Lettre de prison de Samir Tafer, juin 2012, prison de Bourg


Samir, emprisonné depuis décembre 2008 pour une voiture retournée pendant une manif lycéenne, a fait passer il y a quelques semaines une lettre écrite depuis la prison de Bourg à des proches.

Interview famille samir
 Interview famille samir

Je suis rentré en prison à Saint Quentin Fallavier en 2011 où j’ai passé un an sans pro­blème, sans his­toire avec aucun détenu, ni même un sur­veillant. J’occu­pais le poste d’auxi­liaire, je ser­vais les repas = game­leur) pen­dant plu­sieurs mois. Ce poste me conve­nait tout à fait et je l’occu­pais avec plai­sir. Arrivé en jan­vier 2012 (date de ma sortie défi­ni­tive qui était prévue) il y a eu sou­dai­ne­ment un inci­dent avec un sur­veillant.

C’était l’heure de la pro­me­nade, à ce moment là je me trou­vais aux toi­let­tes et lors­que je suis sorti de ma cel­lule pour me rendre à la pro­me­nade, les sur­veillants m’atten­daient à la porte de ma cel­lule accom­pa­gné du chef. Ils m’ont demandé où j’allais et je leur ai répondu que j’allais faire ma pro­me­nade d’une heure. Ces der­niers m’ont dit qu’il était trop tard. La pro­me­nade est la seule heure de libre de toute la jour­née qui est accordé à chaque détenu, c’est une sortie légale.

J’ai donc exigé mon heure légale de sortie, le chef m’a ensuite poussé à trois repri­ses, je lui ai demandé cal­me­ment de reti­rer ses mains mais celui-ci a refusé et ensuite m’a poussé au sol accom­pa­gné des sur­veillants. Ils m’ont traîné au mitard et j’ai ensuite été jugé pour soi-disant « agres­sion ». J’ai été condamné à un an de plus alors qu’il était prévu que je sorte défi­ni­ti­ve­ment le 7 jan­vier 2012. Tout cela a été orches­tré après afin que je ne sorte pas à la date prévue. Ce sys­tème est bien connu en prison. Dès que notre date de sortie défi­ni­tive de prison appro­che, les sur­veillants et autres corps de la prison, font tout (et je pèse mes mots) pour vous « emmer­der », pour vous pro­vo­quer pour que votre date de sortie soit repor­tée au plus loin au plus tard pos­si­ble.

J’ai été ensuite trans­féré à Bourg-en-Bresse (CP). Ils m’ont vrai­ment éloigné de ma famille qui ne peut pas se rendre régu­liè­re­ment à Bourg-en-Bresse pour me rendre visite. Cela fait plu­sieurs mois que je subis des pres­sions, des inju­res racia­les, de l’har­cè­le­ment moral de la part des sur­veillants qui se croient tout permis, qui ne res­pec­tent per­sonne. Les sur­veillants sont sans cesse en train de me pro­vo­quer, me déni­grer. Ils vien­nent tou­jours me cher­cher pour les par­loirs avec du retard alors que pour les autres déte­nus, ils vien­nent les cher­cher à l’heure.

J’ai de nou­veau été au mitard pour rien. Lorsque j’étais au mitard, ils m’ont parlé que de mon passé et quand je leur ai fait la remar­que ils m’ont répondu qu’ils par­le­ront tou­jours de mon passé même si je me tiens tran­quille. Lors de mon séjour au mitard, ma cel­lule a été entiè­re­ment fouillé et dès mon retour j’ai cons­taté que ma cel­lule a été fouillé et j’ai retrouvé mes affai­res par terre. Est-ce que c’est normal ce com­por­te­ment de la part des sur­veillants à mon égard ??? C’est un combat quo­ti­dien, je suis épuisé de tout cela, j’ai même entamé une grève de la faim lors­que j’étais au mitard pour expri­mer mon ras-le-bol et pour expri­mer mon indi­gna­tion !!! Les sur­veillants font tout pour me détruire mora­le­ment et m’humi­lier et main­tien­nent une pres­sion psy­cho­lo­gi­que et phy­si­que sur moi. Je com­mence à en avoir MARRE de ces condi­tions de déten­tion, de cette répres­sion faite sur moi, de ce mépris. Je suis mora­le­ment épuisé et par­fois je pense même au pire quand je vois toute cette pres­sion psy­cho­lo­gi­que, tout cet achar­ne­ment sur moi.

Samir TAFER

Pour écrire à Samir :
TAFER Samir
n° d’écrou : 2190
Centre Pénitentiaire de Bourg-en-Bresse
20, chemin de la pro­­vi­­dence
BP 90321 01011 . Bourg-en-Bresse

P.-S.

Depuis cette lettre de Samir, une mobilisation s’est mise en place autour d’un certain nombre de revendications le concernant, et plus largement sur les conditions de détention et l’arbitraire des surveillants à l’égard des détenus.

Un entretien avec l’OIP Lyon autour de sa situation a été réalisé, un premier rassemblement a eu lieu mercredi 6 juin.

Pour plus d’informations, vous pouvez écrire à contact(arobase)rebellyon.info qui fera passer à ses proches.

Source: http://rebellyon.info/Lettre-de-prison-de-Samir-Tafer.html

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