Lettre d’un prisonnier du centre de detention de Roanne

Voici une lettre ecrite par G. ASKAROGLU. Il raconte comment, suite a des petitions transmis a l’automne dernier, qui mettaient en cause notamment les fouilles aux parloirs et l’exploitation dans les ateliers de travail, il a été mis a l’isolement pendant 3 mois, et il est maintenant en regime porte fermée depuis 5 mois. Cette lettre parle aussi plus generalement du fonctionnement des nouvelles prisons et du regime porte fermée.

C’est possible d’appeler le directeur de cette prison, M. BOYER : au 04 77 23 82 97. Pour exiger a minima que G.ASKAROGLU soit remis en regime porte ouverte, et pour que ce directeur constate que ce qui se passe a l’interieur de ses murs a des echos dehors.

 

Malheureusement, j´ai fait beaucoup de taule. J´ai demandé à venir ici pour me rapprocher de ma femme et mes enfants, et essayer de faire baisser ma période de sûreté [1].

Mais en arrivant dans cet établissement il y a plein de choses qui sautent aux yeux par exemple au niveau des parloirs famille. Assez vite il y a eu un bras de fer avec le chef des brigadier des communs, parce que comme j´avais l´habitude des UVF, il y avait des choses que je trouvais inadmissibles. Par exemple, les couvertures étaient sales, il y avait des taches de sperme dessus, et si tu leur disais ils répondaient qu´ils les lavent une fois par semaine. C´est inadmissible, c´est pas un bordel ici ! Il a fallu que j´insiste, un soir j´ai pris les couvertures, je les ai jetées devant la porte en disant qu´on allait dormir sans couverture. J´ai écrit des courriers à la direction, ensuite ils ont cédé, donné des couvertures dans des plastiques fermés, mais il a fallu se battre. Le chef de commun me disait que j´avais rien a faire ici, que j´avais « pas le profil [2] ».D´ailleurs en arrivant, j´ai demandé à faire une formation de comptabilité de quelques mois : ils m´ont répondu que j´avais pas le profil, que j´étais loin de la sortie.

Les problèmes au parloir : 

A un moment, j´ai eu un parloir avec ma femme et mes enfants, et ils rigolaient. Un surveillant, (on l´appelle « le blond »), a tapé comme une brute à la porte en disant qu´il fallait qu´ils arrêtent « par respect pour les autres détenus », c´était vraiment humiliant pour nous. Ça s´est reproduit une deuxième fois, alors je me suis énervé, et à partir de là, ça a commencé à chauffer.J´ai écrit à la direction plusieurs fois, on m´a pas répondu, j´ai vu le brigadier qui m´a dit qu´il allait lui toucher un mot… Mais il n´y a rien eu, et ça a duré des mois ces histoires…Un autre jour le même surveillant, de loin me crie dessus « c´est comme ça qu´on t´a appris le respect » devant tout le monde, d´une façon humiliante. J´arrive vers lui, ça se met à crier, il met quasiment son front sur moi en disant « qu´est ce qu´il y a, tu fais, le beau etc ». j ai vu qu´il cherchait l´affront avec moi, puis il m´a dit « on verra ». J´ai pris ça comme une menace.Juste après j´ai eu un autre problème avec les surveillants…et j´ai décidé de faire un combat.

La fouille aux UVF

Ma femme vient aux UVF. Elle m´a expliqué que quand ils arrivent, les surveillants les regardent comme des animaux, sans aucune gêne, comme des vicieux. Juste en face il y a une machine. Quand tu passes les affaires il n´y a rien qui sonne, ou rien qui est suspect, tu n´as pas a ouvrir ton sac. Ils lui ont demandé de sortir ses dessous. Ma femme a râlé, ils lui ont dit de sortir. Elle a refusé, et c´était humiliant, parce qu´au final elle a du se plier à eux, avec des hommes qui regardaient.Ce jour là, quand ma femme m´a dit ça, j´ai tapé un bordel. J´ai fait appeler le brigadier, mais c´est une surveillante qui répond, avec qui y avait déjà eu des problèmes quand la prison s´est ouverte. Elle prenait un petit miroir, et se mettait dans l´angle pour regarder. Parce qu´il y en a qui ont un peu d´intimité, des relations sexuelles au parloir, et avec son système de miroir elle regardait tout…J´ai dit au brigadier que je ne voulais plus avoir affaire avec elle, plus avec « le blond », et qu´il n’ait de contact avec ma famille.Le lendemain, comme par hasard, c´est lui. Quand ma femme rentre, comme d´habitude avec son sac, rien ne sonne. Il demande qu´elle ouvre les sacs et fouille sans ses gants. Il enlève une crème de massage en disant que c´est interdit, alors que d’habitude elle la fait rentrer.Puis il demande à nouveau qu´elle ouvre le sac avec ses dessous, elle refuse, en disant que c´est personnel et intime. Il parle du règlement en disant que si elle est pas contente elle sort. Elle a demandé à voir le responsable. Devant lui, il parle de la crème de massage, mais pas des dessous ; ça fait qu´il ne l´a pas fouillée, il l’a laissée passer.Quand elle est arrivée aux UVF, elle avait les nerfs. Un surveillant lui a dit « oh mais c´est pas grave si je vois vos culottes, c´est normal ».Je me suis vraiment fâché. Je voulais plus lui dire bonjour, il a demandé pourquoi, je lui dis qu´il a manqué de respect à ma femme, on s´est embrouillés.Je précise en plus que toute la bouffe qu´on cantine pour les UVF, ça coute vraiment cher. Maintenant c´est de la bouffe dégueu, c´est que des surgelés qui ont remplacé les produits frais, mais les prix sont les mêmes. D´ailleurs c´est arrivé que quand l´UVF était terminé je demande à récupérer ce que j´avais cantiné et qu´on avait pas consommé, pour que ma famille le ramène, et là ils disent qu´il ne reste rien ! Et là pareil, il faut insister pour qu´à la fin ils te le donnent !Quand je suis venu ici, c´était marqué que dans cet établissement il y a un UVF tous les 2 mois. Ici il y a plein de gens qui se font rouler, qui ont un UVF une fois tous les 4 ou 5 mois, quand ils demandent ils leur disent qu´il n´y a pas de place !

Les pétitions

Bref. J´avais fait part de ces problèmes à d´autres détenus, par rapport à ce qui se passe aux parloirs famille. On a fait des pétitions, mais pas que sur ce sujet.Ça parlait aussi des fouilles corporelles, des problèmes aux ateliers, de plein de choses.Le directeur m´appelle, le jour où je devais partir au Tribunal d´Application des Peines pour faire baisser ma période de sûreté. Et je reste 2heures et ¼ dans son bureau, je lui dis que je vais porter plainte contre les surveillants. Il me dit que si je fais ça il me transférera où il veut lui, il m´a fait un chantage.En plus quand je suis arrivé dans cet établissement, deux mois après, j´ai demandé 2 UVF, pour maintenir le lien familial. Ma femme ne voulait plus venir aux parloirs. On a vraiment pas de liberté, tu te fais accompagner quand tu vas aux toilettes, tu dois appuyer sur l´interphone, à chaque fois etc. Dans d´autres établissements tu peux sortir, aller prendre un café, revenir… ici non. T as un double parloir, tu restes 3 heures, tu suffoques. Quand on a fait des années de prison, c´est vraiment pas agréable, on a du mal à rester.Comme ma femme ne voulait plus venir aux parloirs, ils m´ont donné un deuxième UVF.Quand j ai eu cet entretien il m´a bien rappelé qu´il avait donné cet UVF, et il m´a garanti que je le verrai plus ce surveillant, qu´il serait plus avec ma famille, pour pas que je porte plainte. J´en demandais pas plus, qu´on respecte ma famille quand elle vient.Les surveillants, de bouche à oreille, ont su que j avais vu la direction. Le fait que j avais deux UVF ça faisait des jalousies, et à chaque fois ils disaient aux autres détenus « tiens c´est pas normal que tel détenu a un UVF en plus » voilà, ils étaient prêts à tout faire pour essayer de me nuire. Après quand j´ai fait la demande pour baisser ma peine de sûreté, la direction m´a appuyé.La mise à l´isolementIls m´avaient bien fait comprendre que si les pétitions partaient ils me feraient sauter l´UVF. J´ai dit que j avais déjà 40 lettres qui étaient parties pour l´OIP, et encore d´autres qui n´étaient pas encore parties. Le directeur avait dit qu´il s´en foutait de l´OIP, mais qu´il ne fallait pas les envoyer au ministère.C´était pas de l´intox, mais l´avocat a mis du temps à les envoyer, et finalement il a envoyé les 80 lettres, signés par d´autres détenus, à la direction, et pas à l´OIP. Ça parlait notamment des horaires de travail, parce que normalement on est payés 4 euros/heure, et parfois on est payés même pas 2 euros/heure etc. Par rapport à ces lettres, on m´a envoyé à l´isolement, et ils ont supprimé mon UVF.Le problème que j´avais eu avec le surveillant avait débordé sur tout, c´est pour ça que j´avais dit a mon avocat d´envoyer toutes les lettres. Le brigadier m´avait dit qu´ils allaient me mettre la misère.Au début ils m´ont envoyé à l´isolement 2 jours, mon avocat a trouvé un vice de forme et m´a fait sortir. Dans le dossier, il y avait juste une feuille avec ce que disait Mr KIPAILLE (?), un surveillant d´un autre bâtiment, qui dit que j´avais incité d´autres détenus à l´émeute. C´était leur motif.Quand je suis sorti ils m´ont fait passer au prétoire. Ils ont trouvé d´autres témoignages, ils disent que sur les 80 lettres que j´ai envoyées, il y a 5 détenus que j´ai forcé à écrire. Ils m´ont mis ensuite à l´isolement pendant 3 mois et quand je suis sorti, ils m´ont mis en porte fermée au B0.

Les lettres anonymes

Il y a aussi une étape très importante. Quand j´étais à l´isolement, 15 jours avant que je sorte, j´ai reçu une lettre avec écrit OIP derrière, comme si ça venait d´eux, et mon nom et mon prénom devant.Dans ce courrier, il y avait des sous entendus par rapport à un article qui parlait de mon affaire à moi. C´est un article d´un journaliste qui a pris en vrac des déclarations qui ont été faites lors du procès pour faire un article racoleur disant « il balance son meilleur ami à la barre ». Moi je suis au clair sur ce que j´ai dit ou pas avant et pendant le procès, mais ceux qui ont envoyé cette lettre anonyme savaient très bien que balancer des rumeurs comme ça sur quelqu´un peut avoir des conséquences très graves.Ce qui m´a frappé c´est qu´en bas, à la règle, ( règle pour écrire des lettres types) c´était écrit « 80 exemplaires distribués au bâtiment ». C´est une coïncidence ? Derrière c´était marqué OIP mais il n´y a pas le tampon de l´OIP . Et selon la date à laquelle elle a été postée, ils ont mis 10 jours à me la donner. Normalement, c´est 2 ou 3 jours, 4 s´il y a des problèmes, mais pas plus. Et ils me l´ont donnée un samedi, alors qu´on ne reçoit pas de courrier le samedi en prison. Donc j´ai écrit à la direction, je me suis plaint par rapport à ça. Arrivé au bâtiment, je tombe sur des amis que je connais, et ils m´ont dit qu´il y a un gros tas de lettres comme ça qui ont été mises sur la table de ping-pong au gymnase. Mais bon au gymnase il y a des caméras !Donc quand j´ai entendu ça j´ai commencé à paranoïer, je me suis demandé si c´était les surveillants, d´autres détenus… et des détenus m´ont dit qu´ils avaient vu des courriers sur la table, et qu´on voulait mettre une rumeur sur mon dos. Du coup j´en ai parlé avec le moniteur de sport, un surveillant, Franck, il m´a dit qu´il n´avait pas vu un tas, mais une lettre, dans le bureau des surveillants, avec les deux autres moniteurs de sport, et qu´il était prêt à en témoigner. Alors pour moi c´est soit un complot des surveillants, soit un complot de la direction, pour m´entacher, pour que j´aie des problèmes. Ça aurait pu aller loin, le sang a failli couler dans cette histoire.J´en avais parlé à mon avocat, en lui demandant de porter plainte contre X, mener une enquête, mais après il a eu des problèmes, et je n´ai plus jamais eu de nouvelles de ça.

Le régime « porte fermées »

Donc le B0 c´est quand t´es en Centre de Détention, mais t´as pas les portes ouvertes. Avant il y avait aussi un bâtiment semi-ouvert, maintenant c´est ouvert partout, sauf le B0. Là on a droit qu´à la promenade. On a pas droit aux activités. Même en maison d´arrêt t´as droit aux activités. T´as un office pour faire la nourriture, bein ici on y a pas accès, le téléphone ça a changé, maintenant on peut appeler qu´à des horaires précis… T´imagines, quand on est 30 ou 40, si on veut tous téléphoner, c´est impossible.Et là encore, je dois appeler mon avocate, ça fait une semaine que je demande, et que ce n´est pas possible… parce que celle qui s´en occupe est en vacances ! Le sport on peut y aller une heure le matin une heure l´après midi, sauf le vendredi. Il faut choisir, soit aller au gymnase, soit aller au foot. Et encore, si tu suis des cours, c´est ou l´un ou l´autre ! Par contre, il y a un brigadier qui entraîne les surveillants à l´aïkido !On a eu l´eau coupée en promenade pendant des mois. Il y avait eu des problèmes au niveau des canalisations, et il a fallu gueuler, avec la chaleur qui revenait, ils l´ont remise seulement il y a un mois. On a la cour qui est dégueulasse.Avant, je comprenais pas pourquoi certaines personnes qui allaient au B0 y restaient longtemps, et bien là j´ai bien compris. Je te donne un exemple , moi quand je suis venu au B0, ils ont essayé de me chercher la merde. Le 28 mars, le chef du bâtiment a essayé de me provoquer, presque en mettant son corps sur moi pour me faire rentrer dans ma cellule. J ai vu qu´ils voulaient à tout prix me coller un rapport d´incident. Entretemps j´avais vu la directrice en audience. Je lui disais que j´avais rien à faire en porte fermée, que j´avais pas de rapport d´incident et que je voulais aller en porte ouverte. Elle m´a garanti que je resterai qu´un mois. Et elle me dit, « vous savez, c´est pour l´exemple ». Je demande l´exemple de quoi, j´ai fait 3 mois d´isolement vous voulez quoi encore ? Et elle dit « oui mais c´est pas moi c´est la hiérarchie ». J´écris à la direction, à Mr BOYER, en disant que je ne comprends pas, que la directrice m´a dit que j´allais sortir etc.En fait ils m´ont fait passer en commission, et Mme Mme PETIT qui s´occupe de moi normalement , était en vacances, donc c´est Mr GLAPIER (le sous directeur) qui était là. En fait quand tu es en régime porte fermée, il y a une commission tous les mois, où ils décident de t´y maintenir. Et si tu veux en sortir, il faut faire un courrier. Mais personne ne me l´a dit ! En plus, cette Mme PETIT dit qu´elle est énervée parce qu´elle était en vacances quand la commission a eu lieu, mais elle n´a même pas laissé une note à mon sujet !Quand je l´ai revue on a eu un accrochage verbal, je lui dis qu´elle m´avait promis que j´allais sortir du B0, elle me répond qu´il aurait fallu que j´écrive, alors qu´elle m´a jamais dit ça… J´ai répondu que j avais rien à lui dire, qu´ils étaient des hypocrites sans parole qui voulaient juste me mettre la misère et me laisser au bâtiment 0.

Comment ils essayent de justifier le maintien en portes fermées

Et là ils trouvent un prétexte, ils disent qu´il y a un mois et demi j´étais au sport, et c´était pas mon tour, et le brigadier est venu me dire de sortir. Je réponds que je ne comprends pas, qu´il n´y a pas eu de rapport d´incident.J´ai vu comment ils font, avec moi et tout un tas de jeunes qui sont la, ils leur trouvent des prétextes pour justifier leur placement au B0. Mais vraiment des histoires de rien ! Quand je suis arrivé par exemple, il y a des jeunes, ils leur disaient « tu n´auras pas d´UVF parce que tu as eu un rapport ». Du coup ils lui mettent une sanction avant de passer au prétoire, et après en plus tu te tapes du mitard. C est quand même cher payé ! J´ai remarqué que plusieurs fois il m´ont appelé en me disant par exemple : « oui il y a deux mois en arrière vous avez traîné devant la coursive, qu´est ce que vous avez à dire la dessus ». Non mais vous rigolez ! Je leur dit « ça sert à rien de m´appeler pour ça, des trucs d´il y a deux mois en arrière je ne me rappelle même plus de ce que vous me dites, vous mettez des rapports comme ça pour justifier mon placement en porte fermée »Bon et voilà avec le temps qui passe, ils essayent de me mettre des rapports et faire monter la pression pour chaque petit détail. Par exemple, à un moment on avait le droit au B0 de faire des machines à laver tous les jours. Maintenant c´est un jour sur 2, dans la même aile, y a un coté qui a droit à un jour et l´autre à un autre. Dans les autres étages, ça n´existe pas ça. Pareil pour le téléphone, c´est des pressions psychologiques. On a droit a rien, pas de salle d´activité, on est dans le bitume, ça va faire 12 piges à la fin de l´année que je suis en prison, je ne comprends pas cet acharnement contre moi.J´avais écrit au directeur pour l´histoire du brigadier qui avait mis son front contre moi, et normalement le directeur a 15 jours pour répondre. Au bout de 15 jours, rien.Par contre Mme PETIT me fait venir pour me parler de cette lettre, comme si je lui avais écrit à elle, disant que tout le monde sait que le courrier arrive chez elle ! Mais c´est au directeur Mr BOYER que j´ai écrit, et c´est de lui que j´attends une réponse. En plus, elle me montre un feuille en me disant qu´elle est contente, que c´est une feuille de profil (qui sert pour les transferts) pour aller à Mauzac. Je suis surpris, je lui dis que mon dossier est déjà parti !

La pression au quotidien avec les surveillants

Ah oui, autre chose. Le jour où je suis sorti de l´isolement, ils m´ont mis qui ? « Le blond ». Et quand il me raccompagne à ma cellule il me dit « t´as entendu ? » j ai demandé quoi, j´avais rien entendu. Il m´a dit « t´as entendu G… il a dit mon prénom, G… la salope » du coup je lui dis « ah ouais c´est comme ça que tu parles, tu fais le voyou »… en fait il attendait que je le frappe. La direction ils savent que j´ai un conflit avec lui, il le mettent quand même.Le jour où il y a eu le problème aux UVF avec ma femme, il lui parlait, elle lui disait « arrêtez de parler avec moi », il continuait, pour qu´elle s´énerve, qu´elle l´insulte etc… à la fin il lui dit « au revoir, bonne journée », bon à la fin ma femme elle lui a dit une petite grossièreté, mais c´était à la sortie . Ils nous poussent à bout, ils nous humilient.Je veux téléphoner, je mets un drapeau [3], et j´attends, il vient pas, j´attends ½ heure, puis j´appuie sur l´interphone, je dis que je veux téléphoner, pour qu´ils viennent m´ouvrir la porte. Bon si j´ai un coup de téléphone important, appeler mon avocat ou quoi, je ne peux pas sortir quand je veux au B0, bon ça fait que tu peux appeler sur l´interphone, au bout de 40 minutes ils viennent, t´as le temps de mourir !Et là il y a 3 ou 4 jours, j´étais à la grille, je sortais de la promenade, j´étais en train de discuter avec l´auxi, on rigolait, y a un surveillant qui a ouvert ma porte et qui est parti. Et puis y a un 2eme surveillant, je sais pas, je sens qu´il y a un truc qui va pas avec ce surveillant, peut etre qu´il est solidaire avec celui avec qui j´ai eu des problèmes. Il me dit « allez on y va » ? Je lui dis « ouais on avance, on y va porte fermées ». D´un seul coup il a pris une crise un truc de fou, « tu te moques de moi, tu te fous de ma gueule, qu´est ce qu´il y a , tu te prend pour un gros », il était vraiment chaud. Et moi j´étais devant ma porte, je lui dis « oh calme toi, t´es mal luné ? » Et il a fermé la porte presque sur mon visage en disant « oh t’as qu´à écrire à papillon [4] » juste à coté il y avait une brigadière, elle est nouvelle. Je me suis énervé, j´ai tapé à la porte, j´appelle l´auxi, la brigadiére vient avec l´autre surveillant.Du coup je leur dis « pourquoi il me parle de papillon, ça regarde moi et la direction » La brigadière elle dit qu´elle a pas entendu, et après l´autre surveillant qui m´avait parlé il revient et me dit « de toute façon t´es qu´une pleureuse », et il a ramené sa tête vers moi, vraiment le visage sur le visage, « t´es un clown ». Le deuxième surveillant qui était à coté il s´est mis entre nous deux, parce qu´il a vu que c´était chaud.Je me suis mis en colère, je lui ai dit « tu cherches à me provoquer, je vais pas rentrer dans ton jeu, il y a des caméras, rentre dans ma cellule. Tu veux faire quoi, tu veux m´agresser ? » Voilà la provocation, ils essayent ils essayent, malheureusement il y a un jeune il y a quelques jours il a pas pu, il a craqué, le surveillant il a mis sa tête sur sa tête, et l´autre il l´a tapé [5]. C´est souvent les mêmes surveillants au 0, ceux qui aiment bien chercher la merde. J´essaye de partir de cet établissement, parce que j´ai peur de craquer. J´ai fait des efforts pendant toutes ces années afin de faire baisser ma sûreté, et j´ai peur que ma vie bascule…

Les fouilles corporelles

Je voulais parler aussi des fouilles corporelles. Je connais des gens à qui les surveillants ont dit « lève tes testicules », pour regarder dessous.C´est très humiliant quand ils te demandent de te baisser de faire des flexions. Parfois on refuse. Un gars s´est embrouillé avec eux parce que quand il tournait ils lui disaient « serre pas les fesses » c´est hallucinant, le gars il a pas le droit de serrer ses fesses !Il y a la loi qui est passée, ils ne peuvent soit-disant pas nous fouiller (intégralement) Mais dès qu´ils trouvent quelqu´un avec par exemple des stupéfiants, ça fait jurisprudence. Sauf qu´ils doivent mettre une feuille qui dit que ça va durer 1 mois, et là rien n´est précisé, et c´est reparti pour des fouilles intégrales sur qui ça leur chante pendant 3 mois !

Les ateliers de travail

Ici c´est géré par GEPSA. Je m´étais inscrit pour travailler, j´avais eu Mme PIVERT, et il a fallu que je bataille pour aller aux ateliers, mais franchement, si j´avais su, je me serais pas bataillé pour ces problèmes. Donc c´est ce qu´ils appellent une « plate forme », elle fait faire des test de rapidité, d´intelligence etc pour voir qui va aller sur quel poste.Sur 7 personnes, elle avait pris tout le monde sauf moi. Tu sais pourquoi ? Quand elle parlait, le seul qui répondait ou qui posait des questions c´était moi. Elle nous disait des choses, genre « c´est pas parce que je suis pas intelligente que j´ai pas pu réussir etc »je lui demandais « mais pourquoi vous nous parlez de ça ? Ça veut dire que nous on est pas intelligents ? » , « mais non c´est pas ce que je voulais dire » bref…Après ils m´ont mis aux oignons, pendant 2 ou 3 mois, tu gagnais même pas 12 euros dans la journée. On était pas au taux horaire, et s´il y a des pièces à refaire, c´est autant en moins.Après j´ai fait un travail pour OXO, tu enlèves le joint du mastic des fenêtres. Quand j´ai pris le rythme j´allais vite, ils voulaient que j´aille moins vite. Après ils ont diminué le nombre de bacs qu´on pouvait faire, puis ils ont baissé les prix, sans explications, c´est pas l´usine c´est GEPSA qui le faisait.Ils voulaient obliger les gens à manger le casse croûte là où tout le monde fume. Et y a des jours où ils te mettent à l heure, alors que sur le contrat c´est noté à la pièce. Et quand tu travaillais à l´heure, si tu faisais ½ heure de plus ils te payaient pas. Une fois j´ai dû menacer de porter plainte contre eux pour me faire payer .Bon après ils voulaient encore baisser le nombre des bacs. J´ai calculé, j´ai même pas fait 2 euros de l´heure. Du coup j´ai dit « ça va pas du tout, je remonte ». Il voulait m´empêcher, j´ai fait appeler le chef. Je suis monté. Depuis ce jour la, ils m´ont plus rappelé.Quand j´ai vu le chef, je lui ai expliqué le problème. Il me dit « oui, il faut pas se prendre la tête… » Puis ils me mettent sur un autre poste de travail, sur les siphons de douche Pareil, on travaillait à deux sur un poste, on gagnait deux euros de l´heure ! Au début on gagnait 18 euros dans la matinée, j´ai rien dit, mais là j´ai refusé de travailler dans ces conditions, du coup je suis remonté. Dernièrement j´ai écrit à la direction parce qu´il m´avaient pris la télé, parce qu´ils disaient que j´avais pas d´argent. J´ai dit que je l´aurais à la fin du mois, mais quand ils m´ont envoyé le papier, deux jours après ils m´ont enlevé la télé !Il y a aussi le racisme. Par exemple, Mme FAURENBACH, qui est chef des ateliers de travail, a dit qu´elle ne voulait « ni un noir, ni un barbu pour le poste d´auxiliaire télé ». Elle a dit ça devant un autre prisonnier, qui est auxiliaire d´étage, et qui peut témoigner de ça !Voilà ils veulent me faire craquer, mais je tiens bon, et je veux partir d´ici. Il n´y a que pression et répression, tous les prétextes sont bons pour eux.1 Certaines peines d´emprisonnement comprennent une période de sûreté, c´est a dire un nombre d´années durant lesquelles la personne condamnée ne peut obtenir aucun aménagement de peine, aucun placement à l’extérieur, aucune permission de sortir, aucune semi-liberté ni libération conditionnelle.2 Selon la condamnation et les rapports faits par les Centres Nationaux d´Évaluation, les prisonniers sont envoyés en maison d´arrêt, centre de détention, centrale… où les régimes de détention sont différents.3 Pour appeler les surveillants4 collectif qui a écrit des lettres de soutien pour la levée du régime porte fermées5 pour des faits comme ça, des prisonniers passent en procès et prennent parfois des années de prison ferme en plus, et les surveillants reçoivent des dommages et intérêts.

CD DE ROANNE :
Centre de Détention de Roanne
bp 520
rue georges mandel
42300 Roanne
Tel. : Standard 04.77.23.83.00

source : http://lenumerozero.lautre.net/article2434.html

Publié dans Appel a soutien, Prisons, Témoignages | Marqué avec , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Lettre d’un prisonnier du centre de detention de Roanne

Témoignage d’un détenu, du 28 mai 2012, en ce qui concerne la situation à la prison d’Annoeullin (G.E.P.)

Je souhaiterais que vous puissiez relayer l’épisode joint, lequel traduit parfaitement le climat ambiant. Ce nouveau maillon d’exaction concerne un ami qui ne réclamait que l’application et le respect de ses droits, ce qui était déjà de trop. Après plusieurs accrochages, ils sont arrivés à l’extrême. Il a écopé de trente jours de mitard qu’il achèvera sous peu avec, en toute probabilité en placement au quartier d’isolement dans l’attente d’un transfert vers une destination inconnue. Je n’ai plus aucune nouvelle de lui. Notre avocat commun l’a rencontré voici deux semaines, il portait encore des stigmates au visage. Il est prévisible qu’il écope d’une nouvelle sanction judiciaire puisque l’administration a porté plainte.

Ainsi que je te l’avais déjà exprimé, de tels faits ne sont pas des phénomènes isolés, mais avec une telle intensité, on ne l’avait pas encore constaté. Je pense à sa compagne et à ses enfants. Cela c’est produit quelques jours avant son parloir UVF sachant qu’il est originaire des Yvelines et qu’il était peu visité. Par un concours de circonstances, j’avais brièvement rencontré les siens lors de ma première permission en janvier dernier alors qu’ils patientaient en façade l’appel du parloir. Je m’étais permis de les alerter sur ce qu’il subissait déjà… C’était prémonitoire. A vrai dire, tout relève d’un jeu de provocations auquel il ne faut absolument pas céder. Il faut savoir que tout déplacement dans les parties communes peut prêter à ce type de situation dont les maîtres-mots sont l’avilissement, l’incitation à la faute et l’atteinte à la personne.

Tout est aléatoire en ce lieu. Se projeter dans une perspective d’avenir est totalement surfait tant que l’on ne sait de quoi le quotidien sera fait. L’esprit est parfois si sclérosé que l’horizon de la liberté s’obture. Je ne suis pourtant pas résigné et n’abdiquerai jamais mais je suis toutefois conscient de la force de la partie adverse qui peut me phagocyter en tout instant. […]

Il est entendu que la condition carcérale a besoin de soutien et c’est en ce sens que votre entreprise est noble. J’entends par là qu’il existe tant d’intervenants timorés, axés sur des luttes d’arrière-garde et mystifiant d’autant une partie des réprouvés par un discours tronqué, que l’on n’évolue guère. Pour moi-même, je t’en ai fait part, j’ai renoncé à tout contact avec ces mastodontes stériles de la défense carcérale, ne vivant que sur l’acquis et à partir d’une réputation obsolète, inscrits dans le carcéralement correct et trop heureux de ne pas s’en écarter. […]

Je ne souhaite pas réitérer certaines erreurs passées qui vous seraient préjudiciables car tu t’imagines que je ne suis pas néophyte en ce sens. Nous avions à l’époque utilisé d’autres artifices que la toile mais l’impact avait dépassé nos espérances, ce qui m’avait valu un placement diligent en quartier d’isolement. […]

En attendant, à défaut de vous rencontrer, je vous fait part de certaines vérités dissimulées et que nul n’évoque. Le mutisme corrélé à la lâcheté me sidère, c’est néanmoins une attitude dominante de cet univers.

 Témoignage sur l’événement du 30 avril 2012 à la maison d’arrêt d’Annoeullin

 Le 30 avril, vers 17h30, Malin MENDY, cuisinait dans l’office (local commun réservé à cet effet) lorsque l’agent d’étage est venu interrompre les activités, dans le créneau horaire imparti.

Malin a demandé quelques minutes supplémentaires afin de terminer son plat, ce qui lui fut refusé. Il a alors clairement fait savoir qu’il ne supportait plus l’absence de tolérance et les pressions associées. L’agent a alors déclenché son alarme et les renforts sont intervenus en nombre. Le ton est monté alors qu’il firent évacuer les deux autres détenus présents.

Un tumulte général s’en est suivi. Ses ustensiles et sa nourriture furent projetés au sol, certains se brisant par là même.

Se jetant sur lui, il a été maîtrisé face contre terre, la tête oppressée contre certains débris. Menotté, il a été illico orienté vers le quartier disciplinaire. Passant dans le chemin d’accès situé sous la fenêtre de la cellule que j’occupe, entouré d’une quinzaine d’agents et autres gradés, j’ai pu constater qu’il avait le visage ensanglanté. Il était toutefois paisible, s’écriant que tout allait bien à ceux qui l’encourageaient de leur fenêtre.

Parvenu à la porte de jonction, ils lui ont une nouvelle fois pressé le visage contre le grillage de séparation, sans aucune nécessité, alors qu’il demandait que cela cesse. Il était 17h45, quinze minutes venaient de s’écouler dans un pénitentiaire du pays des droits de l’homme.

Pendant presque deux semaines, le local est resté tel quel, un champ de bataille jonché de débris et de tâches de sang, on a les victoires que l’on peut…

Le lendemain, le 1er surveillant Frédéric Blondel (le tortionnaire de service) est venu, accompagné de ses agents, retirer les effets de la cellule afin de les placer au vestiaire, ainsi que l’exige la procédure, le temps du séjour au mitard. C’est là qu’ils se sont ingéniés à briser maints objets dont ses CD audio et son poste de radio, versant par là même de l’eau et différents produits alimentaires liquides dans ses vêtements sachant que le tout moisirait rapidement. Il faut préciser que Blondel avait participé à l’intervention de la veille à l’encontre de Malin Mendy et que dès lors l’attitude décrite ne saurait être neutre, s’inscrivant dans un esprit de vindicte compte tenu du ressentiment constant qu’il nourrissait à l’égard de ce détenu. […]

Malin Mendy a été finalement placé en quartier d’isolement à l’issu de la sanction de trente jours pour être transféré quelques jours plus tard vers une destination inconnue. Il devra prochainement comparaître au Tribunal de Grande Instance de Lille, accusé de violences à agents administratifs. Il n’est que l’un des maillons d’une longue liste de détenus ayant à subir le même sort, celui que certains sadiques administratifs tirent à la courte paille selon les circonstances et leurs pulsions du moment.

Note de l’équipe du blog: Le procès a eu lieu le 20 juin 2012. Un compte-rendu de l’audience sera bientôt publié sur le blog. Un bref article est déjà apparu icihttp://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2012/06/21/agression-en-prison.shtml

Publié dans Groupe Enquête Prison, Prisons | Marqué avec , , , , , , , | Commentaires fermés sur Témoignage d’un détenu, du 28 mai 2012, en ce qui concerne la situation à la prison d’Annoeullin (G.E.P.)

Au CD de Roanne, depuis des mois : Protestations, révoltes, violences et répression

« Mercredi 4 juillet 2012, quatre détenus ont refusé la remontée de promenade pour protester.
Les revendications portaient sur une modification des horaires de promenade et sur toutes les précédentes revendications publiées le 25 avril 2012 par les détenus de Roanne.

http://www.youtube.com/watch?v=xbBZ73cerKY

A 18h45, les quatre détenus refusent de remonter en cellule et demandent à être entendu dans un esprit pacifique. Boyer (le directeur du CD) préfère lâcher ses chiens, environ dix surveillants équipés de casques, boucliers. La procédure d’intervention de l’Administration Pénitentiaire n’est pas respectée et l’action menée à la cow-boy mais sans lasso (voir vidéo).

L’intervention a d’abord porté sur deux détenus âgés d’une vingtaine d’années malgré qu’un des détenus ait ostensiblement levé les mains en l’air.

Dans la foulée, un groupe de surveillants a chargé boucliers en avant deux détenus. Ceux-ci ripostent pour repousser l’assaut. L’un d’eux se fait ceinturer immédiatement, les autres détenus s’éparpillent dans cette cour sans issue. Les surveillants se sentent dépassés, ce qui a décuplé leur agressivité. La chasse à l’homme est alors ouverte. Placage à la rugbyman, balayette à la Bruce Lee, les surveillants ont fait l’étalage de leur supériorité physique et numérique. Jusqu’à l’ultime action, l’agression d’un prisonnier âgé dont le seul tort était d’être en promenade.

Boyer récidive donc dans la manière de gérer les revendications des détenus. Déjà à Corbas, en 2010 deux surveillants avaient été condamnés pour des faits de violence envers des détenus (datant de 2009). Ce directeur exprime sa toute puissance dans son centre de détention déclenchant l’assaut sans négociation et avant même l’horaire de fermeture des cellules, ce qui est vécu comme une provocation par les détenus de Roanne. Certains ont jeté des projectiles type bouteilles d’eau, savon, javel en solidarité avec les quatre victimes de cette nouvelle bavure de Boyer.

Les quatre détenus ont été jetés manu militari au mitard et nous sommes depuis sans nouvelles.

Nous, détenus de Roanne, attestons avec une vidéo à l’appui de la non-violence de ces revendications légitimes et réclamées par l’ensemble des détenus et de la violence extrême de l’administration pénitentiaire sur ces quatre détenus. Nous témoignons de l’acharnement des surveillants sur le plus âgé des quatre. Nous sommes solidaires de nos compagnons et témoignons avec une vidéo et ce texte.
Les détenus de Roanne. »

Récapitulatif de diverses situations et évènements dont nous avons eu connaissance.

- Depuis novembre 2011, G. Ashkaroglu, détenu à Roanne, subit la répression et l’isolement depuis qu’il a été à l’intiative de pétitions pour dénoncer le fonctionnement des parloirs, des fouilles, des ateliers… Il raconte aussi comment des surveillants qui ont un détenu dans le collimateur peuvent lui mettre la misère…
voir ici et .

- Fin avril, des détenus font sortir et rendent publique une lettre de revendications. Elle est anonyme (pour éviter la répression), mais c’est une lettre ouverte à l’administration pénitentiaire, qui reste sourde et muette.
Lire ici

Ces évènements surviennent dans un contexte où d’autres mouvements de protestation ont lieu dans d’autres prisons, et ou quelques actions de solidarité (bien trop timides !) ont lieu depuis l’extérieur. (lire ici)

- Dimanche 6 mai, un rassemblement pour exprimer la solidarité avec ces revendications a lieu aux abords de la prison. (lire ici)

- Le même week-end avait apparemment été tendu à l’intérieur du centre de détention, avec plusieurs altercations entre détenus et surveillants, et une tentative de suicide, selon les syndicats de surveillants qui ont aisément la parole dans la presse locale quand il s’agit de faire passer les détenus pour des fauves et les surveillants pour des victimes.
Mi-juin, l’un des détenus accusés de violence lors de ce week-end mouvementé passe en procès… Un compte-rendu relate le procès et révèle les comment la justice et la pénitentiaire s’allient amicalement pour réprimer sévèrement les détenus récalcitrants (lire ici)

… et donc, le 4 juillet 2012, quatre détenus refusent de remonter de promenade, expriment des revendications et, avant tout dialogue, sont sévèrement réprimés… D’autres détenus filment, expriment leur solidarité et rendent publique la vidéo.

Ces détenus ont pris de gros risques.
Relayons leur parole, partout !
Soutenons les !

Tout compléments et témoignages sont les bienvenus, notamment au sujet des 4 qui ont refusé de remonter de promenade. Ils ont été placés au mitard et risquent de subir une répression féroce.

Solidarité avec les prisonniers  !

pour contacter l’émission de radio et le collectif papillon : emission papillon (at) riseup.net

Papillon chez CSA La gueule noire 16 rue du Mont 42100 st-étienne

Publié dans Actualités, informations, Prisons | Marqué avec , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Au CD de Roanne, depuis des mois : Protestations, révoltes, violences et répression

Sortir de prison avec 30 euros en poche : vous avez dit réinsertion ?

Olivier – le prénom a été modifié – a été détenu au centre pénitentiaire d’Annœullin (Nord) pendant treize mois. Il est sorti de prison le 30 avril dernier, un bracelet électronique à la cheville et 30 euros en poche.

Pourtant, son compte en prison contenait 1 300 euros, fruit de son travail en détention. Et son aménagement de peine sous bracelet électronique lui avait été octroyé « en vue de favoriser sa réinsertion ».

Un pouvoir discrétionnaire

A l’inverse des sortants de prison en fin de peine, les détenus qui sortent en aménagement de peine (semi-liberté, placement extérieur, placement sous surveillance électronique…) ne se voient pas nécessairement remettre l’intégralité des sommes présentes sur leur « compte nominatif » (compte interne à la prison) à leur sortie.

Comme le prévoit l’article D122 du code de procédure pénale, il revient au chef d’établissement d’apprécier « au moment de la sortie des intéressés, l’importance de la somme qui doit leur être remise, par prélèvement sur leur part disponible ».

Un pouvoir discrétionnaire utilisé diversement selon les directions d’établissements, comme Olivier a pu en faire l’amère expérience.

  • Dans les prisons de Loos puis de Sequedin (Nord), la coutume qui s’est établie est de délivrer la totalité de l’argent que le détenu aurait épargné tout au long de sa détention.
  • A Annœullin, la politique de la direction est de n’octroyer que 30 euros au détenu qui sort en aménagement de peine, le reste lui étant remis une fois sa levée d’écrou effectuée, à la date de la fin de la peine aménagée.

Détenu, il pouvait acheter via la « cantine »…

Voir le document

(Fichier PDF)

Peu importe qu’il doive se loger, se nourrir, et faire face à quelques autres dépenses inhérentes à la vie à l’extérieur. C’est en tout cas ce qu’a expliqué la directrice du centre pénitentiaire d’Annœullin à Olivier dans un courrier du 22 mai :

« Je suis au regret de vous informer que la somme réclamée d’environ 1 300 euros ne pourra pas vous être remise avant votre date de fin de peine effective (soit le 6 novembre) et qu’à cette date-là, c’est le centre de semi-liberté d’Haubourdin, établissement où vous êtes écroué, qui vous les remettra. »

Le parcours du combattant Olivier s’est donc trouvé, dehors, d’une certaine manière dans une position plus défavorable que lorsqu’il était détenu, où il pouvait au moins acheter des produits de nécessité via la « cantine » de l’établissement.

Une erreur dans son « billet de sortie »

Au surplus, il a rencontré des difficultés pour se réinscrire au Pôle emploi dans la mesure où son « billet de sortie » ne lui a pas été délivré. Et pour cause : ce document, qui atteste de la régularité de la libération, indispensable pour un certain nombre de démarches administratives qu’ont à accomplir les sortants de prison, comportait une erreur dont Olivier avait demandé la correction, avant d’y apposer sa signature.

Il y était mentionné que son compte nominatif comptait 30 euros, au lieu de 1 300 euros. Refusant de faire la correction, le personnel de surveillance avait du même coup refusé de lui délivrer le précieux document.

Finalement, Olivier est parvenu à effectuer certaines démarches en fournissant une copie du jugement du juge d’application des peines (document comportant de nombreux détails sur sa situation pénale), afin de démontrer sa situation et restaurer ses droits sociaux.

L’infaillible détermination d’Olivier

Accompagné par l’Observatoire international des prisons (OIP), Olivier a saisi le juge d’application des peines (JAP). Ce dernier a précisé que « la position du service de l’application des peines de Lille est que chaque personne quittant l’établissement pour bénéficier d’un aménagement de peine doit pouvoir disposer de l’intégralité de la somme disponible de son pécule, comme cela se pratiquait jusqu’ici à la sortie de la maison d’arrêt de Loos et conformément à la pratique établie au sein de l’établissement de Lille- Sequedin ».

Voir le document

(Fichier PDF)

Le 13 juin, le JAP a « demandé au greffe du centre de semi-liberté de se mettre en relation avec la comptabilité de la maison d’arrêt de Sequedin afin qu’Olivier puisse récupérer la totalité de la somme somme disponible de son pécule ».

Le 15 juin, soit un mois et demi après sa sortie, Olivier s’est donc présenté à la prison de Sequedin. Grâce à son infaillible détermination, l’argent qui lui appartenait lui a enfin été remis. En outre, il recevait en recommandé son billet de sortie.

La chance de l’entourage et des économies

Pour tout prisonnier libéré, la sortie de prison est un véritable parcours du combattant. Pendant une période rendue particulièrement difficile par ces embûches supplémentaires posées par les services pénitentiaires, Olivier a réussi à se débrouiller, car il a eu la chance de pouvoir compter sur son entourage, avait des économies de côté, et a persévéré pour récupérer son argent.

Une situation qui n’est pas le lot commun de tout sortant de prison. Faut-il rappeler que « le service public pénitentiaire […] contribue à l’insertion ou à la réinsertion des personnes qui lui sont confiées » (article 2 de la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009) ?

 

source : http://www.rue89.com/2012/07/03/sortir-de-prison-avec-30-euros-en-poche-vous-avez-dit-reinsertion-233549
Publié dans Actualités, informations, Exploitation des personnes incarcérées | Marqué avec , , , , | Commentaires fermés sur Sortir de prison avec 30 euros en poche : vous avez dit réinsertion ?

MIRAGE JUDICIAIRE : le procès du policier responsable de la mort de Lakhamy et Moushin renvoyé à juin 2013

par le Collectif Angles Morts

« Sérénité » et « paix publique », ou le mépris judiciaire

 Le vendredi 29 juin 2012 s’est tenu, pendant quelques heures au tribunal de grande instance de Pontoise, un épisode supplémentaire de la mascarade judiciaire qui a débuté après les révoltes de Villiers-le-Bel en 2007. Le conducteur de la voiture de police, Frank Viallet, responsable de la mort de Lakhamy Samoura et Moushin Sehhouli le 25 novembre 2007, devait y être jugé pour homicide involontaire. Trois heures après le début de l’audience, le procès a été renvoyé aux 6 et 7 juin 2013. Cela fait déjà cinq ans que les familles Samoura et Sehhouli attendent que la justice se prononce sur les circonstances exactes de la mort de Lakhamy et Moushin. Cinq ans qu’elles paient Me Mignard, leur avocat, pour qu’il participe à ce théâtre judiciaire en leur nom. Cinq ans de deuil troublés par les humiliations, le mépris et les entraves des juges, du parquet et de l’État. Le renvoi de ce procès au bout de quelques heures est une manière peu subtile de leur faire comprendre que leur douleur ne pèse rien dans la balance judiciaire, qu’ils devront attendre un an de plus, afin que chaque pièce du jeu soit bien en place pour que la justice puisse à nouveau innocenter un policier en toute « sérénité ».

« Sérénité ». Voilà le mot qui n’a cessé de revenir dans le bouche de tous ces agents judiciaires en robe noire. A l’inverse des procès contre les « caillasseurs » et les « tireurs » présumés de Villiers-le-Bel1 – où les déploiements massifs de policiers autour et à l’intérieur des tribunaux donnaient le ton des représailles étatiques –, quand ce sont les fonctionnaires de police qui sont mis en cause, on nous martèle que l’audience doit être un « instrument de la paix publique ». Les collègues en civil de Viallet qui remplissaient les bancs du côté droit de la salle semblaient en effet sereins, avec raison sûrement, puisque la justice française a l’habitude d’acquitter ou de distribuer des peines de principe à ces fonctionnaires qui s’octroient le droit de vie et de mort sur les habitants de quartiers populaires. Du côté gauche de la salle, les familles et les quelques soutiens, venus en majorité de Villiers-le-Bel, avaient des visages las et secouaient la tête par intervalle. L’espoir avait depuis longtemps quitté ces bancs.

Un renvoi convenu d’avance

 Le débat sur le renvoi du procès à l’année prochaine est initiée par la présidente, Mme Andreassier, dès l’ouverture de l’audience. La raison : l’existence d’une instruction en cours concernant les faux-témoignages collectifs des quatre policiers, présents dans la voiture qui a percuté la mini-moto de Lakhamy et Moushin, sur les conditions exactes de « l’accident ». Pour la présidente, cette procédure d’instruction constitue un obstacle au jugement de « la maladresse, la négligence » de Frank Viallet, ayant « involontairement causé la mort » au cours d’un simple « accident de la circulation ». A partir de ce moment, les prises de parole se succèdent, donnant l’impression que le renvoi a été décidé en amont, que chaque acteur répète un morceau déjà connu de tous. Sachant que la présidente et la juge d’instruction travaillent dans le même tribunal sur ces deux affaires, cette impression ne semble d’ailleurs pas être une simple hypothèse, et se renforcera au cours de l’audience.

Les parties civiles sont les premières à s’exprimer sur la possibilité d’un renvoi. Me Mignard et Me Tordjman se prononcent contre le renvoi. Pour eux, la procédure a été jusqu’à présent ponctuée de moments d’ « irrégularité aberrante », la justice cherchant sans cesse à entraver la procédure. Il est donc nécessaire de ne pas retarder une fois de plus l’audience, Pourtant, il s’avère très vite que leur argumentaire ne tient pas la route. Pour éviter toute « collusion » entre la procédure pour « homicide involontaire » et l’instruction pour faux-témoignages, les parties civiles ont choisi de renoncer, pour cette audience, à la grande majorité des témoins. Ni Marie-Thérèse de Givry, procureure de la République de Pontoise, la première à avoir confirmé la version policière de « l’accident », ni les trois collègues de Viallet présents dans la voiture ne viendront à la barre. Pour Me Mignard et Me Tordjman, la juge ne doit tenir compte que des « faits objectifs de l’accident », c’est-à-dire des rapports d’expertise et de contre-expertise et des dernières déclarations de Viallet. Et donc évacuer tout un pan de la vérité sur ce crime policier : les mensonges des policiers, la contradiction entre l’expertise et la version étatique, les témoignages des habitants de Villiers-le-Bel. Me Mignard finit par une ultime courbette, ménageant sa carrière politique au sein du PS en flattant la justice de Hollande2. Il clame que « jamais, jamais, jamais nous n’avons dit qu’il y avait eu volonté de blesser, encore moins de tuer de la part des fonctionnaires de la police » et que ce procès doit avoir lieu, sans « esprit de vengeance », pour que la justice puisse « restaurer la paix en disant le droit ».

Puis c’est au tour du procureur de se prononcer sur le renvoi du procès. Il affirme comprendre « la légitime impatience des familles » et être au fait de « leur douleur, leur épreuve » car il sait « combien les familles de victimes d’accidents de la circulation sont dévastées ». Non satisfait d’avoir réduit la mort de Lakhamy et Moushin à un accident de la route, il poursuit en revenant sur les « événements violents » de 2007, glissant perfidement que « les familles ont pu souffrir de voir leur nom associé à ces fauteurs de troubles ». Après cet étalage de fausse compassion avec la douleur des familles assises sur les bancs, il rappelle que la situation du prévenu, Frank Viallet, est également difficile, mais qu’il est en faveur d’un renvoi de l’audience. Selon lui, la mise en examen de Viallet pour faux-témoignage fait peser sur lui une menace d’intimidation qui l’empêcherait de parler librement. Or, à la différence des témoins qui prêtent serment quand ils passent à la barre, un prévenu a le droit de mentir. Il conclut en exprimant son respect envers les familles, quelles que soient ses réquisitions finales, nous rappelant ainsi de quel côté il se tiendra jusqu’à la fin.

Me Champagne et son collègue, avocats de la défense, vont dans le même sens que le procureur. Eux aussi jugent opportun d’évoquer la « souffrance du prévenu », déclarant que « c’est un honneur de défendre un homme qui pense tous les jours aux deux adolescents, un homme dont la vie a radicalement changé depuis l’accident », et qui vit « dans l’incertitude quant à son avenir judiciaire ». Si le procès a lieu et que Viallet est relaxé, comment la justice pourrait-elle affirmer « qu’elle relaxe un homme dont il est dit qu’il a menti à 99 % ? » A l’inverse, s’il est condamné, cela aura une influence évidente sur la procédure d’instruction pour faux-témoignage, où il sera probablement condamné comme « escroc et menteur ». Me Champagne demande donc le renvoi de l’audience, pour que la justice puisse traiter « avec sérénité » ce « dossier sensible ».

Après une suspension d’audience d’une heure, la Cour prononce le renvoi du procès aux 6 et 7 juin 2013, une fois que le procès pour faux-témoignages aura eu lieu. Les familles sortent de la salle et sont immédiatement entourées par les médias, qui braquent leurs caméras sur eux, sans un mot, avant de les abandonner quelques instants après pour courir vers Me Mignard, parole plus légitime à leurs yeux. Après avoir pavané devant les médias, celui-ci se rend enfin auprès des familles, qualifiant de « victoire » ce renvoi, puisqu’il lui laisse le temps de négocier, en coulisse, les compensations financières pour les parties civiles. Quant à l’idée d’obtenir la vérité sur les circonstances de la mort de Lakhamy et Moushin et de se battre pour la condamnation des coupables, elle semble avoir quitté l’esprit de Me Mignard. Alors que les familles et soutiens quittent graduellement la salle des pas perdus, l’impression du début est confirmée. Les dés étaient bien pipés, le renvoi convenait à tous les acteurs de la machine judiciaire, qui a démontré une fois encore son mépris envers les familles des victimes de violences policières et leur quête de vérité.

 

Cinq ans après : tout reste à faire

Deux procès auront donc lieu l’an prochain, l’un pour faux-témoignages, l’autre pour homicide involontaire. Pour la défense et le parquet, il semble évident que le renvoi de l’audience pour homicide involontaire reflète la volonté d’évacuer tout soupçon quant à la responsabilité des quatre policiers présents dans la voiture, en tentant d’obtenir un non-lieu lors du procès pour faux-témoignages dans un premier temps avant de juger le conducteur, qui pourra enfin « s’exprimer librement », et donc continuer à mentir à son aise, quant à son implication dans ce « malheureux accident de la route ».

Pour les parties civiles, la situation est un peu plus complexe. Me Mignard a révélé qu’il se concentrait sur l’aspect financier de cette affaire. Mais la procédure d’instruction pour faux-témoignages permet de faire peser des charges d’inculpation sur les quatre policiers et non sur le seul conducteur. Cela pourrait sembler constituer une bonne stratégie, si l’objectif réel n’était pas de prouver que ces faux-témoignages, puisqu’ils étaient collectifs et coordonnés, étaient le résultat d’une volonté délibérée de mentir de la part de la hiérarchie policière, voire étatique. Si la juge confirme cette hypothèse lors du procès pour faux-témoignages, Viallet et ses collègues seront probablement acquittés, puisqu’ils ne faisaient qu’obéir à des ordres venant de leurs supérieurs. S’ensuivrait alors un procès supplémentaire, contre la hiérarchie cette fois. Puisque même quand les preuves sont accablantes et les témoins nombreux à incriminer les policiers, la justice les acquitte ou les condamne à des peines de principe3, les chances de révéler la vérité sur le mensonge étatique autour de la mort de Lakhamy et Mouhin sont inexistantes.

Pour la justice, incarnée ce vendredi par Mme Andreassier, flattée à plusieurs reprises pour son « professionnalisme » par les avocats des deux parties et le procureur, ce renvoi est un message clair. C’est elle qui tient les rênes, c’est elle qui impose son rythme pour atteindre ses fins, pour cautionner une fois encore la violence meurtrière de la police, sans un seul égard envers les familles malgré sa rhétorique visant à prouver son « respect » et sa «  compréhension » devant leur douleur. Les faits, eux, démentent cette rhétorique, et ont prouvé aux familles qu’elles n’avaient plus rien à espérer de cette justice.

Pour les soutiens et ceux qui s’organisent contre les violences policières, la répression des révoltes et l’impunité judiciaire accordée à ces actes, cette audience est un constat d’échec. Très peu de personnes sont venues exprimer leur soutien aux familles et montrer à la justice, par leur présence sur les bancs du public, qu’elle ne pouvait agir à sa guise que grâce au consentement silencieux de la population. La préparation du renvoi en amont, derrière des portes fermées, nous rappelle qu’aucun rapport de force n’a été établi avec cette machine judiciaire, que, familles et soutiens, nous sommes toujours aussi démunis, malgré des procès à répétition, devant le spectacle lassant de la justice, sans pouvoir faire entendre nos voix. Les deux procès qui se tiendront au tribunal de Pontoise l’an prochain seront l’occasion de prouver que nous pouvons réagir, que les soutiens ne laisseront pas les familles seules devant cette machine à broyer, que nous ne courberons pas l’échine.

1La série de procès autour de Villiers-le-Bel est expliquée dans Collectif Angles Morts, Vengeance d’Etat : Villiers-le-Bel, des révoltes aux procès, Édition Syllepse, 2011.

2Sur les liens politique de Me Mignard et son rôle de « pompier de service », voir Rafik Chekkat, « Renvoi du procès du meurtrier de Lakhamy et Moushin », http://www.etatdexception.net/?p=1608

3Comme cela a été le cas pour le procès des policiers ayant tué Hakim Ajimi, cf Collectif Angles Morts, « ‘On vous laisse entre vous’. Retour sur le procès des meurtriers d’Hakim Ajimi », http://www.acontresens.com/contrepoints/societe/50.html.

Publié dans Auteurs, General | Marqué avec , , , | Commentaires fermés sur MIRAGE JUDICIAIRE : le procès du policier responsable de la mort de Lakhamy et Moushin renvoyé à juin 2013

Petition a signer En soutien a la demande de grace partielle pour ISMALIA DIOULDE detenu a la prison du Muret (31)

Ismalia Dioulde, 33 ans, condamné à 21 ans de prison, est incarcéré depuis 9 ans déjà. Détenu à la prison du Muret, en Haute-Garonne, il a décidé de faire une demande de grâce partielle. Il a été condamné par la Cour d’Assises des Yvelines à la peine de 9 ans de réclusion criminelle puis à nouveau condamné par la Cour d’Assises de l’Oise le 23 mars 2007 à la peine de 12 ans de réclusion criminelle. Alors que tous les actes pour lesquels il a été condamné sont intervenus au même moment, en 2003, la demande de confusion des peines présentée en juillet 2007 lui a été refusée. Ce refus s’est notamment fondé sur une « expertise psychiatrique », dénuée de tout fondement, sur sa présumée « dangerosité ».

Ismalia Dioulde va donc demander une grâce partielle, dans le but d’obtenir, graduellement, des permissions de sortir et une libération conditionnelle avec promesse d’embauche. Cette grâce pourrait correspondre à la peine d’emprisonnement de 9 ans prononcée par la Cour d’Assises des Yvelines. Ismalia Dioulde se refuse au mouroir des longues peines, et a choisi le stylo comme moyen « d’évasion », comme il le dit lui-même. Chaque jour de cette peine, il multiplie les preuves qu’il tient encore debout, qu’il refuse de se laisser écraser par les machines judiciaires et pénitentiaires. Cette demande de grâce partielle fait partie de cette volonté générale.

IL A BESOIN DE VOTRE SOUTIEN ET DU PLUS GRAND NOMBRE DE SIGNATURES POUR POUR APPUYER CETTE DEMANDE DE GRÂCE PARTIELLE.

SOLIDARITÉ AVEC TOUS LES ENFERMÉS !

Vous pouvez aussi lui écrire : Ismala Dioulde (9475) Centre de Detention de Muret Route de Seysses 31605 Muret

POUR SIGNER LA PETITION :

http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=Ismalia

Publié dans Appel a soutien | Marqué avec , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Petition a signer En soutien a la demande de grace partielle pour ISMALIA DIOULDE detenu a la prison du Muret (31)

Après 11 et 13 ans de prison, deux condamnés bientôt innocentés ?

 

Abderrahim el-Jabri montre un article de presse concernant son procès, le 26 juin 2012 à son domicile d'Ostricourt, dans le Nord

Abderrahim el-Jabri montre un article de presse concernant son procès, le 26 juin 2012 à son domicile d’Ostricourt, dans le Nord (AFP)

 

La procédure est rarissime. La Cour de révision a été saisie ce lundi des cas d’Abdelkader Azzimani et Abderrahim el-Jabri, condamnés à vingt ans de prison pour un meurtre commis en 1997, à Lunel (Hérault), qu’ils ont toujours nié. Sans succès, puisqu’ils ont passé respectivement onze et treize ans derrière les barreaux.

Mais après une lutte judiciaire de longue haleine, Azzimani et El-Jabri pourraient obtenir un nouveau procès et être acquittés. Depuis 1945, la procédure devant la Cour de révision – ultime recours possible en droit français – n’a abouti qu’à sept acquittements. Parmi lesquels les dossiers de Patrick Dils et Roland Agret, notamment.

Il est 14 heures passé de quelques minutes quand Abderrahim el-Jabri sort de son audience devant les magistrats de la commission de révision des condamnations pénales. Celle-ci vient, dans un document d’une dizaine de pages, rendre la décision tant attendue. «L’état des investigations exclut toute participation de MM. Azzimani et el-Jabri à la commission du meurtre», écrit-elle. En clair, la Cour de révision va être saisie dans les prochains mois.

108 coups de couteau

Souliers marrons, veste et pantalon beige, Abderrahim el-Jabri «n’arrive pas à trouver [ses] mots». Le petit homme de 47 ans est «vidé», mais «ému et content». «C’est un pas vers la vraie justice, soupire-t-il. Quinze ans de procédure, c’est long. On sent l’acharnement. Mais la justice fait son travail. Les erreurs, cela arrive, malheureusement.»

Aux yeux de Roger-Marc Moreau, le détective qui l’assiste depuis près de dix ans, le revirement de la justice tient pourtant du «miracle». Il faut dire que depuis le 22 décembre 1997, tout semblait s’acharner contre les deux accusés. Au petit matin, un homme découvre un corps ensanglanté à Lunel, au bord d’un chemin de campagne. Lacéré de 108 coups de couteau, Abdelaziz Jhilal – «Azouz» pour ses amis – gît là depuis la veille au soir. Il a 22 ans. Les enquêteurs découvrent que Jhilal, dealeur de cannabis, traîne une réputation d’arnaqueur. Ils s’orientent rapidement vers la piste d’un règlement de comptes.

Leurs écoutes téléphoniques les mènent vers Azzimani et El-Jabri, qui fournissaient «Azouz» en cannabis. Le jour du meurtre, ils avaient rendez-vous avec la victime, qui leur devait 45 000 francs pour une livraison de 5 kg de shit. Pour les gendarmes, le mobile du meurtre est clair. D’autant qu’un témoin, Errol Fargier, jure les avoir reconnus lors d’une altercation avec Jhilal le jour du meurtre. Qu’importe si l’homme, un peu illuminé, est persuadé que les faits ont eu lieu dans l’après-midi du 21 décembre, alors que le légiste situe l’heure du décès aux alentours de 20 h 30. Les enquêteurs bouclent leur enquête. En avril 1998, El-Jabri et Azzimani sont écroués, malgré leurs dénégations, pour trafic de stupéfiants et homicide volontaire.

Déclarations farfelues

La justice ne dispose d’aucune preuve matérielle et ne compte que sur les déclarations de Fargier. «Plus le dossier est mince, plus elle a tendance à en faire des tonnes», estime Roger-Marc Moreau. De fait, lors du premier procès, en 2003, les coaccusés écopent de vingt ans de prison, malgré les déclarations imprécises voire farfelues de Fargier à la barre. Peine confirmée en appel un an plus tard à Perpignan, cette fois-ci pour une «simple» complicité de meurtre.

Roger-Marc Moreau, connu pour avoir travaillé sur le dossier Omar Raddad, est engagé par les familles des condamnés. Il interroge Fargier à plusieurs reprises, souvent sous l’objectif des caméras, «afin de médiatiser l’affaire». Le principal témoin s’empêtre dans des déclarations contradictoires. En 2008, il déclare même avoir confondu El-Jabri avec un autre homme. L’avocat général, saisi de doutes, engage une demande de révision devant la Cour de cassation. Sans succès.

Le dossier est rouvert en 2009. Sous la pression de la défense, les traces ADN prélevées sur la scène de crime sont inscrites au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg). «Cela semblait anodin, mais ça contribuera à innocenter El-Jabri et Azzimani», dit Roger-Marc Moreau. En effet, un an plus tard, un manutentionnaire de 30 ans, Michel Boulma, voit son ADN prélevé dans le cadre d’une enquête sur des vols à l’étalage commis dans le supermarché où il travaille.

L’ADN parle, presque par hasard

«Il y a un double miracle dans cette affaire, résume Jean-Marc Darrigade, un des avocats des deux accusés. Déjà, parce que Boulma n’était même pas impliqué dans cette procédure. Il s’agissait juste de vérifier que le personnel de la supérette n’était pas complice des vols.» Ensuite, parce que le Fnaeg va rapidement parler. L’ADN de Boulma correspond à celui retrouvé en 1997 autour du corps de Jhilal. «Heureusement qu’il s’est blessé lors du meurtre et qu’il a laissé son sang sur le rétroviseur et l’appuie-tête de la voiture, ainsi que sur la chaussette de la victime», résume Me Darrigade.

«Les gendarmes l’ont convoqué, et il est passé à table tout de suite. Il s’étonnait même qu’il n’ait pas été confondu plus tôt», se souvient Roger-Marc Moreau. Boulma donne un complice, Bouziane Helaili, 32 ans, directeur du centre de loisirs de Lunel, qui n’avait jamais eu affaire à la justice. Les deux hommes, qui écartent toute responsabilité des deux premiers accusés, continuent aujourd’hui à s’accuser des coups mortels.

Pour Roger-Marc Moreau, ses clients, dealers et maghrébins, étaient les coupables idéaux. «Lors de leur procès en appel, en 2004 à Perpignan, l’ambiance était délétère», se souvient-il. Mais Abderrahim el-Jabri, lui, ne veut plus penser à ses longues années de détention. «C’est pire qu’un combat, c’est une guerre, confie-t-il. Il ne faut pas se laisser aller. Je m’attendais souvent au pire, j’ai quand même été déçu.» Pour tenir en prison, il s’en remet «au sport et au spiritualisme».

«Ils n’ont jamais désarmé et se sont battus dans le respect des voies de droit», juge Jean-Marc Darrigade, qui suit les deux hommes depuis quatorze ans. «Même en prison, ils n’ont jamais commis d’actes de rébellion ni subi de procédure disciplinaire.» Depuis leur libération conditionnelle – en 2009 pour Azzimani, en 2011 pour el-Jabri – les anciens coaccusés peinent à retrouver une vie normale. Le premier souffre d’un eczéma chronique qui le handicape grandement pour son travail de garagiste. Le deuxième, de nationalité marocaine, jongle avec les récépissés de titre de séjour de trois mois. «Aujourd’hui, je veux me marier, avoir des enfants, souffle-t-il. Aller me recueillir sur la tombe de mon père, aussi, qui est enterré au Maroc.»

 

source : http://www.liberation.fr/societe/2012/07/02/apres-11-et-13-ans-de-prison-deux-condamnes-bientot-innocentes_830630
Par SYLVAIN MOUILLARD
Publié dans Actualités, informations, Prisons | Marqué avec , , , , , | Commentaires fermés sur Après 11 et 13 ans de prison, deux condamnés bientôt innocentés ?

Du son contre les violences d’Etat ( concert du 21 juin 2012 devant la prison de la Santé )

Le 21 juin dernier à quelques pas de la prison de la Santé s’est tenu un concert de rap en solidarité avec tous les enfermés, contre les violences et crimes policiers, contre la violences carcérale… Contre les violences d’État. Groupes de rap et collectifs de soutien se sont relayés sur scène pendant toute la soirée. A été ajouté au concert des « interludes » témoignages de détenus, anciens détenus mineurs et majeurs par Bande Organisée + des témoignages de collectifs de familles de victimes de l’état.

Enregistré et diffusé sur FPP.

Vous pouvez diffuser et utiliser librement cet enregistrement.Le but étant que les « messages » soit le plus  entendus/ étendus… Avec des pensées toute particulières pour les personnes tué(e)s par la police, par l’administration pénitentiaire,  enfermé(e)s, isolé(e)s…

Télécharger :

MP3 - 250.4 Mo

radio :
FPP

caractéristiques techniques :
Durée : 3 heures
mp3 – 192 kbps – 250 Mo

Publié dans Sons | Marqué avec , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Du son contre les violences d’Etat ( concert du 21 juin 2012 devant la prison de la Santé )

Rennes: Pétition contre la fouille intégrale à la prison de Vezin

L’office international des prisons a rendu publique une pétition signée par 47 détenus de la prison de Vezin protestant contre les fouilles intégrales subies dans l’établissement rennais.

L’OIP attend des moyens de détection électronique «pour que disparaissent enfin les fouilles intégrales, pratique particulièrement humiliante et dégradante pour les personnes qui la subissent mais aussi pour les agents pénitentiaires en charge de l’effectuer».

«A chaque fois que cela se produit, je me sens honteux et humilié», précise la pétition.

source : http://www.20minutes.fr/ledirect/964111/rennes-petition-contre-fouille-integrale-prison-vezin
Publié dans Actualités, informations, Prisons | Marqué avec , , , , , , | Commentaires fermés sur Rennes: Pétition contre la fouille intégrale à la prison de Vezin

Emission Papillon du dimanche 1er juillet 2012

Brève : Destruction du Centre Educatif Fermé de Combs la Ville par ses occupants.

Fin mai dernier, sept jeunes décident d’en finir avec leur cage. Le CEF est alors saccagé, tagué…

. Lettre de Samir Tafer depuis la prison de Bourg-en-Bresse
Samir a été arrêté il y a trois ans et demi, en décembre 2008, au cours d’une manifestation lycéenne. Seul manifestant à être placé en détention pour avoir, avec d’autres, retourné une voiture sur la chaussée, il prend 8 mois en comparution immédiate. Depuis, à chaque fois qu’il approche de la fin de sa peine, par hasard évidemment, il est à nouveau condamné pour des embrouilles avec les surveillants. Au bout 40 mois, Samir est aujourd’hui incarcéré à Bourg-en-Bresse et ne devrait sortir, au mieux, qu’en janvier 2013 ! Des proches appellent à à sa libération et à un grand rassemblement le 6 juin à 14h devant le Tribunal de Grande Instance de Lyon !
Plus d’infos sur le site Rebellyon.

. Procés de Lazare Sifi à Roanne.
Retour sur le procès d’un prisonnier jugé pour une altercation avec des surveillants du centre de détention de Roanne en mai dernier.
C’est une histoire qui a fait quelques lignes dans la presse torchon, une histoire très ordinaire, dans le sens où des histoires comme ça, il s’en passe des dizaines. Une taule, où les mesquineries et pressions diverses de l’administration pénitentiaire et des matons, qui se répètent, face à une personne, génèrent ce qu’on pourrait appeler un pétage de plombs, une réponse, une révolte… Il s’en prend alors plein la gueule, mais pour eux ce n´est pas assez. Il passe ensuite en procès, pour que la société bien pensante et ses représentants en remettent une couche.

Retour sur les faits avec un témoignage d’une parsonne présente au procès.

. Philippe El-Shenawy en grève de la faim jusqu’à la mort…
Philippe a été condamné à perpétuité en 1977 pour un braquage, il avait alors 21 ans. Les institutions judiciaires et pénitentiaires ont utilisé leurs potentialités répressives pour détruire un homme résolument debout : « saucissonnage » des affaires, peines éliminatrices, quartier d’isolement, enfermement psychiatrique… Aujourd’hui, âgé de 57 ans, il s’est vu refuser l’aménagement de ses peines, ce qui pousse sa sortie en 2032, autant dire une mort lente. Philippe disait il y a un an : « D’une certaine façon je suis à la croisée des chemins (…) je me sais encore assez d’énergie et de volonté pour entreprendre quelque chose de positif, dans la mesure où une perspective à très court terme se profilerait. Par contre, si la situation et les incertitudes devaient perdurées, il sera plus logique et plus sain d’y mettre un terme soi-même. Je suis simplement fatigué. »

Rediffusion de l’émission L’Envolée avec Julien Dubs, l’un des avocat de Philippe, Milko et Benoit de Ban Public, Laurent et Kiou d’anciens longues peines.

Qu’est-ce que Papillon ?

L’émission Papillon a pour but de partager des points de vue et infos sur la taule et les enfermements, de donner la parole aux détenu-e-s et à leurs proches, notamment ceux et celles qui luttent… Nous souhaitons faire le lien entre l’intérieur et l’extérieur des lieux d’enfermement, faire circuler infos et idées… Bienvenue aux contributions, témoignages, expressions…
emissionpapillon (at) riseup.net
emission papillon
chez CSA La Gueule Noire
16 rue du Mont
42000 St-Etienne
Quand et comment écouter Papillon ?

L’émission Papillon est diffusée en direct sur Radio Dio, 89.5FM à saint-étienne, le 1er dimanche du mois, de 17h30 à 19h.
(écoutable sur les postes radio depuis l’intérieur de la MA La Talaudière)

Cette émission sera rediffusée le mardi 19 juin à 20h sur Radio Canut 102.2 FM à lyon.
(écoutable sur les postes radio depuis l’intérieur de la MA Corbas)

Cette émission est téléchargeable et écoutable ici.

source : http://lenumerozero.lautre.net/article2432.html

Publié dans Sons | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Emission Papillon du dimanche 1er juillet 2012