Témoignage de la femme d’un detenu en grève de la faim :
http://pochespercees.lautre.net/Musique/emission/mariechristine.wav
Bonjours à tous, aujourd’hui 16 janvier 2013 à 16h mon mari entamera son 8ème jours de grève de la faim.
De plus depuis hier je ne peux plus avoir de nouvelle de sa part à cause d’un soit disant dysfonctionnements au niveau des crédits téléphones de la Maison d’Arrêt d’Angers… Après contact de la direction qui n’a pas voulu répondre sur ce problème comme elle a l’habitude de le faire de toute façon sur tous les autres problèmes que nous avons pu évoquer (on m’a répondu « faite un courrier » et quand j’ai dit quand on fait un courrier à Mr Le Directeur il ne répond pas, on m’a dit « si Mr Le Directeur ne répond pas et bien c’est qu’il juge, qu’il n’a pas à répondre » pourtant moi j’estime que la moindre des politesses de base, c’est de répondre…
Un fax est donc parti à la Direction inter-régionale des services pénitentiaires de Rennes afin de les alertés sur les problèmes rencontrés avec la direction d’Angers…
En tant que Citoyen et Citoyenne Française nous avons des droits et des devoirs, ne croyez-vous pas que les administrations aussi
?
Je parle forcément ici de l’administration pénitentiaire mais nous pourrions en dire beaucoup aussi sur d’autres administrations.
Si une administration vous écrit et que vous jugez bon de ne pas lui répondre, pensez-vous qu’ils vont laisser cela passé?
Je vous laisse y réfléchir…
Ne croyez-vous pas également que nous avons droit aussi à une justice égale pour tous…
Je ne citerais pas d’exemple sur la justice, la liste serait beaucoup trop longue, regardez les journaux, des discriminations judiciaires il y en a tous les jours…
La grève de la faim de mon mari, n’est absolument pas pour avoir un passe-droit au niveau de la justice, nous demandons uniquement que la justice fasse son travail correctement et qu’elle arrête de se prendre les pieds dans ses propres contradictions et égarements.
Nous sommes dans l’attente depuis 2 mois d’un document qui a été demandé près de la Cours d’Appel de Caen, document que le Président de la Cour d’Appel de Caen aurait dû avoir entre les mains afin de refusé un appel de la décision qui a été rendu en 2008 contre mon mari.
Je tiens à préciser que mon mari n’a aucune partie civile à rembourser tous simplement parce qu’il n’y en a pas.
A ce jour nous n’avons aucune réponse, pourtant il semble simple d’envoyer ce document…
Ce document est le document qui peut remettre en cause toute l’incarcération de mon mari…
Afin de pouvoir faire valoir ses droits, mon mari a voulu déposer à la suite du refus du Président de la Cour d’Appel de Caen un pouvoir en Cassation pour Excès de Pouvoir, et là le greffe de la Maison d’Arrêt d’Angers a tout simplement refusé de prendre ce dépôt…
Le greffe doit avoir le pouvoir de juger si un pourvoi est recevable ou non, je pensais que c’était à la cour de cassation de prendre cette décision !
Je tiens à vous signalez que mon mari a été condamné en 2008 et qu’il a été incarcéré en 2012, soit 3 ans 1/2 après son jugement.
Que depuis 2008, il avait reconstruit sa vie, qu’il avait créé son entreprise en auto-entreprise, qu’il a 4 enfants 2 enfants en études supérieurs, 1 enfant de 15 ans handicapés à 80% qui a besoin de son papa, et un enfant de 4 ans.
Nous nous sommes marié le 27 décembre 2012 car nous ne voulions plus attendre (notre mariage était prévu en Août 2012 et a été annulé à cause de son incarcération) et cela à la Maison d’Arrêt.
Nos enfants auraient souhaité être présent mais ce n’est pas possible quand on est en prison de faire participé ses enfants à son mariage…
Nous sommes dans une situation où la justice est en train de détruire tous ce qui avait été mis en place depuis 4 ans afin justement que mon mari soit réinséré !
Nous ne pouvons plus continuer à subir sans rien dire…
Tout le monde parle de réinsertion, il faut réinsérer les gens… et bien là la justice fait totalement l’inverse de cela, elle détruit la réinsertion.
Nous ne demandons pas grand-chose, juste que la justice prenne nos demandes en compte et sérieusement !
Qu’on nous produise le document demandé auprès de la Cour d’Appel de Caen.
Que le JAP d’Angers, rende une décision rapide sur la demande de libération sous bracelet de mon mari, et pas en rendant des décisions grotesque de report (c’est oui ou c’est non) mais c’est motivé correctement.
Mon mari avait la possibilité suivant la Loi Française d’avoir le bracelet probatoire depuis le 7 Mai 2012, nous sommes aujourd’hui le 16 Janvier 2013, cela fait donc 8 mois qu’il est éligible à cette mesure…
Pourtant quand nous écoutons la circulaire de notre Ministre de La Justice Madame Christiane TAUBIRA, elle a bien demandé que les cas soient bien étudiés…
Et bien là ce n’est pas le cas…
Il a un travail, un domicile, une famille et je le rappel un enfant qui est handicapé à 80% et il n’en est rien…
Voilà ce qu’est la Justice Française.
Je me tiens bien évidemment à votre disposition pour vous apporter des précisions en message privé.
Si vous pouvez nous aider, ce message est un appel à l’aide…
source : https://www.facebook.com/AideAuxFamillesDeDetenues?ref=hl
Un an de prison pour un sandwich volé
Les personnes « désocialisées » sont les premières victimes collatérales des peines planchers.
Ce jour-là à l’audience, l’homme comparaissait pour le vol d’un stylo dans une société d’assurances. Certes, il s’y était introduit en brisant une fenêtre, et ces cinq dernières années, il avait déjà été condamné pour vol. Cas flagrant de récidive. Ce jour-là, donc, la présidente lui rappela qu’il risquait une peine plancher de trois ans ferme… Comme bien souvent (lire ci-contre), face au voleur de stylo, la peine plancher ne fut pas retenue. Les juges ont utilisé la marge de manœuvre que leur laissait la loi pour échapper aux peines automatiques.
Les magistrats racontent aussi ces affaires de prévenus risquant une peine minimale de deux ans pour s’être retrouvé deux fois de suite en possession d’un téléphone portable volé. Ou les dossiers concernant des personnes précarisées, premières victimes collatérales des peines planchers : «Un clochard avait volé un sandwich et une bouteille dans le supermarché… et sans alcool la bouteille ! rapporte Henri Ody, président de la chambre correctionnelle de la cour d’appel de Caen et membre de l’Union syndicale des magistrats. Comme cela arrive souvent avec les personnes désocialisées, il ne s’est pas présenté à l’audience. Les juges ont donc estimé qu’ils ne pouvaient justifier une dérogation aux peines planchers. Il a pris un an.» Sa peine a été allégée en appel.
Facture. Et ce SDF qui récupérait les tickets de caisse à la sortie d’un grand magasin, volait un des biens répertoriés sur la facture et le retournait au magasin pour se le faire rembourser ? Peine plancher de deux ans (finalement écartée). «Le pire, ce sont les affaires de détention de stupéfiants… Etre pris avec 10 grammes de shit en récidive entraîne une peine plancher de quatre ans de prison, explique un juge d’application des peines. On voit des gamins arriver avec leur condamnation de quatre ans, et on ne sait vraiment pas quoi en faire…» A Paris, «on peut s’arranger pour trouver des motivations de dérogation», témoigne un juge de la capitale. Mais «dans les juridictions de l’Est, sur la route de la Hollande [et ses coffee shops, ndlr] les juges peuvent être très sévères», rapporte un ancien magistrat de la région.
Rétroviseur. Aux premières années de la loi, la pression est forte : la chancellerie de Rachida Dati demande aux parquets de faire remonter chaque mois leurs statistiques et convoque les mauvais élèves. Mais peu à peu, et de manière inégale d’une cour à l’autre, les dérogations se multiplient. Les magistrats n’appliquent pas les seuils minimaux lorsque l’infraction concerne un vol de faible valeur ou un rétroviseur cassé. Pour trouver de quoi motiver leur refus d’une peine plancher, ils s’attachent à la personnalité du prévenu : il bénéficie d’une promesse d’embauche sérieuse, s’occupe de ses enfants, perdrait son emploi en cas de prison.
«Beaucoup de collègues prononçaient des peines planchers mais entièrement assorties de sursis avec mise à l’épreuve», note Henri Ody. Les condamnés n’effectuaient donc pas leurs peines en prison sauf s’ils ne respectaient pas les obligations de la mise à l’épreuve. «Mais là encore, les désocialisés risquent davantage la prison que les autres, ayant plus de mal à honorer leur rendez-vous.» Les juges ont accumulé les stratégies d’évitement. Quite à rendre les condamnations illisibles. «La peine a perdu son sens», conclut Henri Ody.
http://www.liberation.fr/societe/2013/02/06/un-an-de-prison-pour-un-sandwich-vole_879868