Témoignage du 01.07.2012 d’une personne détenue sur les événéments de la prison d’Annoeullin (G.E.P.)

[…] A cet effet, conjointement à l’article relatif à « l’histoire » de Malin paru dans l’édition du 21 juin de Nord Eclair, il en va aussi de cet ajout soulignant l’absence de droits dans ces univers concentrationnaire où tout micro-incident donne lieu à une violence institutionnelle disproportionnée et où le moindre écart de comportement, le plus ténu soit-il, amorce une rétorsion latente, agencée. Dois-je préciser que, de source administrative, certains groupes de l’effectif du C.D. de Loos (dorénavant fermé) sont venus s’entraîner ici, en simulation d’intervention, avant l’ouverture des lieux ? C’est te dire la teneur préalable allouée à cette place bien avant l’arrivée du cheptel, l’optique sécuritaire étant déjà le vecteur directeur de l’endroit. […]

Depuis l’épisode de Malin, rien n’a changé, bien au contraire. Dernier épisode en date, quelques arrivants cette semaine dont l’un d’entre eux venait de Centrale. Après avoir effectué le parcours de l’arrivant ( 8 jours de dissection des intéressés dans une unité particulière), il est arrivé au bâtiment « CD » où il n’y est pas demeuré plus d’une demi-journée, intégrant par choix le mitard afin de quitter ce cloaque au plus tôt. Un tel réflexe ne fait que conforter mon point de vue quant à cette impérative nécessité, salvatrice par là même, à quitter ce périmètre dès que possible, révulsant dans sa négation de l’être et dans son dessein d’avilissement permanent.

S’agissant du florilège des expériences vécues, mon avis demeure inchangé, vous tamiserez sûrement l’ensemble, évacuant l’insipidité et le superflu pour ne garder que ce qui doit l’être. Il y a très rarement des propos cohérents et un échange constructif dans les cours de promenade que je visite. Tant et si bien que le brassage des contacts permet de ne pas régresser, c’est même là une méthode de survie. Ce microcosme n’est jamais que le reflet de la société extérieure. Te viendrait-il à l’idée d’apostropher chacun (ou chacune) croisé(e) dans la rue afin de les sonder de manière informelle sur leur état d’infortune ? Le résultat risquerait d’être très aléatoire. Pour ce que vous désirez accomplir, je pense qu’il faut orienter et cibler votre démarche. C’est le bouche à oreille carcéral qui vous permettra d’accéder à un certain niveau d’échange. Par le temps, la sélection s’opérera d’elle-même. Certains n’ont rien à dire, ils évoluent dans une vacuité constante, là où d’autres s’inscrivent dans une victimisation égotique, sans conteste les pires, incapables de relativiser au regard de parcours plus poignants, plus sensibles. Il faut aussi tenir compte des difficultés rédactionnelles d’un certain nombre, lesquels ne franchiraient pas le cap, mal à l’aise face à la feuille. On ne peut les blâmer à cet effet.

Concernant Philippe*, j’ai rédigé un premier jet que je vais peaufiner. Ce n’est pas évident d’entamer un courrier en ce sens. Je ne veux pas faire dans la fadeur, dans le propos pré-construit qui n’apporte rien. […]

Tu me parles de Catherine1, sa disparition m’a affecté. Je l’ai connu en 2002 lorsque j’étais à la Santé. Elle co-animait « L’envolée » sur Fréquence Paris Plurielle chaque vendredi soir en compagnie de Nadia et autres dont le prénom m’échappe. j’apportais mont écot à la cause et c’était là le centre névralgique des taules parisiennes. De grands moments !

Au-delà l’échange a persisté, même lorsque je suis revenu dans le nord. j’étais au QI lorsque j’ai appris son décès, (dans C.Q.F.D), personne n’avait jugé bon de m’en informer. Une page s’est tournée ce jour-là. […]

Il y en eut d’autres avant Malin qui eurent à subir ces exactions et qui furent également convoqués judiciairement afin d’écoper d’un ajout afflictif. Nul n’en a parlé ou presque. Tout ceci pour te dire que je ne suis pas dupe, qu’il y a comme dans toute situation l’être et le paraître, qu’à force de faire dans le carcéralement correct, on s’installe dans un désaveu de façade, édulcorant par là même toute velléité pugnace. Maintenant, il est toujours temps de saisir le défenseur des droits, ainsi que le stipule l’article, sur ce qui s’est passé mais Malin part en appel avec l’handicap de la chose jugée et rien n’est certain en ce sens. […]

1Référence à Catherine Charles, fondatrice de l’Arrpi (Association pour le respect des proches des personnes incarcérées)

* Philippe El Shennawy a décidé de se laisser mourir d’inanition depuis le 23 mai 2012. Il n’est libérable que le 14 mai 2032 alors qu’il a déjà 37 ans de détention derrière lui. Il est possible d’écrire à l’adresse suivante : Monsieur Philippe El Shennawy, Maison centrale de Poissy, 17, rue de l’Abbaye, 78 300 Poissy

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Toulouse: quatre heures de mutinerie résolue sans violence dimanche dans la prison de Seysses

Une quarantaine de détenus de la prison de Seysses près de Toulouse ont refusé dimanche pendant 4 heures de réintégrer leurs cellules, et la mutinerie n’a cessé, sans violences, qu’à l’arrivée des équipes de sécurité de l’administration pénitentiaire, a-t-on appris lundi de source syndicale.

 

Toulouse: quatre heures de mutinerie résolue sans violence dimanche dans une prison
Des gendarmes devant l’entrée de la maison d’arrêt de Seysses, près de Toulouse

afp.com/Lionel Bonaventure

 

« Un premier groupe d’une cinquantaine de prévenus avait déjà traîné les pieds à la fin de la promenade du début d’après-midi pour regagner les cellules, et c’est un deuxième groupe de 39 hommes qui a refusé de 16h00 à 20H00 de remonter pour des questions alimentaires ou relatives aux parloirs« , a expliqué à l’AFP Pierre Montreuil, délégué régional du syndicat pénitentiaire des non-gradés (SPS).

La direction régionale de l’administration pénitentiaire n’a pu être contactée lundi matin.

Les mutins avaient contacté par téléphone portable le quotidien régional La Dépêche du Midi, qui révèle l’affaire lundi.

« On a une mauvaise cantine, même des chiens n’en voudraient pas (…). Quand les familles viennent de Paris ou Marseille pour nous voir 45 minutes, s’ils ont une minute de retard ils ne rentrent pas. Et après les parloirs les fouilles sont trop poussées, on se sent dégradés« , a déclaré un des mutins à La Dépêche. 

« Les revendications n’ont cessé de changer au fil des heures, ce n’était pas organisé, mais il a fallu qu’une vingtaine de membres des équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) en tenue anti-émeutes se présentent dans la cour pour que les détenus remontent, sinon on y serait encore« , a indiqué M. Montreuil.

Selon le syndicaliste, « ils se sont soumis sans violences à une fouille par groupe de cinq et ont regagné les cellules, dans un grand vacarme provenant du reste de la prison« .

Deux détenus considérés comme des meneurs ont été placés en quartier disciplinaire. 

« L’annonce de la mutinerie par téléphone portable illustre bien une vague de portables dans la prison où on trouve aussi de plus en plus de drogue« , remarque le délégué du SPS.

« L’autorité n’est plus là, la peur du personnel en tenue ne fait plus son effet à l’intérieur comme à l’extérieur de la prison et nous avons de moins en moins de moyens humains« , s’insurge Pierre Montreuil.

source : AFP

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« Les cambrioleurs de Toulon incarcérés »

Deux hommes de 32 et 34 ans, arrêtés à Toulon dans la nuit de samedi à dimanche après avoir dévalisé une bijouterie du centre-ville pour un butin estimé à 820.000 euros, ont été mis en examen et incarcérés mardi, a annoncé le procureur de ToulonLes deux hommes ont été mis en examen pour « vol avec effraction dans un lieu destiné à entreposer des fonds et valeurs » avec les circonstances aggravantes d’actes « précédés ou accompagnés d’actes de destruction », perpétrés « en réunion » par des personnes « dissimulant tout ou partie de de leur visage pour ne pas être identifiés », a détaillé le procureur Xavier Tarabeux.

Le parquet avait requis un mandat de dépôt qui a été prononcé par le juge des libertés et de la détention (JLD), selon la même source. Les malfaiteurs étaient parvenus à pénétrer dans la boutique à partir d’un appartement inoccupé situé au-dessus de celle-ci.

source : Par Europe1.fr avec AFP en date du 17 juillet
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Un de plus. Un de trop.

 Texte pour Jean-Charles Goth, mort à  27ans, par pendaison-Le 10 juillet 2012 à la M.A De toulouse ( Seysses )

J’aurais voulu que tu sois libre
J’aurais voulu que tu connaisses la sensation des saisons doucereuses 
J’aurais voulu que tu puisses fouler de tes pieds le sable fin des plages désertes
J’aurais voulu que tu souris à la vue d’un enfant heureux
J’aurais voulu que tu ries aux éclats devant la légèreté de l’être
J’aurais voulu que tu t’abreuves d’amour jusqu’à ne plus pleurer
J’aurais voulu que tu te révoltes contre le monde d’aujourd’hui en levant le poing parmi tes semblables
J’aurai voulu que tu gouttes à la liberté comme on savoure un fruit d’été
J’aurais voulu te voir courir sous la pluie en riant
J’aurais voulu qu’il n’y ait jamais cette vitre pour te séparer du monde des vivants
Du monde des normaux
Du monde des inclus
J’aurais voulu que jamais la marge ne te dérobe, que jamais tu ne t’y égares
J’aurais voulu te voir libre un jour, aveuglé par une lumière dérobée
J’aurais préféré te voir tomber à genoux devant l’ampleur de la liberté
J’aurais voulu pour toi des jours heureux, des folles passions. J’aurais voulu pour toi des complicités malicieuses, des découvertes enfantines. J’aurais voulu pour toi la fin des impossibles.
Tu avais des rêves pleins les poches toi aussi.
Ils ont dit que tu t’es donné la mort. Mardi 10 juillet 2012. Dans ta cellule.
Je ne crois pas que tu t’es donné la mort. Je crois que la prison l’offre, la mort. Sur un plateau. 
Je crois qu’elle s’infiltre, la mort.
Vicieuse, visqueuse. 
Impudique. 
Violente.
Depuis longtemps, elle s’est infiltrée en toi.
Tu as pris la mort comme on prend un autobus pour rejoindre le bout du monde. Comme on emprunte sa liberté. Tu as choisi la seule voie possible pour signer ta délivrance.
Je te comprends. Mille fois, je te comprends. Je ne t’en veux pas.
Je suis en colère. Contre mon pays. Contre mon système. Contre un système qui a laissé des enfants sans repères pour les retenir captifs. Enfermés toujours pour ne jamais apprendre la vie. Enfermés toujours pour apprivoiser la mort.
Tu avais 27 ans. Tu étais trop jeune pour rencontrer la mort. Je suis en colère.
La prison continue de tuer. Continue de laisser des hommes et des femmes « se donner la mort » dans la solitude d’une étroite cellule. Elle t’a laissé mourir. Elle a laissé mourir tous ces enfants qui te ressemblent.
Je ne vois rien dans les médias. Pas un mot. Pas une ligne.
Des articles relatent qu’au 1er juillet 2012, 67373 détenus peuplent les prisons françaises. Au 10 juillet, il n’y en a plus que 67372.
Qu’en ont-ils à faire de ces chiffres ? Qu’en ont-ils à faire de notre peine ? Qu’en ont-ils à faire de ton corps refroidi, sinon la conscience des chiffres ?
Ils ne parlent pas de toi.
Moi je voudrais te rendre un hommage. Si petit soit-il. Si peu médiatisé soit-il. Dire ma colère contre un système tueur. Dire ma peine. Dire l’horreur.
Encore un. Encore un suicide en prison. 
Il paraît que le changement c’est maintenant. 
Le changement ne t’aura pas sauvé. Il ne t’aura pas attendu.
Ma peine est immense. Ma colère intacte.
Mes pensées avec toi, petit corps d’enfant disparu pour voler ta liberté.
 
de : http://educateur-specialise.blogspot.fr/2012/07/un-de-plus-un-de-trop.html
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Le nouveau ministère de la justice ( Taubira ) et les constructions de prisons

La garde des Sceaux, Christiane Taubira, a annoncé ce lundi matin que le projet de construction de 8 000 places de prison serait abandonné. Un projet décidé « de façon démagogique » entre février et avril 2012, pendant la campagne électorale.

Christiane Taubira maintient en revanche les projets déjà lancés qui doivent voir le jour fin 2013, et permettre des créations d’emplois.

Le ministère de la Justice compte adresser d’ici fin juillet aux parquets une circulaire de politique pénale destinée notamment à réduire la surpopulation carcérale, a rappelé vendredi son porte-parole

Le nombre de détenus dans les prisons a franchi au 1er juillet un nouveau record historique, selon les statistiques mensuelles de l’administration pénitentiaire : 67 373 détenus, le précédent (record) datait du 1er avril (67 161 détenus). Sur un an, le nombre de personnes incarcérées est en hausse de 4,1%.

A ce chiffre, il faut rajouter les 12 609 personnes qui bénéficient d’un aménagement de peine – semi-liberté, bracelet électronique. Le dispositif a bondi de 21% en un an, de 44,5% en deux ans.

 

source :  http://www.rue89.com/zapnet/2012/07/16/christiane-taubira-abandonne-le-projet-demagogique-de-construction-de-8000-places
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( Guyane) Surpopulation, violences… : des détenus n’en peuvent plus

« On étouffe », écrivent notamment ceux qui sont détenus en Guyane et ont saisi l’Observatoire international des prisons pour dénoncer leur situation.

51 détenus du centre pénitentiaire guyanais de Rémire-Montjoly ont saisi l’OIP (Observatoire international des prisons) pour dénoncer leurs conditions de détention. L’OIP reçoit des plaintes depuis plusieurs années, mais « ça s’est précipité » en mai, selon le coordinateur Outre-Mer pour l’OIP François Bès, qui l’explique par une « dégradation des conditions de détention », un « ras-le-bol général » et « l’espoir de voir l’Etat condamné, comme les 15 détenus de l’établissement qui ont fait condamner l’Etat en octobre 2011 pour conditions de détention indignes. »

Tous dénoncent de « déplorables » conditions de détention. « On prépare les recours auprès du tribunal administratif » poursuit François Bès, « ils seront tous déposés pendant l’été. »

« Le Nouvel Observateur » a questionné le coordinateur Outre-Mer pour l’OIP François Bès, qui nous a communiqué des extraits de témoignages de détenus.

Quelle est la situation de la prison guyanaise de Rémire-Montjoly ?

– En mai 2012, elle comptait 632 détenus pour 536 places. L’établissement accueille des hommes et des femmes adultes, et des mineurs, en quartier maison d’arrêt et en centre de détention. La situation est bien plus problématique en quartier maison d’arrêt, où le taux d’occupation est de 135,5% (370 détenus pour 273 places), qu’en centre de détention (262 détenus pour 263 places). La plupart des détenus ont déjà écrit au directeur, à l’administration pénitentiaire, à la justice,… Le plus souvent en vain. Beaucoup disent que « rien ne bouge » et dénoncent le peu d’écoute et de réponse.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les détenus ?

La surpopulation

– En quartier maison d’arrêt, la surpopulation est particulièrement problématique. Notamment à cause de l’obligation d’avoir un matelas supplémentaire au sol.

Un détenu : « La cellule doit faire 28 m². Pour six détenus, cela est limite. Il n’y a aucune aération et les toilettes sont à proximité du lieu de repas… On étouffe ! »
Un détenu : « Les odeurs des autres détenus parfois sont pénibles et lorsqu’on est à 3 dans une cellule, cela pose des soucis avec ceux qui ne se lavent pas, font du bruit et le problème lorsqu’on se fâche avec l’un d’entre eux, c’est qu’on a peur de se faire tuer pendant notre sommeil. »

La violence

– Dans toute la prison, la violence, très liée à la promiscuité, est particulièrement décriée. Certains détenus n’osent pas sortir de leur cellule. On a eu un ou deux cas d’homicides dans l’année. Des armes blanches artisanales circulent. Les agressions sont fréquentes. Certains détenus se mettent à fabriquer des armes pour se défendre… Sans compter les violences contre le personnel.

Un détenu : « Les détenus en promenade n’ont aucune sécurité. Si une bagarre éclate, ou que quelqu’un se fait piquer, il n’y a plus qu’à prier pour que le Samu arrive vite ! »
Un détenu : « Un détenu a été tué lors de la promenade, et les surveillants n’ont rien fait pour l’aider, il a succombé à ses blessures dans la cour de promenade… »

L’hygiène

-La prison de Rémire-Montjoly date de 1998 et n’est pas spécialement vieille. Mais le manque d’entretien a très rapidement accentué sa dégradation. Les particularités de la Guyane n’aident pas : l’humidité permanente et les milliers d’oiseaux dont les fientes recouvrent l’établissement. Les parasites comme les rats, cafards, fourmis ou autres sont nombreux. Les détenus se plaignent de la proximité des WC avec le lieu où ils mangent. Seul un petit muret les séparent. Les douches sont très dégradées par les fientes. Et il n’y pas de WC accessibles pendant les promenades de deux heures.

Un détenu : « Dans notre cellule, les cafards et fourmis sont nos amis. Les toilettes étaient séparées par une cloison en métal, mais celle-ci a été détruite à cause de la saleté. Maintenant, il n’y a plus de porte, du coup on récupère nos tissus, draps pour en faire un rideau. (…) Cela pose problème et crée des disputes lorsque l’un d’entre nous souhaite utiliser les toilettes. »

L’alimentation

– Les problèmes concernant l’alimentation sont importants et réguliers. Les détenus disent que la situation est de moins en moins supportable. Quasiment 70% d’entre eux sont sans ressources et dans l’impossibilité d’acheter des produits en cantine.

Un détenu : « Les repas sont mal faits et immangeables, je suis quand même obligé de manger, mais cela ne suffit pas à mes besoins nutritionnels. »
Un détenu : « Maintenant au parloir, ils vous interdisent l’entrée de produits divers de la part de la famille, qui étaient autorisés auparavant. Le problème, c’est qu’à la cantine c’est plus cher qu’à l’extérieur. »

Parloirs/fouilles

– Les détenus se plaignent beaucoup des parloirs, de l’absence d’intimité et des fouilles systématiques après les parloirs.

Un détenu : « Je n’ai aucune intimité avec ma famille. Et les parloirs ne sont pas propres. »

Le peu d’activité/l’absence de réinsertion

– Il y a très peu d’activité, quasiment pas de travail, et les perspectives de réinsertion sont quasiment nulles. Le manque des moyens est criant pour développer l’alternative à la prison et l’aménagement de peine. La plupart des détenus sont condamnés à des courtes peines qui pourraient être purgées autrement grâce à des aménagements de peines ou des mesures alternatives comme les mesures de probation, le sursis avec mise à l’épreuve, les travaux d’intérêt général (TIG), le bracelet électronique… Mais encore faudrait-il que les collectivités aient les moyens pour débloquer des places de TIG. A Rémire-Montjoly, le taux d’aménagement des peines est beaucoup plus faible que sur le reste du territoire : quand le taux moyen au niveau national est de 19,56%, ce qui est déjà peu, celui de la mission Outre-Mer est de 12,70%.

Un détenu : « Il n’y a aucune activité, aucune structure pour nous aider à repartir sur de bons pieds et éviter de récidiver »

Comment expliquez-vous cette situation ?

– Les prisons d’Outre-Mer ont toujours été délaissées. C’est loin, on en parle moins, et il n’y pas forcément de relais au niveau de l’administration centrale. Ce qui ne veut pas dire que les acteurs locaux ne se battent pas et ne font pas leur maximum, mais ils se heurtent au manque de moyens.

Quelle est, selon vous, la priorité ?

– Faire sortir tous ceux qui peuvent l’être en débloquant les moyens nécessaires à la mise en place de mesures d’alternatives à la prison ou d’aménagements de peine avec accompagnement. Cela désengorgerait déjà considérablement l’établissement. Surtout qu’une journée de peine aménagée coûte beaucoup moins cher qu’une journée en prison. Mais encore faut-il en avoir la volonté.

La situation de cette prison est-elle représentative de celles d’Outre-Mer ?

– Les témoignages recueillis décrivent la situation spécifique de Rémire-Montjoly, mais on peut relever une situation équivalente dans les prisons de Guadeloupe, Martinique, Polynésie, Nouvelle-Calédonie et Mayotte. La situation est un peu différente à la Réunion où une prison neuve, pas encore tout à fait surpeuplée, a ouvert en 2008, et à Saint-Pierre et Miquelon où il y a très peu de détenus.

Des détenus de Toulouse ont également dénoncé dimanche leurs conditions de détention

– La prison du Camp Est de Nouméa vient aussi de rencontrer un refus des détenus de réintégrer leurs cellules. Le ras-le-bol est atteint, et revient régulièrement.

Qu’en pense le ministère de la Justice ?

« Ces dernières années, la vétusté de certains sites s’est ajoutée aux taux d’occupation en croissance continue » écrit le ministère de la Justice dans un communiqué publié mardi 17 juillet. « Cette situation –particulièrement alarmante dans les outre-mer – est le fruit d’une politique excessivement carcérale avec laquelle la ministre de la Justice entend rompre. (…) Nous proposons d’autres formes de sanctions qui devraient rapidement soulager les conditions d’exercice de notre politique pénitentiaire au quotidien ».

 
source : http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20120716.OBS7392/surpopulation-violences-en-prison-le-ras-le-bol-des-detenus.html
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46ème suicide ou mort suspecte connu(e) en détention en 2012

Le nombre de suicides ou de morts suspectes en prison ne diminue pas. Un suicide ou mort suspecte tous les trois jours en prison, 10 fois plus qu’en milieu libre.

Manquement grave de l’administration pénitentiaire. L’omerta [1] continue sur la réalité des chiffres quant aux conditions et lieu réel du décès.

Centre de Détention d’Uzerche
Suicide de Kévin Augé, âge inconnu
Annoncé par l’Administration Pénitentiaire comme une mort par asphyxie
Le 10 juin 2012

Centre Pénitentiaire Avignon – Le Pontet
Suicide d’un homme de 26 ans, par pendaison, en détention provisoire
Le 4 juillet 2012

Maison d’Arrêt de Toulouse – Seysses
Suicide de Jean-Charles Goth, 27ans, par pendaison
Le 10 juillet 2012

Nous exigeons, les familles et proches exigent la vérité de la part de l’administration pénitentiaire et des autorités judiciaires afin que toute la lumière soit faite sur ces nouveaux décès.

Les familles et proches souhaitent une vraie prise en compte de leurs souffrances et une aide directe de la part de l’administration pénitentiaire.

Les autorités judiciaires doivent assumer toutes leurs responsabilités sur ces nouveaux décès.

46 suicides et morts suspectes connus depuis le 1er janvier 2012

Nous savons que ces chiffres ne reflètent pas la réalité. La création de l’Observatoire des suicides et des morts suspectes sur le site prison.eu.org a permis d’interpeller l’opinion publique. www.prison.eu.org/spip.php ?page=rubrique&id_rubrique=68

« L’ensemble des études pointent comme des périodes de particulière vulnérabilité, outre l’entrée en détention, certains moments particuliers : la période correspondant au jugement ; le placement au quartier disciplinaire ; la période postérieure à une tentative de suicide ou à une automutilation. ». Circulaire du 26 avril 2002 NOR JUSE0240075C sur la Prévention des suicides dans les établissements pénitentiaires.

« Le droit à la vie : il est nécessaire de montrer que l’administration pénitentiaire doit tenir compte de cette obligation dans la mise en place de certaines procédures (quartier disciplinaire, isolement…). ». Conclusion du 20 octobre 2003 du Rapport de la CNCDH sur les droits de l’homme en prison.

Contact Presse : Milko Paris, tél. 06 60 17 33 42
mail. redaction@banpublic.org

[Omerta : Par extens. Loi du silence imposée par un groupe. (Le nouveau Littré, 2006) Le véritable problème posé par ces statistiques est qu’elles sont globales : l’administration pénitentiaire se garde bien de communiquer le détail de son décompte macabre. Elle « omet » de publier la date, l’âge, le lieu dans la détention (quartier disciplinaire, quartier d’isolement cellule d’arrivant etc…), et cultive l’opacité la plus absolue lorsqu’il s’agit d’obtenir des explications précises quant aux conditions dans lesquelles ces femmes, ces enfants, ces hommes sont décédés. Ces statistiques, transmises par l’Administration Pénitentiaire, ne disent rien sur les souffrances des proches, leur prise en charge psychologique, leur prise en charge financière, et sur la manière dont l’information leur est transmise ou pas.]

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43ème suicide ou mort suspecte connu(e) en détention en 2012

Le nombre de suicides ou de morts suspectes en prison ne diminue pas.
Un suicide ou mort suspecte tous les trois jours en prison, 10 fois plus qu’en milieu libre.

Manquement grave de l’administration pénitentiaire. L’omerta [1] continue sur la réalité des chiffres quant aux conditions et lieu réel du décès.

Maison d’arrêt d’Orléans
Suicide par pendaison d’une femme de 45 ans
Le 9 juillet 2012

Nous exigeons, les familles et proches exigent la vérité de la part de l’administration pénitentiaire et des autorités judiciaires afin que toute la lumière soit faite sur ces nouveaux décès.

Les familles et proches souhaitent une vraie prise en compte de leurs souffrances et une aide directe de la part de l’administration pénitentiaire.

Les autorités judiciaires doivent assumer toutes leurs responsabilités sur ces nouveaux décès.

43 suicides et morts suspectes connus depuis le 1er janvier 2012

Nous savons que ces chiffres ne reflètent pas la réalité. La création de l’Observatoire des suicides et des morts suspectes sur le site prison.eu.org a permis d’interpeller l’opinion publique. www.prison.eu.org/spip.php ?page=rubrique&id_rubrique=68

« L’ensemble des études pointent comme des périodes de particulière vulnérabilité, outre l’entrée en détention, certains moments particuliers : la période correspondant au jugement ; le placement au quartier disciplinaire ; la période postérieure à une tentative de suicide ou à une automutilation. ». Circulaire du 26 avril 2002 NOR JUSE0240075C sur la Prévention des suicides dans les établissements pénitentiaires.

« Le droit à la vie : il est nécessaire de montrer que l’administration pénitentiaire doit tenir compte de cette obligation dans la mise en place de certaines procédures (quartier disciplinaire, isolement…). ». Conclusion du 20 octobre 2003 du Rapport de la CNCDH sur les droits de l’homme en prison.

Contact Presse : Milko Paris, tél. 06 60 17 33 42
mail. redaction@banpublic.org

[Omerta : Par extens. Loi du silence imposée par un groupe. (Le nouveau Littré, 2006) Le véritable problème posé par ces statistiques est qu’elles sont globales : l’administration pénitentiaire se garde bien de communiquer le détail de son décompte macabre. Elle « omet » de publier la date, l’âge, le lieu dans la détention (quartier disciplinaire, quartier d’isolement cellule d’arrivant etc…), et cultive l’opacité la plus absolue lorsqu’il s’agit d’obtenir des explications précises quant aux conditions dans lesquelles ces femmes, ces enfants, ces hommes sont décédés. Ces statistiques, transmises par l’Administration Pénitentiaire, ne disent rien sur les souffrances des proches, leur prise en charge psychologique, leur prise en charge financière, et sur la manière dont l’information leur est transmise ou pas.]

http://prison.eu.org/spip.php?article14169

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« J’étais assis, heureusement ».

Nous relayons la réaction d’un prisonnier suite à la diffusion du JT de Canal Plus en date du 27 juin 2012. Ce court message d’un « emmuré », envoyé depuis une maison d’arrêt, fait suite à la diffusion d’une séquence d’1 minute environ concernant la décision prise au printemps dernier de bloquer les prix sur 200 produits de « cantine » désignés comme « prioritaires » par l’Etat (qui affirme s’être appuyé, pour les sélectionner, sur la liste des produits les plus fréquemment commandés en détention).

On y entend (une fois de plus) la parole de deux représentants de syndicats pénitentiaires dénonçant cette décision comme une sorte de “cadeau” fait aux prisonniers – drôle de blague, vu les tarifs pratiqués. Nulle part l’exception et l’exploitation que constitue le travail en détention n’apparaissent, pas plus que ce qui se sait, même sous la forme du lieu commun, sur la « qualité » des repas en prison. Même ce simple fait est visiblement jugé inutile à faire connaître : l’entreprise privée fournissant un établissement pénitentiaire sur tout ou partie des denrées cantinables est en situation de monopole. Et elle s’en met, c’est une évidence, sauvagement plein les poches, grâce à ce partenariat public-privé.

Une fois encore, ce sont les représentants médiatiques des syndicats pénitentiaires qui passent au crible de leurs discours (rendus plus “soignés” pour la télévision mais beaucoup plus explicites dans les communiqués ou revues internes, où ils n’hésitent pas à parler de « supermarchés pour super-voyous ») tout fait ou geste carcéral. Ce sont eux qui commentent et distribuent responsabilités, accusations et autofélicitations en cas de révolte, qui distribuent critiques et approbation de toute loi, mesure, parole qui touche de près ou de loin à la prison. Une fois encore, leur discours relayé par les médias occulte totalement les paroles alternatives, et plus encore celle des premiers concernés. Quant aux statistiques fournies pour effrayer le spectateur, elles sont fournies par l’UNSA, syndicat pénitentiaire majoritaire.

Voilà donc la réaction d’un détenu à cette « blague » médiatique :

« Le 27 juin 2012,

Par hasard je tombe à l’instant sur une intervention télévisée (JT de Canal+, 18h57, mercredi 27 juin 2012) de M. Christophe Marques, secrétaire général FO Pénitentiaire. Ce dernier se plaint que les produits vendus aux détenus en prison, achetés sur le budget de l’Etat, seraient vendus à perte. Pour illustrer ses propos, un paquet de pâtes alimentaires serait acheté 1,54€ et revendu 0,30€ aux détenus.
Je m’interroge sur le rôle de ce syndicat professionnel.Le syndicat des transports d’Ile-de-France serait-il en charge d’établir le juste prix du ticket de métro?
Le syndicat national unifié des impôts aurait-il pour rôle de dénoncer l’inégalité des concitoyens devant les niches fiscales? Tel syndicat d’enseignants serait-il chargé de discuter le montant de l’allocation de rentrée scolaire?
En tant que citoyen, chacun doit être libre d’en discuter. Mais en se présentant comme secrétaire général d’un syndicat professionnel, je me trompe sans doute, mais il me semble que ce monsieur n’est pas dans son rôle.
Il a été précisé par ailleurs que les détenus, compte tenu de ces prix dérisoirement bas, fournissent des paniers garnis à leur famille (sic). J’étais assis, heureusement.
Je souhaite de bonnes vacances à ceux d’entre vous qui profiteraient de l’été pour s’évader un peu. »

L’équipe du blog et le GEP restent à la disposition de qui voudra la contacter pour publier les réactions des premier.è.s concerné.e.s par les questions carcérales et, plus largement, pénales.

contrelenfermement@riseup.net

geprison@riseup.net

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Une détenue se serait suicidée à la prison d’Orléans

Une femme de 45 ans qui venait d’être incarcérée à la prison d’Orléans a été retrouvée pendue dans sa cellule lundi matin, a-t-on appris de source judiciaire. Condamnée à plusieurs reprises pour des faits de vols et d’escroquerie, cette femme avait été placée en garde à vue la semaine dernière pour des faits de même nature alors qu’elle bénéficiait d’une libération conditionnelle, selon cette source.

Incarcérée jeudi dernier à la maison d’arrêt d’Orléans à l’issue de sa garde à vue, la détenue a été retrouvée pendue lundi à l’aube dans sa cellule, qu’elle occupait seule. Le dernier suicide en date à la maison d’arrêt d’Orléans, celui d’un homme de 56 ans qui s’est pendu avec ses lacets, remontait à décembre dernier.

en date du 9 Juillet 2012- source : http://www.europe1.fr/Faits-divers/Une-detenue-se-suicide-a-la-prison-d-Orleans-1163449/
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