Philippe El Schenawy obtient enfin une libération sous conditionelle après 38 ans de prison !

Philippe El Shennawy à la centrale de Saint-Maur (Indre), en juin 2009.

Encore quelques jours et il laissera derrière lui le statut de « plus ancien détenu de France » qu’il traînait au fil des publications de presse consacrées à son sort ces dernières années. La libération conditionnelle de Philippe El Shennawy, incarcéré depuis 38 ans, a été approuvée mercredi 22 janvier par le tribunal d’application des peines de Créteil. « C’est un grand soulagement », a déclaré à la presse son avocate, précisant que Philippe pourrait sortir vendredi matin et devrait porter un bracelet électronique pendant deux ans.

Né en Egypte en 1954, Philippe El Shennawy avait été condamné pour la première fois à l’âge de 19 ans pour « vol qualifié ». En 1977, il est condamné à perpétuité pour un « vol à main armée » avec prise d’otage, peine commuée en vingt ans de prison. Evadé deux fois, il accumulait treize condamnations et ne devait théoriquement pas être libéré avant 2032, à l’âge de 78 ans.

Lire :  Appel pour le détenu Philippe El Shennawy

Philippe El Shennawy, photo prise le 14 septembre 1975.

TROIS ANS DE LIBERTÉ EN QUARANTE ANS

En 1992, sa libération conditionnelle avait été révoquée parce qu’il s’était rendu en région parisienne avec de faux papiers pour voir son fils, alors qu’il y était interdit de séjour. Au total, depuis 1975, Philippe El Shennawy a passé moins de trois ans dehors. En prison, il a obtenu des diplômes de droit, d’histoire et d’informatique.

Etiqueté « détenu particulièrement signalé » (DPS), il aura vécu dix-neuf ans en isolement, six ans en hôpital psychiatrique, aura changé une quarantaine de fois de lieu de détention, effectué une tentative de suicide et plusieurs semaines de grève de la faim. En janvier 2011, il avait fait condamner la France par la Cour européenne des droits de l’homme pour des « traitements inhumains ou dégradants » en prison.

(…)

Selon le journal Libération qui cite son avocate, Philippe El Shennawy commencerait à travailler lundi prochain en tant que « coordinateur de projets dans le milieu culturel ». Il ne sera autorisé à quitter son domicile qu’entre 7 heures et 19 heures en semaine, ainsi que trois heures par jour le week-end.

 
Source : http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/01/22/philippe-el-shennawy-obtient-sa-liberation-conditionnelle-apres-38-ans-de-prison_4352308_3224.html
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Condé-sur-Sarthe (Alençon) : Que la poudrière explose, enfin !

Présenté comme « la prison la plus sûre de France », le Centre Pénitentiaire d’Alençon – Condé sur Sarthe (61) comprend un quartier situé en dehors de l’enceinte et actif depuis février 2013 pour les peines aménagées (pour 45 détenus en fin de peine ou en semi-liberté), et, surtout, les trois quartiers de la Maison Centrale (MC), actifs depuis fin avril. Là, architectes et bureaucrates de l’Administration Pénitentiaire se sont appliqués. La MC est divisée en trois quartiers, chacun complètement indépendant et coupé des autres, avec sa propre cour de promenade, son propre terrain de sport, ses salles d’activité, son atelier de travail, etc. Comme trois petites prisons de 68 places chacune (encore divisées en 4 sous-groupes de 17 cellules), ce qui devrait permettre aux matons de circonscrire plus facilement ce qu’ils appellent les « incidents », c’est-à-dire les révoltes.

 

Début 2014, il y a quelques 70 prisonniers (sur 204 prévus) dans la MC, tous avec de lourdes condamnations et des précédents de révoltes, très souvent loin de leurs proches et isolés avec une discipline particulièrement dure qui ne peut qu’exacerber leur situation.
Chacun des détenus de la MC est enfermé pour la majorité de la journée dans une cellule individuelle : une situation constante d’isolement. L’isolement systématique des détenus jugés « dangereux » est en train de devenir la norme, en France comme dans d’autres pays, notamment les USA. Et la MC d’Alençon est une première dans l’Hexagone. Un « honneur » pour son directeur, André Breton, et ses 177 matons (qui devraient être 206 quand toutes les places de prisonniers seront occupées). Un beau succès pour le maire et député PS d’Alençon Joaquim Pueyo, sponsor du projet. Et Pueyo est quelqu’un qui s’y connaît en murs et barreaux : le long de toute une vie de bureaucrate au sein de l’AP, il a été entre autres directeur des taules de Fresnes, Rennes, Fleury-Mérogis et Bois d’Arcy.

On remarque clairement que la volonté affichée de réduire le nombre des détenus en France (avec leur fameuse réforme pénale) est un leurre. D’un côté la réforme pénale ne fera qu’élargir la prison au-delà des murs, avec toute une panoplie de contrôles (comme le bracelet électronique, des suivis judiciaires et autres « aménagements de peine »). De l’autre côte, la construction de nombreuses nouvelle prisons, de plus en plus « sûres », montre la volonté du pouvoir de continuer à enfermer toujours plus, en essayant en même temps de briser définitivement toute volonté de révolte. Par exemple, une prison du même type que celle d’Alençon est en construction à Vendin-le-Vieil, prés de Lens (62). A partir de cette année y seront enfermées 238 personnes.

Mais les prisons ne poussent pas toutes seules comme des champignons. Que dire de ceux qui ont imaginé et construit ces bâtiments faits pour broyer des personnes et empêcher toute révolte ? Les architectes qui ont conçu celles d’Alençon et Vendin-le-Vieil (archi5) sont habitués à dessiner des prisons : en gros, un projet sur dix parmi ceux qui sortent de leurs bureaux concerne une taule. Et pour les travaux, voilà d’autres experts : Bouygues ! L’entreprise mandataire (celle qui effectue le gros des travaux et qui sous-traite quelques travaux secondaires, souvent à ses boîtes-sœurs) est Quille, du groupe Bouygues. Les mêmes qui ont construit les taules de Nantes, Lille – Annoeullin et Réau. Les mêmes qui ont construit pas mal de prisons pour sans-papiers, comme au Mesnil-Amelot. Les mêmes qui, à travers une autre filiale, Thémis FM, gèrent des taules (entretien et manutention des bâtiments, bouffe, buanderie, cantine, travail des détenus…). C’est le cas à Réau, Lille – Annoeullin, Nantes, Le Mans – Coulaines, Poitiers – Vivonne, Le Havre – Saint Aubin Routot. À Alençon ce n’est pas Thémis FM qui à gagné le contrat de gestion, mais un autre protagoniste de premier plan de l’enfermement : Gepsa (du groupe GdF-Suez. Comment décrire tout ça, sinon en disant que Bouygues (et Archi5 et Gepsa…) sont des collabos de l’enfermement ? Et de même pour les autres constructeurs ou exploiteurs de taules, comme Eiffage, Vinci, Spie-Batignolle, Sodexo…

Une poudrière…

Oui, la prison la plus sûre de France… et pourtant… Encore une fois, on voit que tous leurs murs, leurs bourreaux, leur tentative d’isoler les prisonniers ne suffiront jamais à mater la révolte, individuelle ou collective. Que l’enfermement ne pourra jamais étouffer le désir de liberté.

- Déjà en septembre, quand la plupart des cellules de la Maison Centrale d’Alençon étaient vides (là il y avait encore « seulement » 70 détenus), des prisonniers se sont révoltés contre la stricte discipline qui y règne.
- À la mi-septembre, un détenu a voulu en découdre et a jeté de l’huile bouillante sur des surveillants.
- Deux semaines plus tard, un autre prisonnier a riposté à la provocation d’un maton, qui voulait le fouiller après la promenade, en l’envoyant, avec un collègue, à l’hôpital.
- Le 16 décembre une vingtaine de détenus se sont rebellés, demandant de pouvoir librement circuler d’une cellule à l’autre pendant la journée, comme c’est le cas dans d’autres MC.
- Le 30 décembre, pendant quatre heures, deux prisonniers ont pris en otage un maton à l’aide d’un couteau artisanal. Ils voulaient être transférés ailleurs. Mais la réponse de l’AP a été l’envoi des gorilles surarmés de l’Équipe Régionale d’Intervention et de Sécurité (ERIS) et celui de la Justice… encore de la taule. En effet, les deux prisonniers ont étés jugés le 8 janvier par le tribunal correctionnel d’Alençon et ont écopé de huit années de prison supplémentaires.
- Mais dedans la nouvelle année commence bien : avec un geôlier envoyé à l’hosto ! Le matin du 2 janvier un officier de la pénitentiaire se fait poignarder par un détenu (avec un poinçon « fait maison »). Apparemment, le choix de ce maton-là n’est pas un hasard, étant l’un des plus détestés (les journaleux parlent même d’une « liste » de surveillants particulièrement haïs !). L’après-midi, les autres prisonniers refusent de remonter en cellule, tout comme ça a été le cas le 31 décembre et le 1er janvier, quand des caméras et du matériel d’une « salle d’activité » sont dégradés pendant qu’un prisonnier court après un maton avec une barre de fer à la main…
- Mercredi 8, encore de la tension et une porte cassée.
- Le lendemain, un détenu « sonne » à coup de poings un maton, en lui causant une luxation de l’épaule et une dizaine de jours d’ITT.
- Vendredi 10 janvier c’est le tour de Fabrice Morot, directeur adjoint de la taule. Un prisonnier qu’il essaie de calmer après les provocations des matons (une énième fouille corporelle) le frappe à plusieurs reprises au dos et à la tête avec un poinçon artisanal (ou un tournevis).

L’AP réagit à cette situation de « tension » par la force, en envoyant les ERIS. Oui, il faut les robocops, parce que les matons ordinaires font face aux prisonniers en révolte seulement quand ils sont à 10 contre un. C’est ce qu’ils disent clairement quand, comme lors de leur manifestation du 18 décembre à Alençon ou du 14 janvier devant la taule de Rennes, il demandent encore plus d’effectifs.

D’ailleurs, les représentants des geôliers (Patrick Gandais et Philippe Devique de l’UFAP-Unsa, le secrétaire régional de FO pénitentiaire, Emmanuel Baudinle, Hervé Lebatard du SPS et Alexis Grandhaie de la CGT-pénitentiaire) se disent alarmés par la situation à Alençon – Condé-sur-Sarthe, ajoutant que « c’est la panique totale dans cet établissement ». Certains d’entre eux craignent que les choses n’empirent (pour eux !) et définissent cette taule comme une véritable « poudrière ».

Eh bien, que la poudrière explose enfin, et les emporte tous, avec leurs murs et leurs barreaux !


A propos d’archi5


archi5 architectes
48-50, rue Voltaire à Montreuil (93)
Tél. 0148591608 ou 0141722727

Les architectes associés :
Laurent Boudrillet
Thomas Dryjski
Bernard Guillien
Jacques Sebbag
Anne Pezzoni


(De gauche à droite : Laurent Boudrillet, Bernard Guillien, Thomas Dryjski et Jacques Sebbag)


(Anne Pezzoni)


Eux et leur trentaine de salariés sont expérimentés en construction de prisons. Ils ont dessiné :

- les maisons centrales de Alençon – Condé-sur-Sarthe et Vendin-le-Veil ; avec Quille (groupe Bouygues) comme entreprise mandataire. C’est Bernard Guillien qui a dirigé le projet.
- les centres pénitentiaires de Bourg en Bresse, Rennes et Mont de Marsan ; DV Construction (groupe Bouygues) est l’entreprise mandataire.
- le centre pénitentiaire de Draguignan (83) ; Vinci est mandataire.
- le centre de détention de la Polynésie Française à Tahiti ; avec Vinci.
- les travaux de rénovation aux Baumettes, à Marseille ; avec Vinci.
- la maison d’arrêt de Rodez (cette fois-ci archi5 perd le concours et leur projet reste sur l’ordi ; c’est le tour de Azèma architectes, en collaboration avec Eiffage Construction).

Parmi les 94 projets (réalisés, en cours de réalisation ou en étude) qu’ils mettent en avant sur leur site internet, il y a bien sûr d’autres saloperies, comme :

- un commissariat de Police à Mons (Belgique)
- le commissariat de Clichy-sous-Bois
- le Pôle de Police Judiciaire scientifique à Cergy-Pontoise
- le Palais de Justice de Chartres  etc…

 

Source : http://www.non-fides.fr/?Conde-sur-Sarthe Alencon-Que-la
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Mort suspecte au centre de détention de Zurich (suisse)

Un homme de 39 ans a été découvert mort à Zurich dans une cellule du centre de détention de la police cantonale.

Un détenu se serait donné la mort dans un centre de détention de la police zurichoise.

Des employés de la prison ont découvert mardi vers 16h30 le corps inanimé de l’homme détenu dans sa cellule. Relayés par le personnel sanitaire, ils n’ont pas réussi à le réanimer. La piste du suicide est privilégiée. Il n’existe aucun signe de l’intervention d’un tiers dans la mort du prisonnier, indique mercredi la police zurichoise.

Le prisonnier, qui serait de nationalité algérienne, se trouvait en détention préventive pour violence et menace contre fonctionnaire. Il devait être transféré dans les prochains jours pour exécuter sa peine de manière anticipée.

 

Source : http://www.lematin.ch/suisse/faits-divers/Suicide-probable-dans-une-cellule-de-la-police-zurichoise/story/14394076
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(Rodez) Condamnés pour rébellion contre la police

Comparutions immédiates

Hier, R.F., 29 ans et J.D., 28 ans étaient jugés en comparution immédiate. Les deux amis, bien connus des services de police ont un parcours assez similaire, ils sont sortis il y a près d’un an de prison. «Vous êtes ensemble dans la délinquance depuis presque dix ans», souligne la présidente du tribunal, Florence Peybernes.

Toxicomanes, sous traitement de substitution, plusieurs fois condamnés pour des faits de violence en réunion, de vol, pour usage et détention de stupéfiants, les deux hommes se sont retrouvés le 10 janvier dernier pour passer un moment ensemble. Ils ne s’étaient pas vus depuis deux ans.

Ils se font interpeller par deux policiers ruthénois, à 16 h 30, à Rodez alors que R.F., au volant de la voiture de son grand-père, ne possède pas le permis de conduire et a consommé de la drogue. Au moment de l’arrestation, l’homme panique très vite et a de suite peur de retourner en prison. J.D. décide de s’interposer, pour «défendre son copain».

De la prison mais sans mandat de dépôt

Aucune insulte, aucun outrage n’est retenu contre les deux hommes, seulement des faits de rébellion. Pour autant, le substitut du procureur, Antoine Wolff demande un renvoi en prison avec mandat de dépôt et rappelle qu’ils sont «imperméables à la loi» et qu’ils ont commis en dix ans toutes les infractions courantes. «Ils sont incapables de comprendre qu’ils n’ont plus le droit à l’erreur et qu’ils ont déjà bénéficié de tout ce que contient le code pénal pour éviter la prison».

Depuis leur sortie de prison en début d’année 2013 à cette journée du 10 janvier 2014, R.F. et J.D. s’étaient montrés irréprochables, ils ont suivi des formations, le premier dans l’informatique et le second dans le bâtiment. R.F n’avait pas touché à la drogue depuis cinq ans. «Il se bat contre ses démons, contre son passé depuis un an. On peut parler de «rébellion contenue» dans cette affaire, il n’y a pas eu d’outrage», insiste l’avocat de la défense, Annabel Montels.

Les deux hommes ont échappé au mandat de dépôt. R.F. a été condamné à six mois d’emprisonnement ferme et J.D., à quatre mois d’emprisonnement ferme. Ils sont ressortis libres du tribunal et seront convoqués dans le cadre d’un aménagement de peine.

 

Source : http://www.ladepeche.fr/article/2014/01/16/1795271-rodez-deux-hommes-condamnes-pour-des-faits-de-rebellion.html
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Une femme détenue se serait « suicidée » à Fresnes

Une personne détenue se serait suicidée à la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne) dimanche.

Le corps sans vie de la prisonnière a été découvert en début de soirée, selon une source policière, qui n’était pas en mesure de préciser son âge ni les circonstances de son décès.

Selon une source syndicale, la détenue avait tenté de mettre le feu à sa cellule vendredi.

L’enquête a été confiée au commissariat de L’Haÿ-les-Roses.

 

 

Source : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/01/12/97001-20140112FILWWW00203-une-detenue-se-suicide-a-fresnes.php
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Alençon : la prison modèle au bord de l’émeute

La prison d'Alençon.
La prison d’Alençon. © Jean-François Monier / AFP

Des cellules individuelles avec TV de 12 m2, des salles d’activité et de sport avec appareils de muscu : la prison centrale d’Alençon (Orne) n’a rien à voir avec la centrale de Clairvaux (Marne) installée depuis 1804 dans une abbaye moyenâgeuse. Côté sécurité, des murs de 12 mètres, des miradors, 3 quartiers séparés de 68 cellules, de la vidéosurveillance et 177 surveillants pour, au départ, 68 détenus.

Comment cette prison de 67 millions d’euros ouverte en avril 2013 est-elle devenue une poudrière ?

Cet établissement ultra-moderne et ultra-sécurisé doit accueillir, pour six mois à un an, des détenus condamnés à de longues peines qui n’ont pas respecté les règles. « Un séjour de rupture pour les cas les plus difficiles », selon l’administration pénitentiaire. Parmi eux, des condamnés au passé chargé : selon Ouest FranceYoussouf Fofana, du « gang des barbares » ; Dominique Battini, qui a fait évader Antonio Ferrara ; Christophe Khider, spécialiste de l’évasion. (… ) des personnes particulièrement surveillés et malmenées, dans le viseur de l’administration considédéré comme « ultra-violents »  (… )

« En une minute, je serais mort »

Ainsi Marius Boromée, Guadeloupéen de 33 ans, affiche 14 condamnations, dont 11 pour violences. Incarcéré depuis le 10 février 2010, il a déjà fréquenté 83 prisons et est libérable à l’horizon 2024. Incarcéré depuis 17 ans, Rachid Boubala, 37 ans, est libérable en 2031 : 28 condamnations à son casier, dont 25 pour outrages, menaces de mort, violences volontaires. Il est passé dans une quarantaine de prisons.

Tous deux ont le 30 décembre pris en otage un jeune surveillant stagiaire de 25 ans : selon les caméras de vidéosurveillance, Rachid Boubala glisse un couteau de cantine sous sa gorge, Marius Boromée se fait ouvrir une salle de classe. La prise d’otage a duré quatre heures. « Ils m’ont dit que s’ils devaient me tuer, ils savaient où piquer. Ça saignerait fortement. Au bout de 30 secondes, je tomberais dans les pommes et, en une minute, je serais mort », a témoigné le surveillant devant le tribunal correctionnel d’Alençon, qui a condamné les deux agresseurs à 8 années supplémentaires de prison. Mais les deux détenus ont obtenu ce qu’ils demandaient : leur transfert dans une autre prison plus souple, où les portes des cellules ne restent pas fermées comme à Alençon.

« Ils n’ont rien à perdre »

L’établissement a été conçu pour éviter au maximum les contacts détenu-surveillant, ce qui rend ceux-ci extrêmement tendus. « Nous avons affaire à des perturbateurs, rétifs à l’autorité. Ils sont dans la provocation permanente car ils n’ont rien à perdre », assurent les syndicats FO, CGT, Ufap-Unsa. Le 5 janvier, Rivelino Da Conceicao Ferreira, un Brésilien de 42 ans, a été condamné à 3 ans de prison pour avoir agressé au poinçon un surveillant. Le détenu purge une peine de 18 ans de réclusion pour un meurtre en Guyane, en 2008. Et doit être jugé pour un second homicide, celui de son codétenu, à la prison de Rémire-Montjoly (Guyane) en juin 2011. S’y ajoutent des armes artisanales retrouvées sur lui.

Portables, drogue et armes sont, selon les syndicats, monnaie courante dans cet établissement ultra-sécurisé. « C’est pas des enfants de choeur, là-bas, je suis obligé de me promener armé », a déclaré devant le tribunal l’un des preneurs d’otage du 30 décembre. Basées à Rennes, les équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS, le GIGN de la pénitentiaire) multiplient les allers-retours entre Alençon et la Bretagne. À peine avaient-elles quitté Alençon que le sous-directeur était agressé vendredi matin. Conçu au début des années 2000, le projet pénitentiaire d’Alençon paraît aujourd’hui totalement inadapté. Mais peut-il être repensé ?

 

source : http://www.lepoint.fr/societe/alencon-la-prison-modele-au-bord-de-l-emeute-11-01-2014-1779209_23.php
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(Centre pénitentiaire de Moulins-Yzeure) Une quarantaine de détenus refusent de regagner leurs cellules

Des détenus du centre pénitentiaire de Moulins-Yzeure refusaient mardi de regagner leurs cellules, exigeant de meilleures conditions de détention

« Le mouvement a commencé à la fin de l’après-midi. Certains se plaignent du manque d’aménagement de peine, d’autres du manque de travail à faire dans le cadre de la détention », a déclaré Thierry Gidon, délégué régional de FO-Pénitentiaire.

(…)

Le centre pénitentiaire de Moulins-Yzeure comporte un quartier maison d’arrêt pour les prévenus et les condamnés à de courtes peines, prévu pour accueillir 146 détenus, et un quartier maison centrale pour les longues peines, prévu pour 120 détenus encadrés par 160 surveillants.

Source : http://www.ouest-france.fr/node/1836855

 

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Prison des Baumettes : le détenu s’est rendu

Muni d’une barre de fer, il avait pris en otage la directrice de la maison d’arrêt, dans son bureau, peu après 17 heures. Des pourparlers ont eu lieu dans le calme.

Un détenu qui retenait mardi depuis la fin de l’après-midi la directrice de la maison d’arrêt des Baumettes à Marseille, s’est rendu, dans le calme, en début de soirée, a-t-on appris de sources proche de l’enquête et syndicale.

Agé de 35 ans et non fiché au grand banditisme, l’homme s’était introduit, sans audience prévue, a priori avant l’heure des promenades, aux environs de 17 heures, dans le bureau de cette responsable, situé dans un des bâtiments de détention.Muni d’une barre de fer, il s’est retrouvé seul dans le bureau avec la directrice, pour des raisons dans l’immédiat inconnues. Des pourparlers ont pu avoir lieu, dans le calme, à travers la porte, avec des membres de l’administration pénitentiaire. Le motif de son geste n’était pas clairement établi en fin de journée. «Il avait déjà été signalé par un surveillant pour avoir menacé de passer à l’acte s’il n’était pas donné suite à sa demande de transfert dans un autre établissement», a précisé un responsable syndical.Une équipe régionale d’intervention et de sécurité (ERIS) de l’administration pénitentiaire a été mobilisée, tout comme des policiers du GIPN. Selon le secrétaire local de la CGT-pénitentiaire, David Cucchietti, l’homme était en audience avec la directrice. «C’est la première fois en 20 ans de carrière aux Baumettes que se produit une prise d’otage à la direction», a-t-il affirmé.

SURPOPULATION CARCÉRALE

Le GIPN était en cours d’acheminement pour cette opération, qui mobilisait déjà au moins une équipe ERIS (équipe régionale d’intervention et de sécurité) de l’administration pénitentiaire. Le bureau de la directrice se trouve dans un des bâtiments de détention de l’établissement, a précisé Bruno Boudon.De sources syndicales, le centre pénitentiaire des Baumettes compte 1 800 détenus, hommes et femmes, pour une capacité de 1 300.

 

Source : http://www.liberation.fr/societe/2014/01/07/la-directrice-des-baumettes-retenue-dans-son-bureau-par-un-detenu_971198
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NEUF ACCUSÉS MASSACRÉS PAR LA JUSTICE SUITE AU SACCAGE DE LA MAISON D’ARRÊT

Compte-rendu du procès de la mutinerie de Blois

Cet été, il y a eu des mutineries dans plusieurs prisons :
Bourg-en-bresse, Chateaudun, Blois. Le 6 décembre, rebelote : cette fois
au Centre pénitentiaire d’Argentan, et le lundi 17, à la toute nouvelle
centrale de Condé sur Sarthe. A chaque fois, les détenus qui se révoltent,
se font dérouiller par les Eris et écopent de sanctions disciplinaires et
souvent judiciaires. Les surveillants dénoncent quant à eux le prétendu
laxisme qui serait à l’origine de ces événements. Mais lorsqu’on peut
accéder à la version des prisonniers, on se rend systématiquement compte
que la colère gronde à cause de tout qu’ils subissent, et qu’une étincelle
met parfois le feu au poudre. Selon nous, il est alors important de
connaître et de faire connaître leur point de vue, et si possible de leur
manifester notre solidarité. D’ailleurs, écrivez-nous si vous avez des
choses à raconter ! Quelques envoyés spéciaux se sont rendus le 9 décembre
au procès de la mutinerie de la Maison d’arrêt de Blois du 19 août 2013,
pour le raconter et témoigner leur soutien aux accusés.
Une enquête de police a envoyé neuf jeunes gars devant le tribunal de
grande instance de Blois. Alors qu’une soixantaine de détenus se sont
révoltés, ces neufs-là ont été retenus pour l’exemple. Six d’entre eux,
toujours incarcérés, ont été transférés après la mutinerie dans des
prisons franciliennes et bourguignonnes, loin de leurs proches. Trois
autres, sortis de prison depuis, comparaissent libres. La liste des faits
qui sont reprochés aux uns et aux autres est résumée par divers chefs
d’accusation : rébellion et incitation à la rébellion, dégradation,
violence sur un maton dénommé Chambris, et usage d’un téléphone portable
pour communiquer avec l’extérieur. A l’issue du procès, ils prennent de 6
mois à 3 ans de prison, conformément aux réquisitions de Puechmaille, la
procureure, pour qui « c’est frustrant de ne pouvoir condamner la
soixantaine de mutins ! » Les peines prononcées sont lourdes, exemplaires
et sévères. Bien plus que par le passé1. Il faut que ça condamne, coûte
que coûte car la justice blésoise ne cesse de rappeler qu’elle tient à sa
petite maison d’arrêt et que sa dévastation est insupportable.

Que s’est-il passé le 19 août à la maison d’arrêt de Blois ?
Rappelons qu’à l’origine de cette mutinerie, il y a dans la nuit du 18 au
19 août, la mort en cellule de Mounir Benlhoussine, un jeune homme de 24
ans. Malgré les appels de son co-détenu, les secours sont arrivés trop
tard. Cet événement a ému les prisonniers rassemblés lors de la promenade
du matin, et la tension est montée. H., cousin de Mounir, est l’accusé le
plus chargé dans ce dossier. Il raconte à la barre : « Les secours sont
arrivés trop tard pour sauver Mounir. J’étais à bout, j’ai demandé à
rencontrer la direction. Je voulais voir son corps mais on me l’a
refusé. » Il ajoute au sujet de l’altercation qui s’en est suivie entre
quelques prisonniers et un surveillant : « Si j’ai sauté sur le
surveillant Chambris, c’est à cause du désespoir, je comprenais pas
pourquoi les secours ont mis tant de temps.» Et puis, surtout, il nous
apprend que « tout le monde était déjà sous pression avant sa mort. C’est
Bouada un chef de détention, il mettait sous pression tout le monde, il
fouillait tout le temps, il était trop répressif. (…) Tout le monde était
déjà à bout de nerf avant ce décès donc c’était impossible de contenir
cette rage ». Il poursuit : « Ensuite je suis retourné en cours de
promenade car Mme Ettore, la directrice adjointe a voulu que j’explique la
situation aux autres détenus afin de les calmer car tout le monde était
affecté et se posait des questions ».

On apprend de la bouche de la juge que suite à cela, les détenus présents
dans plusieurs cours de promenade refusent de remonter en cellule. Et ça
chauffe particulièrement dans le cour 4 : des bancs en béton sont
descellés et utilisés comme béliers pour défoncer la porte qui les sépare
de la détention, où les prisonniers s’engouffrent. Certains détruisent des
caméras de vidéo-surveillance et du matériel, certains allument des
incendies, d’autres préparent des barricades, ou encore tentent de briser
les vitres du Poste Central de Sécurité (PCS). Le personnel se retranche
plus loin. Des détenus  accèdent alors à la détention et brisent les
serrures de certaines cellules, laissant sortir ceux qui y étaient
enfermés. Selon la juge, il s’agit du « saccage intégral de la maison
d’arrêt, la seule pièce épargnée est l’infirmerie ». Au bout du rouleau,
elle balbutie : « Toute la grande détention et même le petit quartier sont
dans un état de… de… y a plus rien. » Puis les ERIS interviennent.
Curieusement, pas un mot sur la manière dont ces équipes de robocop des
prisons ont ramené l’ordre, comme toujours : en massacrant les détenus. Ce
qui a particulièrement énervé la matonnerie, c’est l’appel de H. avec un
portable clando pour faire savoir à l’extérieur ce qui se passait : «
Allô, La Nouvelle République ? Dites-le dans le journal, qu’ils ont tué
Mounir. Il était malade. Toute la nuit, son copain de cellule a tapé à la
porte pour demander du secours. On a tous entendu cogner. C’est pour ça
qu’on est en colère. Personne n’est venu, je te jure ! On l’a trouvé
mort ce matin. Non, ce n’était pas un gars d’ici. Il venait de Dreux. On
l’avait transféré voici deux mois. ». Puechmaille, odieuse, ne voit là
« qu’un petit moment de gloire, celui d’avoir parlé à un journaliste », là
où nous, nous saluons le courage d’un prisonnier qui parle au-delà des
murs.
Mais selon la juge : « la mort de Mounir Benlhoussine ne concerne pas ce
procès ! ». Au point qu’elle met en doute le lien de parenté revendiqué
par H., cousin du défunt ! Toute personne qui veut situer la mutinerie
dans le contexte de cet événement tragique est réduite au silence. Par
contre, avec Puechmaille, elles n’hésitent pas à citer des éléments de
l’instruction en cours sur la mort de Mounir, pour dédouaner
l’administration pénitentiaire de ses manquements. La juge méprise au
passage les émotions de H. alors qu’il est toujours très affecté.

B. comparait libre, accusé d’avoir été présent lors de l’altercation avec
Chambris : «H. n’est pas un meneur, on voulait savoir la vérité pour
Mounir et on était tous sous pression. Moi j’ai mis un coup de pied dans
une porte et ça s’arrête là ». Il confirme aussi que le chef Bouada a fait
monter la pression pendant des semaines.
En coulisse, un ancien prisonnier de la maison d’arrêt venu assister au
procès nous raconte que les secours ont mis plus de temps à intervenir que
ce que l’enquête veut bien raconter. Il nous parle aussi de Bouada en ces
termes : « il a fait chier tout le monde. Quand la direction partait en
vacances, il faisait ce qu’il voulait. » Bouada, c’est un petit capo muté,
sans surprise, juste après la mutinerie et couvert par sa hiérarchie. Il
raconte aussi les tabassages en règle commis par les surveillants après la
mutinerie, et le fait qu’un codétenu a été gravement blessé par une balle
(de flashball semble-t-il). Celui-là même, J., est dans le box des
accusés. Il explique qu’il était en cellule lors de la mutinerie, qu’il ne
peut pas avoir commis les faits qu’on lui reproche, et qu’il est sorti
lorsque la serrure de sa cellule a été détruite. Il dit qu’il a porté
plainte contre les surveillants. « Pourquoi ils ne sont pas là
aujourd’hui ? Ce sont des menteurs ! Pourquoi il n’y a pas de photos de
moi (ndlr : parmi les éléments de l’enquête) ? Je suis passé en commission
de discipline sans avocat et j’ai pris du mitard. ». Contester la version
pénitentiaire n’est pas du tout du goût de la juge qui le fait taire
immédiatement.
M., accusé de dégradations, souligne aussi les problèmes soulevés par les
images de vidéo-surveillance fournies dans le dossier : il demande à voir
les photos de la porte qu’il a soi-disant cassée, et pourquoi il y a dans
le dossier les images où il casse une fenêtre, mais pas celles où, juste
avant, il essaie de les ouvrir pour respirer. Pas de réponse. Accusé comme
les autres de « rébellion » pour n’être pas retourné en cellule, il
réplique que ce n’était pas possible. Des avocats préciseront que l’ordre
de réintégrer les cellules n’a même pas été donné.
Globalement, tous les accusés tiennent des positions communes. Ils nient
la plupart des faits qui leurs sont reprochés, refusent qu’il soit
question de meneurs et expliquent que vu qu’il y avait des départs de feu
et beaucoup de fumée, c’est pour se protéger ou protéger autrui qu’ils ont
commis les rares dégradations qu’ils avouent. A. explique : « il y avait
trop de fumée, j’ai pété une serrure car il y avait un prisonnier qui
était en train d’asphyxier dans sa cellule. De la fumée, il y en avait
partout et si j’ai pris un extincteur c’est pour éteindre le feu. Je ne
reconnais pas les accusations qui sont faites contre moi. » Un autre
détenu dit que H. a participé à éteindre le feu, la juge insiste alors
pour savoir qui a commis les dégradations, il répond : « Moi je ne balance
pas. » O. affirme comme les autres qu’il y avait de la fumée partout et
que les trappes de désenfumage n’ont pas fonctionné correctement.
Évidemment la juge et la procureure prennent les patins de
l’administration pénitentiaire et des surveillants qui ont déclaré en
chœur qu’il n’y avait pas de fumée puisque le désenfumage a très bien
fonctionné… sans aucun élément l’attestant.
Mascarade judiciaire pour un massacre
A croire que la juge ne sait pas lire ! Elle est incapable de prononcer
correctement le nom des prévenus. Quant à son dossier, il est bien vide :
aucune instruction n’a été ordonnée par le parquet et les seuls
témoignages sont ceux de quelques matons, dont les versions sont
dissonantes, et qui sont curieusement absents au procès, alors que les
cadres de l’administration pénitentiaire locale, en nombre, occupent les
deux premiers rangs. Dans leurs dépositions, les matons reconnaissent
formellement, grâce à son pantalon, tel détenu qui aurait brisé une
fenêtre : il portait un jogging Adidas ! C’est sûr, ce détail, c’est pas
banal ! Ça provoque évidemment un éclat de rire dans le box. Un autre est
reconnu car il porte des lunettes. Exceptionnel ! D’autres matons
affirment avoir vu le maton Chambris se prendre un coup alors que lui-même
ne l’a déclaré à aucun moment ! Selon trois surveillants, J. est parmi les
révoltés de la cour de promenade. Sauf qu’il n’y est pas descendu ce jour
là. Libéré de sa cellule alors que tout le corps pénitentiaire est déjà
retranché dans les bureaux administratifs, aucun maton n’a pu le voir !
Sans compter les matons du PC sécurité qui, d’abord incapables de citer
des noms, recouvrent la mémoire dans une deuxième déclaration. Sauf que
l’un des avocats de la défense fait cette démonstration : les vitres du PC
sécurité sont si opaques qu’il n’est pas possible de distinguer une
personne située de l’autre côté, à moins que celle-ci s’approche très
près. Donc encore moins possible de reconnaître des prisonniers masqués !
D’autant plus que le PC sécurité est à ce moment complètement inondé, les
vitres sont fissurées et aspergées à coups d’extincteurs et de plus, avec
la coupure électrique, il y fait très sombre. Le seul témoin de l’AP qu’on
entend, c’est « la brave Mme Ettore », la directrice adjointe de la
prison. Après la mort de Mounir, c’est elle, sur le conseil d’un chef de
détention, qui va envoyer H. et un autre prisonnier en promenade pour
calmer les autres. Elle les instrumentalise par pure stratégie
d’apaisement. « Au moment de la mutinerie, j’entendais des bruits, des
cris ». De quoi parle-t-elle ? D’animaux ? Elle ajoute « cette mutinerie,
c’est un peu l’effet banlieue. Quand il y en a un qui fait, les autres
suivent ». Sans commentaire. Dans ce procès, elle campe dans le rôle de la
gentille directrice d’ « une maison d’arrêt un peu familiale ». Sauf
qu’elle attend simplement et tranquillement que les peines tombent.
Enfermer c’est son gagne-pain.
La juge, confortablement installée, feint d’écouter avec attention les
neufs prévenus pour mieux les piéger. Au fond, elle méprise ce qu’ils sont
et elle sait déjà quelles peines elle distribuera. Elle s’attarde sur les
« éléments de personnalité » : « Monsieur qu’est-ce que vous faites de vos
journées ? Vos justificatifs de recherche de travail, vous les avez ? »
« Monsieur vous êtes sorti de prison vendredi, on est lundi, il faudrait
peut-être penser à vous trouver un travail, les agences d’interim sont
encore ouvertes à cette heure, il faudrait penser à aller déposer votre
CV, hein ! En plus vos trois condamnations inscrites au casier, c’est
trois rébellions ». On croit rêver !
L’avocate des parties civiles représente l’État et le surveillant
Chambris. Elle ne se donne même pas la peine d’attester de qui a dégradé
quoi pour réclamer des dédommagements. Selon elle les co-accusés doivent
payer « solidairement » la note globale : 732 000 €. Ce qu’elle
n’obtiendra heureusement pas pour le moment car la décision est reportée
en audience civile. Pour Chambris, « seul contre tous, il est traumatisé
dès qu’il entend un bruit, pour lui c’est une alarme ». Le pauvre ! Elle
réclame que les prisonniers payent pour la frousse qu’il a eue ! Elle
insiste : « il ne faut pas qu’on croit qu’on peut mettre à sac une Maison
d’Arrêt sans sanction ». Elle ne se casse pas la tête à détailler des
preuves car le tribunal a déjà largement pris parti.
Finalement aucun prévenu ne s’exprime publiquement sur la répression qui a
suivi la mutinerie. Certains avocats le leur ont déconseillé – ce qui nous
laisse perplexes. Pourtant l’ex-prisonnier de Blois nous raconte que les
ERIS de Paris s’en sont donnés à cœur joie pour les défoncer. Sans compter
les sanctions disciplinaires, les transferts d’éloignement, la perte des
remises de peines, etc. Un accusé demande tout de même ce que sont
devenues ses affaires disparues après les événements. Ça laisse le
sentiment que tout n’a pas été dit. Peut-être n’ont-ils pas eu
suffisamment de temps pour préparer leur défense, ou pour organiser une
défense plus collective ? Certains n’ont été avertis par courrier que la
semaine précédant le procès. Leurs avocats étaient pour la plupart des
commis d’office et laissaient paraître une connaissance approximative du
dossier. Maître Canis a brillé par son absence à l’audience sans avoir
pris le soin de prévenir qui que soit. Deux avocats, Lafarge et Vinet, se
sont distingués en produisant des défenses un peu plus utiles à tous. Ce
dernier rappelle que l’infraction d’émeute n’existe pas en droit et qu’il
n’est donc pas possible de chercher des meneurs ou de charger des
personnes pour ce qui a été commis en général. Il ajoute « cette affaire
est un cas d’école sur l’inégalité des armes entre le parquet et la
défense ». Contrairement à la défense, le parquet a accès aux deux autres
instructions en cours qui concernent la journée du 19 août à la maison
d’arrêt, dont celle au sujet de la mort de Mounir. Quant à la lecture des
déclarations des surveillants, certaines « sont recopiées entre elles aux
mots près », certaines discordent carrément. Prisonniers ou membres du
personnel, tous les témoins qui auraient intéressé la défense sont
absents. Les avocats soulignent que les accusés présents semblent être
choisis au hasard et que les faits qui leur sont reprochés sont détaillés
par des éléments très maigres : pour l’un c’est une déclaration qu’il
aurait faite en commission de discipline et qu’il nie, pour d’autres c’est
un surveillant qui a déclaré « tel et tel prisonniers ont été vus en train
de commettre telle dégradation ». Mais vus par qui ? Un accusé pense qu’il
est là parce qu’auparavant il avait eu des embrouilles avec des
surveillants au sujet de linge disparu. Maître Vinet : « On veut juger à
tout prix. On a fait dire des choses fausses car on ne pouvait pas se
permettre qu’il n’y ait pas de condamnés dans cette affaire ». Une autre
avocate dénonce une « Justice rapide et pour l’exemple ».
Deux heures interminables de délibéré pour voir les juges suivre les
réquisitions de la proc. Se sont-ils fait livrer à dîner pendant ce
temps ? Les avocats ont démonté un dossier vide et ont démontré l’absence
flagrante de preuves. Alors la juge fait semblant d’avoir un peu pesé ses
choix en admettant que tous les accusés n’ont pas commis tous les faits
reprochés. Au fond elle s’en moque : elle prononce quand même des peines
extrêmement lourdes pour tout le monde. C’était prévu dès le début : il
fallait bien les allumer pour l’exemple ces neufs-là ! Peu importe ce
qu’ils ont réellement fait parmi les soixante qui, un beau jour d’été, ont
dévasté leur prison.

 

Source :  I A C A M !
Infos Anti-autoritaires en Cévennes à l’Assaut des Montagnes !
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La cour de cassation interdit les écoutes en GAV

La cour de cassation a annulé pour la première fois la mise sur écoute de locaux de garde à vue où étaient interrogés deux hommes poursuivis pour l’attaque d’une bijouterie a fait savoir l’un des avocats du dossier.

Le 16 février 2012, une bijouterie du Vésinet (Yvelines) avait été attaquée par trois malfaiteurs. Les enquêteurs disposaient d’éléments de preuve contre une personne mais de très peu d’indices à l’encontre d’une autre. Ils avaient donc décidé, sous le contrôle d’un juge d’instruction, de placer les deux suspects dans des cellules adjacentes qui avaient été préalablement placées sur écoute.

« Durant la nuit les deux gardés à vue se sont entretenus entre eux et la police a ainsi pu constituer un dossier à charge contre celui des deux mis en cause à l’encontre duquel elle n’avait aucune preuve matérielle », a expliqué Me Patrice Spinosi, l’avocat de ce dernier, à l’origine du pourvoi en cassation.

Dans son avis écrit, l’avocat général avait préconisé la cassation de l’arrêt de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles, qui avait validé la procédure. La chambre criminelle de la cour de cassation a retenu l’argument de la défense selon lequel le fait de cumuler deux mesures coercitives, la garde à vue et la mise sur écoute, constituait un « stratagème déloyal » et « prohibé ».

« Nous soutenions que tant les droits de la défense que le droit au silence, expressément garantis pour toute personne gardée à vue, étaient singulièrement mis à mal par ce type de pratique », a souligné Me Patrice Spinosi.

Pour l’avocat, « il est temps que les autorités françaises comprennent que la garde à vue n’est plus le lieu de la constitution d’un dossier pénal mais bien seulement celui de son aboutissement ». « Il ne s’agit plus de piéger coûte que coûte celui qui, à tort ou à raison, fait l’objet de soupçon de la part des enquêteurs« , a-t-il ajouté.

 

Source : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/01/07/97001-20140107FILWWW00415-la-cour-de-cassation-interdit-les-ecoutes-en-gav.php
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