Un quinquagénaire détenu à Tarascon retrouvé mort

Un homme d’une cinquantaine d’années, détenu à la prison de Tarascon (Bouches-du-Rhône), se serait donné la mort vendredi après-midi, a-t-on appris samedi de source proche de l’enquête.

Le quinquagénaire  a été découvert par les surveillants avec le câble d’une rallonge électrique autour du cou. Le centre de détention de Tarascon a une capacité de 652 places et accueille des condamnés à des peines de plus d’un an de prison.

Le parquet a confié l’enquête sur ce décès à la Sécurité publique des Bouches-du-Rhône.

En juillet, un quadragénaire s’était également pendu à la prison des Baumettes à Marseille où il purgeait une peine dans un dossier de stupéfiants.

Source : http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/08/24/un-quinquagenaire-detenu-a-tarascon-se-suicide
En date du 24.Aout 2013
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Sur les révoltes qui ont eu lieu à la prison de Châteaudun

Diverses rebellions ont eu lieu cette semaine au centre de détention de château dun.

La presse relate certains faits qui se serait produit  mardi et  mercredi 21 Août :

« Au moins trente-six détenus se seraient rebellés.

La violence est montée d’un cran par rapport à mardi. Tous les secteurs de la prison ont été fermés. Pourtant, ce mercredi, la détention semblait reprendre un cours normal », expliquait Laetitia, déléguée syndicale FO, hier vers 18 h 30, jointe à l’intérieur du centre de détention de Châteaudun, alors que les Équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) de Paris étaient en train d’intervenir pour maîtriser les détenus mutins.

La probable comparution immédiate, ce jeudi, au tribunal de Chartres, des cinq présumés meneurs de la mutinerie de mardi, n’a pas éteint la cocotte-minute.

Pas de promenade

Après celles de mardi , de nouvelle émeutes ont éclatées, hier vers 16 heures au sein de l’établissement. Cette fois, à la fin de la promenade, trente-six détenus n’ont pas voulu regagner leur cellules et ont commencé à s’en prendre au grillage de la cours de promenade.

« On nous a refusé la promenade ce matin. La moitié des détenus n’ont pas eu accès aujourd’hui  à leur cantine (les produits qu’ils achètent). On a moins de temps pour se doucher, les conditions de détention ressemblent depuis avril-mai à celles d’une maison d’arrêt », a expliqué Julien (*), 23 ans, un détenu joint hier à l’intérieur.

« Il me reste peu de temps à faire, mais si ce n’était pas le cas je demanderais mon transfert dans un autre établissement, car les conditions deviennent inacceptables. »

Certaine presse  demande : « comment expliquer ces émeutes rapprochées à Châteaudun, alors qu’une autre était survenue lundi 19 août dans la maison d’arrêt de Blois ? (Une soixantaine de détenus avaient mis à sac un secteur de la prison après la mort d’un détenu en cellule.)

« De nombreux détenus qui étaient à l’origine de la mutinerie de Blois ont été transférés là. Ils ont certainement voulu remettre ça, explique Olivier Caquineau, secrétaire général adjoint du syndicat Snepap. La crainte, c’est que les mutineries se répandent. « 

(…) Cette double mutinerie n’« étonne pas du tout » François Korber, délégué général de l’association de défense des prévenus Robin des lois. Elle est selon lui symptomatique du « concentré de l’ultraviolence » qu’accueille la prison. « Depuis dix ans se déverse là toute la misère de l’Ile-de-France.(… ) souligne l’ex-détenu de Châteaudun.

(…)

La DAP refuse le terme de « mutinerie » pour Châteaudun et préfère celui d’« émulation ».

Surpeuplées, les prisons franciliennes comme Fresnes renvoient régulièrement leurs détenus purger leurs peines dans ce centre.* »

(…)

(Un centre de détention accueille des personnes condamnés a qui il reste à faire une peine d’un an ou moins. A ce titre, les CD sont censés donner un régime de détention qui celon les termes sont censé être tourné vers  la « resocialisation » des détenus !! Mais comment peut-on « socialiser » quelqu’un en le maintenant enfermé ?   )

 
*Source :

(*) Le prénom a été changé.
 Source 1 en date du 21/ 22 Aout: http://www.lechorepublicain.fr/eure-et-loir/actualite/pays/pays-dunois/2013/08/22/mutineries-a-la-prison-de-chateaudun-la-violence-est-montee-dun-cran-par-rapport-a-mardi-1664386.html
2 : http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/08/24/au-sein-de-la-prison-de-chateaudun-un-concentre-d-ultraviolence_3465877_3224.html
 
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Mayotte: Un prisonnier met le feu à son matelas, Un codétenu meurt

Un homme emprisonné à Mayotte a provoqué la mort par asphyxie d’un de ses codétenus en mettant le feu à son matelas dans la nuit de jeudi à vendredi, a-t-on appris de source préfectorale.
Le drame s’est produit à la maison d’arrêt de Majicavo (nord de Mayotte) 

Le drame s’est produit à la maison d’arrêt de Majicavo (nord de Mayotte), dans une cellule prévue pour douze personnes et occupée par neuf.

(…)

Après le sinistre, les neuf occupants de la cellule ont été transférés dans la nuit au centre hospitalier de Mamoudzou, chef–lieu du département. Plusieurs étaient légèrement blessés mais un détenu asphyxié n’a pu être ranimé et a succombé. La victime âgée de 20 ans était  incarcérée en exécution d’une peine de douze mois d’emprisonnement  pour des faits de violence.

Autopsie obligatoire en cas de décès en détention

Un examen du corps du défunt devait avoir lieu vendredi dans l’après midi  dans l’attente d’une autopsie qui interviendra ultérieurement ; les autopsies étant obligatoires en matière de décès en détention.

« Les détenus souffraient de l’inhalation de fumée et des brûlures qui se sont révélées légères. Au centre hospitalier de Mayotte, les soins leur ont été dispensés et ils ont été mis sous oxygène pour remettre en place leur respiration », a également indiqué le secrétaire général de la préfecture, François Chauvin.

« Les sept autres détenus ont réintégré la prison de Majicavo vendredi avec des ITT allant de 0 jour pour ceux qui n’avaient aucune trace et qui avaient inhalé le moins de fumée possible  et 6 jours pour ceux qui sont les plus grièvement  blessés puisque certains sont brûlés mais ce sont des brûlures légères », a ajouté pour sa part Hélène Bigot, vice procureure de la république.

Réclusion criminelle à perpétuité

L’auteur de l’incendie a été mis en garde en vue dans un premier temps mais celle – ci  a été levée vendredi en début d’après-midi pour des raisons médicales.

« Le détenu mis en cause souffre des suites de l’incendie. Il a été ramené à l’hôpital mais il sera réentendu prochainement au cours d’une nouvelle garde à vue à l’issue de laquelle le parquet envisage d’ouvrir une information judiciaire du chef de destruction volontaire par incendie ayant entraîné la mort… Ce détenu mis en cause encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Agé d’une vingtaine d’années, il était en exécution de différentes peines d’emprisonnement dont une de six ans d’emprisonnement  « , a déclaré la vice-procureure Hélène Bigot à l’AFP.

Enquête confiée à la gendarmerie de Mamoudzou

Elle a indiqué également que l’ ‘enquête a été confiée à la brigade de gendarmerie de Mamoudzou avec le soutien technique de la section de recherche de la gendarmerie de Mayotte.

«  L’enquête permettra de confirmer qu’effectivement c’est bien un détenu spécifiquement visé qui a volontairement mis le feu. Pour l’ instant l’enquête est en cours. L’ensemble des détenus victimes a été entendu, il en est de même pour l’ensemble des acteurs qui sont intervenus notamment  les gardiens de prison », a dit la vice procureure de la république.

 

Source : http://mayotte.la1ere.fr/2013/08/23/mayotte-un-prisonnier-met-le-feu-son-matelas-un-codetenu-meurt-57291.html     
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« Révolte » à la prison de Bois d’Arcy et ailleurs

Une vingtaine de détenus de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy dans les Yvelines ont refusé jeudi 22 Août matin de regagner leurs cellules, se plaignant du manque d’efficacité des équipes médicales de la prison.

Jeudi vers 10h, 22 détenus de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy dans les Yvelines se trouvaient en salle de sport. « Ils ont prétexté qu’un des leurs avait un malaise et se sont plaints du fait que les équipes médicales mettaient trop de temps à intervenir », a indiqué le délégué général de FO Pénitentiaire, Jérôme Nobécourt.

« Ils ont refusé de réintégrer leurs cellules, malgré plusieurs négociations avec des responsables de la prison« , a ajouté une autre source syndicale. Les équipes régionales de sécurité (Eris) sont intervenues et tout est rentré dans l’ordre vers 13h30. « Il n’y a eu aucun blessé et les dégradations sont minimes », a souligné la seconde source syndicale. Un détenu récalcitrant a été conduit au quartier disciplinaire.

Cet incident intervient dans un climat de tension dans les prisons françaises depuis le début de la semaine. Lundi, une soixantaine de détenus avaient saccagé un secteur de la maison d’arrêt de Blois, à la suite de la découverte d’un détenu mort le matin même. Mardi et mercredi, deux tentatives de mutinerie, impliquant une vingtaine de personnes, ont eu lieu au centre pénitentiaire de Châteaudun (Eure-et-Loir).

Source: http://lci.tf1.fr/france/faits-divers/bois-d-arcy-une-vingtaine-de-detenus-refusent-de-reintegrer-leur-8251331.html
 

«En prison, la tension est telle que le moindre événement peut déclencher des violences»

L’inquiétude est marquée pour l’Observatoire international des prisons (OIP) qui voit des «problèmes de fond» dans ces émeutes. «Les mutineries sont essentiellement dues à l’interdiction de moyens d’expression pacifiques pour les détenus», détaille Sarah Dindo, la directrice de l’OIP, rappelant que les pétitions leur sont interdites. «En prison, la tension est telle que le moindre événement peut déclencher des violences», ajoute-t-elle.

«Les détenus n’ont pas le même comportement quand ils sont dans une cellule individuelle ou quand ils la partagent à deux ou trois», détaille Jérôme Nobécourt délégué général du syndicat de surveillant FO pénitentiaire. «La promiscuité due à la surpopulation carcérale est difficile à gérer au quotidien». Sarah Dindo confirme: «Vivre à trois dans une cellule de 9m2 et ne sortir que trois heures par jour, à cause de la baisse d’activité hors cellule l’été, n’apaise pas les détenus».

Le surveillant Jérôme Nobécourt note aussi un effet «boule de neige»: «l’info est relayée par les médias, tous les détenus ont des télés, voire des téléphones portables, et sont donc très au courant de ce qu’il se passe dans chaque prison du pays».

 

Source :http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/08/24/01016-20130824ARTFIG00199-une-semaine-de-mutineries-dans-les-prisons-francaises.php

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Assata Shakur parle depuis l’exil

Brochure sur une interview d’Assata Shakur accordée en 1997 à Christian Parenti et traduite par le collectif Angles Morts.

Téléchargez la brochure en PDF ici:

brochure_assata_shakur_parle_depuis_l__exil.pdf Brochure-Assata Shakur parle depuis l’exil.pdf  (220.78 Ko)

La militante noire américaine Assata Shakur est mal connue, voire inconnue en France. Dans une interview accordée en 1997 à Christian Parenti, un journaliste et sociologue états-unien, et publiée en mars 1998 dans Z Magazine sous le titre « Assata Shakur speaks from exile. Post-modern maroon in the ultimate palenque », elle revient sur sa trajectoire politique, sur l’expérience de la traque policière et de la prison, sur son évasion puis son exil à Cuba.

La traduction de cet entretien vise à faire connaître Assata Shakur en France, et à travers elle un pan occulté du mouvement de libération noir, en rendant accessibles en français des textes courts : entretiens, lettres ouvertes, témoignages.
Joanne Deborah Byron, devenue Joanne Chesimard après son mariage, est plus connue sous son nom africain : Assata Olugbala Shakur. Née le 16 juillet 1947 à New York aux États-Unis, celle qui deviendra la marraine du rappeur Tupac Shakur fut une membre active de la section de Harlem du Black Panther Party (BPP) puis de la Black Liberation Army (BLA). Cette dernière, passée du modèle d’auto-défense armée du BPP à la lutte armée, émerge après l’hécatombe dans les rangs des radicaux noirs due à la répression d’État, et notamment au COINTELPRO, un programme d’infiltration, de répression et d’assassinats ciblés dirigé contre les mouvements radicaux noirs, latinos et amérindiens. Formée en 1970, la BLA devient véritablement active à partir de la scission au sein du BPP en 1971. Elle se présente comme un groupe anti-capitaliste, anti-impérialiste, anti-raciste et anti-sexiste, luttant pour « l’institution de relations socialistes dans lesquelles le peuple noir aurait un contrôle total et absolu sur son propre destin en tant que peuple ».

La BLA mènera entre autres une campagne défensive et offensive contre les violences policières comme l’avaient fait les Black Panthers et procédera à des exécutions ciblées de policiers pour protester contre des crimes policiers ou des morts en détention.

Assata Shakur rejoint le BPP lorsqu’elle a 23 ans, avant de s’engager dans la BLA la même année, en 1970. Son militantisme au sein des Black Panthers n’était pas dénué de critiques, sur la réponse armée à opposer à la répression et aux assassinats ciblés ou encore sur la faible importance accordée à l’histoire noire : « Ils lisaient le petit livre rouge mais ne savaient pas qui étaient Harriet Tubman, Marcus Garvey et Nat Turner. Ils parlaient d’intercommunalisme mais continuaient à croire que la Guerre Civile avait été menée pour libérer les esclaves ».

En 1971, elle est arrêtée une première fois, à la suite d’une altercation avec un client d’un hôtel de Manhattan, altercation au cours de laquelle elle reçoit une balle dans le ventre. Elle est arrêtée et inculpée de tentative de vol, de violences et de port d’arme prohibée, avant dêtre libérée sous caution. Elle est ensuite soupçonnée d’avoir participé à une série de braquages (des « expropriations révolutionnaires » comme préférait les appeler la BLA) et d’avoir blessé un policier. En 1972, le FBI lance une traque à travers tout le territoire afin de capturer celle qu’il présente comme la dirigeante d’une organisation ayant commis « une série de meurtres de sang-froid contre des officiers de la police de New York ». On découvrira par la suite qu’Assata Shakur avait été prise pour cible par un programme de répression du FBI nommé CHESROB, destiné à « attribuer à l’ancienne Panther new-yorkaise Joanne Chesimard presque la totalité des braquages de banque et des crimes violents impliquant une femme sur la côte est. » Assata Shakur est condamnée à la prison à perpétuité en 1973 pour le meurtre présumé d’un agent de la police d’État du New Jersey.

Le 2 novembre 1979, elle réussit à s’évader de prison, après y avoir subi des tortures qu’elle dénonce dans le texte « Women In Prison : how it is with us ». En cavale et en clandestinité pendant plusieurs années, elle finit par demander le statut de réfugié politique auprès de Fidel Castro, qu’elle obtient en 1984, et s’installe officiellement à Cuba. La traque d’Assata Shakur par le FBI se poursuit. Qualifiée en 2005 de « terroriste intérieure » (« domestic terrorist »), elle devient la première femme à entrer dans la liste des terroristes les plus recherchés par le FBI au mois de mai 2013. 2 millions d’euros sont promis pour sa capture.

Collectif Angles Morts
anglesmorts@gmail.com

Introduction de Christian Parenti

Que sont devenus les anciens Black Panthers ?

Certains sont morts, comme Huey P. Newton. D’autres ont rejoint les « Moonies » (1) ou le Parti républicain, comme Eldridge Cleaver. D’autres encore, comme Mumia Abu Jamal, croupissent en prison. Mais une poignée d’entre eux, comme Assata Shakur, a suivi les traces des « marrons », ces anciens esclaves en fuite qui parvenaient à s’échapper des plantations pour rejoindre les communautés libres installées dans la jungle appelées « Palenques ».
Il y a 20 ans, Shakur était considérée comme « l’âme de la Black Liberation Army », un groupe armé clandestin qui avait émergé des décombres des sections de la côte est du Black Panther Party. Afeni Shakur, la mère de Tupac Shakur, était l’une de ses plus proches camarades politiques. Contrainte à la clandestinité en 1971 par des accusations qui se révélèrent fallacieuses par la suite, Assata fut accusée d’être la « prêtresse » des membres de la BLA ; la « reine mère qui les rassemblait, les poussait à l’action, les exhorter à tirer ». Au nombre des faits reprochés à la BLA, on compte l’assassinat de presque 10 policiers, l’enlèvement de trafiquants de drogue (dont l’un d’entre eux se révéla être un agent du FBI), et des braquages de banques à travers tous les États-Unis.
Tout au long des années 1971 et 1972, les prétendues apparitions d’Assata et les rumeurs folles sur ses faits d’armes ont régulièrement fait la Une des tabloïds new-yorkais. L’année suivante, en 1973, alors qu’ils circulent sur le New Jersey Turnpike (2), la police d’État intercepte le véhicule où se trouvent Shakur et deux de ses amis. Pendant l’interpellation, une fusillade éclate. Un policier et un membre présumé de la BLA sont tués, un second policier est légèrement blessé. Assata – que les autorités préfèrent appeler Miss Joanne Chesimard – est grièvement blessée par le tir d’un policier. Laissée pour morte au fond d’un fourgon de police, elle ne survécut que pour être accusée de la mort du policier et être condamnée à la prison à perpétuité.
Au cours des six années suivantes, passées pour l’essentiel à l’isolement, six nouveaux chefs d’inculpation viendront s’ajouter. En 1979, après avoir donné naissance à sa fille en prison — l’administration pénitentiaire lui retira moins d’une semaine plus tard -, elle réussit l’une des évasions les plus spectaculaires de l’époque. Après avoir passé près d’un an dans une prison fédérale pour femmes de Virginie-Occidentale, cernée par des suprématistes blanches de la « Aryan Sisterhood », Assata Shakur fut transférée dans le quartier de haute sécurité [« maximum security wing »] d’une prison d’État, le Clinton Correctional Center dans le New Jersey. Elle faisait partie des huit prisonnières sous surveillance maximale, enfermées dans des cellules étroites et grillagées. Le reste de la prison, y compris la partie destinée aux visiteurs, était de sécurité moyenne [« medium security »] et dépourvu de grilles.
Si l’on en croit la presse de l’époque, l’évasion de Shakur le 2 novembre se déroule ainsi : trois hommes — deux Noirs, un Blanc – demandent un permis de visite quatre semaines à l’avance, comme le prévoit le règlement de la prison, avec de faux permis de conduire et de fausses cartes de sécurité sociale. Les fonctionnaires de la prison n’effectuent cependant pas les contrôles habituels. Le jour de l’évasion, l’équipe des trois hommes se retrouve dans la salle d’attente, à l’entrée de la prison, où ils passent par l’enregistrement avant d’être conduits en fourgon jusqu’à la salle des visites, dans l’aile sud de la prison. Un des membres de l’équipe marche en tête. Malgré la pancarte qui indique que tout visiteur doit être soumis au détecteur de métaux manuel, il réussit à passer l’enregistrement sans même être fouillé.
Les deux autres hommes sont inscrits sur le registre sans être fouillés. Alors qu’ils allaient être placés dans la zone réservée aux visites, grillagée et pourvue de portes en acier verrouillées, l’un d’eux brandit une arme et prend la gardienne en otage. Pendant ce temps-là, l’homme censé rendre visite à Shakur se précipite vers le poste de contrôle, braque deux pistolets sur le mur vitré et ordonne à la gardienne d’ouvrir la porte en acier. Elle s’exécute.
De là, Shakur et le « commando », ainsi qu’ils furent surnommés dans certains journaux, prennent un troisième garde en otage et rejoignent la fourgonnette garée. Seul le quartier de haute sécurité de la prison était entièrement grillagé, ce qui explique que l’équipe en fuite a été en mesure de traverser rapidement la prairie verdoyante qui débouche sur le parking de la Hunterdon State School. Là ils retrouvent deux femmes complices puis se séparent, les uns partant dans une « berline bleue bicolore », les autres dans une Ford Maverick.
Les autorités mèneront la chasse pendant les cinq années qui suivront, en vain. Shakur s’est évaporée. Nombreux sont ceux qui attestent que les cadres de la BLA ont été harcelés durant cette période, parmi eux Mutula Shakur, l’oncle de Tupac. On retrouve la trace d’Assata en 1984, à 150 km au large des côtes de Floride. La fugitive la plus recherchée par le FBI vivait en fait à Cuba. Elle y étudiait pour obtenir un master en sciences politiques, écrivait son autobiographie et élevait sa fille.
Nous sommes en 1997. C’est un après-midi extrêmement chaud à la Havane, Cuba, le dernier Palenque. Je bois un café noir, serré, avec Assata Shakur. Elle vient de fêter ses 50 ans mais en fait plutôt 36. C’est une femme très discrète, sa sécurité demeurant une préoccupation de tous les instants. Elle termine alors son deuxième livre. Sachant combien les fédéraux souhaitent voir cette femme enfermée, cela me fait un drôle d’effet d’être reçu chez elle, comme si ma présence constituait une brèche dans sa sécurité.

1. NdT : « Moonies » est le surnom donné aux adeptes de l’Unification Church, un mouvement religieux né dans les années 1950 en Corée du Sud. Ce surnom vient du nom de son fondateur Sun Myung Moon.
2. NdT : Le New Jersey Turnpike est une autoroute traversant l’État du New Jersey.

Entretien avec Assata Shakur

P : Comment êtes-vous arrivée à Cuba ?
S : Et bien, vous savez, je ne pouvais pas simplement écrire une lettre et dire « Cher Fidel, j’aimerais venir dans votre pays ». Je devais donc m’y rendre directement et attendre que les Cubains me répondent. Par chance, ils avaient déjà une idée de qui j’étais. Ils avaient pris connaissance de mes mémoires et des pétitions aux Nations Unies rédigées du temps où j’étais prisonnière politique. Ils étaient bien informés sur mon affaire et m’ont donné le statut de réfugiée politique. Je suis donc ici en exil, en tant que militante politique.

P : Qu’avez-vous ressenti à votre arrivée ici ?
J’étais vraiment bouleversée. J’avais beau me dire socialiste, j’avais des préjugés délirants, idiots, sur Cuba. Comprenez-moi, j’ai grandi dans les années 50, en ce temps-là les enfants se cachaient sous leurs pupitres quand on leur disait « les communistes arrivent ». Donc même si je soutenais clairement la révolution, je m’attendais à voir les gens se balader en treillis vert comme Fidel, et à ce qu’ils parlent d’une manière très stéréotypée, du style : « la révolution doit continuer Compañero. En avant pour la victoire Camarade. » Une fois sur place, j’ai vu que les Cubains étaient simplement des gens qui faisaient ce qu’ils avaient à faire comme là d’où je viens. Ce pays a un sens de la communauté très poussé. Contrairement aux États-Unis, les gens d’ici sont beaucoup moins isolés. Ils sont vraiment proches les uns des autres.
Par ailleurs, je ne savais pas qu’autant de Noirs vivaient à Cuba et qu’existait toute cette culture afro-cubaine. L’image que j’avais de Cuba se résumait au Che Guevara et à Fidel Castro. Je n’avais jamais entendu parler d’Antonio Maceo [héros de la guerre d’indépendance cubaine], ni des autres Africains qui ont joué un rôle important dans l’histoire cubaine.
Je fus également frappée par l’absence de noms de marques et de consumérisme. Allez dans un magasin et vous y trouverez un sac de « riz ». Cela a complètement remis en cause ce que je considérais comme acquis dans ces endroits absurdes où les gens parlent ainsi : « je ne mange que de l’Oncle untel ou telle autre marque de riz ».

P : Avez-vous été bien reçue par le régime cubain ?
Ils m’ont très bien accueillie. Ce fut différent de ce à quoi je m’attendais, je pensais qu’ils seraient plus pressants. Ils étaient bien plus intéressés par ce que je voulais entreprendre, par mes projets. Je leur ai expliqué que la chose la plus importante pour moi était de retrouver ma fille et d’écrire un livre. Ils m’ont répondu : « de quoi as-tu besoin ? ». Ils étaient également intéressés par ma vision de la lutte des Africains aux États-Unis. Cela m’a beaucoup impressionné. Car j’ai grandi, pour ainsi dire, dans un mouvement qui avait alors affaire aux Blancs de gauche. Eux se prenaient pour les chefs et voulaient toujours nous expliquer ce que nous devions faire, ils étaient persuadés de tout savoir. L’attitude des Cubains était marquée par la solidarité et le respect. Ce fut une profonde leçon de coopération.

P : Vous ont-ils présenté à des gens ? Vous ont-ils servi de guides pendant un temps ?
Ils m’ont mis à disposition un dictionnaire, un appartement, m’ont fait visiter quelques sites historiques, après quoi je me suis plus ou moins débrouillée par moi-même. Ma fille a fini par me rejoindre, après un harcèlement prolongé et un refus de passeport. Elle est devenue ma priorité. Nous avons découvert les écoles cubaines ensemble, nous avons fait la sixième ensemble, exploré les parcs et les plages.

P : Elle vous avait été retirée à la naissance, n’est-ce pas ?
Oui. À Cuba, vous pouvez allaiter en prison, et ils travaillent de manière très rapprochée avec la famille des détenus. Aux États-Unis, certaines mères n’ont même jamais vu leur nouveau né. Cela ne faisait qu’une semaine que j’étais avec ma fille lorsqu’ils m’ont renvoyée en prison. Cette séparation fut l’une des périodes les plus difficiles de ma vie. Je ne réussis à en parler que depuis peu. Je me devais de le refouler, sans quoi je serais devenu folle. Lorsque j’ai réussi à m’évader, en 1979, elle n’avait que cinq ans.

P : Vous êtes arrivée à Cuba combien de temps après votre évasion ?
Cinq ans après, en 1984.

P : La question est certainement déplacée, mais où étiez-vous entre 1979 et 1984 ?
Je vivais en clandestinité. Je ne parle jamais de cette période car le faire mettrait en danger des personnes qui m’ont aidée.

P : D’accord, je comprends. Vous nous avez parlé de votre adaptation à la vie cubaine, pouvez-vous nous parler de votre adaptation à l’exil ?
L’exil, pour moi, signifie me séparer des gens que j’aime. Les États-Unis en eux-mêmes ne m’ont jamais manqué et ne me manquent pas. Mais la culture noire, la vie des Noirs aux États-Unis, cette saveur afro-américaine me manque. Le parler, les mouvements, le style, je suis nostalgique de tout cela.
S’adapter à l’exil signifie se confronter à l’idée que vous ne pourrez peut-être jamais revenir chez vous. Pour y faire face, psychologiquement, je pensais à l’esclavage. Tout esclave devait faire face à l’idée suivante : « je ne reverrai sans doute jamais l’Afrique ». Un marron, un esclave en fuite, au moment même où il se libère, doit accepter le fait qu’être libre ou se battre pour sa liberté signifie : « je serai séparé de ceux que j’aime ». Je puisais là-dedans et dans l’exemple de gens comme Harriet Tubman et de tous ceux qui ont réussi à échapper à l’esclavage. Parce que c’est bien à cela que ressemblait la prison. La prison ressemblait à l’esclavage. On s’y sent comme en esclavage. Des Noirs et des personnes de couleurs enchaînées. La manière dont j’étais traitée en prison, c’était de l’esclavage. Si vous vous levez et dites : « Je n’accepte pas le statu quo », ils répondent : « Nous avons quelque chose pour vous : un fouet, des chaînes, une cellule ».
Même une fois libre, je me disais « je suis libre, et maintenant ? ». Il me fallait m’habituer à beaucoup de choses : vivre dans une société engagée sur la voie de la justice sociale, un pays du tiers-monde avec de nombreux problèmes. Cela m’a pris un certain temps pour comprendre tout ce contre quoi les Cubains se dressent, et réaliser pleinement tout ce qu’ils essaient de construire.

P : L’africanité de Cuba vous a-t-elle aidée ? Vous a-t-elle procuré du réconfort ?
La politique fut la première source de réconfort. Ce fut un grand soulagement. Vous savez, aux États-Unis, on se sent submergé par les messages négatifs, on se sent bizarre, comme si vous étiez la seule à ressentir toute cette douleur et cette inégalité. Les gens vous disent : « Oublie tout ça, essaie seulement de t’enrichir, sois sans pitié, prend ce qui te reviens, achète, dépense, consomme ». Donc vivre ici m’a permis de m’affirmer, je me disais : « d’accord, il existe en effet beaucoup de personnes révoltées par l’injustice ».
La culture africaine, je l’ai découverte plus tard. J’ai d’abord appris sur la politique, le socialisme, sur ce que cela signifiait de vivre dans un pays où tout appartient au peuple, où les soins médicaux et les médicaments sont gratuits. Ensuite, j’ai commencé à étudier les religions afro-cubaines, la Santería, le Palo Monte, l’Abakuá. Je voulais comprendre les cérémonies et la philosophie. J’ai réalisé à quel point
nous, les Noirs des États-Unis, avons été dépossédés. Que l’on pense aux tambours, aux percussions ou aux danses. À Cuba, ils connaissent encore des rites préservés depuis le temps de l’esclavage. C’était comme retrouver une autre partie de moi-même. Je devais trouver un nom africain. Je suis toujours à la recherche de cette Afrique à laquelle j’ai été arrachée. Je l’ai trouvée ici dans tous les aspects de la culture. Il y a une tendance à réduire l’africanité de Cuba à la Santería. Mais elle est présente dans la littérature, la langue, la politique.

P : Avec la chute de l’URSS, aviez-vous peur d’une contre-révolution à Cuba, et par extension, avez-vous craint pour votre propre sécurité ?
Oui, bien sûr. J’aurais été folle de ne pas m’inquiéter. Des gens venaient depuis les États-Unis pour me dire : « Combien de temps penses-tu qu’il reste à la révolution, deux, trois mois ? Crois-tu vraiment que la révolution va survivre ? Tu ferais mieux de partir d’ici. » C’était difficile.
Les Cubains se plaignaient tous les jours, ce qui est normal. Je veux dire, qui ne se plaindrait pas à leur place ? La situation alimentaire était très mauvaise, beaucoup plus mauvaise que maintenant, aucun transport public, des coupures d’électricité qui duraient huit heures. On s’asseyait dans le noir et on se demandait : « Jusqu’à quand les gens vont-ils supporter ça ? ». J’ai été en prison, et j’ai vécu aux États-Unis, je peux supporter presque tout. Je sentais que je pouvais survivre à n’importe quoi, sauf au débarquement de l’impérialisme états-unien et à ce qu’ils prennent le contrôle de l’île. C’est la seule chose à laquelle je n’aurais pas pu survivre.
Par chance, de nombreux Cubains ressentaient la même chose. Les gens ont beaucoup pris sur eux-même à cette époque, avec des heures d’attente aux arrêts de bus pour se rendre au travail. Ce n’était pas facile. Mais il ne s’agit pas d’une révolution superficielle, imposée. C’est une de ces révolutions courageuses. Une de ces révolutions obtenues dans le sang, la sueur et les larmes. Une de ces révolutions où les gens clament : « Nous n’avons pas l’intention de retourner au temps des plantations. Nous n’avons que faire de votre Oncle Sam, nous n’avons que faire de vos missiles téléguidés, des manoeuvres de votre sale, votre immonde CIA. Nous sommes cette île de 11 millions d’habitants et nous ne voulons pas vivre de la manière que vous voulez que nous vivions, et si vous n’êtes pas contents, allez voir ailleurs. » Avec ces mots, nous étions plus forts. Bien sûr, tout le monde ne ressentait pas les choses ainsi, mais un grand nombre oui.

P : Que pouvez-vous nous dire sur la question raciale et le racisme à Cuba ?
C’est une question cruciale. La révolution a débuté il y a environ 30 ans. Il serait absurde de croire que les Cubains auraient pu complètement se débarrasser du racisme en si peu de temps. Le socialisme n’est pas une baguette magique qu’il suffirait d’agiter pour que tout change.

P : Pouvez-vous nous en dire plus sur les succès et les échecs de la révolution sur ce point ?
Je ne connais aucun quartier qui soit ségrégué ici. Un autre exemple : le troisième Congrès du Parti communiste cubain s’est focalisé sur la tâche suivante, faire en sorte que la direction du parti reflète le nombre réel de personnes de couleur et de femmes présentes dans le pays. Malheureusement, le quatrième congrès a complètement redéfini ses priorités pour se recentrer sur la survie de la révolution. Lorsque l’Union Soviétique et le camp socialiste se sont effondrés, Cuba a perdu 85 % de ses revenus. Cela prendra du temps, mais je pense honnêtement que de nombreux changements dans la culture sont encore possibles. Certaines personnes parlent encore de « bons cheveux » et de « mauvais cheveux ». Certaines personnes pensent que c’est bien d’avoir la peau claire, que si elles se marient avec une personne claire, alors elles améliorent la race. De nombreuses contradictions persistent dans l’esprit des gens. Il faut encore lutter contre l’eurocentrisme dans l’éducation, bien que Cuba soit déjà en avance sur ce plan par rapport au reste du monde. Pour être juste, je pense que les relations raciales sont vingt fois meilleures à Cuba qu’aux États-Unis, et je crois que la révolution est déterminée à éliminer le racisme
complètement.
Je pense aussi que la « période spéciale (3) » a changé la situation à Cuba. Elle a provoqué l’arrivée de nombreux touristes blancs, parmi lesquels beaucoup sont racistes et s’attendent à un accueil servile.
Il y a aussi les entreprises, avec le système des « joint-ventures (4) », qui amènent avec elles leurs idées et leurs pratiques racistes, comme le fait d’engager très peu de Noirs. Tout cela signifie que la révolution doit être plus vigilante que jamais dans l’identification du racisme et des moyens pour le combattre.

P : Un reproche que l’on entend souvent, même au sein de la gauche, pointe l’existence, encore aujourd’hui, d’un racisme institutionnel à Cuba. Est-ce vrai ? Rencontre-t-on des pratiques racistes dans l’attribution des logements, du travail, ou dans la justice pénale ?
Non. Je ne pense pas que le racisme institutionnel en tant que tel existe à Cuba. En même temps, les gens ont leurs propres préjugés. Évidemment, ces gens avec des préjugés doivent bien travailler quelque part, et doivent avoir de l’influence dans les institutions pour lesquelles ils travaillent. Mais je crois qu’il est trop rapide de dire que le racisme est institutionnalisé à Cuba.
Je suis convaincue que nous avons besoin d’une campagne permanente pour éduquer les gens, les sensibiliser et analyser le racisme. La lutte contre le racisme s’est toujours jouée à deux niveaux : au niveau du politique et des politiques publiques, et au niveau de la conscience de chaque individu. Une des choses qui influence les idées sur la race à Cuba est que la révolution a eu lieu en 1959, à un moment où le monde n’avait qu’une compréhension limitée de ce qu’était le racisme. Durant les années soixante, le monde a vu émerger le mouvement du Black Power, dont j’ai largement bénéficié. C’était le moment du « Black is Beautiful », et de l’exploration de l’art africain, de la littérature et de la culture africaines. À Cuba, ce processus n’a pas vraiment eu lieu. Au fur et à mesure des années, la révolution avait accompli tant de progrès que la plupart des gens pensait le racisme disparu. Un exemple : je dirais que plus de 90 % des Noirs diplômés l’ont été grâce à la révolution. Ces derniers ont vécu une période historique bien particulière. L’enjeu principal, pour de bonnes raisons, résidait dans l’unité entre Blancs et Noirs afin de sauver la révolution. C’est seulement maintenant que les universitaires commencent à s’intéresser aux politiques de l’identité.

P : Quel regard portez-vous sur les différentes situations de vos anciens camarades ? Je pense aux récentes libérations de Geronimo Pratt, de Johnny Spain et de Dhoruba Bin Wahad, au travail qu’ont poursuivi Angela Davis et Bobby Seale ; et, côté négatif, à la trajectoire politique d’Elridge Cleaver et la mort de Huey Newton ?
Il y a eu des victoires. Et ces victoires sont le fruit d’un travail acharné. Cela a pris beaucoup de temps. Cela a pris 27 ans à Geronimo et 19 ans à Dhoruba pour prouver leur innocence et qu’ils étaient bien victimes du COINTELPRO. Le gouvernement a reconnu qu’il pilotait le COINTELPRO, mais a refusé d’admettre avoir persécuté qui que ce soit. Comment cela est-il possible ? Je pense qu’aux États-Unis on devrait se battre pour la libération de Mumia Abu Jamal et pour l’amnistie de tous les prisonniers politiques. Le fait que ces luttes soient délaissées reflète non seulement la faiblesse de la gauche, mais aussi son racisme.
Parmi les aspects positifs, je pense que beaucoup de gens mûrissent et guérissent. Beaucoup d’entre nous analysent pour la première fois la manière dont nous avons été blessés. Pas seulement en tant qu’Africains, mais en tant que peuple, qui était, et qui est encore, soumis à la terreur et à la surveillance. Nous sommes enfin en mesure de nous rassembler et de reconnaître que la répression était réelle, et nous pouvons affirmer que « nous avons besoin de guérir. » J’ai de l’espoir pour tous ceux qui se sont épuisés ou sont tombés dans la drogue ou l’alcool, pour toutes les victimes tombeés au cours de notre lutte. Étant donné l’ampleur de ce contre quoi nous nous sommes dressés, et nous dressons toujours, je pense que nous avons fait de notre mieux.

P : Quel rôle pensez-vous que joue le Rap aujourd’hui dans le mouvement pour la justice sociale ?
Le Hip Hop peut être une arme très puissante pour élargir la conscience politique et sociale des jeunes. Mais à l’image de n’importe quelle autre arme, si tu ne sais pas comment t’en servir, si tu ne sais pas quoi cibler, ou si tu ne sais pas pourquoi tu utilises cette arme, tu peux finir par te tirer une balle dans le pied ou tuer tes propres frères et soeurs. Le gouvernement a tout de suite réalisé l’énorme potentiel révolutionnaire du Rap. Certains politiques ont pris le train en marche pour attaquer des rappeurs comme Sister Soldier ou NWA. De nombreux corps policiers ont exprimé ouvertement leur hostilité envers les artistes rap à travers tout le pays. À leurs yeux, la plupart des rappeurs peuvent être rangés dans la catégorie des criminels potentiels, des tueurs de flics ou des personnes subversives.
Si vous ne croyez pas au fait que le FBI possède de vastes dossiers sur chaque rappeur connu, c’est que vous devez probablement encore croire au lapin de Pâques ou à la petite souris. C’est un fait avéré que de nombreux rappeurs sont sous surveillance policière constante.

P : Il y a eu des spéculations sur le fait que Tupac ait pu être piégé quand il a été accusé de viol. Il y fait référence dans l’une de ses chansons. Pensez-vous qu’il existe un programme COINTELPRO contre les rappeurs ?
C’est possible, absolument. Diviser pour mieux régner c’est ce que le FBI sait faire de mieux. L’histoire le prouve. Le FBI a fomenté la division du Black Panther Party. La police et le gouvernement ont monté les organisations les unes contre les autres, les gangs entre eux, les leaders entre eux. Maintenant il existe cette opposition entre la Côte Est et la Côte Ouest.
Nous avons débarqué des mêmes bateaux, nous avons été réduits à l’esclavage dans les mêmes plantations, et nous avons tous été opprimés, brutalisés et enfermés ensemble, par millions. Quel sens cela a-t-il de nous battre les uns contre les autres ? Donc oui, j’ai la conviction que le gouvernement encourage des combats fratricides, et je ne serais pas surprise de découvrir qu’ils ont organisé plus d’un coup monté contre Tupac.

P : Que pensez-vous de la musique de Tupac ?
Je pense que Tupac était un génie. J’aime sa musique, même lorsque je ne suis pas d’accord avec ce qu’il dit ou les espaces dans lesquels il évoluait. Il avait cette capacité de toucher à tant de choses viscérales, des choses que la plupart des gens n’arrivent pas même à identifier, et encore moins à exprimer.

P : Que pensez-vous de la contradiction entre le rôle qu’il a pu jouer en tant qu’enfant du mouvement d’un côté, et son rôle de rappeur gangsta de l’autre ?
Cette conscience contradictoire dont vous parlez existe partout. Malheureusement, ce n’est pas nouveau. Dans les années soixante et soixante-dix des personnalités comme Huey Newton et Elridge Cleaver incarnaient clairement des aspects de cette confusion en mélangeant politique révolutionnaire et gangsterisme. La machine à détruire les esprits fonctionne peu à peu, et nous amène à préférer courir après l’argent et le pouvoir plutôt qu’après la justice. Nous avons tous plus ou moins subi un lavage de cerveau et été désorientés.
Qui que tu sois, Hollywood s’est immiscé dans ton esprit. L’acte de se libérer a beaucoup à voir avec se défaire de ce lavage de cerveau. J’entends tous ces rappeurs parler de « rester vrai » [« keep it real »]
tout en vendant des fantasmes de gloire. Je pense aux clips de Rap tournés dans des boîtes de nuit à la mode, des casinos, dans de grandes maisons louées, autour de piscines louées, de yacht loués, d’avions privés loués, d’hélicoptères loués. La plupart des gens dans le rap business arrivent à peine à s’en sortir.
Tupac était une exception. Il n’avait que 25 ans quand il est mort, et ce qui me rend le plus triste c’est l’absence de communauté solide de révolutionnaires africains pour le protéger et l’aider à s’instruire. Ceux qui l’aimaient ont fait ce qu’ils ont pu, mais ils étaient en concurrence avec des influences très puissantes, séduisantes et négatives.
En tant que mouvement, je pense que nous devons nous impliquer plus dans l’éducation des jeunes et les soutenir. Les Noirs, les Africains, subissent aujourdhui autant de discriminations et de brutalités que nous en subissions dans les années soixante et le racisme fait partie des programmes du parti républicain et du parti démocrate. Nous devons reconstruire un mouvement capable de libérer notre peuple. Nous ne pouvons pas ramener Tupac à la vie, mais nous pouvons tirer des leçons de sa mort. L’oeuvre de Tupac est pleine d’amour. Nous devons construire un monde où les Tupac du monde entier puissent grandir et aimer sans avoir peur que n’importe quel idiot armé vienne leur exploser le crâne.

P : Vous considérez-vous encore révolutionnaire ?
Je suis toujours révolutionnaire car j’ai la conviction que les États-Unis ont besoin d’une transformation complète et profonde du système qu’ils appellent « démocratie ». En réalité, nous vivons dans une « dollarocratie ». Quel millionnaire est sur le point d’être élu ? Imaginez que vous alliez au restaurant et que les seuls plats proposés au menu soient de la crotte séchée et de la moisissure. Ça n’est pas appétissant. Je pense la même chose du spectre politique aux États-Unis. Ce qui existe aujourd’hui doit disparaître. Tout : la manière dont les richesses sont réparties, la manière dont on maltraite l’environnement. Si on laisse ces politiciens fous continuer à gouverner, la planète sera détruite.

P : Dans les années soixante, des organisations dans lesquelles vous militiez plaidaient pour l’autodéfense armée. Selon vous, quels sont les moyens de nos jours pour parvenir à un changement social aux États-Unis ?
Je crois encore à l’autodéfense et à l’autodétermination des Africains et des autres peuples opprimés en Amérique. Je crois à la paix, mais je trouve totalement immoral de brutaliser et d’opprimer des peuples, de commettre un génocide contre un peuple, et ensuite de leur raconter qu’ils n’ont pas le droit de se libérer par les moyens qu’ils jugent nécessaires. Mais pour l’instant la priorité est le réveil des consciences. Bâtir le changement social et la justice sociale signifie que les gens doivent être plus conscients d’une manière générale, à l’intérieur et à l’extérieur du mouvement, et pas seulement sur les questions de race, mais aussi de classe, de sexisme, d’écologie, etc. Les méthodes de 1917 qui consistent à rester debout dans un coin à distribuer des tracts « Travailleurs de tous les pays, unissez-vous » ne marcheront pas. Nous devons utiliser d’autres moyens de communication. Les vieilles recettes pour atteindre la conscientisation ne fonctionnent plus. Les petits groupes adeptes de Lénine ne réussiront pas. Il nous faut utiliser la vidéo, le son, internet.
Nous devons aussi travailler sur les principes de base pour reconstruire la communauté. Comment pouvez-vous organiser votre communauté si vous n’en avez pas ? Je vis à Cuba, n’est-ce pas ? Nous avons des films américains ici, et j’en ai marre des monstres, c’est la tyrannie des monstres. Les films ne sont plus que peur et monstres. Ils ont même des bébés monstres maintenant. On attend des gens qu’ils vivent dans ce monde d’aliénation et de peur. J’entends dire qu’aux États-Unis les gens ont même peur de se regarder dans les yeux dans la rue. Aucun changement social ne peut advenir si les gens sont autant isolés. Nous devons donc reconstruire un sens de la communauté, cela signifie aller taper aux portes et renouer des liens.

3. NdT : À la fin des années 1980, Cuba réalise près de 80 % de son commerce extérieur avec le bloc de l’Est. Lorsque survient la chute de l’URSS, l’île doit donc faire face à une chute brutale des exportations et importations. Le PIB diminue de 35 %, et l’approvisionnement en électricité devient très insuffisant : c’est le début de la « période spéciale en temps de paix ». Pour faire face à tous ces problèmes et à l’embargo, les dirigeants cubains sont contraints de mettre en place un grand nombre de réformes, notamment la circulation des devises étrangères et l’ouverture du pays au tourisme.
4. NdT : Filiale commune entre deux ou plusieurs entreprises dans le cadre d’une coopération économique internationale. Cette technique financière est un moyen de coopération entre des sociétés qui possèdent des compétences complémentaires ; elle représente un des seuls moyens d’accès des firmes étrangères voulant s’implanter dans les ex-pays communistes.

Assata Shakur parle depuis l'exil

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Fin de quatre heures de mutinerie à la maison d’arrêt de Blois suite à la mort d’un detenu

Une soixantaine de détenus ont saccagé un secteur de la prison lundi, après la découverte d’un prisonnier mort le matin même.

La mutinerie aurait duré quatre heures, lundi 19 août, à la maison d’arrêt de Blois (Loir-et-Cher). Vers 10h30, après la promenade, une soixantaine de détenus ont commencé à saccager un secteur de la prison. Les mutins ont été maîtrisés, en début d’après-midi. C’est la découverte d’un prisonnier mort dans sa cellule, le matin même, qui a déclenché la révolte.

Selon les médecins, une rupture d’anévrisme est à l’origine de la mort du prisonnier. Un diagnostic que ses codétenus ont contesté. « Les détenus ont d’abord refusé de remonter de promenade, puis ils sont entrés en force et ont investi un secteur de la prison », a expliqué le secrétaire national FO-Pénitentiaire, David Daems. (…)

Le « soulèvement » aurait pris fin vers 14h20. « Les détenus sont en passe d’être réintégrés, les contrôles et vérifications se poursuivent », a déclaré le syndicaliste. Une quarantaine de membres des Equipes régionales d’intervention et de sécurité (Eris) avaient été envoyés en renfort depuis Paris. Aucun blessé et aucune prise d’otage n’est à déplorer.

 

Source : http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/mutinerie-en-cours-a-la-maison-d-arret-de-blois-une-soixantaine-de-detenus-saccagent-la-prison_393095.html
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Petit guide à l’usage des proches de prisonniers

Que faire lorsqu’un proche est incarcéré ? Comment demander un permis de visite ? Comment se déroule un parloir ? Quels sont les droits des proches des personnes détenues ? En France, chaque année, plus d’un demi-million de personnes se posent ces questions – et quelques autres…

Réalisé par des proches de détenus, ce guide donne des pistes concrètes pour répondre aux problèmes juridiques, sociaux et pratiques posés par l’incarcération d’une personne proche.

Du dépôt de linge à la lutte contre les prisons, connaitre nos droits, échanger nos astuces et construire des solidarités devant les portes des prisons et par-dessus les murs, voilà à quoi doit servir ce guide !

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Bouquin 192 pages (A6)- Sortie prévue : octobre 2013

Diffusion : La volonté est de diffuser ce guide gratuitement auprès des proches de personnes incarcérées. Si vous voulez diffuser ce guide par chez vous, participer/aider au frais d’impression (coût 0,50euros le bouquin), organiser une soirée au moment de la sortie… faites nous signe !

 http://permisdevisite.noblogs.org/

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Nouveau blog pour la mémoire d’Eric Blaise tué en prison

La famille d’eric Blaise réclame depuis plus de 7 ans que la vérité soit révélée sur les circonstances de la mort de leur fils.

Rappel des faits :

Eric Blaise, 28 ans, est interpellé avec des amis alors qu’il s’amusait à tirer sur des canettes de bière avec un simple pistolet à billes. Il est condamné en comparution immédiate à quatre mois de prison dont 2 mois ferme. Il rentre le samedi 12 novembre à Fleury-Mérogis, il est retrouvé mort le dimanche matin. Pour l’administration pénitentiaire, Eric se serait donné la mort en se projetant contre les murs de sa cellule. Pourtant sa dernière lettre en prison contredit la thèse du suicide, et les photos prises par la famille à la morgue, visage recouvert de bleu, semblent au contraire indiquer que des violences lui ont été portées. Les témoignages des medecins et des gardiens comporte beaucoup de contradictions. Et malgré deux versions des possibilités de sa mort lors des autopsies la justice a requis un 1 non lieu.

La famille Blaise a fait appel sans pouvoir ni assister à l’audience ni en connaissance de l’intégralité du dossier ni en étant informé des procédures à suivre.

A l’heure actuel ni l’administration pénitentiaire ni la justice n’a reconnu sa responsabilité.

Pour la mémoire d’Eric et sa famille : http://ericblaise.canalblog.com/

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Prise d’otage dans une prison en Alsace : le detenu de la prison d’Ensisheim en garde à vue

Le détenu qui avait retenu en otage dans sa cellule une surveillante à la prison d’Ensisheim (Haut-Rhin), toute la journée de mercredi, se trouvait jeudi en garde à vue chez les gendarmes, a-t-on appris auprès du parquet de Colmar.

Selon le parquet, qui a ouvert une enquête, le détenu « sera évidemment poursuivi » et fera « vraisemblablement l’objet d’une nouvelle condamnation ».

Mercredi, la prise d’otage s’est terminée sans effusion de sang, le détenu décidant au bout de plus de 13 heures de libérer son otage, aux termes d’intenses pourparlers avec le négociateur d’une équipe du GIGN intervenue en milieu d’après-midi.

Au lendemain de son geste, les explications sur les raisons de son acte restent floues. Au début de la prise d’otage qui avait commencé à 8 h 55 mercredi, le détenu avait réclamé des soins.

(… )

Source : http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Alsace.-Le-preneur-d-otage-de-la-prison-d-Ensisheim-en-garde-a-vue_39382-2220296_actu.Htm?xtor=RSS-4&utm_source=RSS_MVI_ouest-france&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS
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Mouvement de protestation des prisonniers de Bourg en Bresse…des nouvelles ?

Divers médias rapportent que le jeudi 1er août, de 20 à 30 prisonniers du centre de détention de Bourg-En-Bresse se seraient retranchés dans une aile du bâtiment et auraient détruit du mobilier, des appareils de vidéo-surveillance, etc. Comme la plupart du temps, les syndicats, la préfecture et l’administration pénitentiaire ont eu le monopole de la parole dans les médias.
Selon eux, le motif de cette révolte serait l’interdiction du port du short en sport, malgré les fortes chaleurs. « Une bricole » selon la préfecture, un « malentendu » selon des surveillants. Europe 1 rapporte vite fait cependant que « les détenus protestaient essentiellement contre les décisions d’un juge d’application des peines, qu’ils estiment trop « sévère » ou « restrictif « . » D’autres sources affirment que le climat était tendu dans la prison depuis quelques jours.

Evidemment, les autorités tentent de minimiser les raisons de la révolte et sa portée. Ce que nous savons, c’est qu’il y a de nombreuses raisons d’être à bout de nerf en détention. Souvent, les motifs de colère s’accumulent et un jour, une goutte d’eau fait déborder le vase. Ce que nous savons, c’est qu’au CD de Bourg-En-Bresse, comme dans toutes les prisons, l’enfermement est insupportable au quotidien, et que les surveillants et l’administration peuvent user de leur pouvoir pour vous pourrir la vie. Un prisonnier de Bourg-En-Bresse le racontait déjà en mars sur divers sites internet. Voir par exemple : http://rebellyon.info/recit d-un-prisonnier-du-centre-de.html).

Nous pensons qu’il serait très important de rendre publique la version de prisonniers protestataires eux-mêmes.

Ce que nous savons aussi, c’est que toute protestation est difficile et risquée en prison, la répression est extrêmement sévère. Suite à ce mouvement à Bourg-En-Bresse, un représentant syndical déclare que quatre prisonniers ont été placés au mitard (quartier disciplinaire) et que d’autres devraient être transférés.

Alors… Nous saluons cette révolte même si nous n’en savons pas grand chose. Nous envoyons un message de solidarité aux prisonniers concernés, en espérant que ce message leur parviendra. Et pour ne pas se contenter de ce message, nous proposons que toute personne ayant des infos provenant des
prisonniers eux-mêmes les relaient. Et que ceux-ci puissent écrire pour raconter ce qu’il s’est passé, ce qu’il se passe, et trouver un peu de soutien, ne pas rester seuls face à la vengeance de l’AP et des surveillants… Faites tourner ce message !

Que s’est-il passé pendant cette mutinerie ? Pourquoi ? Comment ? Qu’est-il arrivé aux prisonniers réprimés et comment les soutenir ?

Vous pouvez écrire à :

Papillon
chez CSA
16 rue du mont
42 100 Saint-Etienne
emissionpapillon@riseup.net

L’Envolée
43 rue de stalingrad
93 100 Montreuil
contact@lenvolee.net

 

Source : http://lenvolee.net/

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