Témoignages du 4/02 depuis la prison pour étrangers de Vincennes

Vincennes – Centre 2
« Moi je suis dans le centre de rétention, depuis le 14 Janvier je suis là, j’suis inexpulsable et ils veulent rien faire le consul m’a pas donné de laisser-passer, j’suis en France depuis 74. J’me suis fait arrêter suite à un contrôle en moto, j’avais le permis et j’ai ma carte jusqu’à 2013, c’est le préfet qui veut m’expulser.
C’est la merde, c’est dégueulasse, tout est dégueulasse , les toilettes, il fait froid, y’a des outrages, y’a des détenus qui s’font taper. Ici ils tapent les gens et après ils nous disent de porter plainte à la Cimade, et ça sert à rien, après les RG ils viennent ici mais ils font rien. Nous quand on tape un policier tout de suite on est mis en garde-à-vue et ils nous font la misère. Tout le monde porte plainte. Les RG ils viennent, ils prennent la plainte et ils repartent. Ils s’en battent les couilles. Y’a des mecs qui se coupent à mort, c’est un truc de fou, j’ai jamais vu ça, tu vois l’Haïde ? C’est comme ça ici. C’est un truc de fou, j’ai jamais vu ça de ma vie. Ils te font de la filouterie, ça veut dire que quand ils veulent ramener quelqu’un au bled, ils font genre ils vous rassemblent parce que y’a quelqu’un qui se sauve, qui s’est évadé, et après ils viennent attraper le mec, il l’attrapent ils le tapent ils le scotchent. Et après c’est pour ça que y’a des mecs y veulent se couper pour pas partir au bled, tu comprends ? C’est comme ça.
La bouffe c’est dégueulasse, tout est dégueulasse. Toujours la même chose, et pas hallal. Ils nous ramènent que des trucs où y’a de la gélatine, où y’a de la viande pas hallal. Les douches c’est dégueulasse, les toilettes c’est dégueulasse, les chambres laisse tomber. Ils te ferment la télé à 1h, on dirait que t’es en prison. On est privés de liberté et on est privés du visuel. Est-ce que c’est normal ? Non. Moi je vais pas voir le médecin, moi j’ai pas besoin de cachets, moi j’ai besoin de liberté, j’ai besoin de voir ma fille dehors. Moi ils veulent me priver de liberté, j’suis là, ils veulent me laisser 45j parce qu’y peuvent pas m’expulser, le consul y veut pas donner de laisser-passer.
On est 48 dans le CRA 2 là, on a des contacts avec les autres CRA, on a voulu faire la grève de la faim, mais c’est pas des mecs qui tiennent le coup, ça sert à rien une grève de la faim, ça aboutit à rien. Y’en a qui sont à 3 dans des chambres à deux personnes, y dorment parterre, c’est pas normal. Les flics ils parlent mal, ils insultent les gens, ils les insultent de « sales arabes »… »
Vincennes – Centre 1
« Ca se passe bien, le mauvais truc c’est chez le juge, ils renvoient les gens dans un pays comme ça. Ce sont des gens qui sont arrivés depuis même pas une semaine, huit jours au CRA et on les renvoie direct, les Roumains, les Algériens…Moi je suis Roumain. Avant j’étais incarcéré à la maison d’arrêt de la Santé, j’ai fais 18 mois là-bas, de là-bas ils m’ont ramené ici, et c’est mon huitième jour, demain ils me renvoient en Roumanie. Dans ma chambre on est quatre, tout le monde a un lit, ça se passe bien entre détenus. Par rapport à l’hygiène ou aux policiers aussi. J’ai vu le médecin, il m’a donné des médicaments, je suis pas malade, mais il m’a donné des trucs pour être tranquille. Je m’excuse mais j’suis appelé à la la visite là. »
Vincennes – Centre 3
1ère personne
« Y’a des gens qui se coupent, qui coupent leurs veines, y’en a qui se suicident carrément ici. Ils mélangent des criminels avec des gens. Je vous jure. Moi c’est la première fois que je viens ici, voilà j’ai vu des trucs que j’ai jamais vu de ma vie. Ca fait 27 jours que je suis ici. Y’a mes frères, y’a toute ma famille qui sont Français, ils ont la nationalité, moi j’suis né en Tunisie. J’suis venu à l’âge de 16 ans ici, j’suis venu mineur, j’ai même les preuves, après 6 ans il veulent m’expulser. J’ai pris un avocat, mais voilà… Mon casier judiciaire il est vierge, j’ai jamais eu de problèmes avec la police, j’suis jamais allé dans un commissariat, et d’un coup j’me retrouve dans un centre avec des gens bizarres et tout.
Ils m’ont arrêté dans un lieu… J’sais pas… J’suis parti voir un pote, j’savais pas qu’il habite dans un squat et d’un coup y’a la police qui vient chez lui et ils m’ont trouvé là, dans un squat. En fait j’suis là parce que je suis un clandestin, j’ai pas de papiers.
Ils donnent à manger mais des fois ils nous donnent pas à manger. 
Et dans la bouffe ils mettent des médicaments, je sais pas trop quoi. On mange mal. Moi quand j’mange, j’dors, toujours j’suis fatigué. Quand on mange ici on dort tout le temps…. »
2e personne
« On est traité ici comme des animaux d’élevage. On est réveillé le matin, on mange, mais pas tout le monde parce que y’a des musulmans ici qui mangent pas le cochon. Donc une grande partie du repas est jetée, parce que c’est de la viande et que certains ne la mangent pas. On tourne en rond ici parce que c’est comme une prison. On est enfermé toute la journée, et les seules sorties sont pour aller voir le juge. On est transporté comme des malfaiteurs, tu vois, menottes aux poings dans le panier à salade, on est enfermé dans des cages là qui sont à l’intérieur du camion. On est vraiment traités comme des malfaiteurs, ce qui n’est pas le cas.
Actuellement y’a un grand nombre de suicides, tous les jours y’a une tentative de suicide, y’a 5 minutes y’en a un qu’a essayé de se pendre sur une grille. Lorsqu’il y a une tentative de suicide comme ça, la police, les agents de la police ils viennent en masse, ils sont arrivés à le décrocher. Il va s’en tirer. Y’en a qui avalent des lames. Ils demandent des rasoirs pour se raser, ils cassent les lames, ils les avalent. Moi je suis arrivé y’a une semaine, j’ai déjà vu deux personnes se mutiler, se couper les veines. Du point de vue des conditions s’est exactement comme… Je sais pas si vous avez vu le film Le couloir de la mort… Les gens ne dorment pas, y’en a qu’on vient chercher de force la nuit pour les expulser. Vous entendez ? Y’en a qui tapent sur les portes là. Ils passent la nuit éveillés parce qu’ils sont angoissés, du fait qu’on puisse les expulser. Dans la journée on est là, on tourne en rond. Y’a rien à faire. Ils ont installé des jeux à manettes Nintendo, ils arrêtent ça à 22h. Et ils arrêtent à minuit la télé, donc pour les gens qui sont éveillés ils n’ont rien à faire. Donc y’a des bagarres, y’a des tentatives de suicide. Y’en a tous les jours, au moins une tentative par jour, sinon plus. Les flics honnêtement ils me font pitié parce qu’ils peuvent rien faire, on n’est considéré comme des gens … On n’est pas en prison quoi. Ce qu’ils peuvent faire c’est obliger quelqu’un à aller à l’aéroport, ou descendre quelqu’un qui essaye de se pendre, ou évacuer quelqu’un qu’a avalé des lames, qui s’est mutilé. C’est tout ce qu’ils font, hein.
On fait des choses pour empêcher les expulsions, mais c’est plutôt par groupes quoi. Par exemple, y’a un grand nombre de maghrébins, surtout des Tunisiens, qui sont venus après les événements en Tunisie. Ils sont là, ils sont solidaires quoi, parce que chaque jour y’en a plein plein plein qui ont leurs noms sur les vols. La rétention ça dure 45 jours. Y’en a un c’était son 43e jour de rétention, c’est là qu’ils sont venus le chercher pour l’amener à l’aéroport. Il s’est coupé les veines, donc ils ont dû l’évacuer à l’hôpital et le temps qu’il revienne les 45 jours étaient passés. Donc y’a ça, eux ils sont très solidaires quand quelqu’un veut se suicider ils essayent de le raisonner. Mais on sait pas ce qui se passe dans la tête de quelqu’un qui veut se suicider. Les gens se révoltent contre le matériel, ils cassent tout ce qu’ils peuvent casser, les machines, … Mais c’est tout sinon. La plupart des flics qui travaillent ici, si vous voyiez leurs gueules… Vous verriez que c’est des gens qui n’ont vraiment pas envie d’être ici. Les agents de police qu’on met ici c’est pour les punir. Y’en a qu’en ont rien à foutre, y’en qui font leur travail, ils te disent de pas fumer dans la chambre. Ce qui est très important c’est que la majorité est d’origine étrangère, des noirs ou des arabes. Ils souffrent plus, parce qu’on leur ressemble. Ils osent même pas nous regarder dans les yeux.
On voit le médecin à l’arrivée pour voir si on n’a pas de problèmes avec des substances illicites, ou d’alcoolisme. Le soir les infirmières passent distribuer des somnifères, l’infirmerie c’est essentiellement ça. Moi j’ai vu une infirmière mais pas de médecin. Ceux qui tentent de se suicider sérieusement on les conduit, je crois, à l’Hôtel Dieu voir un psychiatre. C’est l’infirmière qui évalue la gravité. Ici y’a trois centres complètement distincts. Ici y’a 59 chambres de deux personnes, donc avec 3 blocs, vous imaginez un peu le nombre de personnes qu’il y a. C’est plein à peu près à 80%. On se parle entre les blocs 2 et 3 à travers le grillage. On est séparé par une cour de sécurité d’à peu près 50 mètres, mais en parlant fort on peut s’entendre. Mais du 2 et du 3 on ne voit pas du tout le 1. Quand on va récupérer des affaires on passe par le centre 2, du coup on croise d’autres gens. Mais les conditions sont les mêmes partout. Les douches et les toilettes sont lavées deux fois par jour, c’est relativement propre. Elles sont ouvertes la journée et la nuit. Le vrai problème c’est la nourriture, par rapport aux religions. La majorité des gens ici sont de confession musulmane, ils ne mangent pas la viande. En une semaine, y’a eu qu’une fois du poisson, le reste du temps c’est de la viande. Dans les pots de dessert y’a une sorte de gélatine. Ils disent que ça vient du porc, du coup ils n’en mangent pas non plus. Ils se sont plaints mais ça change rien. Tout ça concourt à créer des conditions d’incarcération qui ne sont pas dites. On est enfermés, à leur merci, vous êtes en prison mais on vous dit que vous n’êtes pas en prison. Moi j’ai été arrêté sur un simple contrôle, j’avais une obligation de quitter le territoire. J’ai pas pu renouveler ma carte de séjour, car l’ambassade n’a pas fourni un papier à temps. Du coup je me suis retrouvé avec une OQTF. C’est au moment où je faisais les démarches que j’ai été contrôlé. J’ai pas d’argent, je suis passé devant le juge avec un avocat commis d’office. Tu le vois 5 minutes avant, ça c’est une parodie de justice, les dés sont jetés quoi, le tribunal administratif aussi, je suis même pas passé 3 minutes devant le juge.
Je suis entré légalement en France, j’ai vécu et travaillé ici pendant 26 ans. Y’a eu des retards dans le renouvellement de mon passeport par mon ambassade, ils me mettent là et ils veulent m’embarquer, moi je n’irai pas, s’il le faut j’irai jusqu’au bout, s’il le faut je me tue. J’ai tout en France, qu’est-ce que j’irai faire là-bas après 26 ans. C’est difficile de s’organiser, on a rien en commun à part d’être enfermés. Y’en a qui sont là parce qu’ils sont venus y’a pas longtemps, ils viennent de pays où ça va pas, d’autres qui sont là suite à des délits, les cas sont vraiment différents. Y’en a qui sont arrivés en France mineurs, aujourd’hui qui sont majeurs mais ont toujours pas de papiers, donc on veut les renvoyer, ce qui fait que pour que les gens se mettent ensemble il faut qu’ils aient les mêmes problèmes. Par exemple les Tunisiens, ils sont venus en bateau, ils ont traversé l’Italie, eux ils sont vraiment ensemble, ils sont solidaires, ils vivent les mêmes problèmes. Mais par exemple, y’a des Sri Lankais qui sont déboutés du droit d’asile, y’en a qui sont sortis de prison, y’en a qu’on arrêtent mais qu’ont aucun papier. On les met là le temps d’enquêter sur leur pays d’origine. En général ils baladent les flics, s’ils sont originaires d’un pays A ils disent qu’ils sont d’un pays B, on les amène à l’ambassade pour qu’elle établisse un sauf-conduit, l’ambassadeur dit au flics qu’il n’est pas de ce pays là et en général on les ramène au centre, ils sortent après les 45 jours. Ces derniers temps, y’a beaucoup beaucoup d’expulsions de Tunisiens, y’a eu comme un deal avec l’ambassade de Tunisie. Elle délivre des sauf-conduits, du coup on les oblige à partir. Ici quand vous devez partir, on affiche d’abord l’heure du vol le soir, avec le nom, le prénom. Généralement les gars n’opposent pas de résistance quand on vient les chercher, après une deuxième équipe de police les prend en charge et les amène à l’aéroport. Arrivés à l’aéroport, la première fois vous pouvez refuser le vol en demandant à voir le commandant de bord. Vous lui dites que vous ne souhaitez pas prendre le vol. Mais quand ça se répète, au bout de la deuxième ou troisième fois ils vous attachent avec du scotch. Y’en a qui réussissent à refuser plusieurs fois, ils sont jugés au pénal et vont en prison, entre 3 et 6 mois en général pour refus d’embarquement. Ils font un détour en prison puis ils reviennent ici au centre pour être expulsés…Selon les programmations des vols, y’en a qui passent 45 jours et puis après qui sont libérés, soit parce que ils sont pas arrivés à déterminer de quelle nationalité est la personne et donc elle a pas de sauf-conduit, soit parce que la personne se mutile, donc on l’amène à l’hôpital et ensuite on la ramène ici et on lui trouve un autre vol, et ça se répète comme ça jusqu’à ce que les 45 jours soient terminés… »

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Témoignages du 29/01/2012 depuis la prison pour étrangers de Vincennes

Vincennes – Centre 3
« On mange pas bien, y’a pas de quoi manger. Des fois si tu te lèves trop tard ils te donnent même pas à manger. On dort pas, c’est le stress ici. Y’a des gens qui se coupent avec des lames, c’est la galère.
Moi je suis là depuis vingt jours, y’en a trop qui sont expulsés, deux ou trois chaque jour, les policiers sont pas violents mais l’autre fois ils ont coupé l’eau chaude et le chauffage, on est resté dans le froid pendant douze heures. Le médecin tu le vois qu’une seule fois, et après tu vois que des infirmières, c’est dur de revoir un médecin. Moi par exemple j’ai une grippe, je tousse très fort. J’ai demandé des médicaments, ils m’en ont pas donné, ils disent qu’y’en a pas, qu’il faut se les faire amener de dehors. Par contre si tu veux des drogues et des somnifères, là y’a pas de problème ils te les donnent très facilement, tout comme les calmants. En fait y’a pas de doliprane, aspirine, fervex, tout ça pour soigner un rhume, mais y’a des trucs pour te calmer, pour que tu t’énerves pas, quand tu prends ça t’es sur une autre planète.
Ici y’a des caméras partout, tout le monde reste tranquille, on s’est révolté, on a fait une grève de la faim pendant 3 jours, enfin pas tout le monde, mais ça a rien changé.
Avant y’avait de la place, mais ils ont ramené des détenus et y’avait plus assez de place, du coup y’en a qui sont trois par chambre et le dernier dort parterre parce qu’il y a que deux lits par chambre.
Moi j’ai été arrêté suite à un contrôle dans la gare de Lyon. J’suis en France depuis un an et demi, ma femme a été hospitalisée ici puis elle est morte, donc je suis resté là. Y’a des détenus qui sont en France depuis douze ans, dix ans, huit ans.
Hier soir y’a un mec qui avait déjà refusé le premier vol, ils sont venus le rechercher pour l’expulser avec un deuxième vol, il s’est ouvert l’estomac avec une lame. Les policiers quand ils sont arrivés ils ont eu peur à cause du sang, donc ils ont appelé les infirmières qui ont appelé les pompiers. Ils l’ont emmené à l’hôpital pour le recoudre et ils l’ont déjà ramené ici. A mon avis il va avoir un vol ce soir, si c’est le cas, il va s’égorger lui-même.
En fait, ici ça dépend des situations, par rapport aux ambassades, aux avocats. Ceux qui ont de l’argent, un avocat, ils sortent, sinon tu sors pas. Moi, ils m’ont prolongé de vingt jours, alors que ça fait déjà vingt jours que je suis là. Normalement ils peuvent te garder que quarante-cinq jours. Ici personne ne peut savoir si il sera expulsé ou pas, tu sais rien, t’attend le papier qui est affiché le soir pour les vols, le juge, les rendez-vous avec l’ambassadeur.
Ca se vide jamais, ils expulsent et arrêtent tout le temps. Si quelqu’un part, quelqu’un rentre. Par exemple s’ils en expulsent deux, il y aura deux nouveaux détenus. On est tous dans la même galère. La première journée c’est dur, si y’a un nouveau on lui explique ses droits, comment ça se passe, où il est, on s’intègre doucement… »
Vincennes – Centre 1
« Je suis là depuis jeudi soir. Jusque là y’a pas de problème avec les policiers. 
 On ne mange pas vraiment, si y’a dix détenus, y’en a deux qui vont finir leur plat, le reste est jeté. On jette une grande partie de la nourriture. Jusqu’à présent ça se passe bien avec les médecins. Ici on est une vingtaine en ce moment, y’a pas de soucis avec les autres détenus.
Aujourd’hui j’ai vu affiché le règlement intérieur du centre, y’avait écrit « le détenu peut entrer de l’extérieur avec un maximum de 80 euros ». Mais les policiers m’ont dit « seulement 40 euros », ils ont mis le reste à la consigne pour que je le récupère à la sortie.
Chacun a son lit, y’a des chambres de deux ou quatre lits. A mon arrivée, j’ai eu une couette trop petite, j’ai gueulé, on me l’a changée, par contre faut attendre 7 jours pour que la serviette soit changée. La laverie est ouverte tous les jours, sauf le week-end.
Moi je suis dans une situation surprenante. Je suis passé devant le juge hier, avec un avocat commis d’office, l’avocat a dit que c’était pas un souci. Mais tous les gens qui étaient jugés ont été relâchés, sauf moi.
Je suis arrivé en 2005 avec un visa, je suis pacsé depuis 2008 avec une Française, et en couple déclaré depuis 2007. Je n’ai eu que des récépissés qui ne m’autorisaient pas à travailler, j’ai eu 4 récépissés, au 5ème j’ai fait un scandale à la préfecture. La meuf m’a dit de m’asseoir, je ne voulais pas. Finalement on m’a donné un récépissé qui m’autorisait à travailler. J’ai des qualifications, je suis électricien. J’ai eu deux CDI depuis. Avant je travaillais au black. Mon titre de séjour a expiré, j’ai encore eu un récépissé pendant un an avec autorisation de travail, puis après un an j’ai appelé pour prendre un rendez-vous, le mec m’a dit « on ne peut plus vous renouveler car on vous a envoyé une notification de quitter le territoire. » Mais j’ai pas reçu le courrier, il m’a dit d’envoyer une lettre à la préfecture. J’ai écrit deux fois là-bas et j’ai jamais eu de réponse.
Mon arrestation, c’était en pleine circulation. J’étais au volant dans le véhicule d’un ami avec son permis, au boulevard de Clichy. Derrière moi je vois un fourgon de police qui allume son gyrophare, alors je me rabats, ils me disent qu’ils me contrôlent parce que je roule sans phare. Je réponds « impossible, mon tableau de bord est allumé » Je vérifie que les phares fonctionnent et ils fonctionnent. Ils demandent les papiers de la voiture et le permis, ils appellent le central et me disent que le permis n’est pas répertorié sur le territoire. C’est parce que mon ami a un visa touriste. Du coup ils veulent m’emmener au poste pour vérifier, je leur dis qu’en fait ce n’est pas mon permis, je donne mon identité, ils vérifient et voient que j’ai une obligation de quitter le territoire. Je leur dis que je ne l’ai jamais reçue et que j’ai pas pu faire les démarches pour un recours. On m’emmène en garde à vue, puis au centre de rétention où on me dit qu’on fera le recours.
J’ai fourni tous les justificatifs de 2006 à 2012 : EDF, loyers, contrats de travail. Je suis passé devant le juge hier. Tout le monde a été libéré sauf moi car ils m’ont dit que j’avais fourni des justificatifs avec différentes adresses. Pourtant il y avait à chaque fois nos deux noms sur les papiers. Ils se sont même pas dit qu’on avait pu changer d’adresse. Ma femme elle peut pas venir me voir, elle est invalide à 80% et elle est trop loin, dans un autre département.
Ici y’a pas de révolte, beaucoup ont des documents italiens, des permesso, on leur dit qu’ils vont être expulsés vers l’Italie, mais on ne sait pas… »

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Témoignages du 18/01/12 de la prison pour étrangers de Vincennes

Vincennes – Centre 1
1ère personne
« Moi j’ai été ramené ici directement après ma peine de prison à Fresnes. C’est dégueu, la police elle parle mal, on peut rien faire, faut pas parler. Les briquets c’est interdit, on n’a pas le droit de fumer dans les chambres. La bouffe est pas bien. Les médecins ils nous parlent comme à des chiens. Tu vas les voir, et ils te donnent pas les bons trucs, tu leur dis qu’il te faut ça, et ils te donnent autre chose, pour le manque d’alcool ou je sais pas quoi… »
2e personne
« Y’a eu des bagarres à propos de la nourriture, un détenu s’est accroché avec un poulet. Il a fait une garde-à-vue de 48h. a été déferré, il est sorti. Ils ont toujours la même bouffe, la nourriture elle est pas adaptée aux musulmans et aux végétariens, sinon c’est que des haricots et des patates. Personne ne peut prendre de douche parce que l’eau elle est trop froide, y’a pas d’eau chaude.
Y’a pas mal d’expulsions en ce moment. Y’a eu un cas marquant, un mec de 42 ans, il était en France depuis 22 ans. ils l’ont expulsé en Egypte. On s’est organisé collectivement contre son expulsion en s’enfermant avec lui dans la chambre. On a réussi a empêcher une expulsion mais après ils sont venus tôt le matin, personne n’a rien vu, ils l’ont « scotché » et l’ont expulsé.
Je sais qu’il y a trois centres mais on peut pas communiquer avec les autres. Les cours doivent pas donner du même côté. Y’a pas de vis-à-vis, y’a des grilles, y’a pas de filet. Par contre y’a des détecteurs de mouvement et des caméras partout. Mais ils peuvent pas fermer les chambres même pendant la manifestation qu’on a entendue samedi.
Sur 30 détenus y’en a 25 qui sont cachetonnés. En fait même si on essaie de discuter avec les nouveaux arrivants pour qu’ils refusent de prendre certains médicaments, les médecins incitent la plupart des gens à en prendre. Ils leur donnent du valium, du semesta et des substituts de drogues. Certains veulent arrêter les médicaments, les médecins les laissent tranquilles un jour, puis leur redonne un rendez-vous le lendemain pour leur refaire prendre des médicaments. Y’a rien à faire à part dialoguer entre nous.
Moi ça fait 18 jours que je suis là, j’ai été transféré de la prison au CRA. Je sais pas ce qui va se passer… »

Vincennes – Centre 3
1ère personne
« C’est l’enfer ici, il fait froid, la nourriture est dégueulasse, immangeable, elle a une odeur bizarre, on dirait qu’elle est périmée. J’ai été arrêté hier, ils m’ont pris mon téléphone parce il a un appareil photos. Je comprends pas, j’ai deux enfants, ils m’ont attrapé à la préfecture. Je suis malade, j’ai vu le médecin, il m’a dit d’attendre, j’attends depuis ce matin. »
2e personne
« Ici y’a que des bagarres, les flics ils nous cherchent la merde ! On a entendu une manifestation pour les retenus samedi dernier. On a entendu et on a beaucoup crié pour eux, on a tapé, on a crié, on a fait du bordel, mais depuis ça c’est calmé. La police elle nous a dit : ’’ Restez tranquille et vous allez sortir. ’’ Mais ici ils continuent à expulser et moi je sais que j’ai beaucoup d’amis qui sont au bled. Est-ce qu’il y a une manifestation ce soir ou demain ? Sinon ici y’a des playstation s, y’a des télés »

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Collectif Vérité & Justice pour Jamal tué en prison- Appel à soutien – Mars 2012

« Qui n’a jamais connu la prison, ne connait pas la signification du mot Etat » Tolstoï

Jamal Ghermaoui, 23 ans (Ayr), a été tué à le 3 octobre 2011 à la maison d’arrêt de Nanterre, par des surveillants pénitenciers. Les diffé-
rentes versions de l’administration carcérale, prétendant au suicide, ne convainquent personne à la cité du Luth, le quartier de Jamal.

Comme souvent lorsque des crimes sont commis ou mettent en cause les forces répressives, la justice se porte garante du corps impliqué et met les meurtriers à l’abri de véritables poursuites. C’est d’avantage le cas lorsque les victimes de ces crimes sont des prisonniers, le plus souvent des hommes arabes et noirs, frappés, tués, en toute impunité, à l’abri des regards.

Convaincus que Jamal a bel et bien été tué, sa famille et ses proches se battent depuis cinq mois, dans le but de rétablir la vérité et d’obtenir justice. C’est ainsi que s’est créé le Collectif Vérité et Justice pour Jamal, qui souhaite désormais se constituer sous forme d’association, pour poursuivre le combat sur la durée.

Malgré une plainte déposée « contre X » par le conseil de la famille Ghermaoui, pour « coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner », la procédure est au point mort. Plus de cinq mois après le meurtre de Jamal, aucune enquête n’a encore été diligentée. L’expérience nous montre pourtant que seule la mobilisation collective pourra les contraindre à ouvrir et mener sérieusement cette enquête.

Face au déni de justice qui se profile, nous organisons prochainement une journée à la mémoire de Jamal et sommes en cours de préparation de plusieurs évènements et mobilisations. Dans ce long et nécessaire combat, l’aide du plus grand nombre est la bienvenue, qu’elle soit financière, matérielle ou humaine.

La récolte de fonds nous permettrait de financer la confection de t-shirts, tracts, affiches, autocollants et banderoles, ainsi que les frais de justice à la charge de la famille de Jamal et de ses proches. En plus de cette aide financière, les compétences de graphistes, vidéastes, graffeurs, etc. sont également les bienvenues.

Pour que cesse l’impunité des crimes d’État.

COLLECTIF VERITE & JUSTICE POUR JAMAL

Contact : justicepourjamal@gmail.com

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Texte d’un prisonnier du mitard de Bois d’Arcy (78)

en date du lundi 2 mars 2009

En prison, régulièrement, comme un réflexe de survie, ceux qu’on y enferme se révoltent. Mais pour faire taire et soumettre les prisonniers, les moyens ne manquent pas.
Quand on arrive en prison, privé de tout, on peut penser qu’on n’a plus grand-chose à perdre. Mais l’Administration Pénitentiaire s’est dégagée de larges marges de manœuvre pour faire craindre aux détenus une détérioration de leurs conditions de vie s’ils ouvrent un peu trop leur gueule, ou s’ils violent les règlements. Les chantages sont nombreux.

Le premier, et sans doute le plus efficace, c’est celui des remises de peine qui raccourcissent la durée de l’incarcération : celles qui sont automatiquement déduites au moment de la condamnation (RP) ; et celles données chaque année en échange de travail, études ou soins (RPS). Mais ces remises de peine peuvent aussi être supprimées en cas de mauvaise conduite. Et c’est la même chose pour les aménagements de peine que décide le juge d’application des peines après avis de la direction.

Ensuite, de manière non officielle, il y a tous les « privilèges » et les petites vengeances que la direction ou un simple maton peuvent proposer ou faire subir. Le détenu, s’il est en bon terme, pourra plus facilement avoir des douches supplémentaires, une cellule seul, l’accès aux activités, les parloirs prolongés, etc. Par contre, s’il refuse de jouer ce jeu là, les difficultés peuvent rapidement s’accumuler pour obtenir quoi que ce soit. En prison, on est impuissant face à la machine, et pour chaque geste de la vie quotidienne, il faut passer par l’administration, qui a donc les moyens de faire chier : le courrier traine ou disparaît, l’attente s’éternise pour avoir accès aux activités, toutes les démarches sont ralenties ou même bloquées.

Enfin, il y a aussi le recours le plus officiel, celui du passage en commission de discipline. Il existe un tableau des fautes et des sanctions recensées, mais qui reste suffisamment flou pour que ne soit pas gêné l’arbitraire du juge. Une même faute, selon l’interprétation, pourra être classée en 1er, 2ème ou 3ème degré de gravité.

En commission de discipline, même défendu par un avocat, on fait encore moins semblant de se vouloir équitable que lors d’un procès au tribunal, puisque la personne qui te juge est aussi celle avec laquelle tu es en conflit. Généralement, c’est le directeur de la prison.

Les peines qu’il peut prononcer sont l’avertissement, le mitard, le confinement, le sursis, la suspension d’un parloir, d’une activité, ou d’un service (cantine, télé, etc).

Le mitard, c’est la prison dans la prison. Les conditions sont proches de celles de la garde-à-vue. Le détenu est isolé dans une petite cellule (de préférence dégueulasse) dans un bâtiment isolé des autres. Le mobilier est restreint : une petite table, un banc, un lit, et un chiotte lavabo, le tout scellé au sol. Pas de cantine, pas de télé, et les seules affaires qu’on peut conserver sont le matériel de correspondance et la lecture (du moins en théorie). Le détenu n’a pas même le droit à des habits autre que ceux qu’il porte sur lui ; et un seul pull suffit parce que le froid fait parti du traitement. La fenêtre est suffisamment épaisse, ou sale, ou grillagée, ou tout à la fois, pour qu’il soit difficile de voir dehors. La lumière, c’est au choix de la prison : ou elle est insuffisante pour lire sans se fatiguer, ou elle est éblouissante, et empêche de dormir. Le détenu a le droit à une heure de promenade par jour, seul dans une minuscule cour grillagée, et à une seule visite par semaine. Il y a aussi les spécialités de chaque prison. Dans l’isolement total du mitard, les matons règnent en maîtres : il y a les tabassages de détenus, qui finissent parfois tragiquement comme on a vu à Villepinte le 6 janvier. Plus fréquemment, ce sont les petites brimades et humiliations : laisser la lumière allumée la nuit, mettre le paquetage en bordel, y déverser de l’huile, y voler des objets, etc.

Le transfert vient aussi parfois s’ajouter à la peine de mitard pour éloigner et isoler un détenu, et l’envoyer de préférence dans une prison encore plus stricte avec quelques consignes. Lors d’actions collectives par exemple, après avoir désigné des leaders et les avoir condamnés au mitard, on finit ensuite par les transférer pour stopper là le début de solidarité. Le transfert est aussi utilisé pour éviter que ne parlent entre eux les détenus, et ne s’ébruite une sale affaire comme un assassinat déguisé en suicide.

Le placement à l’isolement aussi n’est théoriquement pas une sanction, mais une manière de protéger ( !) le prisonnier ou le reste de la détention. Dans les faits, c’est aussi un moyen de pression supplémentaire. Quand les preuves ne sont pas suffisantes pour envoyer quelqu’un au mitard, on peut toujours le mettre à l’isolement sous un quelconque prétexte.

Les perturbateurs doivent rapidement être isolés avant qu’ils ne contaminent le reste de la détention. Tout en espérant qu’ils ne se remettent pas de cette dure épreuve.

Ce texte n’a pas pour objectif de dénoncer des abus. Tant que certains hommes en enfermeront d’autres, il faudra qu’ils mettent au point des stratagèmes pour éviter que ça leur pète à la gueule.

Ce texte n’a pas non plus l’objectif de plomber l’ambiance, et de dire que plus rien n’est possible. Tant qu’il y aura des prisons, il y aura des prisonniers pour les détruire.

Même noyé dans la merde de la prison, notre situation est précaire et susceptible de s’aggraver. Mais quitte à prendre des coups, autant se défendre.

A se soumettre devant eux, on perd quelque chose de plus précieux que ce qu’on croit gagner.

C’est plus qu’une question de principe, c’est une question de survie.

Pas de martyr, mais de l’organisation, solidarité, et de l’intelligence collective pour être plus fort.

Que vive la révolte !

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Tous les moyens sont bons pour harceler, attaquer, saboter Bouygues. Partout.

BOUYGUES construit des prisons, où l’État peut faire taire ceux qui refusent l’exploitation et le contrôle.

BOUYGUES construit des centres de rétention administratifs où l’État peut enfermer avant leur expulsion les sans-papiers et ainsi optimiser l’exploitation de la main-d’œuvre que constitue l’immigration.
D’un chantier BOUYGUES à un centre de rétention, en passant ou non par la case prison, un sans-papiers peut bénéficier à de nombreuses reprises du savoir-faire du bétonneur en matière de collaboration avec l’État, de contrôle social, de gestion des indésirables et d’exploitation.
Ce dispositif d’enfermement nous concerne tous et aggrave nos conditions de vie à tous.
Donnons-nous les moyens de reprendre l’offensive.

Pourquoi s’attaquer à Bouygues ?

S’attaquer à BOUYGUES c’est mettre en échec concrètement, partout où nous pouvons le faire, la prolifération de l’enfermement comme dispositif de contrôle social.
Les agrandissements et constructions de centres de rétention sont nécessaire à l’application de la Loi Sarkozy sur l’immigration qui fait passer le temps de rétention maximum des sans-papiers de douze à trente-deux jours : la saturation actuelle des centres oblige l’État à remettre en liberté les migrants et chaque jour de retard d’un chantier est un jour de perdu pour la machine à expulser. Empêcher ces centres d’être édifiés est un moyen de déjouer matériellement la gestion des migrations et de transformer l’offensive sécuritaire en simple velléité de contrôle.
Le problème n’est pas celui des conditions d’enfermement des indésirables : l’enfermement est une condition du contrôle social contre lequel nous luttons. Ainsi, construire de nouveaux lieux d’enfermement n’est pas un moyen de rendre ceux-ci plus vivables, c’est un alibi pour enfermer plus et plus efficacement : à chaque fois que de nouveaux lieux ou de nouveaux modes de punition (par exemple le bracelet électronique) sont mis en œuvre, des délits qui n’étaient pas sanctionnés jusqu’alors le sont, et ceci de manière plus massive et avec des temps d’enfermement plus long. II est dans la nature des lieux d’enfermement que d’être surpeuplés. II s’agit de se donner les moyens de les saborder.

Harceler BOUYGUES ne veut pas dire défendre le service public ou le monopole de l’État en matière de punition, ni lutter contre la privatisation de l’enfermement. Par contre, c’est plutôt s’attacher collectivement à une cible précise qui est un rouage nécessaire à la construction de lieux d’enfermement et à l’efficacité des dispositifs de contrôle social. II ne s’agit pas d’oublier que nombre d’autres entreprises participent à la construction de lieux d’enfermement, mais il s’agit de se donner une cible commune contre laquelle constituer une puissance collective.
Certes, contrairement à l’Etat, BOUYGUES ne participe pas à l’enfermement par seul souci du service public ni par seule nécessité gestionnaire : son intérêt dans le contrôle social est aussi financier. Pour qu’il cesse, il faut que ces activités lui coûtent plus cher que ce qu’elles lui rapportent : c’est à nous de faire exploser les coûts…
En attaquant BOUYGUES, il n’est pas question de dire que les autres sociétés de construction sont plus acceptables mais que c’est, contre celle-là que nous entendons commencer à lutter. II ne s’agit pas que chacun, individualisé, se sente responsable dans sa consommation, mais il importe, ensemble, de ne pas se laisser gagner par l’apathie et de reprendre l’offensive, de constituer des axes de rapports de force. II ne s’agit pas d’avoir l’illusion de sortir du capitalisme ou de le forcer à changer en consommant autrement, mais de lutter par tous les moyens et de le frapper là où ça fait mal. Voilà pourquoi le mot d’ordre de cette campagne ne sera pas le boycott mais la lutte.

BOUYGUES est partout présent sur le territoire (chantiers, TF1, boutiques Bouygues Télécoms, etc.) : c’est ce qui le rend vulnérable, ce sont autant de cibles, que chacun aura à sa portée pour les attaquer avec les moyens dont il dispose. S’il est partout, les attaques en seront d’autant plus nombreuses, plus imprévisibles et plus belles.

Construire une lutte, s’agencer collectivement et se donner les armes pour démolir la stratégie de mise en ordre de nos vies, de neutralisation de nos désirs et de pacification policière du réel ; se coordonner, se tenir au courant, en fonction des désirs et des moyens de chacun ; élaborer une tactique de sabotage permanent des dispositifs de contrôle, la propager jusqu’à ce qu’elle nous dépasse et que la situation devienne ingérable pour l’ennemi…

Tous les moyens sont bons pour harceler, attaquer, saboter Bouygues. Partout.
Ni prison, ni rétention.

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L’avocat d’un détenu agressé à Fresnes dénonce la « lenteur » de l’enquête visant l’administration

L’avocat d’un ex-détenu de Fresnes, handicappé à vie après avoir été agressé par son compagnon de cellule en 2008, a dénoncé mercredi la « lenteur » de l’enquête menée notamment pour non-assistance à personne en danger et visant l’Administration pénitentiaire (AP)
En novembre 2008, Slaheddine El Ouertani, un sans-papiers tunisien, est découvert inanimé dans sa cellule de Fresnes où il est en détention provisoire dans le cadre de l’enquête sur l’incendie du centre de rétention de Vincennes (Val-de-Marne). Il sera totalement blanchi au cours de l’instruction.
M. El Ouertani tombe alors dans le coma et ne se réveillera que trois mois plus tard avec un handicap à 80 %, affirme à l’AFP son avocat, Me Sébastien Rideau-Valentini, confirmant une information du Canard Enchaîné.
Selon l’avocat, l’AP évoque d’abord une « chute accidentelle ».
Mais l’enquête judiciaire, close en septembre 2011, établira que M. El Ouertani a été agressé par son compagnon de cellule qui ne « supportait pas d’être avec un musulman pratiquant », d’après Me Rideau-Valentini qui a ouvert un autre front judiciaire.
L’avocat estime que les surveillants ont tardé à venir en aide à son client le jour des faits et qu’ils l’ont par ailleurs transporté à l’infirmerie sur une chaise roulante, « au mépris des règles élémentaires de secourisme ».
« Cela n’a fait qu’aggraver ses blessures », assure Me Rideau-Valentini, qui accuse également le directeur de Fresnes à l’époque d’avoir menti en écrivant dans un rapport que les deux détenus avaient eux-mêmes demandé à être dans la même cellule.
En août 2010, l’avocat porte plainte à Créteil contre des personnels de l’AP pour « non-assistance à personne en danger », « blessures involontaires », et « faux en écriture publique ».
Une juge d’instruction ouvre une enquête tout en estimant que les investigations pour « faux en écriture publique » ne sont pas justifiées.
L’avocat, qui a fait appel de cette décision, assure aujourd’hui que la justice fait preuve d’une « extrême lenteur dans ce dossier pour ne pas installer un climat délétère entre la maison d’arrêt et le tribunal ».
« Il n’y a aucune obstruction. C’est un processus lent mais hélas normal », a rétorqué une source judiciaire, affirmant que le parquet de Créteil n’avait fait « preuve d’aucune négligence ».
L’AP n’a pas souhaité commenter une « procédure en cours ».
source : AFP
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Livres sur l’enfermement

A ceux qui se croient libres, L’insomniaque, 2009

Julius Van Daal, Beau comme une prison qui brûle, L’insomniaque, 2010

Jean-Marc Rouillan, Infinitif présent, La différence, 2010

Jean-Marc Rouillan, Chroniques carcérales, Agone, 2008

Charlie Bauer, Fractures d’une vie, Agone, 2004

Natacha Filippi, Brûler les prisons de l’apartheid, Syllepse, 2011

James Carr, Crève, Ivrea, 2010

George Jackson, Les frères de Soledad, Gallimard, 1971

Aïssa Lacheb-Boukachache, Plaidoyer pour les justes, Le Diable Vauvert, 2001

Abdel Hafed Benotman, Garde à vie, Syros, 2011

Abdel Hafed Benotman, Les Forcenés, Payot, 2000

Abdel Hafed Benotman, Les poteaux de torture, Payot, 2006

Fraternité à perpète – Retour sur la tentative d’évasion de la prison de Fresnes du 27 mai 2001, L’insomniaque, 2006

Laurent Jacqua, La guillotine carcérale. Silence, on meurt, Nautilius, 2003

Y’a du baston dans la taule, L’insomniaque, 2001

Donald Goines, Justice blanche, misère noire, Gallimard, 2001

L’envolée, Pour en finir avec toutes les prisons peines éliminatrices et isolement carcéral, (hors-série), 2009

Serge Livrozet, De la prison à la révolte, l’esprit frappeur, 1999

Edward Bunker, La bête au ventre, Rivages, 1999

Edward Bunker, La bête contre les murs, Rivages, 1994

Edward Bunker, Aucune bête aussi féroce, Rivages, 1992

Xosé Tarrio Gonzalez, Huye hombre, huye. Chroniques de l’enfermement, Nyctalope, 2011

Louis Beretti, Même à mon pire ennemi, L’insomniaque, 2000

Au pied du mur. Pour en finir avec toutes les prisons, L’insomniaque, 2000

Michel Foucault, Surveiller et punir, Gallimard, 1998

Christophe Soulié, Liberté sur paroles. Contribution à l’histoire du comité d’action des prisonniers, Analis

Feu au centre de rétention, Libertalia, 2008

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Mort d’une personne détenue à Fleury-Merogis

Le jeune homme, incarcéré depuis septembre 2011, devait être libéré en juin 2014.  Un détenu âgé de 18 ans, de nationalité tunisienne, se serait suicidé samedi en se pendant dans sa cellule de la maison d’arrêt de Fleury-Merogis (Essonne), a-t-on appris mardi de source syndicale.Le jeune homme né en 1993 «a été découvert pendu avec son écharpe, samedi vers 18 heures, dans le bâtiment D1» de la maison d’arrêt des hommes.«Les pompiers puis les surveillants ont essayé de le ranimer mais il est décédé sur place», a-t-on ajouté.

Condamné pour infraction à la législation sur les étrangers, extorsion, violence et port d’armes, il était emprisonné depuis septembre 2011 et devait être libéré en juin 2014.

En janvier, un détenu âgé de 45 ans avait été retrouvé mort dans sa cellule de Fleury avec un sac plastique sur la tête.

Rien qu’au mois de janvier, 12 suicides ont été recensés dans les prisons de France, selon François Bes, coordinateur de l’Observatoire international des prisons (OIP) pour l’Ile-de-France.

«Malgré les plans de prévention du suicide, on ne voit absolument pas baisser leur nombre», a souligné François Bes. L’OIP avait comptabilisé 96 suicides de détenus en 2007, puis 122 en 2009 et 123 en 2011.

«Les plans visent à empêcher les détenus de passer à l’acte – autrement dit, à les contraindre à ne pas mourir – mais il n’y a pas de mesures pour améliorer leur état psychologique qui passe par des activités, des visites de leur famille, des projets», a déclaré François Bes.

(AFP)

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Le centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes bientôt rénové

Troisième établissement pénitentiaire français le plus important en nombre de places, après Fleury et Fresnes, le centre pénitentiaire de Marseille-Les Baumettes, d’une capacité de 1262 places, fait l’objet d’une importante restructuration. Les deux structures rénovées comprendront 560 places pour l’une et 640 places pour l’autre.

Lors de sa venue, Michel Mercier a visité le pôle centralisateur de surveillance électronique qui gère 1200 bracelets fixes et mobiles, le centre de semi-liberté et le chantier de la future maison d’arrêt pour femmes dont les travaux prendront fin en 2013. A l’issue de la livraison de la maison d’arrêt pour femmes, les travaux de « Baumettes 2 » pour s’achever en 2016.

http://www.mediatheque.justice.gouv.fr/direct/2695-f2addb14b9c5f14daf84061772f41f9c8d22f9d5-1340706298-direct

http://www.cabaumettes.org/accueil.php

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