Marche pour Farid, mort en prison…

Samedi 22 Janvier 2011 dans les rues de Givors, entre Lyon et Saint-Etienne, plus de 300 personnes défilent pour rendre hommage à Farid, mort en détention. Une fois de plus les circonstances du décès défendues par l’administration pénitentiaire ne sont pas convaincantes et sont rejetées par la famille et les amis qui crient leur colère.

Reportage de l’émission Mégacombi diffusé le 24 janvier sur Radio Canut

25min – MP3 – 192kb/s – 36 Mo

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http://sonsenluttes.net/spip.php?article246
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Mutinerie dans une prison au Brésil : des tortures dénoncées

476 prisonniers ont déclenché une mutinerie depuis dimanche dans une prison du nord-est du Brésil. Ils ont pris en otage 128 visiteurs, afin de dénoncer leurs conditions d’enfermement.

Les mutins ont pris en otage 128 visiteurs, des membres des familles de prisonniers, ainsi que trois gardiens du complexe de haute sécurité. Le groupe de détenus a en sa possession trois carabines et des couteaux volés dans la salle d’armes de la prison, précise le site.

Des « sessions de torture » dénoncées

Le mouvement a débuté dans la matinée à l’heure des premières visites. Dans l’après-midi, des matelas ont été brûlés et en fin de soirée les détenus sont apparus sur le toit de la prison. La police a alors pris la décision de couper l’électricité avant de la rétablir une heure après et de reprendre les discussions avec les mutins.

Au négociateur dépêché sur place par les nombreuses forces de police, les détenus ont dénoncé les « sessions de torture », selon le site brésilien, qui leur seraient infligées par les gardiens. Les forces de l’ordre ont d’ailleurs établi une communication radio avec certains des prisonniers, présentés comme les leaders de la rébellion. Ces derniers ont annoncé avoir dressé une liste de leurs agresseurs qu’ils remettraient au procureur de justice et réclament en outre qu’une meilleure nourriture leur soit distribuée.

Concernant les otages, les médias locaux ne fournissaient pour l’instant pas d’information sur le traitement qu’ils recevaient de la part des émeutiers.

 

Source : http://www.metrofrance.com/info/mutinerie-dans-une-prison-au-bresil-des-tortures-denoncees/mldp!TLRX6n1uooFyg/

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Témoignage centre de rétention de Plaisir, 78, 13 avril 2012

De nombreux mouvements de protestation dans les centres commencent par des
conflits liés à la nourriture. Derrière ces problêmes en apparence liés à
des conditions de rétention, il y à la question de l’enfermement en lui
même. L’Etat ne cesse de répéter que les centres de rétention ne sont pas
des prisons, or les gens y sont contraints de manger des choses qu’ils ne
veulent pas et ne peuvent vivre cela que comme une humiliation…

« Ca fait plusieurs semaines qu’on mange toujours la même chose – du yaourt
et du pain, quoi.
Ils veulent pas comprendre que les musulmans qui ne mangent que du halal
ne toucheront pas à du boeuf même bien cuit, et que si le légume est
mélangé à la viande on n’a pas le droit de manger non plus.

Ca fait plusieurs jours que nous demandons de préparer des menus nous
mêmes: du poisson plus souvent, certains disent un repas sur deux, peut
être deux par semaine suffiraient. On appelle ça équilibrer les repas.

On a voulu en discuter avec les policiers chefs qui décident, un gradé
nous a répondu hier: « c’est pas nous qui décidons, c’est une société
privée, alors prenez sinon vous ne mangez pas ».
On voulait écrire nos demandes de nourriture, faire des signatures, on a
commencé aujourd’hui.

A midi, le repas on aurait dit qu’ils l’avaient fait exprès:
Salade au poulet mélangé
Boeuf aux olives mélangé
Crème dessert comme un yaourt.
Alors tout le monde a laissé ses barquettes pas équilibrées mélangées, on
pouvait même pas manger la salade et les légumes qui avaient touché la
viande pas halal, et on a demandé à leur parler.
Comme tous les jours on quittait la table avec un yaourt, un peu de pain,
de l’eau, encore la faim au ventre.

Si on a faim, on peut seulement acheter au distributeur – un paquet de
gâteaux, 1€50, un soda, 1€50, une barre chocolat, 0€80, y a rien d’autre,
et tu te fais tout tirer avant de le mettre dans la bouche parce que les
autres y a personne qui possède seulement 5cts.

Les policiers étaient énervés, en colère, nous on voulait juste expliquer
qu’on avait faim.
Le ton est monté, le chef de centre est venu ça te mettait encore plus
vénère mais on voulait pas que ça mette le dawa on restait cool.
C’est une armoire de deux mètres balèze.

Il a pris un gars qui parlait trop bien le français  de 1m80 qu’avait rien
fait, il lui a dit « suis moi jusqu’au poste.
Ici tu penses en minutes, ton heure d’arrestation de sortie de garde à
vue, de mise en CRA, quelqu’un a dit l’heure qu’il était, ils sont partis
vers le poste mais ils se sont arrêtés pour entrer dans la chambre 7
qu’est pas la sienne au gars. 2 policiers étaient dehors.
On savait bien qu’il est entré là c’est parce qu’il y a pas de caméras,
mais on était loin et on n’entendait rien.
Il est sorti il était bizarre il se tenait partout.

Dans les chambres il y a 2 lits, 2 chaises, 1 table fixée et les casiers.
Le gars dit que le chef lui a mis la main derrière lui et l’a poussé sur
les casiers et le tenait plaqué contre un casier en lui serrant le cou
pendant une minute il pouvait plus respirer plus crier.

Quand il sont ressortis il a demandé à voir le docteur aux 4 policiers qui
étaient restés dehors, ils ont dit « le docteur travaille pas aujourd’hui »,
mais on est allés l’accompagner, il avait des traces toutes rouges sur le
cou, il a vu l’infirmière qui a appelé le docteur qui lui a fait un
certificat coups et blessures et griffures et le doigt tordu il sait même
pas comment.
Avec son certificat il est allé voir FTDA et ils vont porter plainte
contre le chef de centre.
Mais toute l’histoire ça fait pas 2h après le déjeuner et qu’ils lui ont
dit de prendre ses vêtements et ils l’ont amené ailleurs, dans un autre
centre. »

fermeturetention@yahoo.fr

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Les meneurs de la mutinerie à la prison de Vézin-le-Coquet condamnés à cinq ans ferme

Les meneurs d’une mutinerie qui a éclaté mardi au centre de détention de Vezin-le-Coquet, près de Rennes, ont été condamnés à cinq ans de prison ferme en comparution immédiate, a-t-on appris vendredi auprès du tribunal de grande instance de la capitale bretonne.

Faouzi Harbaoui, 52 ans, et Grégoire Larnier, 24 ans, avaient agressé un surveillant, puis ouvert des portes de cellules avec les clés qu’ils lui avaient dérobées, entraînant une dizaine de détenus à leur suite.
Deux autres prévenus ont été condamnés à un et deux ans ferme lors de l’audience jeudi.

La mutinerie, au cours de laquelle un matelas avait été incendié et des projectiles avaient été jetés sur les hommes de l’équipe régionale d’intervention et de sécurité venus à la rescousse, avait été maîtrisée au bout de trois heures. Le surveillant, molesté à coups de poing, avait été transporté à l’hôpital. Des représentants syndicaux des gardiens avaient relevé le caractère « prémédité » de la mutinerie, qui a coïncidé avec un mouvement de grogne des gardiens de prison.

A l’audience, Faouzi Harbaoui, qui purgeait une peine de 23 ans de réclusion, a confirmé avoir provoqué les incidents pour pouvoir changer d’établissement. « Il était dans une forme de désarroi après avoir écrit en vain plusieurs courriers en ce sens et mené une grève de la faim », a plaidé son avocate, Me Inès Tardy-Joubert. Le tout nouveau centre pénitentiaire de Vezin-le-Coquet, ouvert en mars 2010, est régulièrement critiqué par les syndicats et les défenseurs des détenus pour sa configuration, qui réduit les « contacts humains » entre détenus et surveillants. L’établissement souffre en outre de surpopulation (768 détenus pour 690 places).

 

Le Monde.fr avec AFP | 13.04.2012

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Une « mini-mutinerie » secoue la prison de Vezin-le-Coquet

Les barbelés du centre pénitentiaire pour hommes de Vezin-Le-Coquet (Ille-et-Vilaine).

Une dizaine de détenus du centre pénitentiaire de Vezin-le-Coquet, près de Rennes, ont agressé un surveillant lors d’une « mini-mutinerie » au cours de laquelle ils ont allumé des feux dans leurs cellules, mardi 10 avril, selon une source syndicale.

Quatre détenus ont été placés en garde à vue, selon la même source. Le calme était revenu peu avant 21 heures.

La mini-émeute a débuté vers 18 heures au rez-de-chaussée de l’établissement lors de la distribution des repas. Un surveillant agressé d’un coup de poing, notamment pour récupérer les clés, a été acheminé vers l’hôpital. Une dizaine de véhicules de pompiers et une dizaine de véhicules de la gendarmerie étaient stationnés mardi soir devant le centre de détention, d’où se dégageait une odeur de brûlé.

« ILS ONT ÉRIGÉ UNE MINI-BARRICADE AVEC DES MATELAS »

Des hommes de l’ERIS (équipe régionale d’intervention et de sécurité) ont été dépêchés sur place. « Les détenus attendaient pour en venir aux mains avec le personnel. Ils voulaient vraiment en découdre. Ils ont aspergé le sol de produits vaisselle et de douche, ont érigé une mini-barricade avec des matelas », a témoigné Stéphane Masson, de FO pénitentiaire, regrettant qu’il n’y ait qu’« un seul surveillant pour soixante-dix détenus ».

De son côté, Eric Lemoine (CGT) a confirmé le caractère prémédité de la « mini-mutinerie ». Aucun motif de revendication n’a été révélé. Selon la CGT pénitentiaire, « il y aurait un personnel blessé, mais non grièvement ». Gaël Cloteau, de la CFTC pénitentiaire, s’est félicité que la « petite émeute d’une dizaine de détenus » provoquée par des longues peines n’ait pas fait tache d’huile.

Inauguré en mars 2010, le centre pénitentiaire de Vezin-le-Coquet compte 740 détenus pour 690 places. Il remplace la prison Jacques-Cartier de Rennes, construite en 1903, qui accueillait 351 détenus pour 330 places. En octobre 2011, la CGT du centre pénitentiaire avait dénoncé la surpopulation carcérale dans cet établissement, qui regroupait alors selon elle 768 détenus pour 690 places.

 

source : Le Monde.fr | 11.04.2012

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Plaidoyer pour les justes de Aïssa Lacheb-Boukachache

Dans Plaidoyer pour les justes, Aïssa Lacheb-Boukachache, fils de harki, s’élève contre l’erreur judiciaire dont il a été victime à cause de ses origines. Malheureusement, son cri se perd dans les redondances.

Plaidoyer pour les justes est une harangue violente contre le système judiciaire français qui a condamné Aïssa Lacheb-Boukachache à quinze ans de réclusion criminelle assorties d’une mesure de sûreté de dix années.  » Tout cela pour un simple hold-up où je n’ai tué, blessé, frappé, pris en otage personne « , explique-t-il, amer. Ce qui justifie la colère que l’auteur, fils de harki, laisse exploser dans ses pages.  » J’ai commencé chaque chapitre calmement, je les ai finis dans la haine « , écrit-il dans sa lettre aux maisons d’édition.

Aïssa raconte, la haine au ventre, ses journées qui n’en finissent pas et sa cohabitation parfois hystérique avec son compagnon de cellule, Elie. Ce livre est à la fois une catharsis ( » Il faut gueuler, quelquefois, pour être toujours vivant « ) et un témoignage pour aider  » un seul de ces prisonniers à trouver ou retrouver l’amour de vivre, surtout si celui-là est jeune, démuni et seul « .

Le cri d’Aïssa

Malheureusement, le cri d’Aïssa Lacheb-Boukachache perd de sa force au fil des pages. Les redondances s’additionnent. Et contrairement à ce que dit l’auteur, pour dénoncer, il ne faut pas obligatoirement  » remplir des pages d’écriture « . Un texte plus court aurait été tout aussi incisif. Ce qui dérange aussi, dans le texte, ce sont les affirmations peu objectives qu’assène régulièrement l’auteur.  » Tous les juges sont des salauds, tous les prisonniers des erreurs judiciaires « . Et si le lecteur n’est pas d’accord avec ça, c’est qu’il est forcément l’un de ces salauds qu’Aïssa Lacheb-Boukachache dénonce à longueur de pages.

Les erreurs judiciaires, basées sur le racisme, doivent être dénoncées. Mais lorsqu’on relit les pages écrites par Mummia Abu-Jammal (Afro-américain condamné à la peine capitale en 1982 lors d’un procès inéquitable, qui clame son innocence depuis le couloir de la mort, ndlr), on ressent à quel point il manque quelque chose à Aïssa Lacheb-Boukachache. Peut-être sa part d’humanisme, morte en prison.

source : http://www.afrik.com/article3535.html

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Brûler les prisons de l’apartheid-Natacha Filippi

Le 27 avril 1994 se déroulent les premières élections démocratiques
multiraciales d’Afrique du Sud. Cette année restera gravée dans la
mémoire nationale comme le symbole de la chute définitive du régime
d’apartheid et de la naissance d’une nouvelle société, la « rainbow
nation ».
Pour les prisonniers confinés aux marges de la société, l’année
1994 est une période de lutte intense, où la frustration et la rage de ne
pas pouvoir participer à l’élaboration de cette nouvelle société provoquent
mutineries et violences incendiaires. Qu’elles soient le dernier
sursaut des prisons de l’apartheid ou la première insurrection contre
les institutions pénitentiaires démocratiques, ces émeutes, de par leur
ampleur et leur intensité, constituent un moment décisif dans l’histoire
nationale et internationale des révoltes carcérales.
Les premiers troubles surviennent dès 1991 dans la prison de Pollsmoor,
réputée dans tout le pays pour ses conditions de vie extrêmes.
Le mouvement s’étend ensuite aux autres établissements pénitentiaires.
Jusqu’en 1994, ces derniers seront secoués de façon sporadique
par des grèves de la faim, des refus collectifs de remonter de promenade
et des altercations toujours plus brutales entre prisonniers et
matons.
Les prisonniers revendiquent le droit de vote ainsi qu’une amnistie
générale, fondée sur la reconnaissance de leur résistance contre le
régime d’apartheid. Ils se rassemblent autour des trois gangs alliés les
plus puissants au sein des prisons sud-africaines qui organisent ainsi
des mutineries aux dimensions inédites.
Mais la violence que les prisonniers peuvent diriger vers les matons
n’est pas suffisante pour provoquer une réaction de l’opinion publique.
La mise à feu des cellules est alors utilisée comme moyen d’auto immolation.
Les prisonniers tentent ainsi de révéler le caractère mortifère de la
logique carcérale qui nie leur droit à exister en tant que citoyens et
sujets agissants.
L’auteure
Doctorante à l’université d’Oxford, Natacha Filippi travaille depuis
plusieurs années sur la question carcérale en Afrique du Sud.

Parution : décembre 2011
Prix : 8 €
edition@syllepse.net
www.syllepse.net
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Sur la mort de Jamal Ghermaoui tué par des agents pénifentiers à la MA de Nanterre

Vidéo réalisée par les membres du Collectif Vérité & Justice pour Jamal, autour des mobilisations qui ont suivi la mort de Jamal Ghermaoui (Ayr), 23 ans, tué par des agents pénitentiers de la maison d’arrêt de Nanterre.

 

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Livre- Beau comme une prison qui brûle-par Julius van Daal

« Londres, juin 1780. Un impôt nouveau provoque un soulèvement populaire. D’emblée, les émeutiers s’attaquent aux symboles de l’ordre établi, notamment aux prisons auxquelles ils mettent le feu, non sans en avoir libéré les détenus. Pendant une semaine, la ville vit les débuts d’une véritable révolution sociale et politique, jusqu’à ce que le gouvernement fasse appel à l’armée qui écrase l’émeute dans le sang. »
« Beau comme une prison qui brûle » est le titre de ce texte, aussi flamboyant que subversif qui aura inspiré le fameux slogan repris par tous les esprits rebelles et avides de liberté.
Il nous montre que plus deux siècle plus tard, le déroulement de l’émeute, ses causes profondes, sa répression, suivent une même implacable logique. La différence tient peut-être à ce qu’aujourd’hui, c’est le monde entier qui prend des allures de grande prison, de centre de rétention vidéo surveillé… Un monde que l’on habite plus vraiment et dans lequel nous sommes tous des étrangers. Un monde que nous prenons plaisir à d’incendier – tolards que nous sommes – comme les prisonniers aiment à incendier leur prison.
Attention, le texte, comme le sujet dont il traite, est lui aussi « beau comme une prison qui brûle » !

A lire sur cette page d’Esprit68 ou, sous forme de brochure à imprimer, sur l’infokiosque du site Basse Intensité , ici. Vous pouvez également télécharger le texte sous la forme d’un pdf de 72 pages non imposées (à imprimer « en livret »)

http://www.esprit68.org/beau.html

Beau comme une prison qui brûle


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Témoignage du 10/02/12 depuis la prison pour étrangers de Vincennes

Vincennes – Centre 1
« L’hygiène ça va, le manger c’est pas trop bien, c’est comme la gamelle en prison. Y’en a qui se coupent les bras, y’a la bagarre, c’est pas trop… c’est le bordel, voilà, c’est pas trop bien. Ils viennent… y’a toujours la police. On peut pas fumer, on a rien, ils t’aident pas, y’a rien. On peut rien avoir, on peut pas avoir d’argent pour aide, y’a pas d’aide, y’a rien. Moi là j’suis arrivé, j’suis sorti de prison avant hier, ils m’ont ramené directement ici, j’ai tapé 5 mois à Fresnes, et après ils m’ont ramené ici. Ils m’ont dit que j’allais sortir et ils m’ont embarqué pour me ramener.
Par rapport aux chambres ça va, on est deux par chambre ou quatre par chambre, ça va ça se passe bien, à part au niveau accueil pas trop, y’a la police, y’a toujours la police qui tourne, y’en a marre. Mais avec eux franchement ça se passe bien.
En ce moment niveau expulsion j’saurais pas vous dire, y’en a pas beaucoup, y’en a beaucoup qui sont libérés aussi. La solidarité ça dépend des CRA. Par exemple le CRA 1 était moyen, y’a des petits et des moyens. Ca se passe bien, mais par exemple au CRA 2 et au CRA 3 y’a des grosses têtes et c’est un peu la guerre entre eux. Dans le CRA 1 ça va y’a ceux qui viennent de banlieue, y’a des jeunes-jeunes et tout, y’a pas des grosses têtes, mais y’a des CRA ou y’a des grosses têtes et tout. Des fois … ça dépend, ça dépend. Moi c’est la 3ème fois que je suis en CRA.
Vous pouvez pas m’aider ? Parce que y’a pas d’aide, y’a rien du tout à manger. Y’a l’ASSFAM ici à place de la Cimade, ils font des recours pour les juges et tout ça, ils t’aident pour le dossier pour le juge, mais ils font pas grand chose, à part ça c’est tout.
Moi deux fois j’ai été libéré par le médecin pour cause médicale, j’ai une broche au pied. Ca arrive souvent qu’il libère des gens sur avis médical. Moi ça fait 21 ans que j’suis arrivé en France.
Franchement y’en a trop marre y’a des caméras partout, et on est surveillé de partout, c’est trop surveillé. Sinon ici c’est calme. Ca se passe entre nous.
J’avais une carte de 10 ans, elle a expiré et puis ils m’ont arrêté pour contrôle de papiers, puis vu que j’avais pas de carte… j’étais en prison, j’étais emprisonné, j’ai demandé à la faire renouveler, ils ont pas voulu me la faire renouveler, comme t’as pas d’accès au droit et tout ça, ils ont pas voulu me donner de permission…  »
Vincennes – Centre 2
 » J’suis retenu ça fait longtemps que je suis là, vraiment, si tu rentres à l’intérieur tu vas voir des trucs bizarres, et c’est insupportable, y’a des trucs que tu peux pas imaginer, ici y’a des gens qui se coupent, y’a des gens qui se suicident et qui font des tentatives de suicides, y’a plein de trucs. D’ailleurs ils te donnent à manger… comme le petit déjeuner c’est des trucs périmés, c’est comme la douche c’est de l’eau froide. On souffre ici franchement. C’est très dur au niveau de l’hygiène.
Chaque jour y’a des tentatives de suicide. C’est des trucs réels, c’est des trucs véridiques, c’est pas comme ça… c’est des gens sérieux qui veulent se suicider. Y’a des gens qui prennent des lames et ils se coupent. Ils se coupent leurs mains, même ils se coupent les veines, de leurs mains, de leurs jambes avec les lames. Le couloir où il y a les chambres, y’a plein de sang dans le couloir, on dirait que c’est du béton, tu peux pas marcher dans le sang. En plus comme les flics y font ici…Quand quelqu’un est expulsé ils utilisent le scotch, normalement c’est interdit dans la loi, c’est interdit. Ils attachent les gens avec du scotch, c’est un grand rouleau de scotch. C’est des trucs que tu peux pas savoir avec tes yeux, c’est insupportable.
Hier on a vu un mec qui s’est cassé la jambe à cause d’un vol. Il a cassé la jambe avec la porte. T’imagines la cheville ? Il a cassé sa cheville avec la porte à cause d’un vol. Mais les flics ici ils sont fous. On dirait on est dans un coin perdu. Y’a toujours des violences avec la police. Les flics à chaque fois ils frappent des retenus normalement c’est interdit ça. Même chez nous on a pas ça. Comment ça tu frappes quelqu’un, tu frappes un retenu ? C’est pas évident, d’ailleurs tu trouves des taches. Ici les policiers ils sont solidaires ensemble, a chaque fois ils font des trucs contre…voilà ils sont solidaires ensemble.
Moi je me suis fais arrêter, contrôle de papiers. Ca fait longtemps que j’suis en France et pour la première fois ils m’ont saisi les empreintes, j’ai fait aucune connerie, pour la première fois ils m’ont fait les empreintes, et ils me ramènent directement ici en centre de rétention. C’est bizarre pourtant j’ai rien fait. Aucune connerie, j’suis quelqu’un de sérieux. Les gens qui étaient avec moi en garde à vue avant qu’ils me ramènent ici, ceux qui faisaient des vols qui se sont fait attraper avec des iphone et tout, ils sont libérés et moi ils me ramènent ici. J’ai été jugé devant le tribunal administratif mais j’ai pas été libéré, j’ai un avocat mais il m’a dit c’est les ordres qui viennent de là haut.Y’a des gens…On est tous dans le même cas, mais y’en a qui sont libérés et d’autres non. On est tous le même cas, c’est un contrôle de papiers, c’est un problème de papiers. C’est pas question chacun son cas, on est tous en centre de rétention. Comment ça moi j’y suis depuis 26 jours, y’a quelqu’un moi j’suis rentré avant lui et il est sorti avant moi. Pourtant tous on est le même cas. C’est pas grand chose les gens expulsés, parce qu’ici quand quelqu’un il voit son vol, il doit se couper et…Donc voilà ils le ramènent forcément avec du scotch, à 5h du matin quand il est endormi, et hop ils le ramènent avec le scotch et tout, donc forcément comme ça c’est bizarre. On dirait qu’y a pas de droits, on dirait que liberté, égalité, fraternité, c’est juste un décor, voilà, c’est juste un tableau, sinon y’a rien y’a rien y’a rien…
J’ai vu le médecin car moi j’ai une maladie, j’ai une hépatite B. Normalement il faut que je me soigne dehors, parce que j’ai mon docteur dehors, mais non ils veulent pas me libérer, c’est comme ça. En plus j’ai un régime alimentaire, parce que cette maladie elle attaque le foie, il me faut un régime alimentaire mais ils en ont rien à foutre de moi, ils me laissent ici crever, voilà. J’ai les preuves, j’ai les ordonnances, les prises de sang, j’ai toutes les preuves. Ils me donnent pas les médicaments, ils m’ont dit « on a pas ton traitement ». Alors Je lui ai dis « tu peux me libérer pour que je me soigne, pourquoi je reste ici ? » il m’a rien répondu. Ici y’a que des cachets, que des calmants, c’est tout. Si t’as besoin de calmants, de drogues, des anti-stress et tout, d’accord, si t’as besoin de ça, sinon à part ça y’a rien. C’est fait exprès. Beaucoup de gens qui n’ont jamais mangé de calmants avant, ici ils les mangent. Y’a des bagarres, c’est le stress, tout le monde il stresse ici c’est normal, tout le monde est énervé, c’est normal, tant qu’on est dans un coin limité. Ils en ont rien à foutre de ça, ils voient des bagarres comme ça mais ils regardent comme ça de l’extérieur et c’est tout. Dans mon cas, j’ai une maladie vraiment très grave, c’est bizarre j’ai toutes les preuves, j’ai tout, j’ai mon docteur dehors qui me suit, il faut qu’il me soigne, il me faut un traitement, il me faut ça, il me faut ça, mais ils me laissent ici, ils veulent pas me libérer, c’est comme ça.
Hier y’a eu une tentative de suicide ici, les policiers ils regardent, normalement ils l’engueulent les policiers, ils le laissent pas faire sa tentative de suicide. Heureusement y’a quelqu’un, c’était un retenu, il l’a descendu il a pu le sauver. Lui même il est tombé parterre, il s’est cassé le pied, ils l’ont amené à l’hôpital, il est revenu ici avec le plâtre il est là.
Pour résister aux expulsions, faut perdre le demi de ton corps, faut se couper, faut faire ça avec une lame. Tout simplement, vraiment, j’ai pas imaginé que je trouve ça dans ce pays. J’ai pas imaginé ça du tout. J’ai été en Italie, j’ai été un peu partout, j’ai pas vu ça. Ici c’est bizarre. On est pas en temps de guerre, mais ici c’est la guerre, c’est des trucs qui se passent à l’intérieur dans des coins perdus, fermés. C’est pas l’Irak, en Irak c’est la guerre, c’est normal, y’a des blessés, y’a des morts mais ici c’est pas la guerre, mais c’est en silence. J’ai été en centre de rétention en Italie, on était vraiment super. Au contraire, quand on sort, les flics italiens ils sont généreux. On dirait que je suis chez moi, je suis pas en centre. Si je sors je dois quitter la France une fois pour toutes. Pour la première fois j’ai vu des cas que j’ai jamais vu dans ma vie, pourtant je voyage beaucoup, j’ai beaucoup aventuré, ici c’est une autre façon, c’est avec un autre système. On est là, pays des droits de l’homme et tout, voilà la réalité. C’est insupportable, insupportable. »

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