“Des parents âgés sont morts sans avoir pu revoir leur fille ou leur fils incarcérés”

Entretien avec Muriel LUCANTIS / Porte-parole d’Etxerat, association de familles des prisonniers et réfugiés basques

Des femmes. Des hommes. De ce pays. Ils sont aujourd’hui 598 : prisonniers et prisonnières basques écroués en relation avec le conflit basque dans des prisons de l’État français et espagnol.

La mort récente de l’un d’entre d’eux, Xabier Lopez Peña dans des circonstances troubles n’a fait qu’aggraver l’inquiétude et l’angoisse de ces familles de prisonniers regroupées au sein de l’association Etxerat qui depuis des années vivent inlassablement les conséquences de cette privation de liberté de leurs proches. Muriel Lucantis porte-parole d’Etxerat répond à nos questions.

La nouvelle donne politique avec l’annonce par ETA en octobre 2011 de l’arrêt définitif de ses activités armées a-t-elle changé la situation des prisonniers?

Pour les familles il n’y a pas de changements. Je dirais même que les conditions carcérales sont plutôt pires. Ce que l’on peut remarquer c’est qu’il y a une période longue sans rafles. Et ici en Iparralde, nous n’avions pas connu une période sans rafle depuis longtemps. Mais les arrestations continuent, de même que les conditions pénitentiaires d’exception, notamment avec la dispersion. Nous parlons ici de violation des droits essentiels des personnes. La situation est tellement difficile dans les prisons qu’elle peut pousser les gens vers le désespoir. Le côté positif est qu’aujourd’hui nous ne sommes plus seuls. Car depuis des années nous étions seuls avec ça et les conditions de détention étaient passées sous silence. Aujourd’hui il y a un nombre jamais vu dans notre histoire, d’acteurs politiques et sociaux qui s’engagent et s’intéressent à ce processus. C’est vrai que plus le temps passe et plus il est difficile pour nous d’assumer le fait qu’il n’y ait aucun changement. Mais il est plus difficile aussi pour les deux Etats de continuer à rester immobiles car les pressions du Pays Basque, de leurs propres opinions publiques françaises, espagnoles et internationales se font de plus en plus fortes. Il sera donc difficile de maintenir cet immobilisme. Par ailleurs, des cas comme celui de Xabier aurait eu moins d’écho il y a quelques années. Espérons, au moins, que cet écho inédit serve à ce qu’il n’y en ait plus jamais d’autres.

Christiane Taubira, Guyanaise, indépendantiste jusque dans les années 1980 est aujourd’hui ministre de la Justice. Pensez-vous qu’elle peut avoir une attitude plus souple concernant les prisonniers basques?

Le fait qu’elle occupe ce poste a suscité beaucoup d’espoir chez les familles, du fait de son parcours. Mais nous ne sommes pas innocents. Les familles bataillent depuis des années et nous savons qu’un gouvernement socialiste peut faire très mal. Jusqu’ici cet espoir est resté en suspens. Sur tous les cas depuis leur arrivée au pouvoir, notamment celui d’Aurore Martin, c’est surtout le ministre de l’Intérieur Manuel Valls qui s’exprime avec la position qu’on lui connaît. En ce moment Christiane Taubira aurait une opportunité historique de montrer sa volonté de faire justice, notamment dans le cas de la mort de Xabier. Nous verrons. Pour l’instant nous sommes dans un gros décalage entre la parole des élus locaux et la position du gouvernement de leur propre couleur, pour certains, à Paris.

Une de vos principales revendications est la fin de la dispersion. Quelles sont les conséquences de cette dispersion?

L’effet pervers de la dispersion en plus de la monstrueuse galère qu’elle représente pour les familles, c’est que les prisonniers ont peur des accidents pour leurs proches et leur demandent de moins venir leur rendre visite. Car c’est la roulette russe chaque week-end. Par exemple en 2011 il y a eu 13 accidents comme en 2012 et déjà 2 en 2013 (soit environ 1 par mois). Et au total 16 membres de familles de prisonniers sont morts sur le long trajet qu’ils devaient faire pour rendre visite à leurs parents emprisonnés. Car aujourd’hui les 439 prisonniers de l’État espagnol sont dispersés dans 45 prisons et se trouvent en moyenne à 632 km d’Euskal Herria. Les 134 prisonniers de l’État français sont dispersés dans 31 prisons et sont en moyenne à 808 km d’Euskal Herria. Par ailleurs au sein d’une même prison, les prisonniers sont souvent également dispersés dans différents quartiers, modules ou divisions. La dispersion est en fait un outil qui sert à les tuer, notamment dans le cas des prisonniers malades.

Etxerat ce sont aussi les familles des réfugiés qui connaissent également des problèmes de santé et de grande précarité. Pouvez-vous expliquer?

Combiner le désastre qu’est l’assistance médicale en prison à l’allongement des peines et à la dispersion c’est l’équivalent de la peine de mort. Un des autres objectifs de la dispersion a été de briser le collectif des prisonniers, mais cela a échoué. Malgré les difficultés, le collectif existe et s’exprime.

Quelle est la situation des prisonniers malades?

D’après les rapports publiés ces dernières semaines par la plate-forme Jaiki Hadi (collectif de médecins et de soignants), 24 prisonniers sont morts en prison ou juste après leur sortie. Aujourd’hui 14 femmes et hommes sont toujours en prison malgré des maladies graves et incurables. Dix autres sont confinés chez eux avec des mesures de surveillance stricte en raison de leur grave maladie. Tous devraient être libres.

Par ailleurs les médecins de Jaiki Hadi mettent en exergue le lien direct entre les longues peines et la dégradation de l’état de santé des prisonniers.

Ainsi 22 prisonniers ont plus de 60 ans et 9 d’entre eux sont malades. 94 hommes et femmes sont en prison depuis plus de 20 ans et 27 d’entre eux ont besoin d’un traitement médical. Par ailleurs, 42 prisonniers bénéficient de très mauvaises conditions d’assistance psychologique.

A Etxerat nous demandons bien sûr la libération de tous les prisonniers. Cela dit nous mettons en avant cette revendication des prisonniers malades, car c’est une situation extrême. Une fois malade, le prisonnier ne peut pas être bien soigné, cela prend des mois pour poser un diagnostic. Pour avoir un rendez-vous avec un spécialiste, c’est une catastrophe. En plus en tant que prisonnier basque il y a des mesures de sécurité particulières, notamment des escortes qui doivent les accompagner. Cela entrave fortement le droit à la santé. Récemment nous avons dénoncé le cas d’Ibon Fernandez incarcéré à Lannemezan qui a une sclérose en plaques et qui souffrait terriblement. Ils ont mis huit mois avant de lui faire une IRM! Au même chapitre l’histoire de Xabier Lopez Peña nous remue terriblement, car nous savons que chaque prisonnier malade est en danger de mort.

Humainement et psychologiquement quelles sont les conséquences de ces détentions?

Il y a une angoisse perpétuelle pour les familles et beaucoup d’entre elles ne peuvent plus aller voir les prisonniers à cause de leur âge, de leur état de santé et de l’éloignement. Des parents âgés sont morts sans avoir pu revoir leurs fils ou leurs filles incarcérés. C’est entre autre, une des raisons d’exister d’Etxerat : tenter de faire face à ces urgences, essentiellement en développant la solidarité.

Quels sont les projets d’Etxerat?

Continuer à lutter et à témoigner par le biais des familles et des anciens prisonniers. Et faire valoir que le respect des droits de bases des prisonniers, aucun Etat ne pourra en faire l’économie dans aucun processus tel qu’il soit. Enfin le plus grand et le plus important projet d’Etxerat est de disparaître, le jour de la sortie des derniers prisonniers.

Le “moteur” de la solidarité Muriel Lucantis, porte-parole d’Etxerat a connu la prison. C’est une ancienne prisonnière basque qui a passé deux années de 2001 à 2003 à Fleury-Mérogis. Cette jeune femme née à Lille et mère d’une adolescente de 13 ans était avant de connaître le Pays Basque une militante anti-carcérale. Elle a connu le choc carcéral et dix ans après sa libération, elle ne prend jamais sa douche sans penser à celle de la prison de Fleury et à ses compagnes toujours incarcérées : “une douche pourrie où quand tu sors tu as l’impression d’être plus sale que quand tu y es rentrée” dira-t-elle. Aujourd’hui elle a “ce moteur” qu’elle avait avant de faire de la prison : “on ne peut pas vivre normalement quand les autres sont toujours dedans” précise-t-elle.

Un “moteur” et une solidarité qui fait tenir et luter les familles d’Etxerat. L’association dénonce l’attitude de fermeture des gouvernements français et espagnol, la violence qui perdure avec l’application de l’arsenal des mesures antiterroristes : éloignement, dispersion, procédures judiciaires interminables (5 à 8 ans de détention provisoire), condamnations maximales, emprisonnement à perpétuité notamment avec la doctrine dite Parot (197 : 2006), les refus de confusions de peines et de libérations conditionnelles ou les assignations à résidence. “Ces mesures conditionnent depuis des décennies le quotidien de familles, aujourd’hui 598 dont 40 vivent au Pays Basque Nord” explique Etxerat. Et ce, malgré le cessez-le-feu définitif d’ETA validé par une commission d’experts internationaux et soutenu par la quasi-totalité des acteurs politiques et sociaux de tout le Pays Basque.

Béatrice MOLLE

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Fresnes, histoires de fous ( Catherine Herszberg, seuil 2006)

Ce livre est parti d’un constat : la prison est devenue un asile psychiatrique. Un prisonnier sur cinq souffrirait de troubles mentaux. Catherine Herszberg a donc choisi d’aller enquêter là où échouent ceux qui n’ont plus de place nulle part, ni à l’hôpital ni ailleurs. De décembre 2005 à avril 2006, elle a accompagné l’équipe psychiatrique de la prison de Fresnes. Introduite et guidée par Christiane de Beaurepaire, chef du service, elle a suivi les prisonniers, les malades, les soignants, les surveillants. Elle a circulé partout, écouté, regardé, interrogé les uns et les autres, et a rapporté de ce voyage des histoires. Des histoires de fous. Des fous que les prisons de France se refilent comme des  » patates chaudes « . Des fous qui échouent de plus en plus souvent au mitard. Des fous qui, au fond de leur cellule, s’enfoncent chaque jour davantage dans la maladie mentale. Des fous trop fous pour les hôpitaux psychiatriques qui, faute de moyens, ne peuvent plus les accueillir. De ce séjour dans un recoin obscur de notre société, l’auteur revient avec des questions. Criminaliser la maladie mentale, c’est faire un prodigieux bond en arrière. Pourquoi cette régression ? Que penser d’une société qui enferme derrière des murs ses pauvres, ses marginaux, ses malades mentaux ? Si l’on juge de l’état d’une civilisation au sort qu’elle réserve à ses marges, alors la nôtre va mal.

 
Source : http://www.carceropolis.fr/Fresnes-histoires-de-fous.html
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Du 02 au 19 avril 2013 aux assises de Lyon : le procès de l’évasion de la centrale de Moulins a commençé. Solidarité avec les accusés

« IL FAUT QUE TOUT CELA SERVE À QUELQUE CHOSE » 

CHRISTOPHE KHIDER, depuis un des nombreux Quartiers d’Isolement de France.

Christophe Khider l’un des co-accusés –qui, avant même le verdict, n’est pas libérable avant 2045-  veut que ce procès soit l’occasion de dénoncer les peines infinies et cette justice qui tue à petit feu dans des prisons toujours plus modernes et oppressantes.

L’Envolée s’est installée à Lyon depuis le 02 avril et jusqu’au 19 pour suivre et rendre compte du déroulement du procès de l’évasion de la centrale de Moulins-Yzeure qui a lieu en février 2009.

Ce sera pour nous l’occasion de témoigner de notre solidarité avec les accusés en donnant l’échos le plus large possible à ce qui sera dit contre l’isolement carcéral lors de cette mise à mort programmée.

UNE ÉVASION OU UNE TENTATIVE D’ÉVASION, CE N’EST PAS UN FAIT DIVERS, C’EST LE GESTE DE SURVIE D’UN ENFERMÉ QUE L’ON TENTE DE FAIRE MOURIR À PETIT FEU EN PRISON

Le procès a commencé, l’ambiance est lourde, les forces inégales

29 partie civile (aucun blessé) remplissent la salle d’audience ; parmi ces parties civiles des dizaines de matons venus assister à la mise à mort de ces personnes qui ne se sont pas résignées à leur enfermement. Des dizaines de policiers surarmées pour éviter une quelconque tentative d’évasion, et surtout pour transformer les accusés en monstres dangereux.

A nous, qui voulons lutter contre l’enfermement et toutes les dominations, de venir aussi remplir cette salle.

Rendez_vous tous les jours du 02 au 19 avril, aux assises de Lyon, de 09 heures du matin à 17 heures. La cour est située au Palais de Justice Historique dans le quartier du Vieux-Lyon (1, rue du Palais de Justice 69005 Lyon)  L’accès aux salles d’audience est située Quai Romain Rolland.

Et solidarité partout ailleurs.

 

L’évasion : petit retour sur les faits

Le 15 février 2009, deux prisonniers s’évadaient de la maison centrale de Moulins-Yzeure: Christophe Khider et OmarnTop El Hadj parvenaient, à l’issue d’un parloir dominical, à prendre deux surveillants en otages, puis à faire sauter à l’explosif les portes qui les séparaient de l’enceinte extérieure avant de se faire ouvrir la dernière porte de sortie… Leur « liberté » aura été de courte durée : la police leur a tendu un piège en région parisienne quelques dizaines d’heures plus tard. Les tireurs d’élite (et non pas de simples policiers du Val-de-Marne, comme cela a été dit) ont tiré plusieurs balles en visant à hauteur du coeur. Christophe a été blessé à la poitrine. Fin de la cavale.

Les deux femmes qui étaient venues visiter Omar et Christophe ce dimanche-là ont été immédiatement placées en garde à vue pour quatre-vingt-seize heures, elles ont ensuite été inculpées de complicité d’évasion et ont été incarcérées : malgré des demandes répétées de mise en liberté sous contrôle judiciaire, ces deux mères de famille sont restées emprisonnées jusqu’à ce jour…

Christophe et Omar ont toujours été présentés comme « extrêmement dangereux »… Pendant leur courte cavale, ils n’ont blessé personne, et ont préféré laisser partir les otages au risque d’être immédiatement dénoncés et repérés par les policiers. Leur objectif n’a jamais été de tuer froidement, mais d’intimider au besoin pour retrouver la liberté. Une liberté qu’on a définitivement ôtée à des centaines de prisonniers : certains refusent leur condamnation, l’hypocrisie d’une mort maquillée par des peines toujours plus longues, plus éliminatrices. Ceux qui ne se suicident pas et qui ne s’installent pas non plus dans l’espoir quasi-religieux d’une sortie improbable passent quelquefois  à l’action et tentent la belle. Le courage de tenter d’échapper à cette logique de destruction, aux confusions de peines toujours plus hypothétiques leur coûtera de nouvelles années de prison non confusionnables distribuées par une administration pénitentiaire vengeresse et bien décidée à faire chèrement payer ces hommes qui osent encore la braver.

Du 2 avril au 21 avril 2013, a lieu le procès de ces quatre personnes devant la cour d’assises de Lyon. Christophe compte bien faire ce ce procès celui de la longueur des peines, celui de la justice, celui du système carcéral.

« Tout cela », c’est son refus de mourir lentement en prison, son refus de purger une peine comparable à une peine de mort (plus de quarante-cinq ans), son besoin de liberté – il a déjà passé vingt ans derrière les barreaux, et souvent dans les quartiers d’isolement des différentes maisons d’arrêt dans lesquels l’administration pénitentiaire l’a fait tourner.

« Servir à quelque chose » : à dire à tout un chacun la réalité des peines éliminatrices, la torture blanche de l’isolement carcéral, le refus de la prison et du monde qu’elle façonne.

A lire : Fraternité à perpet’, le livre sur une précédente tentative d’évasion de Christophe Khider paru au moment de son procès disponible en libre téléchargement (en cliquant sur son titre ci-dessus).

Source : http://lenvolee.net/du-02-au-19-avril-2013-proces-aux-assise-de-lyon-de-levasion-de-la-centrale-de-moulins-le-15-fevrier-2009/

 

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Évasion de Palaiseau : un an de prison pour t’enlever le goût de la liberté.

Le 2 avril 2013, les juges de la cour d’appel ont rendu leur verdict concernant Ibrahim El Louar, condamné en première instance à 2 ans de prison ferme suite à l’évasion de Palaiseau le 16 décembre 2012.

Les chefs d’inculpation de tentative de soustraction à une mesure d’éloignement et de vol aggravé ont été annulés. Mais il a été reconnu coupable pour les violences aggravées sur agents dépositaires de l’autorité publique (à savoir Frantz Piece et Coralie Bouton) en état de récidive légale et condamné à 1 an de prison ferme. Il est donc maintenu en détention à la prison de Fleury-Mérogis.

Vous pouvez toujours lui écrire : Ibrahim El Louar – écrou n°399815 – Bâtiment D4 – MAH de Fleury-Mérogis – 7 avenue des Peupliers – 91705 Sainte-Geneviève-des-Bois

La cour d’appel ne voulant pas désavouer les juges du tribunal d’Évry ni les flics du centre de rétention de Palaiseau, a coupé la poire en deux : mi chef d’inculpation, mi peine. Quoi de surprenant : la police et la justice font partie de la même machine. Ibrahim grâce à son appel, qui lui a permis de préparer sa défense, fera toujours un an de prison de moins.

Mais un jour enfermé sera toujours un jour de trop. Liberté pour tou-te-s, avec ou sans papiers !

evasionpalaiseau@riseup.net

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A la prison de Lyon-Corbas, un détenu placé à l’isolement à cause de la surpopulation

C’est une décision qui a de quoi surprendre. Transféré de la prison de Rouen le 14 mars à celle de Lyon-Corbas, un détenu a été placé à l’isolement, « compte tenu de la surpopulation actuelle de l’établissement ».

L’administration pénitentiaire justifie sa décision par « l’importance » du procès aux assises dans lequel va comparaître Eugène B., à partir du 2 avril. Il est en effet poursuivi pour complicité dans l’évasion de la centrale de Moulins en 2009. Des faits largement « médiatisés » à l’époque comme le souligne également la pénitentiaire. Eugène B. est accusé d’avoir incité sa compagne à apporter les armes ayant servi aux deux fugitifs.

Pour autant, la direction de la prison ne met pas en avant une dangerosité particulière de ce détenu. Elle avance une raison étonnante :

« La surpopulation actuelle de l’établissement ne permet pas un placement en cellule individuelle ».

Or Eugène B. ne supporte pas cette mesure d’isolement, qui n’est pas, au sens strict, une punition (comme le placement au mitard) mais qui y ressemble.
Le prisonnier placé à l’isolement étant privé de tout contact avec les autres détenus. La seule différence avec le quartier disciplinaire, est qu’il n’est pas privé de télévision, ni de la cantine.

Défendu par l’avocat David Metaxas, Eugène B. a donc fait un recours contre cette décision. Jugé vendredi en urgence devant le tribunal administratif de Lyon, il a été débouté.
Un jugement qui ne surprend pas Lionel Perrin de l’Observatoire International des Prisons (OIP) qui soutenait le recours du prisonnier :

« C’est une jurisprudence constante. Le juge des référés ne reconnaît jamais le caractère d’urgence d’un recours contre un placement à l’isolement. Si l’affaire était jugée sur le fond, la décision de l’administration pénitentiaire serait annulée car aucun risque d’atteinte à la sécurité n’a été avancé ».

Cette décision de la direction de l’administration pénitentiaire vient une nouvelle fois rappeler les difficultés que connaît cette maison d’arrêt ultra-moderne de Lyon-Corbas inaugurée en 2009. La prison où l’on se suicide le plus en France est également surpeuplée (879 détenus pour 688 places au 1er février 2013). Et pour cette raison, on place des détenus à l’isolement.

source : http://www.rue89lyon.fr/2013/03/30/prison-lyon-corbas-detenu-place-isolement-cause-dsurpopulation/
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Christophe Khider, ou l’obsession de « la belle »

Ce dimanche 15 février 2009, comme chaque week-end à la prison de Moulins-Yzeure (Allier), de nombreuses familles ont fait le déplacement pour rendre visite à leurs proches incarcérés. Il est à peine 16 heures quand une explosion retentit dans la zone réservée aux parloirs. Christophe Khider et Omar Top El Hadj viennent de faire sauter une porte du sas qui mène vers l’extérieur. Quelques instants plus tard, une deuxième explosion se fait entendre. Des coups de feu sont échangés. Les détenus ont deux surveillants en otage et menacent de s’en prendre à eux si les dernières portes qui les séparent de la liberté ne sont pas débloquées. Après de longues minutes, le directeur de la prison ordonne leur ouverture. La cavale durera deux jours.

Mardi 2 avril, près de quatre ans après les faits, les deux détenus et trois de leurs complices présumés se retrouveront pour trois semaines devant la cour d’assises de Lyon face à 29 parties civiles afin de s’expliquer sur les circonstances de l’évasion et de la cavale qui a suivi.

Un choc pour l’équipe de la prison. Comment des armes et des explosifs ont-ils pu rentrer dans l’enceinte de l’établissement, réputé l’un des plus sécurisés de France ? Y a-t-il eu des complicités internes ou externes? Et surtout, comment Christophe Khider, détenu particulièrement surveillé (DPS), dont une note de l’établissement datée de fin 2008 mentionnait « un projet d’évasion imminent », a-t-il pu tromper la vigilance du personnel? Lui le sait. A 41 ans aujourd’hui, il a déjà passé plus de dix-sept ans en prison. « Deux cent dix mois ou 6 300 jours », précise-t-il par écrit depuis sa cellule au Monde. Il est libérable le 28 janvier 2037. Peine à laquelle pourrait s’ajouter une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité dans le cadre du procès de Lyon.

« IL N’A PLUS RIEN À ATTENDRE NI À PERDRE COMPTE TENU DE LA DURÉE DE LA PEINE QU’IL EXÉCUTE »

Et toujours l’évasion comme seul horizon. Presque une obsession, qu’un psychiatre avait formulée ainsi en 2001 : « Il présente une dangerosité certaine car il n’a plus rien à attendre ni à perdre compte tenu de la durée de la peine qu’il exécute. Une récidive est à craindre. » Christophe Khider n’a d’ailleurs jamais fait mystère de ses intentions. Au juge qui l’interrogeait après les événements de Moulins, il déclarait: « Je dois vous dire qu’une partie de mon temps est occupé à la recherche d’une solution pour m’évader. » L’évasion de Moulins est sa quatrième tentative. La seule qui a réussi. Selon l’administration pénitentiaire, il y en aurait eu sept, ce que dément son avocate, Me Delphine Boesel. La première fois qu’il a tenté d’échapper aux autorités remonte à 1997 quand, jugé par le tribunal de Bobigny pour vol aggravé, il avait enjambé le box des prévenus avant d’être rattrapé par les gendarmes.

La plus spectaculaire s’est produite en 2001. Après avoir braqué un hélicoptère et son pilote, Cyril, son frère cadet, avait tenté de l’extraire de la prison de Fresnes en positionnant l’engin au-dessus de la cour de promenade. Le filin qu’il avait lancé s’était révélé trop court pour que Christophe Khider s’en saisisse. Ce dernier s’était rendu après vingt heures de siège. Cyril sera condamné à dix ans de prison. Christophe à quinze. Leur mère, Catherine-Charles, décédée depuis, qui ne quittait plus son petit pendentif en forme d’hélicoptère, en tirera un livre, intituléFraternité à perpète. Elle s’engagera ensuite dans la lutte pour l’amélioration des conditions de détention. « Je ne lui demanderai pas de se rendre pour mon petit confort personnel de maman, disait-elle alors que son fils était en cavale après l’évasion de Moulins. Cela reviendrait à lui demander d’accepter l’incarcération jusqu’en 2040, une peine de science-fiction. Je refuse de condamner une cavale du désespoir. Même si ça dure deux jours, au moins il vit. » Doté d’une « intelligence au-dessus de la moyenne », selon les termes d’un expert, Christophe Khider a élaboré de multiples scénarios d’évasion. Chaque fois, grâce à son charisme, il s’est attiré le soutien de complices dans et hors les murs de la prison.

D’après l’enquête sur l’évasion de Moulins, deux femmes ont ainsi joué un rôle déterminant. La compagne d’alors de Christophe Khider. C’est elle qui a fourni l’arme, les munitions, les détonateurs et les explosifs. « Par amour », dira-t-elle plus tard. Mais rien n’aurait été possible sans la concubine d’un codétenu. A la suite d’une intervention chirurgicale au cours de laquelle des broches métalliques lui ont été posées au niveau du dos, elle faisait sonner le détecteur de métaux à chaque fois qu’elle passait le contrôle de sécurité. Une particularité qui, certificat médical à l’appui, lui a permis de faire rentrer le nécessaire à l’évasion.

Plus tôt, en 2006, alors qu’il était incarcéré à Lannemezan (Hautes-Pyrénées), il avait tenté de se faire la belle en accédant par des gaines électriques à une pièce réservée aux surveillants d’où il pouvait subtiliser des outils susceptibles de lui permettre d’ouvrir la porte de sa cellule. Il a été arrêté avant de passer à l’acte et condamné à trois ans de prison.

Plusieurs condamnations ponctuent sa biographie pénale. La première, en janvier 1992, quand la cour d’assises des mineurs l’a condamné à cinq ans de prison dont deux avec sursis pour un vol avec arme commis à l’âge de 17 ans. Un père absent, une mère toxicomane, des braqueurs en guise de beaux-pères et des placements en foyer ou en famille d’accueil ont accéléré l’écriture de ce destin de hors-la-loi.

« JE N’AI PAS UNE ESPÉRANCE DE VIE DE 150 ANS… »

En novembre 1999, il est condamné à trente ans de prison pour meurtre, séquestration, vol, recel et port d’armes prohibés. Un verdict qu’il n’a jamais accepté, ne cessant de jurer, contre la version des experts balistiques, que le tir mortel était accidentel. Après un braquage, il avait tué un automobiliste à qui il tentait de voler la voiture pour prendre la fuite. Dès lors, il n’a cessé de remettre en cause l’ordre pénitentiaire, qu’il voit d’abord comme la promesse d’une mort lente. « Trente ans, quarante ans, cinquante ans, soixante ans, je ne suis pas une tortue des Galapagos, je n’ai pas une espérance de vie de 150 ans… », lâche-t-il.

Désormais détenu à la prison d’Annoeullin (Nord), Christophe Khider a connu près de 40 établissements pénitentiaires. « Pour les gars comme moi, la réinsertion est un mensonge, un jargon politicien », explique-t-il. Pour décrire son quotidien en prison, il a banni le mot « agréable ». « Il y a un vocabulaire qui n’existe plus intra-muros, un vocabulaire qu’on s’interdit, sinon c’est Gillette ou la corde. » Il a aujourd’hui trois enfants. Ses journées sont rythmées par la boxe, l’infographie, la lecture et les parloirs. En 2012, il s’est marié à une femme qui lui avait déclaré sa flamme dans une lettre, après les événements de Moulins.

Il attend l’audience devant la cour d’assises comme on s’apprête à « aborder un bateau ennemi ». « Compte tenu de la longueur de sa peine, et du peu d’horizon qu’elle lui laisse, c’est sûrement la question des complicités qui sera au centre des débats », analyse MeBoesel, qui le défend avec son confrère Me Bernard Ripert. Quant à sa libération, Christophe Khider assène : « Je l’envisage dès que je peux. »

 

source : Le Monde.fr | 01.04.2013
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Le prisonnier politique basque Xabier López Peña a été victime d’un infarctus

Le prisonnier politique basque Xabier López Peña, incarcéré à Fleury, a été victime d’un infarctus. Suite à un accident cardiovasculaire, López Peña avait été hospitalisé le 11 mars dernier. Ce n’est qu’après une semaine entière que sa famille comme son avocate ont pu prendre connaissance de son état et de son hospitalisation.

L’infarctus dont a été victime Xabier López Peña à la prison française de Fleury met en évidence les risques provoqués par une politique pénitentiaire qui flirte de manière macabre avec la fatalité. La prise de connaissance du grave problème de santé dont souffre López Peña coïncide avec une accumulation de mauvaises nouvelles survenues en prison, toutes ayant pour dénominateur commun le non-respect des Droits de l’Homme et la souffrance.

La prison en elle-même est un nid de maladies, tel que le démontrent de nombreuses études médicales, ce à quoi il faut rajouter les mesures d’exception appliquées aux prisonnier(e)s politiques basques. La combinaison des deux entraîne de manière évidente une violation des Droits de l’Homme. Les conséquences sont forcément très douloureuses pour une grande partie de la société basque.

Le récent décès d’Ángel Figueroa -en prison à domicile avec une épilepsie grave-, le cancer de la prostate diagnostiqué à Ventura Tomé, la sclérose en plaques dont souffre Ibon Fernández Iradi ou l’infarctus dont a été victime López Peña sont les derniers exemples d’une liste bien trop longue. Le mois de mars a montré avec toute sa cruauté les effets d’une politique pénitentiaire qui ne cesse de générer souffrance, violations, maladies et mort. Depuis Herrira nous réclamons encore une fois la libération des prisonniers malades, pour faire en sorte que des situations tragiques et irréversibles telles que celle d’Ángel Figueroa et des 22 autres prisonniers politiques basques morts en conséquence de la politique pénitentiaire ne se reproduisent.

Il ne s’agit pas d’événements isolés ni dus au hasard. La violence exercée à l’encontre des prisonniers politiques basques est une conséquence directe de la politique pénitentiaire utilisée dans le but de bafouer des droits en toute impunité. Le fait que ce genre de nouvelles qui retournent le cœur de milliers de citoyen(ne)s basques nous arrivent des prisons est un vrai scandale, sachant le désir de la société basque de laisser derrière elle souffrance et violations des Droits de l’Homme.

Il est indispensable d’en finir avec les mesures d’exception. Les gouvernements qui les maintiennent sont d’une irresponsabilité absolue, on ne peut définitivement pas jouer de manière quotidienne avec la vie de milliers de personnes. Cette situation génère l’une des plus importantes violations des Droits de l’Homme qui existe en Europe et doit cesser immédiatement.

La société basque souhaite des solutions et en finir enfin avec toutes les souffrances, elle souhaite le respect des Droits de l’Homme et le dépassement des conséquences du conflit, la construction d’espaces de collaboration, avancer jusque la paix. En ce sens elle souhaite un changement de la politique pénitentiaire pour en terminer avec les violations des Droits de l’Homme qu’elle provoque. Herrira travaille sans cesse pour atteindre cet objectif par l’accumulation de forces et les initiatives qui rassemblent le plus grand nombre de personnes possible.

source : http://herrira.org/fr/2013/03/le-prisonnier-politique-basque-xabier-lopez-pena-a-ete-victime-dun-infarctus/

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Sur la grâce présidentielle

Repères : 2000

Tel est le nombre de demandes de grâces en 2012 selon la chancellerie. Mais les chiffres des grâces sont aussi secrets que la procédure. Si bien qu’on ne sait pas si ces 2 000 cas couvrent les seules demandes de grâce pour les condamnations criminelles et correctionnelles ou comprennent également les contraventions.

«Politiquement c’est difficile à gérer : la grâce [présidentielle] reste liée à l’arbitraire royal.»
Dominique Raimbourg député (PS) spécialisé sur les questions de justice

Le condamné, son avocat, ses proches, une association ou un procureur peuvent adresser un recours en grâce au chef de l’Etat. La grâce individuelle dispense le condamné d’effectuer tout ou partie de sa peine, mais sa condamnation reste inscrite au casier judiciaire. Il existe aussi la grâce collective. Traditionnellement le président de la République octroyait chaque 14 juillet des remises de peine. Nicolas Sarkozy a mis fin à cette pratique en 2008.

 

source : http://www.liberation.fr/societe/2013/03/25/reperes_891213

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REPAS DE SOUTIEN A LA COMPIL POUR LES PRISONNIERS DE VILLIERS-LE-BEL LE 11 & 12 AVRIL

repas de soutien a la compil VLB
 Le 25 novembre 2007, Lakhamy et Moushin, deux adolescents de Villiers-le-Bel, décèdent suite à la collision de leur moto avec une voiture de police. Plusieurs nuits de révoltes éclatent, laissant s’exprimer la colère de centaines d’habitants qui refusent de croire à la version policière d’un simple accident. Des dizaines de policiers sont blessés, notamment par des tirs d’armes à feu. La répression judiciaire succède à la pacification policière. Trois séries de procès ont lieu, apportant chacun leur lot de condamnations. Depuis février 2008, Abderrahmane et Adama Kamara sont incarcérés. Condamnés sans preuves et essentiellement sur la base de témoignages anonymes rémunérés, en 2010, puis en appel en 2011, à des peines de 15 et 12 ans de prison, Abderrahmane et Adama Kamara ont fait les frais d’un procès pour l’exemple. A l’inverse, tous les procès où les actes des flics ou des matons sont mis en cause aboutissent à des non-lieux, des acquittements ou des peines dérisoires. Depuis bientôt 6 ans, le procès des flics impliqués dans la mort de Lakhamy et Moushin est constamment reporté par une série de non-lieu et de renvois.

Depuis plusieurs années maintenant, des initiatives de solidarité se montent pour soutenir les prisonniers et pour que cette vengeance d’état ne tombe pas dans l’oubli. Une compilation rap de soutien dont les bénéfices seront reversés aux prisonniers est en préparation.

Pour la financer deux repas de soutien ( Menu à prix libre ) auront lieu les 11 et 12 avril 2013 à la cantine des Pyrénées, de 12h à 15h au 331 rue des Pyrénées M°Pyrénées./

 

 

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La justice suspend la fouille corporelle intégrale à la prison de Fresnes

Le tribunal administratif de Melun (Seine-et-Marne) a suspendu vendredi 29 mars la fouille corporelle intégrale pour les détenus accédant au parloir, instituée par le directeur de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), selon une décision obtenue par l’AFP.

Le juge du tribunal administratif avait été saisi d’un référé-liberté par la section française de l’Observatoire international des prisons (OIP), qui avait déjà obtenu une première décision favorable devant la même juridiction en juillet 2012.

Dans une note datée du 24 décembre 2012, le directeur de la maison d’arrêt de Fresnes avait institué un régime de fouilles corporelles intégrales systématiques pour tous les détenus s’étant rendu au parloir. Le juge a notamment relevé que « l’administration (n’avait) fait état d’aucun événement particulier (…) de nature à faire présumer un risque pour la sécurité des personnes ou le maintien du bon ordre dans l’établissement ».

Il a également noté que « l’application systématique d’un tel régime aux détenus de Fresnes lors de chaque visite qu’ils reçoivent constitue une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté fondamentale » de ces détenus. La décision de juillet concernait une première note du directeur de l’établissement, en date du 5 juin.

 

source : Le Monde.fr avec AFP | 29.03.2013
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