certaines familles doivent compter plus de 10h de transport et d’attente pour espérer voir leur proche 45 minutes. Tous les visiteurs doivent se soumettre à ces nombreuses fouilles, alors qu’à aucun moment ils n’auront de contact physique avec les détenu-e-s. Les enfants ne sont parfois autorisés par l’administration pénitentiaire qu’à visiter lors des jours de classe et doivent donc délaisser l’école un jour entier une semaine sur deux pour aller visiter leur père ou leur mère.
Après les nombreuses fouilles, une fois entrés dans la prison, les familles doivent encore attendre pendant près d’une heure dans une salle d’attente qui n’a ni toilettes ni accès à de l’eau potable.
Dans la salle de parloir, une vitre sépare les prisonniers de leurs familles Les communications ont lieu grâce à des téléphones ou par des trous dans la vitre. Bien souvent, les téléphones sont défectueux et il est difficile d’entendre son interlocuteur. Chaque prisonnier peut recevoir au maximum lors d’une visite trois adultes et deux mineurs. Il n’y a jamais aucun contact physique entre le prisonnier et sa famille, y compris entre les parents et leurs jeunes enfants.
Ces visites et les étapes qui les précèdent s’avèrent être très pénibles pour les prisonnier-e-s comme pour leurs familles.
Les visites sont également utilisées par l’administration pénitentiaire pour punir collectivement les détenu-e-s et leurs familles. Chacun peut être arbitrairement privés de visites pour une durée variable.
Par exemple, suite aux résultats des élections palestiniennes de 2006 ainsi qu’a capture du soldat Franco-Israélien Gilat Shalit, Israël a suspendu pendant 6 ans toutes les visites familiales pour les prisonnier-e-s de Gaza détenu-e-s dans les geôles israéliennes justifiant cela par des « raisons de sécurité non spécifiées ».
Suite la grève de la faim collective des prisonniers en avril 2012, Israël a accepté de rétablir les visites pour les Gazouïs, mais partiellement, puisque ces visites n’ont lieu que tous les deux mois. Plus récemment, pendant la guerre à Gaza, en juillet 2014, toutes les visites familiales ont été interdites pour les prisonniers de Gaza et en octobre 2014, cette interdiction est toujours en place. Ils n’avaient pendant la guerre aucun moyen de contacter leurs familles et apprenaient parfois la mort de leurs proches par les familles des rares détenus non Gazaouis qui avaient l’autorisation d’être visités.
Les visites ont également été interdites pendant la durée de la guerre aux prisonniers de Cisjordanie affiliés au Hamas, au Jihad Islamique et au Front Populaire de Libération de la Palestine. Pour ces prisonniers, les visites ont pu reprendre désormais mais uniquement tous les deux mois.
Dans tous ces cas d’interdiction de visite, c’est tout un peuple qui est concerné, ceux qui sont derrière les barreaux et ceux qui sont dehors, tous privés du droit de visiter leurs proches.
Les études et témoignages ont relevé de nombreuses séquelles psychologiques touchant les détenu-e-s, de par leurs conditions d’interrogatoire tout d’abord -de nombreux témoignages rapportent des tortures psychiques et physiques – et de par leurs conditions de détention ensuite – accès restreint à l’éducation, contact non adapté avec l’extérieur, soins médicaux sommaires, carences nutritionnelles importantes, absence de programme de réinsertion… – mais de nombreuses séquelles touchent également les familles. Quand celle-ci est possible, la visite d’un proche relève du parcours du combat et est à la fois source de joie et de frustration pour chacune des deux parties qui ne peut voir l’autre que derrière une vitre. Les courriers ne sont pas toujours distribués et quand ils le sont, c’est bien souvent plusieurs semaines après leur réception.
En septembre 2014, on dénombrait 6200 prisonnier-e-s politiques palestinien-ne-s parmi lesquels 500 en détention administrative, c’est à dire qu’ils n’ont ni chef d’inculpation ni procès, 201 sont des enfants, 18 femmes et 19 députés Palestiniens. De nombreux leaders des partis politiques sont incarcérés, parfois ils sont mis à l’isolement, afin de limiter leur participation à la Résistance. La prison est utilisée par la puissance occupante pour tenter d’affaiblir toute la société palestinienne, les resistant-e-s palestinien-ne-s et leurs familles. La question des prisonnier-e-s politiques palestinien-ne-s est primordiale, c’est une question politique majeure, et un enjeu sociétal de grande ampleur.
Source : http://quartierslibres.wordpress.com/2014/10/17/lincarceration-des-prisonnier-e-s-politiques-palestinien-ne-s-punition-collective-pour-tout-un-peuple/
Incarcération des prisonnier-e-s politiques Palestinien-ne-s, punition collective pour tout un peuple
Plus de 6200 prisonnier-e-s politiques palestinien-ne-s sont actuellement détenu-e-s dans les geôles israéliennes et sont bien souvent privé-e-s des droits humains les plus basiques. L’un des nombreux droits dont ils sont privés est celui de communiquer avec leurs familles et de recevoir des visites régulières, punissant ainsi tout un peuple.
Depuis 1967, environ 750 000 Palestinien-ne-s ont connu les geôles israéliennes. Il est ainsi difficile de trouver en Palestine un foyer qui n’ait jamais été concerné par la détention ou l’emprisonnement et c’est d’ailleurs une raison pour lesquelles le peuple palestinien voue un respect aussi profond à ses prisonniers.
En matière de détention et de visites des familles, l’état israélien s’assoit une fois de plus sur le droit international et sur les devoirs envers la population occupée qui lui incombent en tant que puissance occupante.
Pour ceux qui aiment les textes de loi, le droit aux visites familiales est un droit enraciné dans le droit international, expressément prévu par la Quatrième Convention de Genève, l’Ensemble des règles minima pour le traitement des détenus, l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement les règlespénitentiaires européennes, la convention relative aux droits des enfants (concernant les enfants détenus).
Premier obstacle aux visites : Israël détient des Palestinien-ne-s originaires des Territoires Occupés dans des centres de détention et des prisons situés en dehors de ces territoires, contraignant les familles à obtenir un permis pour entrer en Israël afin d’atteindre les prisons. Les permis étant eux-mêmes délivrés au bon vouloir de la puissance occupante, on imagine aisément quel machiavélique outil de punition collective représente la délivrance de ces permis. Dans le meilleur des cas, ces permis sont difficiles à obtenir et pour de nombreuses personnes, ils sont tout simplement impossibles à avoir, l’état israélien prétextant toujours les mêmes « raison de sécurité » pour justifier son refus, mais sans jamais définir ce qui se cache derrière cette formulation. La procédure pour obtenir un permis est longue, elle peut prendre entre un et trois mois, alors que le permis en lui même n’est valide qu’un an.
Les visites sont réservées aux parents de premier degré uniquement – enfants, époux, épouse, parents et grands-parents – isolant les détenu-e-s de leur environnement social et professionnel. Les membres de la famille de sexe masculin âgés de 16 à 35 ans se voient souvent interdits de visite toujours pour des « raisons de sécurité ». Dans la pratique, ce sont des centaines de familles qui se voient régulièrement refuser leur permis arbitrairement, sans autre explication que les fameuses « raisons de sécurité ». Certaines familles témoignent avoir été victimes de chantage afin d’obtenir ces permis (vente de leur terre, dénonciation de leurs voisins…) et se retrouvent ainsi privées de visite n’ayant pas collaborées avec l’occupant.
Quand les visites sont autorisées, elles ont lieu toutes les deux semaines, durant 45 minutes.
Les habitants de Cisjordanie sont récupérés par des bus du Comité International de la Croix Rouge, à 6h du matin, à Ramallah (les habitants des villages les plus éloignés ayant donc déjà fait plusieurs de route pour atteindre Ramallah). Ils doivent ensuite passer le checkpoint de Beit Seira, où ils attendent environ deux heures, pendant lesquelles ils doivent se soumettre à des fouilles électroniques et physiques. Une fois arrivés à la prison, ils sont accueillis par de nouveaux contrôles de sécurité, et doivent être une nouvelle fois fouillés électroniquement et physiquement. C’est assez fréquent que les familles attendent plus de cinq heures avant de pouvoir entrer dans la prison. Certaines familles doivent compter plus de 10h de transport et d’attente pour espérer voir leur proche 45 minutes. Tous les visiteurs doivent se soumettre à ces nombreuses fouilles, alors qu’à aucun moment ils n’auront de contact physique avec les détenu-e-s. Les enfants ne sont parfois autorisés par l’administration pénitentiaire qu’à visiter lors des jours de classe et doivent donc délaisser l’école un jour entier une semaine sur deux pour aller visiter leur père ou leur mère.
Après les nombreuses fouilles, une fois entrés dans la prison, les familles doivent encore attendre pendant près d’une heure dans une salle d’attente qui n’a ni toilettes ni accès à de l’eau potable.
Dans la salle de parloir, une vitre sépare les prisonniers de leurs familles Les communications ont lieu grâce à des téléphones ou par des trous dans la vitre. Bien souvent, les téléphones sont défectueux et il est difficile d’entendre son interlocuteur. Chaque prisonnier peut recevoir au maximum lors d’une visite trois adultes et deux mineurs. Il n’y a jamais aucun contact physique entre le prisonnier et sa famille, y compris entre les parents et leurs jeunes enfants.
Ces visites et les étapes qui les précèdent s’avèrent être très pénibles pour les prisonnier-e-s comme pour leurs familles.
Les visites sont également utilisées par l’administration pénitentiaire pour punir collectivement les détenu-e-s et leurs familles. Chacun peut être arbitrairement privés de visites pour une durée variable.
Par exemple, suite aux résultats des élections palestiniennes de 2006 ainsi qu’a capture du soldat Franco-Israélien Gilat Shalit, Israël a suspendu pendant 6 ans toutes les visites familiales pour les prisonnier-e-s de Gaza détenu-e-s dans les geôles israéliennes justifiant cela par des « raisons de sécurité non spécifiées ».
Suite la grève de la faim collective des prisonniers en avril 2012, Israël a accepté de rétablir les visites pour les Gazouïs, mais partiellement, puisque ces visites n’ont lieu que tous les deux mois. Plus récemment, pendant la guerre à Gaza, en juillet 2014, toutes les visites familiales ont été interdites pour les prisonniers de Gaza et en octobre 2014, cette interdiction est toujours en place. Ils n’avaient pendant la guerre aucun moyen de contacter leurs familles et apprenaient parfois la mort de leurs proches par les familles des rares détenus non Gazaouis qui avaient l’autorisation d’être visités.
Les visites ont également été interdites pendant la durée de la guerre aux prisonniers de Cisjordanie affiliés au Hamas, au Jihad Islamique et au Front Populaire de Libération de la Palestine. Pour ces prisonniers, les visites ont pu reprendre désormais mais uniquement tous les deux mois.
Dans tous ces cas d’interdiction de visite, c’est tout un peuple qui est concerné, ceux qui sont derrière les barreaux et ceux qui sont dehors, tous privés du droit de visiter leurs proches.
Les études et témoignages ont relevé de nombreuses séquelles psychologiques touchant les détenu-e-s, de par leurs conditions d’interrogatoire tout d’abord -de nombreux témoignages rapportent des tortures psychiques et physiques – et de par leurs conditions de détention ensuite – accès restreint à l’éducation, contact non adapté avec l’extérieur, soins médicaux sommaires, carences nutritionnelles importantes, absence de programme de réinsertion… – mais de nombreuses séquelles touchent également les familles. Quand celle-ci est possible, la visite d’un proche relève du parcours du combat et est à la fois source de joie et de frustration pour chacune des deux parties qui ne peut voir l’autre que derrière une vitre. Les courriers ne sont pas toujours distribués et quand ils le sont, c’est bien souvent plusieurs semaines après leur réception.
En septembre 2014, on dénombrait 6200 prisonnier-e-s politiques palestinien-ne-s parmi lesquels 500 en détention administrative, c’est à dire qu’ils n’ont ni chef d’inculpation ni procès, 201 sont des enfants, 18 femmes et 19 députés Palestiniens. De nombreux leaders des partis politiques sont incarcérés, parfois ils sont mis à l’isolement, afin de limiter leur participation à la Résistance. La prison est utilisée par la puissance occupante pour tenter d’affaiblir toute la société palestinienne, les resistant-e-s palestinien-ne-s et leurs familles. La question des prisonnier-e-s politiques palestinien-ne-s est primordiale, c’est une question politique majeure, et un enjeu sociétal de grande ampleur.