La prison de la Santé prépare sa mue

C’est un vaisseau fantôme muré et désuet qui s’étale le long de l’avenue Arago, à quelques pas de la place Denfert-Rochereau (XIVe). Dans neuf mois, la sombre, grande et silencieuse bâtisse de la prison de la Santé, la seule de Paris intra-muros, n’accueillera plus de nouveaux prisonniers.

( …)

La prison ne sera vidée complètement qu’en juillet 2014.

Les travaux devraient durer quatre ans. Détenus et personnel seront transférés dans les autres établissements d’Ile-de-France, dont Fresnes (Val-de-Marne) et Fleury-Mérogis (Essonne) — « dont la suroccupation est déjà de 141% », s’inquiète François Bès. Pour ce qui est du projet précis, « c’est le black-out du côté du ministère de la Justice », déplore ce dernier. Contacté hier, le ministère n’a pas souhaité répondre. Les architectes, sous la houlette de l’Apij (agence immobilière de la justice), « n’ont consulté ni les prisonniers, ni le personnel médical ou carcéral, ni les visiteurs de prison ». Il est prévu de conserver et de réhabiliter les bâtiments anciens, de construire des cellules individuelles, des parloirs familiaux, de nouveaux dispositifs de surveillance et surtout d’introduire des places de semi-liberté parmi les quelque 900 places…

 
source : Le Parisien du 29.03.2013
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(Haïti) 7,188 personnes en détention préventive…

Alors qu’en Haïti 7,188 (72.57%, moyenne nationale) personnes sur une population carcérale totale de 9,904, sont détenus dans les Centre pénitenciers en Haïti en attente de jugement, deux ateliers réunissant Magistrats, Commissaires du Gouvernement, avocats et policiers, ont eu lieu les 20 et 27 mars, pour trouver des solutions au problème de la détention préventive prolongée et de la privation de la liberté avant jugement.

Au pénitencier National de Port-au-Prince, seulement 8.19% des détenus ont été jugés et condamnés…

Me. Jean Michel Raymond, Doyen du Tribunal civil de Port-au-Prince, qui comprend au total 27 juges d’instruction et 11 juges de siège, a déclaré que « Pour arriver à régler ce problème, il faut que les tribunaux soient en mesure de travailler en permanence et que l’État mette des moyens à la disposition des juges » rappelant que les juges d’instruction, sont disposés à donner deux audiences par semaine et les juges de sièges, trois audiences par semaine, mais que le manque d’espace dans le tribunal demeure l’un des plus grands problèmes, avec des conséquences sur les délais de détention préventive. « Nous avons pour l’instant 5 salles d’audience, alors que nous devrions en avoir au minimum 15. »

Ces deux ateliers, ont eu lieu dans le cadre d’un Projet à effet rapide (QIP) conçu, conjointement par la section Justice et la section des Droits de l’homme de la Minustah, qui ont permis notamment d’équiper un certain nombre de juridictions du département de l’Ouest.

Lire aussi :
http://www.haitilibre.com/article-8161-haiti-justice-0-62-m2-par-detenu-en-haiti.html

 

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El Shennawy : Hollande « déverrouille une serrure »

Le condamné au long cours n’a obtenu qu’une grâce partielle, qui supprime sa période de sûreté. Son sort reste du ressort des juges.

Il y a deux semaines, sa femme nous expliquait : «Comme dit mon mari, on fait les morts.» Ce qui voulait dire qu’en attendant que le président de la République tranche, l’ex-braqueur Philippe El Shennawy et sa femme, Martine, avaient arrêté de répondre aux journalistes.

Et puis la décision est tombée. Samedi, François Hollande a accordé une grâce partielle à Philippe El Shennawy. Celui-ci ne sortira pas immédiatement de prison comme il l’espérait. Mais le chef de l’Etat a annulé sa période de sûreté, qui courait encore trois ans et durant laquelle le détenu ne pouvait demander aucun aménagement de sa peine. Sa sûreté ayant sauté sur décision de l’Elysée, El Shennawy peut déposer une demande de libération conditionnelle, ce qui prend des mois, et sans certitude de se la voir accorder par les magistrats qui l’examineront. «Nous sommes déçus : des magistrats s’étaient portés garants pour lui, des directeurs de prison avaient écrit des lettres en sa faveur, il avait une promesse d embauche… Que pouvait-il faire de plus pour sortir ?» interroge Martine El Shennawy.

«Debout ou couché». Quand il l’a appris samedi, Philippe a pris un coup sur la tête. «Trente-sept ans, je n’en ai pas fait assez ?» a-t-il dit à sa femme. «Il a passé une nuit blanche, et on a finalement décidé de se battre pour la conditionnelle», poursuit-elle. El Shennawy avait épuisé tous les recours. La grâce présidentielle, c’était la démarche ultime. «Il m’avait dit : « Quoiqu’il arrive, en 2013, je sortirai de prison, debout ou couché »», rapporte sa femme.

Depuis le dépôt de la requête en grâce mi-décembre par l’avocate du détenu, Me Virginie Bianchi, l’affaire agitait une partie du monde judiciaire, et même un peu au-delà. Des intellectuels (l’historien Tzvetan Todorov, le sociologue Michel Wieviorka, l’écrivain Paul Pavlowitch…) avaient solennellement demandé au président de la République de gracier El Shennawy, «symbole des peines sans fin». Provoquant rapidement une contre-pétition lancée par un lobby sécuritaire «au nom du refus de faire de cet individu une victime, alors qu’il a précisément bouleversé la vie des innocents qui se sont trouvés sur son chemin criminel». Deux avocats de ces «innocents», pris en otages par El Shennawy lors d’une de ses évasions, ont pourtant signé l’appel en faveur de sa grâce. Avec l’accord de leurs clients.

L’ancien magistrat Philippe Bilger avait lui aussi pris position contre le «dogmatisme compassionnel» et la «mansuétude de luxe», comme il l’expliquait à Libération. Une avalanche de réactions, qui avaient fini par faire peur à Martine El Shennawy : à chaque article paru dans la presse, «la pétition contre la grâce d’El Shennawy gagnait des milliers de signatures», se désolait-elle.

Double tranchant. «Sans la pétition des intellectuels, dont de grands noms de la justice comme Henri Leclerc et Louis Joinet, mon recours en grâce n’aurait sans doute pas été examiné si vite, reconnaît Me Virginie Bianchi. Mais cette médiatisation était à double tranchant.» Soucieux d’éviter l’habituel procès en laxisme fait à la gauche, le Président aurait-il le courage politique d’accorder sa grâce à un récidiviste ? «Il a fallu avoir une stratégie assez sophistiquée pour n’exercer aucune pression maladroite sur le chef de l’Etat», raconte Michel Wieviorka.

«La grâce n’a plus bonne presse, souligne l’ancien avocat Jean Danet, désormais enseignant à l’université de Nantes. Depuis la suppression des grâces collectives par Nicolas Sarkozy, la grâce individuelle subsiste comme le seul vestige du monarque et de son droit divin… L’exercice n’en est devenu que plus délicat.» Dans le dossier El Shennawy, la discrétion a donc dû s’ajouter au secret de cette prérogative hors norme. «Exorbitante», dit Virginie Bianchi.

La grâce présidentielle est une procédure discrétionnaire, informelle. L’article 17 de la Constitution est sommaire : «Le président de la République a le droit de faire grâce à titre individuel.» Ce droit n’est soumis à aucun délai de réponse. Les services du ministère de la Justice instruisent les demandes et procèdent à un tri. Ensuite, arbitrairement, le chef de l’Etat l’accorde ou non, sans avoir à motiver sa décision. Le droit de grâce est le seul décret qui n’est pas inscrit au Journal officiel.

«Le droit de grâce n’a délibérément jamais été inscrit dans une procédure : ce n’est pas de la justice, c’est une tradition qui renvoie à la coutume, au droit du roi, analyse Jean Danet. Il existe une sorte d’accord de la classe politique pour qu’elle reste discrète. Sous la IVe République déjà, la grâce accordée par le président Auriol à Jean Genet pour qu’il échappe à la relégation avait été discrète…»

Soupape de sécurité. Alors que la ministre de la Justice, Christiane Taubira, a réaffirmé, le mois passé, que la prison ne devait plus être la peine de référence, la majorité veut éviter de prêter le flanc aux procès en angélisme. Et pour les socialistes qui ont martelé tout au long de la campagne présidentielle qu’ils n’interviendraient jamais dans une affaire judiciaire, contrairement à Nicolas Sarkozy, accorder une grâce a quelque chose d’acrobatique. «La grâce, c’est la volonté de substituer purement et simplement le politique à la justice, explique Jean Danet. Mais la justice peut avoir besoin de cette soupape de sécurité, de ce droit flou : il est des cas, comme la « perpétuité réelle », dans lesquels la grâce seule peut éviter une peine inhumaine. On ne peut pas tout inscrire dans des procédures et dans un droit parfaitement normé.» Le détenu Philippe El Shennawy en est la démonstration.

Il y a deux semaines, sa femme nous expliquait: «Comme dit mon mari, on fait les morts.» Ce qui voulait dire qu’en attendant la décision du président de la République, l’ex-braqueur Philippe El Shennawy et sa femme, Martine, avaient arrêté de répondre aux journalistes.

Et puis la décision est tombée. Samedi Francois Hollande a finalement accordé une grâce partielle à Philippe el Shennawy. Celui-ci ne sortira pas immédiatement de prison comme il l’espérait. Mais le président de la République a annulé sa période de sureté, qui courait encore trois ans et durant laquelle le détenu ne pouvait demander aucun aménagement de peine ni (XXXX de libération XXXX) conditionnelle. Sa sûreté ayant sauté sur décision de l’Élysée, El Shennawy peut déposer une demande de libération conditionnelle, ce qui prend des mois, et sans certitude de se la voir accorder par les magitrats qui l’examineront. «Nous somme déçus: des magistrats s étaient portés garants pour lui, des directeurs de prison avaient écrit deslettres en sa faveur, il avait une promesse d embauche… Que pouvait il faire de plus pour pouvoir sortir ?, interroge Martine El Shennawy.

Quand il l’a appris samedi, Philippe à pris un coup sur la tete. «37 ans, j’en ai pas fait assez?»,m’a t il dit. «Il a passé une nuit blanche, et on a finalement décidé de se battre pour la conditionnelle.»

El Shennawy avait épuisé tous les recours: libérable en 2032, il ne pouvait obtenir de conditionnelle avant trois ans. La grâce, c’était la démarche ultime. «Il m’avait dit: « quoiqu’il arrive, en 2013, je sortirai de prison, debout ou couché »», rapporte Martine El Shennawy.

Depuis le dépôt de la requête en grâce mi-décembre par l’avocate du détenu, Me Virgine Bianchi l’affaire agitait une partie du monde judiciaire, et même un peu au-delà. Des intellectuels(l’historien Tzvetan Todorov, le sociologue Michel Wieviorka, l’écrivain Paul Pavlowitch…), avaient solennellement demandé au président de la République de gracier El Shennawy «symbole des peines sans fin». Provoquant rapidement une contre-pétition lancée par un lobby sécuritaire «au nom du refus de faire de cet individu une victime alors qu’il a précisément bouleversé la vie des innocents qui se sont trouvés sur son chemin criminel». Deux avocats de ces «innocents», pris en otage par El Shennawy lors d’une de ses évasions, ont pourtant signé l’appel en faveur de sa grâce. Avec l’accord de leurs clients.

L’ancien magistrat Philippe Bilger avait lui aussi pris position contre le «dogmatisme compassionnel» et la «mansuétude de luxe», comme il l’expliquait à Libération.

Ces réactions, c’est justement cela qui avait fait peur à Martine El Shennawy: à chaque article paru dans la presse, «la pétition contre la grâce d’El Shennawy gagnait des milliers de signatures», se désolait l’épouse.

«Sans la pétition des intellectuels, dont de grands noms de la justice comme Henri Leclerc et Louis Joinet, mon recours en grâce n’aurait sans doute pas été examiné si vite, reconnaît Me Virginie Bianchi. Mais cette médiatisation était à double tranchant.» Un président de gauche aurait-il le courage politique d’accorder sa grâce à un récidiviste? «Il a fallu avoir une stratégie assez sophistiquée pour n’exercer aucune pression maladroite sur le chef de l’Etat», raconte Michel Wieviorka.

«La grâce n’a plus bonne presse, souligne l’ancien avocat Jean Danet, désormais enseignant à l’université de Nantes. Depuis la suppression des grâces collectives par Nicolas Sarkozy, la grâce individuelle subsiste comme le seul vestige du monarque et de son droit divin… L’exercice n’en est devenu que plus délicat.»

Dans le dossier El Shennawy, la discrétion a donc dû s’ajouter au secret de cette procédure par essence hors norme. «Exorbitante», dit Virginie Bianchi.

La grâce présidentielle est une procédure secrète, discrétionnaire, informelle. L’article 17 de la Constitution est sommaire: «Le Président de la République a le droit de faire grâce à titre individuel.» Le droit de grâce n’est soumis à aucun délai de réponse, les services du ministère de la Justice instruisent les demandes, procèdent à un premier tri dont ils n’ont pas à rendre compte, avant de transmettre les demandes jugées crédible à l’Elysée. Qui décide arbitrairement d’accorder sa grâce ou non, sans avoir à motiver sa décision. Le droit de grâce est le seul décret qui n’est pas inscrit au journal officiel.

«Le droit de grâce n’a délibérément jamais été inscrit dans une procédure: ce n’est pas de la Justice, c’est une tradition qui renvoie à la coutume, au droit du roi, analyse Jean Danet. Il existe une sorte d’accord de la classe politique pour qu’elle reste discrète. Sous la IVème République déjà, la grâce accordée par le président Auriol à Jean Genet pour qu’il échappe à la relégation avait été discrète…»

«Personne n’a intérêt à en parler et la médiatisation ne sert jamais dans des cas comme ça…, croit savoir Jean-Jacques Urvoas, le président socialiste de la commission des lois à l’Assemblée nationale, interrogé – et mal à l’aise – sur le cas El Shennawy. Déjà qu’on a ramé avec la proposition d’amnistie sociale [qui prévoit de tirer un trait sur les délits commis par des militants syndicaux, ndlr]…» Moins opposé au principe, le député socialiste Dominique Raimbourg, spécialisé dans les questions de justice: «Politiquement c’est difficile à gérer: la grâce reste liée à l’arbitraire royal.»

Alors que la ministre de la Justice Christiane Taubira a réaffirmé, le mois passé, que la prison ne devait plus être la peine de référence, la majorité veut éviter de prêter le flan aux procès en angélisme.Et pour les socialistes qui ont martelé tout au long de leur campagne présidentielle qu’ils n’interviendraient jamais dans une affaire judiciaire, contrairement à Nicolas Sarkozy, accorder une grâce a quelque chose d’acrobatique. «Nous sommes conscients du caractère paradoxal de notre demande, alors que nous somes pour l’indépendance du judiciaire, reconnaît l’historien Tzvetan Todorov. C’est une décision politique et il faut l’assumer comme telle. Avec peut être plus de courage encore que d’envoyer l’armée au Mali.»

«La grâce, c’est la volonté de substituer purement et simplement le politique à la justice, explique Jean Danet. Mais la justice peut avoir besoin de cette soupape de sécurité, de ce droit flou: il est des cas, comme la « perpétuité réélle », dans lesquels la grâce seule peut éviter une peine inhumaine. On ne peut pas tout inscrire dans des procédures et dans un droit parfaitement normé.»

Sonya Faure
source : http://www.liberation.fr/societe/2013/03/25/el-shennawy-hollande-deverrouille-une-serrure_891214
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« Du son contre la prison 3 » le 04 mai 2013 à Saint-Etienne: Singe des Rues / Les Evadés / Première Ligne

DU SON CONTRE LA PRISON 2013

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Tract permanence pour les proches de prisonnier(e)s- prochaine permanence dimanche 31 Mars (Paris 20)

tract permanence Mars 2013

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Le droit du travail en prison passera ( t’il ) par la case constitution ?

Les détenus travaillant en prison finiront-ils par avoir un véritable contrat de travail ? C’est entre autres sur cette question que le Conseil constitutionnel devra se prononcer, après la transmission d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC).

Tout a commencé en décembre dernier, quand deux détenus de la prison de Metz ont saisi le conseil des prud’hommes d’une QPC. Procédure de contrôle de la constitutionnalité de lois déjà promulguées, elle portait sur leurs conditions de travail en détention. En cause, leur rémunération, qui s’élevait à trois euros de l’heure, ainsi que la constitutionnalité de l’article 717-3 du code de procédure pénale, qui stipule que «les relations de travail des personnes incarcérées ne font pas l’objet d’un contrat de travail».

La demande a été transmise dans la foulée à la Cour de cassation. Qui a décidé mercredi d’adresser cette QPC au Conseil constitutionnel, «en raison de son caractère sérieux». Les Sages ont désormais trois mois pour l’examiner, afin de déterminer si le caractère dérogatoire du droit en prison est conforme aux droits et libertés garanties par la Constitution.
Est-ce une première ?

Le débat du droit du travail en prison avait déjà été relancé en février dernier, lorsqu’une détenue de la maison d’arrêt de Versailles, Marilyn Moureau, était parvenue à faire reconnaître la fin de sa collaboration avec la société MKT Sociétal comme un «licenciement abusif». A ce titre, la jeune femme, qui purge une peine de huit ans de prison, avait reçu de nombreux dommages et intérêts, notamment pour «inobservance de la procédure de licenciement». MKT Sociétal avait à cette occasion été reconnue comme «employeur dans des conditions particulières». «C’est un jour historique. Le droit du travail entre en prison», avait réagi Maître Fabien Arakelian, l’un de ses avocats.

La démarche entreprise aujourd’hui tend une nouvelle fois vers la reconnaissance du travail des prisonniers. D’après maître Xavier Iochum, défenseur d’un des détenus de Metz, «ces différentes affaires montrent bien l’émergence de cette problématique et sa prise en considération».
Comment le travail en prison est-il encadré ?

Jusqu’en 1987, les détenus étaient contraints de travailler, l’activité professionnelle faisait alors partie de la peine. C’est désormais dans une optique de réinsertion qu’ils ont cette possibilité. En théorie, car dans les faits ils sont relativement peu à travailler, alors qu’une majorité écrasante souhaiterait le faire. En 2011, 27,8% d’entre eux exercaient une activité professionnelle. Mais l’inexistence de contrat de travail, stipulée par l’article 717-3 du code de procédure pénale, implique l’absence de Smic, de congés payés, de droits syndicaux… Ce n’est qu’en matière de règles d’hygiènes et de sécurité que le droit du travail s’applique derrière les barreaux.

En guise de contrat, la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 veut qu’on parle de «classement» et de «déclassement» pour signifier l’accès à l’emploi et sa sortie. Etabli entre l’établissement et le détenu, cet engagement peut donc être cassé à tout moment par l’administration pénitentiaire, si c’est elle qui emploie. Car à défaut de comporter des droits, l’organisation du travail dans le monde carcéral s’établit autour de trois régimes bien précis, selon que l’activité s’exerce directement au service de l’établissement ou pour des entreprises qui sous-traitent certaines prestations à des détenus. Dans ce dernier cas, le contrat de travail n’existe qu’entre l’entreprise et l’administration pénitentiaire.

A l’absence de contrat de travail s’ajoute l’interdiction pour l’inspection du travail de se rendre inopinément dans les prisons. Il faut en effet que les administrations pénitentiaires l’y invitent. D’après Marie Crétenot, juriste à l’Observatoire international des prisons, il arrive que l’inspection du travail retrouve les mêmes irrégularités lors d’un second déplacement. Dans de «très rares cas», l’instance alerte les autorités judiciaires.

En matière de rémunération, la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 a modifié l’article 717-3 du code de procédure pénal. Indexé sur le smic, le salaire des détenus dépend du régime sous lequel ils travaillent. Leur rémunération varie, en théorie, entre 20% et 45% du Smic. En effet, il n’est pas rare que les détenus soient moins rétribués.
Qu’est ce que le Conseil constitutionnel pourrait faire évoluer?

Contrairement à l’action en justice portée par Marilyn Moureau, qui ne concernait que les relations établies entre un détenu et une entreprise venue sous-traiter dans l’établissement pénitentiaire, la QPC touche au code de procédure pénale. Les conséquences qui en découleraient s’appliqueraient donc à tous les détenus exerçant une activité professionnelle.

Pour améliorer leurs conditions de travail, deux priorités s’imposent pour Me Xavier Iochum : définir les modalités de rémunération et de rupture de contrat. «Il faut définir le statut juridique des détenus car ils n’en ont pas», estime l’avocat, optimiste quant à l’issue du dossier.

Mais pour la juriste Marie Crétenot, un des principes primordiaux reste l’application du droit commun. «Dans la mesure où le but ultime est la réinsertion, on ne peut laisser ces détenus à l’écart, souvent en rupture avec la société au moment de leur incarcération». La décision du Conseil constitutionnel pourrait donc pousser le législateur à s’emparer de la question et à faire entrer le droit du travail en prison.

source : http://www.liberation.fr/societe/2013/03/23/le-droit-du-travail-en-prison-passera-par-la-case-constitution_890279
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Violences sur un détenu : les policiers relaxés

Ambiance tendue, hier après-midi, au tribunal correctionnel de Pontoise. Quatre policiers et un surveillant pénitentiaire comparaissaient pour avoir frappé un détenu, Grégory C, le 25 janvier, dans l’enceinte du palais de justice. Ce dernier, âgé de 29 ans, était lui-même poursuivi pour outrage, rébellion, violences volontaires et menaces de mort.
Les deux affaires ont été traitées l’une après l’autre. Au bout d’un procès de près de cinq heures, les policiers ont finalement été relaxés. Grégory C, lui, a écopé d’un an de prison ferme. Un certificat médical réalisé trois jours après l’altercation indiquait qu’il souffrait de plusieurs ecchymoses, dont l’une à l’œil, et d’une déchirure au tympan.

C’est en fait une audience devant le juge des libertés et de la détention qui a mal tourné, ce 25 janvier. Ce jour-là, Grégory, incarcéré depuis treize mois à la maison d’arrêt du Val-d’Oise dans une affaire d’homicide, comparaît pour une demande de mise en liberté conditionnelle. L’entretien se passe dans le calme. Mais, alors que le détenu attend le délibéré, le juge appelle en renfort des forces de l’ordre du tribunal. Quatre policiers arrivent dans le petit bureau. Le magistrat annonce sa décision : la détention provisoire est prolongée. « Toi, tu n’en as rien à faire, ce soir tu dors chez toi, mais moi, je ne veux pas retourner au trou », lui lance alors le détenu, mécontent. Il se lève et se dirige vers la sortie. Un surveillant le repousse. Echange de regards. « Fais pas ton cow-boy », lui lance alors le détenu. Et c’est à ce moment-là que les versions divergent.

Parole contre parole

Selon les policiers, Grégory aurait menacé le surveillant, tête contre tête. « Il était très agité, raconte un des policiers poursuivis. C’était impossible de le menotter. C’est pour cela que nous l’avons plaqué au sol et lui avons fait une clé de bras. Ce sont des techniques d’interventions que l’on apprend à l’école de police. » La scène se déroule dans le couloir. « Il faudra m’expliquer comment un œil au beurre noir peut faire l’objet d’une technique policière », relève Me Jérôme Crépin, avocat de Grégory, qui a lancé une procédure de citation directe pour que les policiers soient également poursuivis dans cette affaire.

Les fonctionnaires se mettront ensuite à quatre pour le soulever et l’emmener, allongé de tout son long dans l’ascenseur, afin de rejoindre les geôles, au sous-sol du palais de justice. « Je n’ai insulté personne, assure le détenu. J’ai mis les mains dans le dos pour me faire menotter. Puis j’ai été plaqué par terre. On a failli me casser le poignet. Et dans l’ascenseur j’ai reçu des coups de genou. On m’accuse d’avoir donné des coups de pied? Mais je ne pouvais même pas bouger! » Un avocat, témoin d’une partie de cette « intervention musclée », assure à la barre avoir entendu le détenu supplier les policiers de le mettre à terre, étouffé par son tee-shirt qui le serrait à la gorge. Le détenu explique qu’une fois en cellule, un des policiers aurait resserré les menottes et lui aurait craché dessus. Des accusations niées par les intéressés. Parole contre parole, la justice a tranché.

Grégory C a décidé de faire appel du jugement.

 

Source : Le parisien/ 16.03.2013
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« La famille à l’épreuve de la prison », Caroline Touraut

Loin de ne concerner que les détenus, la peine d’emprisonnement s’impose aussi à leur famille. C’est la raison pour laquelle on peut parler d’une expérience carcérale élargie. L’enquête menée en France auprès de proches de détenus permet de mesurer l’ampleur des dommages sociaux, économiques, relationnels et identitaires auxquels ils sont confrontés. Loin d’une vision misérabiliste, l’étude rend compte de la capacité plurielle des acteurs à « faire face » à l’épreuve. Aborder l’incarcération du point de vue des proches de détenus offre un autre regard sur l’institution carcérale et sur ses frontières. Si ce livre interroge la prison, il porte tout autant sur la famille. L’incarcération ne marque pas toujours la fin des histoires conjugales et familiales. Pendant la détention, des liens résistent, se cimentent, ou naissent parfois. Les soutiens et les échanges qui s’observent malgré les murs sont multiples. Cependant, les relations entre les détenus et leurs familles sont aussi empreintes de tensions, de silences, de mensonges et de doutes. Au-delà du monde académique, ce livre intéressera bien entendu les acteurs impliqués d’une façon ou d’une autre dans la gestion quotidienne de la vie carcérale, mais il pourra aussi instruire celles et ceux qui réfléchissent sur les formes contemporaines du lien social.

http://www.librairie-sciencespo.fr/politiques-publiques/politiques-de-securite-prisons/livre/la-famille-a-l-epreuve-de-la-prison/caroline-touraut/9782130592181.html

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Troisième suicide en cinq semaines à la prison de Fleury

Mercredi 30 janvier, mardi 26 février et désormais mardi 5 mars. Un troisième détenu se serait « suicidé » à la prison de Fleury-Mérogis cette semaine. La personne se serait pendu, comme son homologue fin février au sein du quartier disciplinaire de la maison d’arrêt, au bâtiment D2. Celon les sources*, il venait tout juste de sortir du service psychiatrique (bâtiment D4), qui gère les prisonniers suicidaires ou atteints de troubles graves du comportement.

L’observatoire international des prisons a demandé que des explications soient fournies sur ce transfert.
 
 
 
 
 
source : LeParisien.fr
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« Présumé coupable » : Entretien avec un ex-prisonnier, mars 2012 (G.E.P.)

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