Le 19 septembre, Christine en procès à Arras (62) pour ne pas avoir baisser la tête sous les coups des matons

Alors que les prisons ne cessent de se remplir et les taulards de s’entasser dans les cellules (près de 69000 enfermé(e)s pour 57000 places au 1er juillet 2013), les conditions de détention sont toujours plus dures et les raisons de se révolter toujours plus prégnantes.

Si les résistances individuelles ne sont pas rares, ces dernier mois des mutineries ont aussi éclaté dans différentes taules (Bourg-en-Bresse, Blois, Châteaudun).

Face à cela, la réponse des matons et de l’Administration Pénitentiaire reste toujours la même : répression, humiliations, violences, isolement, transferts,…

Jeudi 19 septembre à 13h30, Christine sera jugée par le tribunal d’Arras pour violences et menaces sur des matons de Bapaume. Incarcérée depuis novembre 2012, elle était au CD de Bapaume d’avril à juillet 2013. Le 4 juillet, le tribunal d’Arras avait renvoyé l’audience au 19 septembre, demandant des éléments supplémentaires. Depuis lors (plus de 2 mois), Christine alterne Quartier d’Isolement et Quartier Disciplinaire. Fin juillet, elle est transférée à la Maison d’Arrêt de Lille-Sequedin, où la matonnerie conserve le même cap : maintenir Christine à l’écart des autres détenues. Les enfermeurs auraient ils peur d’une contagion de la révolte ? Fin mai, à Bapaume, Christine est envoyée au mitard après avoir refusé de signer les modalités d’un contrat de formation. Rapidement la situation se corse avec les matons. Face aux provocations, violences et humiliations, elle ne se laisse pas faire, la tension monte et peine à redescendre. A chaque ouverture de portes, ils attendent Christine équipés de casques et de boucliers. Le 27 mai, elle passe au prétoire et prend 30 jours de mitard. Durant ces trente jours, on lui refuse tout appel à son avocat et elle ne verra un médecin que tardivement. Face à cela ainsi qu’aux pressions et provocations quotidiennes des matons, Christine proteste par tous les moyens : œilleton bouché, feux de poubelles, etc… Aux retours des promenades elle fait le forcing pour accéder à la cabine téléphonique puis se débat pour ne être réintégrée en cellule. Dans les derniers jours de mitard, un des matons (Mikael Bocquet) la prend au cou par une clé de bras, la circulation du sang coupée elle perd connaissance et se réveille allongée dans sa cellule. Quelques jours plus tôt ce même Bocquet et deux de ses collègues portaient plainte contre Christine pour violence et menace !!!

Parce qu’en taule, ne pas se laisser piétiner et tabasser signifie outrager, violenter et menacer la matonnerie, Christine passera en procès le 19 septembre pour essuyer quatre chefs d’inculpations : > refus de donner ses empreintes (digitales et photo) > violence pour s’être débattue sous les coups. > menace pour avoir crié à un mastodonte qu’elle lui péterai sa gueule > dégradations pour avoir foutu le feu dans ses cellules et avoir gravé dans les murs de la cour : « MURS PAR MURS, PIERRE PAR PIERRE, NOUS DÉTRUIRONS TOUTES LES PRISONS ! »

Soyons nombreux jeudi 19 septembre dès 12h30 devant le tribunal d’Arras

(place des États Artois), pour soutenir Christine et ne pas la laisser seule face à la justice et sa matonnerie.

Pour en lire plus sur la situation de Christine et sur ce procès en particulier voir ici plusieurs articles: http://rebellyon.info/Christine-au-mitard-proces-en.html http://rebellyon.info/le-4-juillet-christine-en-proces-a.html http://rebellyon.info/Renvoi-du-proces-de-Christine-a.html http://rebellyon.info/Christine-Transfert-a-Sequedin.html

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« DPDA » : Taubira piégée par un témoignage anonyme, l’indignité de Pujadas et France 2

Invitée de l’émission « Des Paroles et des actes » sur France 2, Christiane Taubira s’est retrouvée face au témoignage anonyme d’une mère de victime. La ministre de la Justice s’en est sortie avec honneur, mais le procédé de David Pujadas mérite débat : indigne ou pas ? Point de vue de notre chroniqueur Bruno Roger-Petit.

Parfois, il arrive que le téléspectateur éprouve de la honte devant son petit écran. Honte pour ceux qui la font et qui défont une certaine idée du service public de la télévision. Ce fut le cas, ce jeudi soir, lors de l’émission « Des Paroles et des actes », sur France 2, présentée par David Pujadas, et qui accueillait Christiane Taubira, ministre de la Justice. (…)

De ce « Paroles et des actes », l’histoire de la télévision retiendra un passage, un seul. Ce moment où David Pujadas a sorti de sa pochette-surprise le témoignage de la mère d’une victime. Un témoignage anonyme, émanant d’une ombre, exprimant tout à la fois douleur et haine, rage et désespoir.

Que dire, que faire face à un tel témoignage ? De même que Christiane Taubira,on observera ici le même respectueux silence vis-à-vis de la souffrance de ce témoin. En l’espèce, seul le silence est digne. En lui-même, ce témoignage ne sera pas le sujet de ce billet.

En vérité, le sujet, c’est le procédé, ce qu’il dit de la télévision d’aujourd’hui, de ce qu’elle devient, de son inhumanité, de ce qu’elle n’est plus qu’une machine à émotion qui achève, peu à peu, de vider toute raison, toute réflexion de ce qu’elle donne à regarder.

Il ne fait aucun doute que la volonté des organisateurs de ce moment de télévision visait à confronter le discours de Christiane Taubira à la réalité des actes judiciaires.

( A la réalité des actes judiciaires ?? ! en fait ils font dans la même veine que nos politiciens qui nous habituent à fonctionner à l’affect ce que ne sont pas censés faire les médias et les politiciens !!! )

Il ne fait également aucun doute qu’en organisant cette séquence, ce qu’il faut bien appeler un piège tendu à Christiane Taubira, ils ont jugé que l’aspect émotionnel fort, inévitable et inéluctable, allait accoucher d’un moment de télévision d’une intensité incomparable.

( non pas vrai  le but de la télé : divertir et jouer avec nos émotions ! )

(…)

Enfin, sauf à être des enfants ou des inconscients, ils ne pouvaient pas ne pas anticiper que, quelle que soit sa réaction, Christiane Taubira n’aurait que son impuissance à offrir en partage à un tel témoignage tant il est impossible de tenir le langage de la raison à celui ou celle qui s’estime victime de la plus grande des injustices (ce qui est, précisons-le, afin d’éviter ici les mauvais procès en insensibilité au malheur injuste, le sentiment le plus naturel du monde).

Une faute grave

Oui, Christiane Taubira ne pouvait que se montrer impuissante face à ce cas extrême, dont la charge émotionnelle balayait toute volonté de rationalité. C’est là, et nulle part ailleurs, que réside le piège dans son caractère le plus odieux : Christiane Taubira ne pouvait pas s’en sortir. Elle ne pouvait offrir que son écoute attentive et son silence respectueux. Ce qu’elle a fait…

Cette séquence est plus qu’une erreur, c’est une faute grave.

De quoi parlait-on dans ce « DPDA » ? De la Justice, de ce qu’elle incarne, de ce qu’elle vise. De droit pénal, de sanction, d’échelle des peines… En politique, c’est la matière qui ne souffre ni passion, ni émotion, celle où s’impose la raison et la réflexion. C’est ce que l’on apprend en 1ere année de droit, quand on débute dans le droit pénal : que la justice est rendue au nom de la société, à raison du tort que le crime ou le délit lui ont causé, et que c’est pour cette raison qu’elle relève de la puissance publique, qui doit agir alors de la manière la plus rationnelle et la plus apaisée qui soit.

Jusqu’à ce « DPDA » d’anthologie, de mémoire de téléspectateur, jamais un ministre de la Justice n’avait été ainsi piégé par un témoignage anonyme, destiné à le mettre en difficulté, par le jeu de l’émotion et de la passion. Jamais.

Si cela ne s’était jamais produit, c’est que la règle posée ci-dessus était respectée : faire en sorte que les débats télévisés portant sur cette matière soient le plus raisonnable possible, quand bien même ils n’excluent pas le choc des idées, comme on l’a vu d’ailleurs plus tard dans « DPDA » avec le choc Taubira/Estrosi.

Un moment de reality show

L’indignité, car il s’agit bien d’indignité, et l’on use ici de ce mot sans craindre de le galvauder, parce qu’il est le plus approprié à la situation, l’indignité donc, de David Pujadas et de ceux qui ont conçu ce moment de télévision est double.

La première indignité, c’est d’abaisser le débat public, de transformer ce qui devrait être un échange honorable, de grande hauteur de vue, en moment de reality show ne jouant que sur l’émotion du téléspectateur.

Quelle idée se font-ils de nous, les responsables de l’information de France 2, pour croire que nous ne sommes que des bêtes de télévision, ne réagissant que par stimuli émotionnels destinés à alimenter nos pires pulsions dès qu’il s’agit de Justice ? Pensent-ils que la ménagère de moins de cinquante ans est une descendante des tricoteuses de la Terreur ?

Voilà pourquoi, tout téléspectateur, soucieux d’assister à une débat serein et équilibré sur les problèmes de justice, ne pouvait que se sentir honteux et piteux devant sa télévision, se voyant aussi mal considéré par ceux qui ont pour vocation de l’informer, donc de l’éclairer.

La seconde indignité, c’est d’avoir fait croire à cette anonyme témoin que la télévision lui offrirait la catharsis tant espérée… Quelle duperie… Quelle tromperie… Quel mensonge… Quel terrible mensonge…

Une triste télévision en 2013

Comme l’a dit de cette personne, avec beaucoup d’élégance, Christiane Taubira, « lui demander de répondre à des question difficiles, c’était sans doute encore ajouter à sa peine ». Avec cette formule, elle a aussi réduit à néant le faible alibi de David Pujadas pour justifier le piège : « Elle a choisi de témoigner »… Que peut bien signifier le verbe « choisir » dans un tel contexte ?

Ainsi va la télévision en 2013… Un petit monde qui ne donne plus à réfléchir mais à rugir… Un petit monde qui n’offre plus à penser mais à hérisser… Un petit monde qui ne s’adresse même plus au temps de cerveau disponible, mais à sa partie la moins civilisée, la plus animale, la plus reptilienne… 

(…)

Source : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/933262-dpda-taubira-piegee-par-un-temoignage-anonyme-l-indignite-de-pujadas-et-france-2.html
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Prison de Maubeuge : une plainte contre non assistance à personne en danger

Michel Drevet, le père de Nicolas Drevet, ce détenu de la prison de Maubeuge qui est décédé le 12 juin dans sa cellule, s’est finalement constitué partie civile. « J’ai également déposé plainte contre X pour non-assistance à personne en danger », ajoute-t-il.

Nicolas Drevet était âgé de 29 ans et purgeait une peine de 18 mois d’emprisonnement suite à de multiples petits délits. Son père indique qu’il souffrait de crises au niveau du pancréas qui provoquaient d’intenses douleurs.

Mais impossible de savoir si cela a un lien avec le décès. Car depuis, une information judiciaire a été ouverte par le parquet d’Avesnes-sur-Helpe. Un juge d’instruction mène les investigations et la famille n’a donc aucun élément du dossier, comme les résultats de l’autopsie pratiquée sur le corps de Nicolas.

C’est d’ailleurs ces raisons qui ont poussé Michel Drevet, en quête de réponses, à se constituer partie civile Il a également écrit au président de la République pour lui exposer son cas.

Source : http://www.lavoixdunord.fr/region/maubeuge-michel-drevet-s-est-constitue-partie-civile-ia23b44386n1498259

Témoignage de Michel Drevet ( trouvé sur Facebook ) :

Mon fils Nicolas pour des faits que je qualifierais de mineurs mais répétés est entré à la prison de Maubeuge Assevent le 1er juin 2013 pour y purger une peine qui devait être de 18 mois.
Le 12 juin 2013 la sous directrice de la prison appelle ma femme pour lui annoncer de façon brutale que notre fils était décédé ce matin là et qu’il était transporté à Lille pour autopsie pour moi même j’ai appris la nouvelle 30 mn plus tard et me suis effondré.
Ce n’est que 8 jours plus tard que l’on a pu se rendre à l’institut médico- légal de Lille pour le voir :  5 mn à visage découvert, il a été mise en bière, les sellés ont été posé et nous a été rendu pour inhumation dans le caveau familial de Ferrière la grande.
Peu après j’ai demandé un RDV à monsieur le directeur de cette prison je voulais en savoir plus sur les causes de sa mort se retranchant derrière le secret de l’instruction ne m’a pas dit grand-chose.
A deux reprises j’ai demandé à avoir un parloir avec son co détenu qui m’ont été tout deux refusé.
J’ai porté plainte contre x pour non assistance à personne en danger auprès du procureur de la république et je me suis porter partie civile dans le but de connaitre peut être la vérité.
Les media se sont associé à moi pour faire connaitre les faits; j’ai aussi écrit à monsieur le Président de la république car je trouve anormal que 12 semaines plus tard je ne sache toujours pratiquement rien cela m’est insupportable et ajoute à ma très grande peine une torture morale dont je me passerait bien.
Des zones d’ombre couvrent cette affaire j’ai le sentiment que l’on me cache des choses les nombreux articles que j’ai pu lire dans des forum spécialisé du net me conforme dans cette voie.
Si je m’adresse à vous en ce jour c’est pour vous demander de diffuser au maximum afin que je connaisse enfin la vérité car j’en viens à émettre des doutes sur l’impartialité même des tribunaux.

 

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Dealer imposé sur son trafic: l’OIP dénonce une « absurdité »

Sorti de prison en décembre 2012 après 18 mois de détention, le dealer s’est vu réclamer 41.603 euros d’impôts sur le revenu par le fisc. Un chiffre calculé sur la base des 60.000 euros et des quelque 300 grammes de cannabis saisis par la police lors de son arrestation. Le délinquant a également reconnu vendre du cannabis depuis 3 ans.

L’homme « se voit ainsi réclamer des impôts sur des revenus tombés dans les caisses de l’Etat, au risque d’entraver ses nombreuses démarches de réinsertion depuis sa sortie de prison« , dénonce l’OIP.

A sa sortie de prison, le dealer a obtenu « un emploi en contrat aidé rémunéré au smic« , précise l’association selon qui son parcours de réinsertion « se trouve aujourd’hui compromis par les exigences de la Direction générale des finances publiques« .

« Pour parfaire le caractère absurde de la situation, le niveau de revenu porté sur son avis d’imposition lui interdit l’accès à toute prestation sociale« , souligne l’OIP.

Pour l’administration fiscale en revanche, il s’agit là d’une pratique normale se fondant en particulier sur deux textes issus de la loi de finance de 2009 qui ont introduit dans le droit français les notions de « présomption de revenus » et « d’éléments de train de vie« .

« Il s’agissait alors de taper les délinquants au portefeuille« , explique Vincent Drezet, secrétaire général de « Solidaire Finances publiques« , en rappelant la difficulté qu’avait auparavant l’administration fiscale pour taxer des revenus des trafics, par nature cachés et donc difficilement quantifiables.

Dans cette optique, police et fisc ont multiplié les échanges d’informations et de collaboration notamment dans des structures communes de groupements d’intervention interrégionaux ou dans les plans banlieues, souligne M. Drezet.

Interrogé par l’AFP sur ce dossier, Bercy a indiqué avoir accordé des délais de paiement à ce contribuable (50 euros par mois, selon l’OIP)

« L’administration fiscale est sensible à la problématique de la réinsertion, et propose des mesures d’étalement du paiement lorsqu’elles sont justifiées. Le montant du redressement est calculé de manière méthodique par l’administration fiscale« , a souligné Bercy

 Source : http://www.lexpress.fr/actualites/1/styles/dealer-impose-sur-son-trafic-l-oip-denonce-une-absurdite_1278947.html
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Mutinerie/Blois: plainte contre la prison

Les proches du jeune détenu mort de non assistance à personne en danger

( écouter témoignage de ses co-détenus : http://www.movinstream.com/video/aXdyOmcjAzo/un-detenu-explique-la-raison-de-la-mutinerie-a-la-prison-de-blois.html#.UihD-D8kmrp),

et dont la mort avait provoqué une « mutinerie » à la prison de Blois le 19 août; ont porté plainte aujourd’hui contre X pour homicide involontaire et non-assistance à personne en péril, a annoncé leur avocate.

La famille de Mounir Belhoussine « souhaite légitimement connaître les circonstances exactes du décès » du jeune homme de 26 ans, sportif et en parfaite santé selon elle, « d’autant qu‘à ce jour aucune copie du dossier, en particulier du rapport d’autopsie , ne lui a été transmise », explique l’avocate, Me Samia Maktouf, dans la plainte qu’elle a adressée au parquet de Blois.

L’autopsie avait exclu toute lésion traumatique ainsi qu’une rupture d’anévrisme, envisagée dans un premier temps, privilégiant l’hypothèse d’une insuffisance cardiaque, avait indiqué le parquet au lendemain de la mort du jeune homme.

La famille a porté plainte contre X pour « homicide involontaire », « traitement inhumain et dégradant » et « non-assistance à personne en péril », le codétenu du jeune Mounir ayant passé la nuit « à crier pour obtenir de l’aide » – des appels au secours relayés par d’autres détenus, – alors que le jeune homme était souffrant, selon l’avocate.  « Il est impossible de prétendre qu’aucun agent du personnel pénitentiaire n’aurait été alerté par les cris et le tambourinage incessants dans les cloisons exécutés par les détenus alarmés par la situation », écrit l’avocate.

Le parquet, contacté par l’AFP, n’était pas joignable cet après-midi.

 
Source : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/09/04/97001-20130904FILWWW00444-mutinerieblois-plainte-contre-la-prison.php
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L’humiliation des fouilles à nu

Selon le droit français et international, l’usage des fouilles corporelles intégrales en prison devrait demeurer exceptionnel.

Pourtant la France persiste à maintenir cette pratique humiliante dans de nombreux établissements pénitentiaires.

À trois reprises depuis 2007, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour traitements inhumains ou dégradants en raison de fouilles intégrales imposées arbitrairement à des personnes détenues.
Nue devant un surveillant qui l’examine de la tête au pied (chevelure, oreilles, bouche, aisselles, mains, entrejambe et pieds), la personne détenue se retrouve dans une situation d’humiliation totale.
La loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 entendait encadrer strictement l’usage des fouilles en détention et leur donner un caractère exceptionnel. Elle exige que tout type de fouille (intégrale ou par palpation) soit adapté à la personnalité du détenu et justifié par la présomption d’une infraction ou un risque pour la sécurité. Elle interdit la pratique de fouilles systématiques. Concernant les fouilles intégrales, la loi précise qu’elles ne peuvent intervenir que de manière subsidiaire, lorsque les autres moyens de fouilles s’avèrent insuffisants.

 L’administration pénitentiaire s’affranchit du respect de la Loi

Pourtant, l’administration pénitentiaire s’obstine à maintenir cette pratique.

De nombreux directeurs d’établissements pénitentiaires ont mis en place un régime de fouille à nu systématique à l’issue de chaque visite au parloir.

À ce sujet, plusieurs établissements ont été sanctionnés depuis deux ans par le juge administratif.

Le 6 juin 2013, le Conseil d’État est venu très clairement interdire les fouilles intégrales systématiques et a jugé que l’administration pénitentiaire avait porté une atteinte grave au respect de la dignité humaine à la prison de Fleury-Mérogis.
Malgré tout, l’illégalité persiste. L’administration pénitentiaire affiche une volonté assumée de s’affranchir des décisions de justice et de la loi, justifiant ces violations par des impératifs de sécurité. (…)

 

> Zoom – La prison de Fresnes récidive !

Détenu à la prison de Fresnes, Nezif Eski a poursuivi une grève de la faim pendant près de 50 jours pour protester contre l’humiliation des fouilles qui lui étaient imposées à l’issue de chaque parloir. « Je n’accepte pas les fouilles intégrales, cette humiliation, cette atteinte à la dignité » écrit-il dans une lettre adressée à la garde des Sceaux.

Et pour cause ! En 10 mois, le tribunal administratif de Melun a sanctionné à trois reprises la prison de Fresnes qui persiste à maintenir un régime de fouilles à nu systématiques.
Le 17 juillet 2012, le tribunal de Melun annulait une première fois la note de service de l’administration pénitentiaire permettant la fouille à nu systématique. Malgré cette décision de justice, une nouvelle note de service émise par le directeur de la prison le 24 décembre réitérait le régime de fouilles automatiques. À nouveau saisi, le tribunal de Melun n’a pu que constater l’inexécution de sa précédente décision et a encore une fois sanctionné l’administration pénitentiaire. Cette nouvelle admonestation du juge n’a pas davantage permis d’imposer le respect de la loi et une troisième décision avec le même objet est intervenue le 4 mai 2013.

L’ACAT ( actions des chrétiens pour l’abolition de la torture ) propose d’envoyer une lettre à Hollande afin de lui rappeller qu’il avait promis d’agir afin que cesse ces pratiques, docs et lettres à télécharger ici : http://www.acatfrance.fr/appel_mois.php?id=85#situation

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Le tricard

Livre de Jann-Marc Rouillan

Jann-Marc Rouillan est en liberté conditionnelle, après 25 ans de prison effective et une année passée sous surveillance électronique (cf. Autopsie du dehors, Al Dante, 2012). Ancien « taulard », il raconte dans ce livre son quotidien et consigne dans cette chronique ses observations du monde dit « libre » ; militant politique il va à la rencontre des gens (travailleurs, chômeurs, précaires, ouvriers en luttes, militants, artistes, habitants des quartiers populaires, intellectuels…) et témoigne d’une situation politique où les gouffres entre classes dominantes et classes dominées s’affirment de plus en plus durement dans toute leur cruelle obscénité. Pour écrire ce récit – qui porte les stigmates de la prison et est émaillé des souvenirs de sa vie de militant révolutionnaire – l’auteur se fabrique une langue désaffublée au maximum de toutes contraintes stylistique et typographique, ce qui donne au lecteur l’impression de suivre en direct une pensée qui se déplie au fur et à mesure des expériences et des souvenirs.

Extrait :

« (si la tâche échue est de me souvenir) j’ai peur d’être gagné par l’amnésie ambiante.

je crains de me réveiller un matin et de ne plus me rappeler du tout.

je manquerai à une vieille promesse.

salvador et deux autres camarades ont dit en riant

tu es encore passé entre les balles…

si tu nous survis…

je les ai coupés en jurant :

je me souviendrai !

le souvenir est la poursuite de la lutte (sous une autre forme). et je me suis souvenu.

(tous les jours) je me suis souvenu sans faillir.

combattre. transmettre. lutter encore. écrire. diffuser…

et porter en soi le sens du début de notre histoire. »

 

Source : http://al-dante.org/WordPress3/shop-4/jann-marc-rouillan-collection-poesie-litterature/le-tricard-jann-marc-rouillan/

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Témoignage d’une femme enfermée au centre de détention de Baupaume : « Tant que vous lui réglez son compte, vous avez le soutien de l’administration! »

Nous retranscrivons ci-dessous des extraits d’une lettre de K.A, prisonnière au centre de détention de Bapaume ( Picardie ) sur sa situation durant le mois d’août 2013.

Depuis le début de l’été, la situation entre les détenues et avec les surveillantes est très tendue dans la taule. Ce n’est pas le premier témoignage de violences liées aux matons que nous recevons depuis cette prison, notamment depuis le quartier de détention pour femmes. Comme vous pourrez le lire ci-dessous, si K.A ne demande pas de soutien pour sa situation personnelle. Elle souhaite faire connaitre l’atmosphère qui règne a Bapaume.

Cela rappele que l’administration pénitentiaire ne tient pas compte de la parole des détenues et attise les tensions entre prisonnières pour mieux régner sur la détention.

Lettre de K.A, début août 2013 au CD de Bapaume:

« (…) Vois-tu, la vie n’est pas un long fleuve tranquille ; au contraire chaque jour apporte son lot de barbarie. (…) Après l’affaire des chips [plusieurs filles ont été placées à l’isolement pour avoir mangé des chips dans la cour, c’était au mois de juillet 2013], j’ai subi une agression devant la porte des chefs mais, comme par hasard, ils n’ont rien vu… Bref, malgré le fait qu’elle [l’autre détenue] leur a dit qu’elle ne lâcherait pas l’affaire… J’ai été vue par le chef. Celui-ci m’a dit que l’affaire était close, en rajoutant qu’il demanderait a ce que le service atelier [l’atelier de concession ou les détenues travaillent pour une misère pour des sociétés privées dans la prison] veille. J’avoue n’avoir pas trop compris: bien sûr, on ne comprend l’histoire que lorsqu’elle se termine. De ce fait, je sors en promenade prendre du soleil et bouquiner. C’est à ce moment que je me retrouve encerclée par des amies de mon agresseuse. J’arrive à m’extirper, elles me rencerclent… Je suis consignée en cellule. Le lendemain, la détenue est reçue par la directrice, celle qui m’a changée de cel-lule parce que je ne me levais pas… Moi, je ne suis pas reçue. (…) Aujourd’hui, alors que j’étais allongée [dans la cour de promenade] lisant un roman, 2 détenues: une qui n’apprécie pas que je ne lui rende pas service et l’autre qui monte les autres filles contre moi et qui me reproche d’avoir divulgué qu’elle était une balance. C’est exact, elle m’a même menacée de me tuer si je le répétais. Pour cesser cette spirale, je l’ai dit. Donc j’étais allongée, elles sont venues vers moi, je ne les ai pas vues : elles m’ont sauté dessus. Conclusion : des coups sur la tête, un oeil bien amoché. Mon crâne a cogné le sol, je pensais qu’elles allaient me le faire exploser. Une a dit « ça suffit! » puis elles m’ont laissée, sonnée. Je rattache mes cheveux, je sens du sang mais j’ignore où ; je me lave le visage, c’est à l’oeil, ma paupière (pour un peu, je la perdais). 3 filles sont en face de moi, elles ont assisté impassibles à toute cette déferlante de violence, mais elles n’ont rien vu, rien entendu. J’en entends d’autres dire « nous, on n’a rien vu, ni entendu »… C’est étrange, l’odeur du sang et de la mort, l’effet que ça produit sur elles… Euphorie, excitation…

Je me dirige vers le préau, j’insiste pour me faire ouvrir : on me fait signe d’attendre 10 minutes… Je persiste jusqu’à ce que l’on m’ouvre, je ne m’arrête pas au PCH [poste de contrôle], les surveillantes je les connais, à la fin je veux juste avant de rentrer en cellule faire constater mon état de visu histoire qu’ils ne disent pas que c’est moi-même qui me suis infligé ce trauma… Malgré ça, la chef fermait les yeux car je devais d’abord passer par les SS… [surnom des matonnes]. Je leur ai dit: « de toute façon, je regagne ma cellule… ». Elles ont été reçues, moi je n’avais plus la force puisqu’à chaque fois il n’est pas fait cas de l’incident, donc je m’abstiens. J’ai un certificat médical (… ). Je suis allée voir le PCH vers 18h00 pour demander ce qu’il en est de la situation. Moi, quand je crache sur une fille qui m’a craché dessus, ça me vaut une sanction (CRI [compte-rendu d’incident]) et là je vois 2 de mes agresseuses en promenade. Ces temps-ci, tu veux savoir quel discours j’ai, la plupart du temps? «Je sais rien »,« j’étais pas là », « je viens d’arriver », « c’est pas à moi qu’il faut poser cette question »… Tu vois, mon problème c’est que toutes les détenues ont compris le message : tant que vous lui réglez son compte, vous avez notre soutien. A ce rythme-là, j’pense pas finir le mois d’août, puisqu’il règne un sentiment d’impunité. Ce n’est pas la première fois mais au vu des faits… les agressions sont de plus en plus violentes. Je m’interroge: qui, demain, me donnera le coup létal? Je ne sais plus quoi faire (…). Elles écoutent et surveillent les conversations… A croire qu’elles auront des RPS [réductions de peine] supplémentaires. (…) Tu sais, des fois je pense que comme ils ont la clef, ils peuvent venir cagoulés et me tailler les veines. A peu de choses près, c’est ce qu’ils font le jour avec les marionnettes écrouées.

Gabriel Tarde a écrit « faire mourir sans faire souffrir, faire souffrir sans faire mourir ». Je suis dans l’un de ces deux cas.

Demain, je passe au prétoire [la commission de discipline de la prison], une véritable mascarade après toutes mes péripéties. Tu connais la sentence… 3 jours de QD [le quartier disciplinaire de la prison]. Disons que le prétoire s’est passé 20 minutes avant l’heure prévue. Je suis partie à l’audience, vois-tu, je n’ai rien pris hormis le strict nécessaire : de quoi écrire. Veux-tu savoir la question que chaque bleue [les surveillantes] m’a posée ? « Il est où, votre sac ? ». Tu remarqueras que ce jour-là j’ai eu droit à un minimum de politesse… Même celle qui m’aboie dessus d’habitude m’a dit « bonjour »… Oui, elles avaient déjà eue leur petite vengeance. Elles sont mesquines.

( …) Sinon, j’ai passé un agréable weekend, hormis le passage d’une détenue qui voulait qu’on parle… Parler de quoi? Je n’ai rien à dire…

Je me rends compte qu’on se sent libre lorsqu’on n’attend plus rien. »

 

contrelenfermement@riseup.net

Publié dans Témoignages (G.E.P) | Marqué avec , , , , , , , | Commentaires fermés sur Témoignage d’une femme enfermée au centre de détention de Baupaume : « Tant que vous lui réglez son compte, vous avez le soutien de l’administration! »

Des nouvelles de Christine transferée à Sequedin pour « menaces de prise d’otage »

Bonjour, Voici un texte à propos de Christine paru notamment sur rebellyon.

L’article intégral avec de nombreux courriers de Christine se trouve ici: http://rebellyon.info/Christine-Transfert-a-Sequedin.html ________________________________________________

Christine était précédemment incarcérée au Centre de Détention de Bapaume.

Depuis le 5 juillet elle était au mitard pour avoir voulu manger sa gamelle en promenade avec une amie codétenue (voir ici à ce propos).

Fin juillet, une autre détenue est placée au mitard dans la cellule à côté de Christine. Celle-ci est violentée par les matons et peine à avoir un entretien avec un médecin. Christine décide alors de refuser de remonter de promenade en solidarité avec sa voisine de cellule. Aucun résultat. Les matons ne répondent alors plus à ses appels incessants à l’interphone. Pour les faire se bouger, elle leur dit alors « il va y avoir de la prise d’otage dans l’air ». Rapidement matons et toubib viennent voir sa voisine, mais le toubib refuse d’entrer dans la cellule, puis s’apprête à repartir sans aucune consultation. Christine l’interpelle en lui disant de ne pas partir car elle avait dit qu’elle ferait une prise d’otage. Ni une ni deux, elle est renvoyée en cellule par une dizaine de matons. Quelques heures plus tard, on vient la chercher pour la transférer à Lille-Sequedin. Arrivée là-bas, une note interne interdit au personnel soignant de rencontrer Christine sans la présence des matons. Ces derniers s’y plient. Christine se lance alors de nouveau dans un bras de fer, cette fois-ci pour elle-même avoir droit à une consultation médicale. Refus de remonter de promenade, incendies de poubelles, rien n’y fait et le niveau de violence que les matons donnent en réponse ne cesse de grimper.

Christine décide alors de faire une grève de la faim et de la parole. Ils l’ignorent ou tentent de l’en dissuader, mais Christine tient bon.

L’OIP de Lille est réactif et somme l’Administration Pénitentiaire et le service médical (UCSA) de s’expliquer sur la situation. Le lendemain, au bout de huit jours de grève de la faim, Christine obtient satisfaction vis à vis de ses revendications (consultations permettant le secret médical, coup de fil à son avocate et entretien avec la direction).

Le 16 août, les 45 jours de mitard écoulés (15+30 avec une pause de quelques jours. Maximum 30 jours de mitard consécutifs depuis une réforme de 2009) elle sort mais est placée directement en Quartier d’Isolement (QI). Cela ne durera qu’une semaine.

Le 22 août, elle est de nouveau placée au mitard. Cette fois-ci pour avoir fait valser un vélo après s’être vu refuser de passer l’heure de sport avec sa voisine de QI. Elle passera lundi 26 août en commission de discipline pour ces faits mais également pour « violences aggravées » contre des matons (au moment de son bras de fer pour voir le toubib). Ils se seraient blessés en cognant Christine… Ils ont également porté plainte.

Le jeudi 19 septembre à 13h30, aura lieu le report de son procès au TGI d’Arras (place des États Artois). Soyons nombreux ce jour là !

Pour lui écrire :

Christine RIBAILLY, écrou 24192, MAF – QD, BP179, 59482 SEQUEDIN cedex

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PRISONS MUTINES – Révoltes à la prisons des Baumettes et d’ailleurs

L’été 2013 a été chaud… dans les prisons : C’est l’occasion de revenir sur ces grandes mutineries qui ont jalonnées l’Histoire des Prisons françaises.

LIRE L’ARTICLE COMPLET ici : PRISONS MUTINES

http://brunodesbaumettes.overblog.com/prisons-mutines

 

 

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