Le « bâtiment de la mort » – Vérité et Justice pour Morad !

Le 1er avril 2014, vers 15h, deux policiers en civil interviennent dans un bâtiment de la cité Fontvert, dans les quartiers nord de Marseille. Morad Touat, 16 ans, tente d’échapper aux policiers et se réfugie dans un appartement au deuxième étage. Poursuivi par l’un des policiers jusqu’au balcon, Morad chute. Le 5 avril, après quatre jours dans le coma, il décède. Depuis, sa famille se bat de toutes ses forces pour comprendre les circonstances exactes du décès du minot. Le 10 juillet 2014, la police des polices remet les conclusions de son enquête, sur la base desquelles le Procureur de la République de Marseille décide de fermer le dossier pour « absence d’infraction » de la part des policiers. La réaction de la maman de Morad est immédiate. Pour elle, l’enquête a été bâclée et son « fils est mort deux fois : une fois le 5 avril, une deuxième fois le 10 juillet ». Elle décide de se constituer partie civile et porte plainte, cette fois-ci auprès du doyen des juges d’instruction. Nous espérons que cela permettra de relancer l’affaire. A ce jour, aucune information judiciaire n’a été ouverte. La famille de Morad est dans l’attente, totalement délaissée par les institutions.
Trop de questions restent sans réponse. Le Procureur de la République, la police des polices et les journalistes de La Provence et de Metronews veulent laisser croire que Morad serait décédé par sa faute. Pour eux, après tout, il n’était qu’« un charbonneur (1) ». Pour nous, les nombreux éléments contradictoires que nous exposons ici devraient justifier l’ouverture d’une véritable enquête. L’enquête de la police des polices n’est pas satisfaisante. Nous ne nous contenterons pas de la thèse d’un « simple accident dans le feu de l’action ».
Le policier qui poursuivait Morad a menti dans ses dépositions et de nombreux témoins n’ont jamais été entendus par les autorités. Nous ne cherchons pas à affirmer à n’importe quel prix que Morad a été tué par un policier. Ce dont nous sommes certains, c’est que si les policiers n’étaient pas intervenus comme ils l’ont fait ce jour là, Morad serait encore parmi nous. Nous voulons savoir ce qui s’est exactement passé dans ce bâtiment, surnommé « le bâtiment de la mort » par ses habitants en raison des nombreux décès qui y sont survenus. Nous voulons poser la question des modalités d ’intervention et des pratiques policières dans les quartiers populaires comme Fontvert.

Voici les principaux faits que nous avons pu établir et les questions que nous nous posons :

1. Le policier lancé à la poursuite de Morad a menti. Dans une première déposition à la police des polices, il affirme ne pas être entré dans l’appartement où Morad voulait se réfugier. Dans une autre déposition, il revient sur ses propos et s’excuse d’avoir menti. Il avoue avoir suivi Morad jusqu’au balcon. Il ajoute lui avoir saisi le poignet droit au moment de la chute, pour tenter de le sauver. Quelle crédibilité peut-on accorder à ses propos sachant qu’il n’a pas dit la vérité dès le départ ?

2. Le policier explique qu’il a menti car il n’était pas sûr d’avoir le droit de poursuivre Morad à l’intérieur de l’appartement. Nous pensons qu’il s’agit là de la première infraction commise par l’agent. Une infraction « pas assez caractérisée » selon la police des polices ?

3. La police des polices a fondé ses conclusions principalement sur les dépositions d’un unique témoin, en plus de celles des policiers présents. Or les dépositions de ce témoin se contredisent sur au moins deux points : la position de Morad par rapport au balcon et l’attitude adoptée par « l’autre personne sur le balcon ».
Plusieurs autres témoins sont prêts à faire leurs dépositions. Un an après, ils n’ont pas été entendus par les autorités. Pourquoi ?

4. Le dossier a été classé sans suite après qu’un habitant du quartier a déclaré de lui-même à la police que d’autres habitants s’apprêtaient à établir de faux témoignages pour « enfoncer les policiers ». Ce qui, un an après les faits, peut être démenti puisque cela n’est jamais arrivé.
Cet informateur n’était pas présent au moment des faits. Nous avons appris qu’il entame une carrière dans la police, en tant qu’adjoint de sécurité. Et pour couronner le tout, il s’avère être le fils du seul témoin écouté. Quelle est sa crédibilité ?

5. La police des polices a été appelée suite à « la découverte d’une personne grièvement blessée ». Morad n’est pas mort sur le coup, mais des séquelles de la chute. Or, plusieurs témoins non entendus, affirment qu’entre le moment où Morad était au sol et le moment où les secours sont intervenus, il a été violemment secoué par un agent. Nous posons donc la question suivante : Morad aurait-il pu survivre à la chute s’il n’avait pas été secoué par ce deuxième policier ?

6. Morad portait une sacoche. Les policiers affirment que la sacoche a été récupérée à l’intérieur du bâtiment, avant la poursuite. A contrario, plusieurs témoins affirment que la sacoche lui a été enlevée après la chute, par le policier qui l’aurait secoué avec force. Ce point ne mérite-t-il pas vérification ?

7. Les renforts sont arrivés très rapidement (sept voitures de police) bien avant les secours. Pour nous, c’est une honte. Cela a peut-être pu contribuer à aggraver l’état de Morad, à un moment où chaque seconde peut être vitale. La priorité absolue aurait dû être d’appeler les secours, pas de constituer un cordon de sécurité pour protéger les policiers.

8. Selon les forces de l’ordre, une vidéo montrant la scène après la chute, prise par un policer en tenue, existe. Pourtant, elle n’a pas été versée au dossier. Pourquoi ?

9. Le policier lancé à la poursuite de Morad connaissait son identité et l’avait déjà contrôlé et interpellé plusieurs fois. Était-il vraiment nécessaire de le prendre en chasse alors qu’il lui aurait été possible d’aller le chercher à son domicile dans les heures ou jours suivants ?

10. Les policiers impliqués dans la mort de Morad sont toujours en fonction. Le 9 juillet 2014, l’un d’eux a même reçu une médaille, celle de la sécurité intérieure, échelon bronze. Cette médaille a été décernée par le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, alors que l’enquête de la police des polices était en cours. Il est à noter, d’ailleurs, que cette enquête à été fermée dès le lendemain, soit le 10 juillet.

En toute logique, ces contradictions auraient dû inciter la police des polices à approfondir son enquête plutôt qu’à la classer sans suite. Cette décision est une marque de mépris pour la famille de Morad. Et la décoration du policier une provocation indécente. Nous appelons à l’ouverture d’une véritable enquête qui devra commencer par le recueil de tous les témoignages possibles. Nous demandons à ce qu’une reconstitution des faits soit réalisée dans les meilleurs délais, avec au préalable une expertise de la chute. Cette expertise devra prendre en compte la taille et le poids de Morad, la hauteur de la chute, et donc sa vitesse. Elle devra également prendre en compte la position du corps une fois à terre, en considérant d’une part qu’il y a eu contact physique entre le policier du balcon et Morad, et d’autre part qu’il a pu être secoué une fois à terre. Nous voulons que tous les éléments, dont la vidéo existante, soient ajoutés au dossier. Ces policiers ne peuvent pas ne pas rendre des comptes. Ils doivent être punis à la hauteur des fautes commises, car fautes il y a. Leurs supérieurs devraient également rendre des comptes et cesser de bénéficier de l’impunité. Nous connaissons la politique sécuritaire du parti socialiste au niveau national, et celle de la droite au pouvoir à Marseille, sans oublier celle, encore pire, de l’extrême droite montante. Les quartiers populaires sont perçus par l’État et la grande majorité des municipalités comme des territoires à reconquérir. à leurs yeux, cet objectif
justifie l’application de méthodes quasi militaires contre des gamins. Nous refusons ces méthodes.

Nous avons rencontré la famille de Morad et plusieurs témoins. Voici ce qu’ils disent :

Un jeune homme de 17 ans, présent sur les lieux : « J’étais au terrain de jeu quand j’ai entendu des cris. Quand j’ai rejoint le bâtiment K, j’étais choqué, Morad était au sol tandis qu’un policier lui enlevait sa sacoche en le secouant violemment. Les renforts sont arrivés très rapidement, sept voitures en tout. On ne pouvait pas s’approcher de Morad. Les pompiers ont été appelés par un habitant, pas par les policiers ». Quand nous lui demandons pourquoi Morad ne s’est pas laissé interpeller, voici ce qu’il nous répond : « Il y a un mois, deux flics sont venus dans le bloc, ils sont venus pour frapper. Je te jure. Ils ont même mis des coups de matraque télescopique dans la tête d’un des jeunes. Franchement, ils viennent pour gazer tout le monde, ils s’en foutent complètement, ils gazent ta mère, ton frère, tous les habitants du bloc, pourtant il y a des enfants, et même des asthmatiques. Ici, à Fontvert, rien que c’est la répression. Surtout avec les CRS. Maintenant, c’est contrôle en force. Et ils le savent, quand ça part comme ça, ça part d’entrée, ils le savent et le font exprès. Ils nous provoquent ». Le témoin ajoute : « Il faut savoir que trois jours avant le décès de Morad, deux flics ont débarqué. Morad jouait sur son IPAD, ils l’ont coursé, pris sa tablette, sa sacoche avec ses affaires personnelles et même les clés de son scooter ! ».

Un autre habitant, un jeune homme de 19 ans, ajoute ceci : « J’ai vu un attroupement en bas du bâtiment K et là j’ai compris qu’il était tombé très fort. Je m’approche à 30 ou 40 mètres de la scène, je ne pouvais pas m’approcher plus avec le périmètre de sécurité mis en place par les policiers. Je n’ai pas vu la chute, mais j’ai vu et entendu un policier en civil sur le balcon crier à son collègue en bas : « Laisse le, le touche pas ! ». Morad a été secoué par le col par le policier qui lui a enlevé sa sacoche et l’a posée juste à côté du corps. Morad, c’était un jeune de quartier comme nous, on rigolait bien, il mettait l’ambiance, il était apprécié à Fontvert et dans d’autres quartiers de Marseille. En quatre ans, tous les ambianceurs du quartier sont morts ou en prison. Les condés ont tué le quartier. Ils nous cherchent, nous insultent, nous lancent des « Va niquer ta mère », ils nous provoquent ».

La tante de Morad : « Morad était suivi par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) depuis l’âge de 12 ans. Il fumait beaucoup et voulait arrêter. Il avait demandé à ce que la mesure de suivi judiciaire soit reconduite jusqu’à sa majorité, mais cela lui a été refusé, considérant qu’il n’en avait plus besoin. Déscolarisé, Morad a très mal pris ce refus et s’en sortait comme il pouvait. Dans l’affaire de mon petit neveu, il faut rappeler que ce n’était qu’un gamin de 16 ans. On veut nous criminaliser pour que les gens gardent confiance dans la police. La police des polices a classé l’affaire sur la base d’un seul témoignage et d’un jeune homme qui dénonce les autres pour faux témoignages potentiels. Ces deux personnes sont mère et fils. En plus, le fils est dans la police. Pour moi, ce n’est pas crédible une seule seconde. Or, l’enquête a été arrêtée suite à ce témoignage là. Une personne était présente dans l’appartement où Morad est entré. Au niveau des horaires, son témoignage ne colle pas du tout. De nombreux témoins n’ont jamais été entendus, franchement c’est pas sérieux. Pour moi, il y a une vraie impunité policière, c’est la parole sacrée du policier contre celle du jeune. Si tu es policier et que tu comprends ça, tu fais ce que tu veux, les policiers se foutent de la gueule des jeunes de Fontvert, surtout quand ils leur lancent : « Oh les gars, attention au balcon ! ». Je croyais que la peine de mort était abolie… mais elle revient, sous d’autres formes en fait. Quand il n’y a pas de justice, c’est simple, on a envie de se rebeller. Les jeunes respectent moins les forces de l’ordre parce que la confiance est brisée. On a fait confiance à la police des polices. Quand on s’est aperçu que c’était des conneries, on n’a décidé de plus avoir peur d’eux ».

Un des frères de Morad : « Ce qui me touche, c’est qu’on a l’impression que si on est jeune, on sera plus vite puni que les forces de l’ordre. On nous parle d’égalité, mais c’est que pour eux. Ils se couvrent entre eux. On a l’impression que c’est normal, alors que non, il faut le dire, c’est pas normal. Mon frère n’aurait pas pu connaître un pire sort. Il n’est pas handicapé, il est mort. C’est horrible, surtout pour une mère. A l’extrême, on peut imaginer que c’est un accident. Mais il faudrait aussi qu’ils assument leurs actes et qu’ils disent la vérité. Ils se font de moins en moins respectés pour des faits similaires. On ira jusqu’au bout pour mon frère ».

Sa maman : « Pour moi, Morad est mort deux fois : une fois le 5 avril, puis une autre fois, le 10 juillet, lorsque la police des polices a décidé de classer le dossier sans suite. Ils ont fermé le dossier sans chercher à comprendre. La seule réponse de l’État est que Morad était un « charbonneur ». J’ai été entendue par la police des polices, j’ai même été reçue par le commissaire. Ca n’a pas duré longtemps. On m’a expliqué comment Morad avait chuté, que le policier était dans le feu de l’action. Sur le coup, j’ai été un peu rassurée, je pensais qu’ils allaient mener l’enquête sérieusement, que j’allais savoir ce qui s’était passé. Le commissaire m’avait demandé si on pouvait se revoir pour parler de la vie quotidienne de Morad, mais je n’ai plus jamais eu de nouvelles. Un an après, toute notre famille souffre. Pire, nous faisons l’objet d’un harcèlement policier au quotidien. Au fur et à mesure, on a moins peur de la police et on la respecte moins, franchement, ça rend service à personne. Quand je vois que pour Abdelhakim Ajimi (2), les policiers n’ont eu que du sursis, alors qu’il a été tué par trois policiers en plein centre ville de Grasse en 2011…
en résumé, ce qu’il faut comprendre c’est que le premier meurtre pour les policiers, il est gratuit ! Voilà le message que le gouvernement nous envoie ».

Dix ans après le décès de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-Bois (3) (93), poursuivis par des policiers qui seront jugés à la cour d’appel de Rennes du 16 au 20 mars 2015, des gamins de nos quartiers continuent à mourir dans le cadre d’interventions policières.

Depuis 2005, ce sont près de 150 personnes qui ont ainsi perdu la vie. Cette statistique ne s’appuie que sur les cas révélés par la presse, donc connus du public (4), et ne concerne que des personnes non-armées. Malheureusement, à chaque fois, c’est le même scénario qui se reproduit pour les familles qui vivent ce cauchemar. Elles doivent supporter le silence ou les mensonges des médias les plus regardés, écoutés et lus. Elles doivent mener, à leurs frais, un combat judiciaire long et âpre, qui généralement ne mène à aucune condamnation, lorsque procès il y a, ce qui est très rare. Aucun soutien psychologique et financier ne leur est apporté. La politique de « reconquête » des territoires populaires, menée par l’État et ses services de répression, mentionnera-t-elle dans son bilan le nombre de blessés et de morts inconsidérés qu’elle produit ?

Organisons-nous pour nous défendre ! Organisons-nous pour connaître la vérité et obtenir justice ! Nous croyons que nous pouvons mettre fin aux brutalités policières en les dénonçant publiquement, en épuisant tous les recours judiciaires possibles et en se mobilisant ensemble pour défendre nos droits élémentaires. La réalité est plus effroyable encore. Quasi systématiquement, la justice couvre les policiers impliqués, leur délivrant par la même occasion un « permis de tuer » (5).

Organisons-nous pour Morad ! Organisons-nous pour Wissam El-Yamni, lynché par des policiers le 31 décembre 2011, à Clermont-Ferrand (63) ! Organisons-nous pour Amine Bentounsi, tué d’une balle dans le dos le 2 avril 2012, par un policier à Noisyle-Sec (93) ! Organisons-nous pour Lahoucine Aït Omghar, abattu de cinq balles le 28 mars 2013 par trois policiers, à Montigny-en-Gohelle (59) ! 

Organisons-nous pour Zyed et Bouna ! Continuons aussi à nous organiser pour les frères Kamara, condamnés pour l›exemple, sans preuve, à 12 et 15 ans de prison suite aux révoltes de 2007, à Villiers-le-Bel (6) (95). 

Organisons-nous partout où nous sommes informés de violences ou de crimes policiers ! Organisons-nous pour l’égalité des droits ! 

Le 11 mars 2015, à Marseille. 
Collectif Angles Morts – anglesmorts@gmail.com 

1. Voir : www.laprovence.com/article/actualites/2820814/un-charbonneur-de-17-ans-gravement-blesseen-tentant-de-fuir-la-police.html et http://www.metronews.fr/marseille/marseille-mort-a-17-ans-en-voulantfuir-la-police/mndf!7uJcumEbDHYOE et http://www.metronews.fr/marseille/marseille-mort-a-17-ans-en-voulantfuir-la-police/mndf!7uJcumEbDHYOE
2. Abdelhakim Ajimi est mort le 9 mai 2008 des suites de son interpellation par pas moins de quinze agents de police, en pleine rue, devant témoins, à Grasse
3. Le décès de Zyed Benna et Bouna Traoré avait été le déclencheur de trois semaines de révoltes dans toute la France, de centaines de condamnation et de la mise en application de couvre-feu dans certaines villes. Ce qui était inédit depuis la guerre de libération de l’Algérie
4. www.bastamag.net/Homicides-accidents-malaises
5. Permis de tuer, Chroniques de l’impunité policière, Éditions Syllepse, 2014
6. Vengeance d’État. Villiers-le-Bel, des révoltes aux procès, Éditions Syllepse, 2011

Vous pouvez télécharger l’article en pdf ici:

brochure_verite_et_justice_pour_morad.pdf Brochure-Vérité et Justice pour Morad.pdf  (231.18 Ko)

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ABDEL-HAFED BENOTMAN – UNE VIE CONTRE LES BARREAUX

Abdel Hafed Benotman était un voyou à l’ancienne, générosité à fleur de peau, grande gueule en embuscade. Un braqueur sans arme qui avait passé 17 ans en prison. Un auteur de romans noirs talentueux. Un sans papiers, aussi, à qui l’on refusait le droit de travailler. Abdel Hafed Benotman est mort. C’est une très triste raison de republier l’entretien qu’il avait accordé en 2008 à A11*.

Abdel Hafed Benotman était un type extra. Il faisait partie de ces gens sur qui on tombe à l’improviste au détour d’une manif ou d’un comptoir de bar, toujours avec plaisir. Hafed a disparu, et c’est bien triste. En guise d’hommage, voilà le verbatim d’un entretien publié sur le site Article 11 en 2008 – l’interview avait fourni le prétexte à un joyeux guet-apens au ti-punch dont on s’était difficilement tiré…

AVT_Abdel-Hafed-Benotman_7841On a rendez-vous dans le petit restaurant associatif dont il s’occupe depuis peu avec sa compagne Francine, Porte de Vanves dans le 15earrondissement1. A la bourre, il finit par arriver, rigolard et chaleureux. Entre deux tables desservies, deux discussions avec les habitués du lieu, deux pauses clopes, il s’enflamme, provoque, ravi de se mettre en scène.

Grande gueule devant l’éternel, Hafed Benotman parle de tout, saute d’un sujet à l’autre, toujours provocateur, rarement dans la mesure. Entre ses expériences carcérales, son militantisme, ses romans, ses expériences du braquage, sa vision de la société contemporaine etc., on se laisse porter par la verve du personnage, la justesse de ses constats radicaux et ses talents de conteur.

Très vite, on abandonne l’idée du portrait. Impossible à réaliser, le bougre a trop de facettes : s’attarder sur une, c’est délaisser les autres. Et quel angle choisir, quel personnage privilégier ? 
L’amateur de bons mots qui, un jour de musculation dans la prison de Fresnes, taille une bavette avec Rachid Ramda (celui qui a financé les attentats islamistes de 95), se voit reprocher son désintérêt pour la religion et rétorque d’un cinglant « L’islamisme ? La barbe ! » ?2 
Le Mesrine non-violent, bandit multirécidiviste spécialisé dans les attaques de banque en solitaire et sans arme, Arsène Lupin classieux qui ne regrette rien ? 
Le militant qui tient un blog cinglant sur Bibliobs (Style au noir,ici), a contribué à la création du journal favori des taulards, l’Envolée, et participe à l’émission de radio du même nom3 ? 
L’auteur de polars à la plume acérée, publié sans le savoir alors qu’il était en cavale, qui se revendique « cancre » intellectuel mais cite Nietzche comme influence majeure ? 
Le symbole de l’absurdité des politiques d’immigration françaises, Algérien né en France mais à qui on refuse des papiers, type décidé à bosser mais interdit d’activité professionnelle ?

Cruel dilemme qui ne laisse pas le choix : on revient au principe de l’entretien. Et on laisse dérouler la cassette. Le lecteur n’y perdra rien, bien au contraire.

*

Tu as passé une grande partie de ta vie en prison. A quel point cette expérience a défini l’homme que tu es ?

La prison, c’est le territoire où j’ai rencontré quasiment toutes les pathologies existantes. C’est comme un carrefour où se croisent des destins déviants : les fous, les malades, les vrais assassins, les innocents, avec toutes les catégories sociales et quasiment toutes les nationalités. J’y ai rencontré des Américains, des Africains, des Asiatiques etc. Si tu n’es pas ouvert, si tu ne cherches pas à t’ouvrir à eux, alors tu te replies, tu te scléroses, tu commences à tomber dans le mépris. Ce que j’ai toujours évité. 
A l’arrivée, la prison n’a pas été un terrain d’écriture pour moi. Par contre, ça a été un terrain de rencontre.

Un « terrain de rencontre » ? Ca ne va pas trop avec l’image qu’on a des prisons…

J’ai 16-17 ans de taule derrière moi. Et je peux te dire que l’ultra violence carcérale, c’est un fantasme, un mythe. Le truc sur lequel jouent les séries américaines comme Prison Break ou que met en scène Hollywood. Ce n’est pas la réalité en France, même si ça existe aux États-Unis. 
Avec cette concentration d’êtres humains qui vivent et cohabitent se crée forcément une forme d’entraide, de solidarité. Sinon, tu verrais les ambulances et les corbillards sortir constamment des prisons. Ce n’est pas le cas. Il y a un équilibre qui se fait, avec une certaine dose de tolérance. Ça naît aussi d’une situation commune : tous sont écrasé par le même système. Plus tu compresses les gens en prison, plus ils deviennent solides, agglomérés et solidaires. Chacun a une histoire, qui renvoie à celle de l’autre. Quand tu es dans le fourgon et qu’on te met les chaînes aux pieds, il y a quelque chose qui se crée avec ceux qui sont en face de toi, dans cette même situation humiliante.

Tu as commencé à écrire en prison ?

L’écriture me vient d’avant la prison. A l’intérieur de la prison, l’écriture m’a plutôt servi d’arme de combat. J’ai commencé à écrire des courriers pour les copains, à m’intéresser au droit (je suis devenu un bon juriste à force d’aider les copains sur leurs dossiers). Ça m’a amené à une écriture politique. J’ai très peu écrit de fiction en taule, j’ai fignolé certains récits écrits avant, mais je n’ai lancé aucun roman alors que j’étais enfermé. Par contre, j’ai écrit beaucoup d’articles de presse. Et on a crée un journal, L’Envolée, qui existe encore maintenant et auquel je participe toujours.

Dans ton dernier livre, Marche de nuit sans lune4, tu développes une vision très sombre de l’humanité.

C’est vrai que j’ai une vision très brutale de l’homme. L’approche du roman noir t’amène à aller fouiller vraiment dans la merde. D’ailleurs, les meilleurs écrivains de roman noir sont ceux qui vont chercher très loin dans l’horreur humaine. 
Dans mes romans, je défends les criminels, dans le sens où je ne les juge pas, je les pose comme ils sont. Je les aimes ou je ne les aime pas, là n’est pas la question. Mais j’ai toujours préféré le criminel qui passe à l’acte et qui en paye les conséquences, par la prison, la mort ou l’exil, que celui qui commet des crimes dans l’impunité, le délateur qui se cache derrière les lois. Ce qui me débecte vraiment, c’est l’impunité des salauds.

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Dessin de l’ami Tristan, réalisé suite à l’entretien

Avec quatre condamnations, tu es entré pour la première fois en prison en 1976 et tu en es sorti la dernière fois en 2007. Le système carcéral a évolué ?

Dans le fond, la prison n’a pas changé. Que ce soit dans les années 1970 ou 2000, ça reste insoutenable, puisque c’est du domaine de l’enfermement. Ce que eux appellent des améliorations relève du confort : si tu as de l’argent, tu peux cantiner une télé, par exemple. Mais avec ou sans la télé, tu restes enfermé entre quatre murs. Le fond n’a pas changé. Si on t’enfermes pendant 20 ans dans une chambre du plus beau palace de Paris, tu pètes les plombs aussi. 
Pour le reste, ça s’est évidemment aggravé. D’abord, les peines sont plus longues, il y a désormais des perpétuités réelles. Avant, quelqu’un condamné à perpét sortait au bout de 15 à 20 ans ; maintenant, ce sera au bout de 25 à 30. Sous prétexte de confort carcéral, on a allongé les peines. Alors qu’on se fout du confort en taule, ce qui est horrible, c’est de se faire prendre un long moment de sa vie. 
Moi, je suis un voleur. Mais je ne suis jamais tombé dans ce qu’on appelle « l’irréparable ». Si demain j’écris un best-seller qui se vend à 3 millions d’exemplaires, je pourrais aller voir les banques et dire : « Je vous rembourse ». Je pourrais le faire. Mais je ne le ferai bien sûr jamais. Pour la bonne raison qu’eux ne me rendront jamais une seule seconde de ma vie. Je n’ai jamais tué personne, donc jamais touché au temps de vie des autres. Eux si.

Tes braquages n’ont jamais tourné de manière sanglante. Tu as eu de la chance ?

Non. Chez les braqueurs pour qui ça tourne mal, il y a de la malchance mais surtout de la bêtise. De nos jours, si tu es braqueur et que tu rentres dans une banque, tu n’as pas grand chose à faire. Il y a des protocoles bancaires qui disent : « Quoi qu’il se passe, l’important est que le malfaiteur sorte le plus vite possible. Vous avez ordre de lui donner ce qu’il veut. » 
Quand je suis passé en cours d’assise, le personnel des banques est venu. Aucun ne m’a demandé un centime de dommage et intérêt pour « traumatisme ». Ils auraient pu.

Tu n’utilisais pas d’arme ?

Non, pas besoin d’arme pour braquer une banque. Tu fais juste croire que tu en as une. Un hold-up, tu le fais discrètement, tu n’entres pas en hurlant et avec un bas sur la tête, ou sinon tu es tout de suite repéré par les caméras de surveillance et les flics déboulent. Je braque sans que personne ne s’en rende compte, en dehors des personnes à qui je m’adresse. 
Dans la vision commune du braquage, il y a une part de fantasme, très cinématographique. Alors que le hold-up doit être le plus calme possible.

Mais si ton visage apparaît sur les caméras, tu te fais très vite prendre, non ?

Non, parce que c’est chercher une aiguille dans une botte de foin. Même en tant que récidiviste, si tu fais ça bien, ils ne te trouvent pas dans leurs fichiers. Tu te débrouilles pour que ton visage soit un peu camouflé, maquillé ; les caméras filment d’en haut, donc la qualité est un peu médiocre. Pour mon dernier braquage, ils cherchaient un type entre 25 et 30 ans, alors que j’en ai dépassé 40 ans. Il faut jouer de ça, aussi. Tu sais que si tu y vas à visage découvert, les mecs se disent que c’est ton premier braquage et n’ouvrent pas leurs fichiers. Ça met à mal le mythe de la police scientifique qui débarque avec son arsenal de limier, mais c’est comme ça que ça se passe. Pour te faire choper dans ces conditions, il faut que tu sois dénoncé.

Si c’est si simple, pourquoi es-tu tombé quatre fois ?

Ce qui est mauvais, c’est de bosser à plusieurs. Plus tu multiplies les associés, plus ça risque de mal tourner. Moi, c’est un ami qui m’a balancé la dernière fois. C’était un pote qui croyait qu’on ne pouvait pas braquer une banque sans arme, dans sa tête c’était impossible. Je lui ai proposé mais il s’est dégonflé et m’a posé deux lapins. J’ai fait le truc tout seul et lui a préféré braquer des hôtels. Il s’est fait choper. Comme il sortait de prison, les flics lui ont demandé s’il avait des trucs à raconter. Et il m’a balancé. 
Là, l’erreur venait de moi. Se faire dénoncer à 20 ans, c’est normal. Passé 40 ans, c’est impardonnable. J’ai pris 3 ans et demi. L’avocat général a dit : « Mettez moi cette saloperie dehors, il en chiera plus qu’en prison… » Il n’avait pas tout à fait tort : la prison ne m’atteint pas.

Comment ça ?

La plus grande violence faite à l’humain c’est la soumission. Moi, ils ne m’ont jamais soumis : j’écrivais, je revendiquais, je vivais. Je me suis fait virer de Fleury-Mérogis, la grande usine carcérale, parce que quand le directeur a su que j’étais là, il m’a fait transférer en urgence à Fresnes. A Fleury, en promenade, tu es entre 100 et 200 personnes, tu peux parler avec eux, fomenter une révolte. Alors qu’à Fresnes, on était deux en promenades, deux DPS (détenus particulièrement surveillés). J’étais avec un mec du Monténégro qui ne parlait pas Français et qui ne pensait qu’à s’évader. Ensuite, ils m’ont mis avec les Basques, puis avec les Corses. Des endroits ou je ne pouvais pas faire de prosélytisme. 
Et je suis toujours sorti en fin de peine. Jamais en conditionnelle. Parce que je ne me suis jamais soumis. Je n’ai jamais été dans la comptabilité, parce que le terrain m’intéressait.

C’est un point de vue très particulier…

Je suis atypique, complètement. C’est pour ça que j’écris aussi. J’ai un regard très distancié sur la chose, j’en profite pour accumuler du matériau.

Tu t’es déjà évadé ?

Oui, sans violence. Je me suis fait envoyer un faux dossier médical disant que ma mère était morte. J’étais en fin de peine, ils m’ont laissé six heures pour aller à l’enterrement, sans escorte. Permission exceptionnelle, je me suis fait la belle.

Ce n’était pas un peu contre-productif, de s’évader en fin de peine ?

Un type qui est en permission et qui revient pas, c’est un imbécile, je te l’accorde. Dans mon cas, je devais passer devant une commission d’expulsion à la sortie, pour me renvoyer en Algérie. Ils m’auraient directement renvoyé là-bas, je préférais être en cavale.

Tu es sans-papier, c’est ça ?

Je suis né en 1960, en France, sous ce qu’on appelle le statut d’indigénat. Sujet Français mais pas citoyen Français, car fils d’Algériens. Ceux nés avant l’indépendance pouvaient demander à devenir français. Mais à l’adolescence, je ne pouvais pas dire ça à ma famille. C’était un peu comme si tu avais annoncé à tes parents français en 1950 « je veux devenir allemand », ça n’aurait pas passé. C’est pour ça, parce que personne ne voulait exploser la cellule familiale, que la majorité des réintégrations à la nationalité française se sont faites dans les années 1990. Moi, à cette époque, je ne pouvais plus, à cause de mon casier5

Et maintenant, tu es potentiellement expulsable ?

Je vais passer devant une commission de titre de séjour pour savoir s’ils me donnent une carte de résident, valable six ans. J’attends. Si elle me dit non, j’irai au tribunal administratif et je ferai appel si nécessaire. Et si la cour administrative d’appel refuse, j’irai en cour européenne : elle condamnera obligatoirement la France. 
Le problème, c’est que pendant ce temps, ils ne me laissent pas travailler et que je n’ai pas de couverture sociale. Eux veulent me faire péter les plombs, que je replonge. Ils me connaissent, ils savent que je ne suis pas quelqu’un qui va aller mendier. Si j’ai besoin de cent euros, je taperai un pote. Je le ferai une fois, deux fois, trois fois peut être. Et à un moment, je vais dire : « Oh là, ça va, y’en a marre. Elle est où la banque ? »

Tu voudrais travailler et on ne te laisse pas le faire ?

Oui. Le réalisateur Jacques Audiard voulait bosser avec moi sur son prochain film, il a écrit au préfet pour demander une simple dérogation, pour me permettre de bosser. Ils ont dit non. Il y a beaucoup de gens comme moi. Fondamentalement, ils ne veulent pas de la réinsertion, elle n’arrange personne. 
La récidive sert tout le monde. Elle fait tourner l’insécurité, elle laisse en prison des travailleurs sous-payés (ils ont fait le calcul, ça leur revient moins cher de faire bosser un type en prison que de faire bosser des gosses dans le tiers-monde) pour lesquels il n’existe pas de droit du travail. Le prisonnier, c’est le fantasme du chef d’entreprise. En France, tu as des communes qui pleurent pour avoir une prison sur leur territoire. Ça fait travailler les commerçants, ça apporte une main d’œuvre, ils bossent pour la ville…

La prison telle que tu la décris est une métaphore de la société ?

La prison est la matérialisation physique de l’enfermement extérieur. Mais c’est le dernier enfermement d’une chaîne. Le mec qui dort dans la rue avec son carton est un taulard. Il est peut-être plus misérable que le mec en prison.

Et la récidive arrangerait tout le monde ?

Bien sûr. On nous fait passer pour des monstres. L’idée principale, c’est qu’on passe notre temps à nous violer et à nous sodomiser dans les douches. Le cliché de base. Quand tu sort, les gens te voient comme un pervers. Le mec à qui tu demandes un emploi, il te regarde en pensant que tu t’es fait enculer sous la douche. Ta parole n’est plus crédible. Là aussi, le cliché te pousse à la récidive : personne ne veut de la réinsertion, puisque tu es déjà catalogué monstre irrécupérable. 
Regarde-moi : je suis un multirécidiviste. J’ai des papiers valables trois mois, avec marqué dessus « n’autorise pas son titulaire à travailler. » Tu t’imagines ? On me dit, tu n’as pas le droit de bosser. Donc on me pousse à récidiver. Si je n’étais pas intelligent, si je n’étais pas en guérilla sociale via mon association, si je n’avais pas mon éditeur Rivages, comment je ferais ? Je finirais dans un carton, ou je deviendrais dangereux, ou je me laisserais pousser la barbe et j’irais voir mes frères musulmans en leur disant : « T’as vu ce qu’elle me fait, la France ? Je suis né ici et elle ne me laisse pas travailler, elle ne me donne pas de papiers, vengeons-nous. » D’une manière ou d’une autre, l’état aurait réussi à me recycler. Soit en taulard, soit en SDF, soit en islamiste, soit en fou dangereux.

C’est ce que décrit Bunker : une fois en prison, tu y reviens toujours.6

Quand tu as vu les coulisses et qu’on te dit « veuillez vous asseoir dans la salle pour regarder le spectacle », tu le regardes d’un autre œil. Tu n’y crois pas. Comme un tour de magie quand tu connais le truc.

Que penses tu d’associations comme l’Observatoire International des Prisons (OIP) ? Ils tentent de faire bouger les choses, non ?

Ils sont aussi dans le fantasme et dans la compromission. Je les connais très bien, je me suis même engueulé en direct sur France 2 avec Thierry Lévy, qui était président de l’OIP.
A l’Envolée, on avait la preuve qu’un type avait été tué par des matons. Le type était mort de ça, clairement, il avait été tabassé. Rentré le vendredi en prison, il avait été retrouvé mort le dimanche matin. L’administration disait qu’il s’était suicidé mais on avait la preuve formelle qu’il s’était fait défoncé la gueule au mitard. Dans l’émission, en direct (ils m’ont plus jamais réinvité…), je leur ai balancé le dossier en disant : « Tenez, voilà ce vous devriez traiter en priorité ! » 
Le gamin s’appelait Eric Blaise, l’OIP avait le dossier. Ils l’ont gardé sous le coude, parce qu’ils sont financés par l’état et qu’ils ont des salariés. Alors c’est vrai : ils dénoncent quand il y a de vrais suicides, ils dénoncent la saleté des douches, des trucs comme ça, qui ne mangent pas de pain. D’ailleurs, il n’y a plus un seul taulard dans l’OIP. Quand on leur reproche, ils répondent : « On parle pour eux. » Du pipeau !

A t’entendre, on a l’impression que tout ce qui se dit sur les prisons relève du fantasme.

Bien sûr. Je te donne un exemple : demain, TF1 vient me filmer pour le JT. Ils vont m’interroger sur l’islamisation du monde carcéral. La nana ne me connait pas vraiment, mais moi je sais très bien ce qu’elle voudrait entendre : que les islamistes infestent les prisons. Je dirai le contraire, car ce n’est pas de l’islamisation mais de la solidarité communautaire. Le musulman en prison, il tombe sur d’autres musulmans qui vont l’aider, lui filer du tabac, des timbres. Forcément, il est tout seul, alors il se rapprochera d’eux. Mais c’est tout. 
Si jamais l’islamisation était une réalité en prison, j’en serais le premier ravi, même si je suis athée. Parce qu’ils feraient tout péter à l’intérieur.

Ta valeur suprême, c’est l’insoumission ?

Je ne me rappelle plus qui a dit « Si le monde peut être sauvé, il le sera par des insoumis7 », mais j’y crois profondément. Tu as toujours des personnes, même dans les sociétés archaïques, qui se sont levées pour protester et garder leur fierté. Ce sont elles qui rattrapent la saloperie de l’humanité. 
Donc, oui : je me revendique insoumis. Je suis convoqué demain matin à la préfecture pour une prise d’ADN, mais je n’irai pas. Je risque la taule, mais il est hors de question que je file mon ADN, que j’accepte ça alors que j’ai soutenu des collectifs qui se sont fait prendre sur des manifs et qui ont refusé. Après, si je suis dans une cellule et qu’ils me veulent mon empreinte ADN, je dirais OK. Car je répondrais à un rapport de force, je serais en position de faiblesse. Mais que j’y aille de moi même, il n’en est pas question. 
Il y a eu une époque où le travail était obligatoire en prison (c’est Mitterrand qui, en 1982, y a mis fin). Mais je n’ai jamais accepté : réfractaire total, j’ai alors passé mon temps de prison au mitard. Dans une petite cellule avec rien du tout. Quand ils m’en sortaient, ils me disaient, « bon tu vas travailler là, dans cet atelier », je répondais « non ». Et je retournais au mitard.

Ça ne t’as pas plus marqué que ça ?

Non, c’est l’inverse qui m’aurait marqué. De me soumettre. De me courber pendant des heures sur un boulot débile. J’ai toujours tenu à l’insoumission plus qu’à tout. Même après ma sortie : on m’a invité sur des plateaux télé, mais je n’ai jamais baissé ma garde comme ils le voulaient. 
Pareil pour ma régularisation. Il y a des gens qui m’ont dit, je peux t’avoir des papiers. Je répondais, « va plutôt voir ce type, il a une femme, quatre gosses, ils meurent de faim. Va le régulariser lui, moi je me débrouille. » 
De toute façon, je suis un voleur, il n’y a pas de mystère.

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* source : http://www.article11.info/?Abdel-Hafed-Benotman-Une-vie

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Affaire Ali Ziri : Revers pour les proches

Ils attendaient depuis cinq ans que le procès leur rende justice. La cour d’appel de Rennes a douché leurs espoirs. Sur les réseaux sociaux, les internautes n’hésitent pas à comparer cette affaire à celle de Fergusson.

Christiane Taubira avait vivement réagi via Twitter sur l’affaire Fergusson aux Etats-Unis. Pour le moment, aucun commentaire de la ministre de la Justice française sur le non-lieu prononcé dans l’affaire Ali Ziri», s’indigne sur sa page facebook un écrivain d’origine algérienne. C’est un nouveau coup dur pour les proches d’Ali Ziri. La cour d’appel de Rennes a opposé un nouveau revers judiciaire à la famille de ce retraité algérien de 69 ans, mort après un contrôle de police en juin 2009 à Argenteuil (Val-d’Oise).

La contre-expertise relève des hématomes suspects. Ali Ziri avait été interpellé le soir du 9 juin 2009 avec un ami, Arezki Kerfali, 60 ans, à bord d’un véhicule que ce dernier conduisait. Fortement alcoolisés, les deux hommes avaient été transportés au commissariat d’Argenteuil et placés en garde à vue. Ali Ziri, tombé dans le coma, est mort deux jours plus tard à l’hôpital d’Argenteuil. Une première autopsie avait conclu que des problèmes cardiaques et l’alcoolémie sont les causes du décès. Mais une contre-expertise avait révélé la présence d’une vingtaine d’hématomes, dont certains larges de 17 cm.

Des hématomes que la chambre d’instruction de la cour d’appel de Rennes a choisi d’ignorer. Elle a estimé dans son arrêt qu’ en l’état des «conclusions et hypothèses divergentes (…), il n’est pas possible de retenir une cause certaine de la mort d’Ali Ziri». La chambre ajoute que «les policiers n’ont fait usage que de la force strictement nécessaire» pour maîtriser les retraités.

«Aucune faute, volontaire ou involontaire, ne peut être relevée à leur encontre.» In extenso : «Dans un arrêt longuement motivé, la chambre de l’instruction a, en premier lieu, relevé que les expertises avaient établi que les hématomes constatés sur le corps d’Ali Ziri n’étaient pas à l’origine du décès, qui résulte de la conjugaison d’une pluralité de causes, parmi lesquelles une pathologie cardiaque préexistante et un état d’alcoolisation important.

Ni la méthode utilisée par la police nationale pour extraire Ali Ziri du véhicule à l’arrivée au commissariat, ni son dépôt allongé à même le sol, menotté dans le dos, dans une salle d’audition, critiqués par la commission nationale de déontologie et de sécurité, ne sont la cause de son décès. La chambre de l’instruction observe en outre qu’il n’existe aucun élément permettant de supposer qu’à un moment ou à un autre des coups auraient été portés volontairement par les forces de l’ordre sur la personne d’Ali Ziri.» Très mécontente de ce verdict, la famille d’Ali Ziri envisage de se pourvoir en cassation. Elle y voit une justice à deux vitesses.

Rémi Yacine
Source : http://www.elwatan.com/hebdo/france/affaire-ali-ziri-revers-pour-les-proches-17-12-2014-281898_155.php
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Enquêtes et questions après le suicide d’une jeune femme en prison

 À 19 ans, une jeune Vierzonnaise s’est donné la mort par pendaison dans sa cellule de la maison d’arrêt du Bordiot.

Deux enquêtes sont ouvertes, l’une judiciaire et l’autre administrative.

Avant de mettre fin à ses jours, la jeune fille aurait laissé un mot manuscrit adressé à l’un des membres de sa famille. « Paumée dans une existence en décomposition sociale, entraînée par une ancre familiale qui lui fait mordre le fond, elle promène, depuis son enfance, un vieux jouet cassé qu’est sa jeunesse. »

Celle qui est au cœur de cet article, publié jeudi 24 juillet dernier dans le Berry républicain, a fini par se pendre dans sa cellule du Bordiot, vendredi 5 décembre, avec un cordon électrique.

Elle avait 19 ans… Cette Vierzonnaise au casier lourd a trébuché sur la vie. Celle que sa tante a toujours trouvée « malheureuse », met fin à ses jours, après un énième rendez-vous au tribunal correctionnel de Bourges. Vendredi 5 décembre, la justice l’extrait de sa cellule. Mais un problème de procédure renvoie son affaire « à une date ultérieure ». Elle se suicide dans la foulée… Sa tante explique qu’elle comptait aller la voir le lendemain car une panne de voiture l’avait empêchée de se rendre au parloir. Elle avait écrit à sa nièce, d’ailleurs, pour le lui dire. La délinquance n’est pas un trou dans le trottoir dans lequel on tombe par hasard. Celle qui en fit les frais, et qui fit aussi des victimes, depuis l’âge de treize ans, date de sa première condamnation, éponge un lourd passif familial. « Nouée par un fil à la communauté des gens du voyage de Vierzon », la jeune fille « n’en finit pas de sombrer corps et âme », écrivions-nous encore. C’est sa grand-mère qui s’occupe d’elle, une grand-mère pour refuge qui finit par mourir. Plus tard, une tante, pour qui sa nièce « se sentait abandonnée, rejetée, elle s’en fichait de sa vie », dit-elle. Les foyers qu’elle fréquente la mettent finalement à l’abri des turpitudes de son monde. Mais très vite, de retour, la réalité la rattrape et la tire vers le bas. En juillet dernier, c’est une jeune femme échouée qui se tient dans le box. Son avocate brosse le sombre tableau de cette courte existence jalonnée d’alcool, de violences, de vols. Fatalité, ces huit condamnations à son casier ? Fatalité ce refus de retourner en prison après une permission pour assister à un événement familial ? Elle ne retourne pas au Bordiot pendant cinq semaines. Voilà pourquoi elle est jugée en comparution immédiate, le 23 juillet. Au magistrat, elle explique d’une voix blanche et mécanique qu’elle voulait ramener sa sœur qui avait fugué. Ce regard vide, relié à nulle part. Cette sœur incarcérée. Cette vie chaotique, cabossée. Le fruit d’une volonté indéfectible, la sienne ? Ou d’un dévissage social, une chute lisse et vertigineuse sur une paroi le long de laquelle ses ongles n’accrochaient plus ? Rien ne justifie de mourir, pendue, dans une cellule, à 19 ans. Même un chemin pavé d’une délinquance aussi vive.

Rémy Beurion

Source : http://www.leberry.fr/cher/actualite/2014/12/11/enquetes-et-questions-apres-le-suicide-dune-jeune-femme-en-prison_11254838.html

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Rencontre OIP/ sortie du livre »passés par la case prison »

Titre: Rencontre OIP/ sortie du livre »passés par la case prison »
Lieu: Theatre monfort (Paris 15)
Lien vers: Cliquer ici
Description: Pour la sortie du livre « Passés par la case prison » (éd. La Découverte), l’Observatoire international des prisons présente MAUX-DITS ! Une soirée manifestive en présence d’artistes, d’écrivains et d’anciens détenus.

Avec les écrivains Olivier Brunhes, Philippe Claudel, Virginie Despentes, Nancy Huston, Mohamed Kacimi, Gérard Mordillat.

Les témoignages de Christophe de la Condamine, Yazid Kherfi et Sylvie Piciotti.

Les artistes Ali (Avec Mathurin Bolze et Hedi Thabet / Cie Mpta), La Shtar Academy et Sandra Nkake

Participation libre : 1, 2, 5, 10, 20, 50… euros !
Réservation conseillée par tél. : 01 56 08 33 88
Heure début: 18H30
Date: 2014-12-14
Heure fin: 23:00

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MARATHON CONTRE LA PRISON

Titre: MARATHON CONTRE LA PRISON
Lieu: Préfecture de Nantes
Lien vers: Cliquer ici
Description: Marathon-relais le dimanche 7 décembre
Départ 14h de la Préfecture de Nantes
……………………………………………………………

Après avoir tué un jeune manifestant, le gouvernement met des villes en état de siège, interdit des manifestations et ferme des universités pour contenir un mouvement contre les violences policières. Il est clair que la répression s’impose comme une question cruciale.

Nous déplorons depuis le 22 février 12 mutilés et 1 mort causés par la police. Nantes est malheureusement devenue la capitale Européenne des mutilations policières : 4 personnes ont perdu un œil, une s’est faite arracher le nez, une autre a subi une commotion cérébrale sévère, pour ne citer que les cas les plus graves.

En parallèle à l’impunité policière, la justice est expéditive lorsqu’il s’agit de juger les manifestant-e-s : arrestations avant, pendant et après les manifestations par profilage, forte pression pendant les gardes à vue, comparutions immédiates, peines disproportionnées destinées à terroriser, conditions de détention déplorables, harcèlement du parquet afin de briser l’intégrité sociale et psychologique des inculpé-e-s.

L’affaire d’Enguerrand illustre l’acharnement de l’État contre celle et ceux qui luttent. Un mois après la manifestation du 22 février, il était arrêté à son domicile pour un jet de fumigène sur une barrière en plastique, qui n’a causé ni dégât matériel ni blessé. Lors de sa comparution immédiate, le 1er avril, il était condamné à un an de prison ferme avec mandat de dépôt. Le juge doublait alors les réquisitions du procureur.
8 mois après son incarcération, Enguerrand demande un aménagement de peine puisqu’il a trouvé un emploi. Le procureur annule alors son placement sous surveillance électronique en faisant appel de la décision de la juge.

Le parquet se déjuge donc : alors qu’il avait requis 6 mois lors du procès, il veut maintenant prolonger une détention qui dure depuis 8 mois. Dans le même temps, le ministre de l’intérieur félicite les gendarmes responsables de la mort de Rémi Fraisse et les policiers tireurs du 22 février ne sont toujours pas inquiétés.

Au delà du cas particulier d’Enguerrand, c’est un État qui mutile d’une main et incarcère de l’autre que nous entendons dénoncer.

Nous invitons toute personne intéressée à venir courir avec nous dimanche 7 décembre.

Le marathon-relais commencera à 14h devant la Préfecture. Quatre points-relais sont fixés, afin que chacun puisse choisir à quel moment rejoindre la course : Place Bretagne / Place Aristide Briand (devant le Radisson Blu) / Place de l’Edit de Nantes / Entrée de la passerelle devant le tribunal.

Un goûter sera proposé à l’arrivée devant le tribunal (participation libre). Cette manifestation sportive se veut également festive, musicale et familiale. Il ne s’agit pas d’une course contre la montre, mais d’un footing léger et joyeux dans lequel tout le monde peut avoir sa place !

Pour plus d’informations vous pouvez nous écrire à soutien.enguerrandATriseup.net

Heure début: 14:00
Date: 2014-12-07
Heure fin: 20:00

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RETOUR SUR LE 15 NOVEMBRE à Montreuil : Rencontre entre familles et collectifs en lutte/ Livre « Permis de tuer »

La discussion filmée et présentée ci-dessus s’est tenu dans le cadre de la journée concert pour les prisonniers de villiers-le-bel.

Cette journée s’est tenu à montreuil le samedi 15 novembre 2014 à la parole Errante

(de 14h à 02h)

Elle a permis à différents collectifs et individu(e)s de se réunir et de parler de leurs « histoires ».  Cela a notament donné l’occassion à des familles et au collectif « angles mort » de présenter le livre  » Permis de tuer » qui retrace l’histoire de victimes de crimes policiers à travers des témoignages.

L’après midi a été ponctué par une initiation à la boxe anglaise, un atelier d’écriture rap, du graff… Des stands de différents collectifs étaient présents et (au moins) une dixaine de personnes ( tous bénévoles ) étaient présents pour tenir un barbecue, faire des frites et des crêpes ( maisons )etc… Que de belles énergies !

La soirée s’est terminée avec un concert qui regroupait des rappeurs tel que Dino, Première ligne, L’Uzine, Awax et Oliver, Rety Bonap, Baro Syntax… ( issu du 93/ 95/ 75 etc.. )

( quelques photos ici : https://www.flickr.com/photos/rodrigoavellaneda/with/15618646567 )

Différents proches des 2 prisonniers de villiers-le-bel  ( incarcérés sans preuves à des peines de 12 et 15 ans pour avoir prétendument « tirés » sur des policiers suite à la mort de Lakhamy et Moushin en 2007 ) étaient également présent pour rappeller leurs histoires.

Les fonds recoltés vont aux familles des prisonniers ainsi qu’a des familles de victimes de la police ainsi que pour aider aux prochaines mobilisations contre les violences d’états.

 

Sur le livre permis de tuer : http://www.bboykonsian.com/Permis-de-tuer-Chronique-de-l-impunite-policiere-disponible-le-11-septembre-2014_a3128.html

 

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10ANS Après… Que JUSTICE soit rendu à ZYED ET BOUNA et sa famille

ll y a neuf ans, le 27 octobre 2005 a Clichy-sous-bois, Zyed et Bouna mouraient à la suite d’une course poursuite par la police. Ils ont été électrocutés dans un transformateur électrique.

Un procès doit se tenir en mars prochain :

Le procès des deux policiers poursuivis pour leurs mort aura lieu du 16 au 20 mars 2015

(… )

Les deux « prévenus » comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Rennes pour «non-assistance à personne en danger», près de dix ans après la mort de Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, qui avait embrasé les banlieues françaises. L’audience «est prévue sur toute la semaine», a indiqué dans un mail à l’AFP le procureur de Rennes, ville où l’affaire a été dépaysée par la Cour de cassation en octobre 2012, lors de l’annulation du non-lieu prononcé par la cour d’appel de Paris.

La cour d’appel de Rennes avait ensuite décidé en septembre 2013 de renvoyer les policiers en correctionnelle. Le 27 octobre 2005, après une course-poursuite, Zyed et Bouna avaient péri électrocutés dans un transformateur EDF où ils s’étaient réfugiés. Un troisième jeune, Muhittin Altun, 17 ans au moment des faits, avait été grièvement brûlé.

Pour le frère de Bouna, la tenue du procès arrive aussi comme une certaine forme de soulagement. « Pourquoi on en est arrivé là? Lorsque justice sera rendue, je pense que l’on sera satisfait » confie-t-il. Mais d’autres ne comprennent pas pourquoi il a fallu attendre près de dix ans pour qu’un procès se tienne. « Aujourd’hui, quand on juge un jeune qui a vendu du shit, on lui met de la prison. Mais on doit attendre dix ans pour avoir un résultat qui est normal« , ajoute ainsi un quadragénaire (..)

http://atouteslesvictimes.samizdat.net/

Source : Libération et France Bleu

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Incarcération des prisonnier-e-s politiques Palestinien-ne-s, punition collective pour tout un peuple

Plus de 6200 prisonnier-e-s politiques palestinien-ne-s sont actuellement détenu-e-s dans les geôles israéliennes et sont bien souvent privé-e-s des droits humains les plus basiques. L’un des nombreux droits dont ils sont privés est celui de communiquer avec leurs familles et de recevoir des visites régulières, punissant ainsi tout un peuple.

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Depuis 1967, environ 750 000 Palestinien-ne-s ont connu les geôles israéliennes. Il est ainsi difficile de trouver en Palestine un foyer qui n’ait jamais été concerné par la détention ou l’emprisonnement et c’est d’ailleurs une raison pour lesquelles le peuple palestinien voue un respect aussi profond à ses prisonniers.

En matière de détention et de visites des familles, l’état israélien s’assoit une fois de plus sur le droit international et sur les devoirs envers la population occupée qui lui incombent en tant que puissance occupante.

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Pour ceux qui aiment les textes de loi, le droit aux visites familiales est un droit enraciné dans le droit international, expressément prévu par la Quatrième Convention de Genève, l’Ensemble des règles minima pour le traitement des détenus, l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement les règlespénitentiaires européennes, la convention relative aux droits des enfants (concernant les enfants détenus).

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Premier obstacle aux visites : Israël détient des Palestinien-ne-s originaires des Territoires Occupés dans des centres de détention et des prisons situés en dehors de ces territoires, contraignant les familles à obtenir un permis pour entrer en Israël afin d’atteindre les prisons. Les permis étant eux-mêmes délivrés au bon vouloir de la puissance occupante, on imagine aisément quel machiavélique outil de punition collective représente la délivrance de ces permis. Dans le meilleur des cas, ces permis sont difficiles à obtenir et pour de nombreuses personnes, ils sont tout simplement impossibles à avoir, l’état israélien prétextant toujours les mêmes « raison de sécurité » pour justifier son refus, mais sans jamais définir ce qui se cache derrière cette formulation. La procédure pour obtenir un permis est longue, elle peut prendre entre un et trois mois, alors que le permis en lui même n’est valide qu’un an.

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Les visites sont réservées aux parents de premier degré uniquement – enfants, époux, épouse, parents et grands-parents – isolant les détenu-e-s de leur environnement social et professionnel. Les membres de la famille de sexe masculin âgés de 16 à 35 ans se voient souvent interdits de visite toujours pour des « raisons de sécurité ». Dans la pratique, ce sont des centaines de familles qui se voient régulièrement refuser leur permis arbitrairement, sans autre explication que les fameuses « raisons de sécurité ». Certaines familles témoignent avoir été victimes de chantage afin d’obtenir ces permis (vente de leur terre, dénonciation de leurs voisins…) et se retrouvent ainsi privées de visite n’ayant pas collaborées avec l’occupant.

Quand les visites sont autorisées, elles ont lieu toutes les deux semaines, durant 45 minutes.
Les habitants de Cisjordanie sont récupérés par des bus du Comité International de la Croix Rouge, à 6h du matin, à Ramallah (les habitants des villages les plus éloignés ayant donc déjà fait plusieurs de route pour atteindre Ramallah). Ils doivent ensuite passer le checkpoint de Beit Seira, où ils attendent environ deux heures, pendant lesquelles ils doivent se soumettre à des fouilles électroniques et physiques. Une fois arrivés à la prison, ils sont accueillis par de nouveaux contrôles de sécurité, et doivent être une nouvelle fois fouillés électroniquement et physiquement. C’est assez fréquent que les familles attendent plus de cinq heures avant de pouvoir entrer dans la prison. Certaines familles doivent compter plus de 10h de transport et d’attente pour espérer voir leur proche 45 minutes. Tous les visiteurs doivent se soumettre à ces nombreuses fouilles, alors qu’à aucun moment ils n’auront de contact physique avec les détenu-e-s. Les enfants ne sont parfois autorisés par l’administration pénitentiaire qu’à visiter lors des jours de classe et doivent donc délaisser l’école un jour entier une semaine sur deux pour aller visiter leur père ou leur mère.
Après les nombreuses fouilles, une fois entrés dans la prison, les familles doivent encore attendre pendant près d’une heure dans une salle d’attente qui n’a ni toilettes ni accès à de l’eau potable.

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Dans la salle de parloir, une vitre sépare les prisonniers de leurs familles Les communications ont lieu grâce à des téléphones ou par des trous dans la vitre. Bien souvent, les téléphones sont défectueux et il est difficile d’entendre son interlocuteur. Chaque prisonnier peut recevoir au maximum lors d’une visite trois adultes et deux mineurs. Il n’y a jamais aucun contact physique entre le prisonnier et sa famille, y compris entre les parents et leurs jeunes enfants.

Ces visites et les étapes qui les précèdent s’avèrent être très pénibles pour les prisonnier-e-s comme pour leurs familles.

Les visites sont également utilisées par l’administration pénitentiaire pour punir collectivement les détenu-e-s et leurs familles. Chacun peut être arbitrairement privés de visites pour une durée variable.

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Par exemple, suite aux résultats des élections palestiniennes de 2006 ainsi qu’a capture du soldat Franco-Israélien Gilat Shalit, Israël a suspendu pendant 6 ans toutes les visites familiales pour les prisonnier-e-s de Gaza détenu-e-s dans les geôles israéliennes justifiant cela par des « raisons de sécurité non spécifiées ».
Suite la grève de la faim collective des prisonniers en avril 2012, Israël a accepté de rétablir les visites pour les Gazouïs, mais partiellement, puisque ces visites n’ont lieu que tous les deux mois. Plus récemment, pendant la guerre à Gaza, en juillet 2014, toutes les visites familiales ont été interdites pour les prisonniers de Gaza et en octobre 2014, cette interdiction est toujours en place. Ils n’avaient pendant la guerre aucun moyen de contacter leurs familles et apprenaient parfois la mort de leurs proches par les familles des rares détenus non Gazaouis qui avaient l’autorisation d’être visités.
Les visites ont également été interdites pendant la durée de la guerre aux prisonniers de Cisjordanie affiliés au Hamas, au Jihad Islamique et au Front Populaire de Libération de la Palestine. Pour ces prisonniers, les visites ont pu reprendre désormais mais uniquement tous les deux mois.

Dans tous ces cas d’interdiction de visite, c’est tout un peuple qui est concerné, ceux qui sont derrière les barreaux et ceux qui sont dehors, tous privés du droit de visiter leurs proches.

Les études et témoignages ont relevé de nombreuses séquelles psychologiques touchant les détenu-e-s, de par leurs conditions d’interrogatoire tout d’abord -de nombreux témoignages rapportent des tortures psychiques et physiques – et de par leurs conditions de détention ensuite – accès restreint à l’éducation, contact non adapté avec l’extérieur, soins médicaux sommaires, carences nutritionnelles importantes, absence de programme de réinsertion… – mais de nombreuses séquelles touchent également les familles. Quand celle-ci est possible, la visite d’un proche relève du parcours du combat et est à la fois source de joie et de frustration pour chacune des deux parties qui ne peut voir l’autre que derrière une vitre. Les courriers ne sont pas toujours distribués et quand ils le sont, c’est bien souvent plusieurs semaines après leur réception.

prison

En septembre 2014, on dénombrait 6200 prisonnier-e-s politiques palestinien-ne-s parmi lesquels 500 en détention administrative, c’est à dire qu’ils n’ont ni chef d’inculpation ni procès, 201 sont des enfants, 18 femmes et 19 députés Palestiniens. De nombreux leaders des partis politiques sont incarcérés, parfois ils sont mis à l’isolement, afin de limiter leur participation à la Résistance. La prison est utilisée par la puissance occupante pour tenter d’affaiblir toute la société palestinienne, les resistant-e-s palestinien-ne-s et leurs familles. La question des prisonnier-e-s politiques palestinien-ne-s est primordiale, c’est une question politique majeure, et un enjeu sociétal de grande ampleur.

Source : http://quartierslibres.wordpress.com/2014/10/17/lincarceration-des-prisonnier-e-s-politiques-palestinien-ne-s-punition-collective-pour-tout-un-peuple/
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CONCERT POUR LES PRISONNIERS DE VILLIERS-LE-BEL

Titre: CONCERT POUR LES PRISONNIERS DE VILLIERS-LE-BEL
Lieu: La parole Errante/ Rue François Debergue/ Croix de chavaux ( montreuil )
Lien vers: Cliquer ici
Description: Cet évenement s’inscrit dans la suite de différentes actions de soutien aux frères Kamara de Villiers le Bel, incarcérés suite aux révoltes de 2007, provoquées par le décès de Lakhami Samoura et de Moushin Sehhouli, percutés par une voiture de police.
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Cette année, le samedi 15 novembre 2014, nous avons prévu un après-midi familial de 14h à 18h avec une initiation à la boxe anglaise pour les ados, en partenariat avec un club de boxe local, un atelier d’écriture rap avec restitution sur scène, et un espace pour les graffeurs.
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A 18h, nous organisons une discussion autour du livre « Permis de tuer. Chronique de l’impunité policière » avec les familles qui seront présentes, le collectif Angles Morts et le public. Ce sera l’occasion pour chacun d’entre nous de témoigner, et de réfléchir ensemble à la manière dont on peut collectivement s’organiser face aux violences et crimes policiers.
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Le concert de soutien commencera vers 20h, avec des groupes de rap qui viennent de Montreuil, St denis, Villiers le Bel, Vitry sur Seine et Paris.
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Il sera possible de se restaurer toute la journée (gâteaux, barbeuc, boisson, etc).
Table de presse et d’infos sont prévus.
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LE MEME JOUR UNE MOBILISATION EST PREVUE DEVANT LE MINISTERE DE L’INTERIEUR POUR DENONCER LES ABUS POLICIERS
A lire : http://atouteslesvictimes.samizdat.net/?p=1351

Date début: 2014-11-15
Heure début: 14:00
Date fin: 2014-11-16
Heure fin: 01:00

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