SUICIDE D’UN DÉTENU À LA PRISON DE NANCY

 

Suicide d’un détenu  à la prison de NancyNancy. Un détenu du centre de détention de Nancy-Maxéville âgé de 23 ans a été découvert sans vie dans sa cellule ce mercredi matin.

Le parquet de Nancy qui ouvre ce jeudi une information judiciaire pour « recherche des causes de la mort » demande une autopsie.

Inauguré en juin 2009, l’établissement pénitentiaire de Nancy-Maxéville – d’une capacité de 690 places mais doté de plus de 800 lits – accueille actuellement plus de 750 détenus.

Dix d’entre eux se sont suicidés depuis 2010, trois depuis le début de l’année.

source : http://www.estrepublicain.fr/faits-divers/2012/12/05/suicide-d-un-detenu-a-la-prison-de-nancy
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Courrier d’une personne détenue à la prison d’Annoeullin, 26.11.2012 (G.E.P.)

Je vous réécris pour vous dire qu’ils m’ont rajouté 1 mois ferme alors moi j’ai envoyé un courrier à la JAP en lui disant que ça faisait 4 ans, bientôt 5, que je suis incarcéré et que je voulais que tous les RP que j’avais eu soit annulés. Et que je voulais aucune perm de sortir ni de condi à partir d’aujourd’hui le 26/11/2012. Je ne demande plus rien à l’administration, je veux plus rien d’eux. Ils veulent me torturer mentalement ici, ils se battent pas pour la réinsertion mais ils se battent pour la récidive. Quand un détenu veut s’en sortir et devenir un homme bien, ici ils veulent qu’on fasse la gueule et qu’on crève en silence comme des chiens qu’on pique à abattoir.

Là ça fait bientôt 50 jours qu’un ami à moi et au QD, ils lui font la misère. Je trouve ça vraiment pas bien parce que c’est un homme qui a une bonne condition mentale et morale, il voulait juste améliorer la détention du Bâtiment C du CP de Lille Annoeullin.

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Message de la mère d’un détenu de Fleury-Mérogis

Je voudrais alerter les médias sur la situation de mon fils Ilan (20 ans)
qui est détenu depuis Janvier 2012 à la Prison de FLEURY MEROGIS.
Mon fil Ilan est en détention provisoire.

C’est la première fois qu’il est incarcéré. Son avocat ne fait absolument rien…

Comme les choses n’avancent pas, je compte m’enchaîner devant le Ministère de la Justice, prochainement.

Le Juge d’instruction, fait traîner les choses en longueur et mon fils aurait dû sortir de sa détention provisoire au bout de 8 mois. Quatre demandes de liberté provisoire sous bracelet électronique demandées avec promesse d’embauche. Quatre refus.

Apparemment l’enquête dure encore et la Greffière de su Juge d’instruction que j’ai eu au récemment au téléphone m’a dit que c’est le juge qui décidait de clore le dossier et que pour mon fils cela pouvait jusqu’à 3 années et même au-delà.

Je ne comprends pas l’attitude du Juge car pendant ce temps mon fils perd espoir et moi aussi. Ce dernier a d’ailleurs perdu une partie de ses cheveux et les rencontres qu’il fait là-bas ne vont pas l’aider. De plus, aucune activité au sein de la prison ne lui a été proposée.
Comme vous le savez et la prison n’a aucune vertu éducative, casse nos jeunes et les enfoncent encore plus dans la délinquance (j’entends pour des délits certes graves mais pas assez pour rester enfermé aussi longtemps). Mon fils risque de perdre 3 ans de sa vie et a fêté ses 20 ans en Juin à Fleury.

En Juin dernier, Ilan est déféré devant le Juge des Liberté à Paris et à son retour à la prison s’est fait copieusement tabassé par 4 gardiens gratuitement. Ils lui ont tordu les doigts, et l’on tapé « en lui disant alors qui c’est le patron ici », à ce jour il l’on tellement maltraité qu’il a encore les traces de menottes. Son avocat a pu constater les traces de coups.

Quelques jours, plus tard, j’ai rendez-vous pour un parloir et l’on m’annonce que le parloir est annulé. Je demande pourquoi, on me répond sèchement que l’on n’a pas à me donner d’explication. Je demande si mon fils va bien, même réponse. Là je suis franchement inquiète, je demande à voir un responsable, on me dit que cela n’est pas possible.

Afin de me faire entendre et d’avoir des explications et désespérée, je me suis enchaînée à la grille de la prison avec la chaine de mon scooter. J’ai été reçu par le chef de la sécurité qui a été très compréhensif m’a dit qu’une enquête allait être diligentée mais à ce jour aucun résultat de ladite enquête.

Lundi dernier encore j’avais pris un RV (il faut appeler tous les matins à 7h10 pour s’entendre dire qu’au final il n’y a pas de place avant 1 mois) pour un parloir (travaillant j’ai donc pris une journée), je n’ai pas vu Ilan depuis 2 mois je suis folle de joie et je vais pouvoir le serrer dans mes bras. J’arrive bien à l’heure et là mauvaise surprise parloir annulé. J’essaie de calmement essayer d’obtenir des informations on me dit que je ne verrais pas mon fils et que c’est comme ça. Je hausse le ton et toutes les familles autour me supplient de me taire car ils ont peur.

Là je dis haut et fort que la souffrance des familles n’est pas prise en compte et que je n’ai pas peur des fonctionnaires pénitentiaires et que je veux voir mon gamin puisque j’avais RV et qu’il qui n’a que des tees shirts et des pantalons pour affronter l’hiver. J’avais amené pull doudoune etc.. et bien je n’ai même pas pu laisser les affaires apportées pour lui !!!

On m’a sommée de partir sous peine d’être embarquée par la gendarmerie.

Résultat des courses, l’établissement de Fleury a annulé mon permis de visite ainsi que celui de ma fille.

De plus, j’attire votre attention sur les conditions déplorables des détenus à Fleury Mérogis et dans d’autres établissements pénitentiaires français.

Le 10 mai 2012, deux heures du matin, à la Maison d’arrêt d’Osny (91), dans sa cellule, un prisonnier met le feu à des journaux pour faire une « chauffe », puis son matelas s’enflamme. Très vite le feu envahit les 8 m carrés de la cellule, se propage à ses vêtements…

Il hurle, les flammes lèchent les murs, reviennent sur lui, il est emporté, impossible de fuir, la porte de la cellule est fermée.

La fumée, l’odeur de chair brulée ont alerté ses co-détenus qui tambourinent dans leur porte. Leurs cris parviennent au surveillant du rond-point. Quand ce dernier arrive, il entend les hurlements du jeune détenu. Il pourrait ouvrir la porte et tenter de le sauver, mais il n’a pas la clé, il faut aller chercher le gradé. Le temps d’arriver, c’est fini. Le jeune homme de 20 ans a succombé dans une effroyable souffrance.

Les responsables de la prison ont refusé de communiquer sur ce drame. En prison, la République est celle du non-droit et l’administration pénitentiaire se comporte comme si elle était propriétaire des détenus. Ce temps est celui où le silence s’est abattu sur l’univers carcéral.

De plus cette horrible information n’a jamais été relayée par les médias comme le fait que 3 détenus par jour en France se suicident.

En prison, le suicide est devenu l’acte ultime de la révolte. Par rapport à l’extérieur, les suicides y sont multipliés pas 7… La France détient le triste record des suicides en prison.

Prisons surpeuplées… Cellules vétustes, toilettes et douches délabrées, lits superposés, matelas à même le sol, la crasse dans tous les recoins de la cellule, mauvaises odeurs. Dans les cours de promenade, la violence prête à exploser. La baston quotidienne sur les plus faibles est devenue la distraction des gardiens.

L’hémisphère mental ne résiste plus à l’emprisonnement. Les détenus qui hurlent sont assommés par intraveineuse infligée de force. L’enfermement crée de la maladie psychiatrique. Toute velléité de révolte est durement réprimée ; le mitard, les QHS, (jamais supprimé, seulement rebaptisé en QI – quartier d’isolement-), et pour ceux qui portent la révolte jusqu’au bout d’eux-mêmes, ont fait appel à des surveillants physiquement sur entrainés et armés… (Les IRIS).

Dans les années 50, l’ONU affirmait qu’un homme enfermé devait être libéré dans le même état que celui où il était entré.

Mon fils est dans cet enfer, et j’ai la peur au ventre….

J’espère que mon histoire vous touchera et je désire alerter l’opinion publique sur les conditions épouvantables dans lesquelles sont enfermées des jeunes et qu’une année d’enfermement, c’est toute une vie gâchée.

FIECHI ELISABETH
TEL 06 41 99 05 38

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Action de solidarité avec les prisonnier.es à Roanne le 26 novembre

 

Action de solidarité avec les prisonnier.es à Roanne le 26 novembre

Lundi 26 novembre, des perturbations et blocages d’axes de circulation ont eu lieu dans la ville de Roanne. Des banderoles ont été déployées, elles disaient « Solidarité avec les luttes des prisonnier.es » et « À bas toutes les prisons, que vivent les révoltes ».

Un tract qui revient sur l’implantation du centre de détention de Roanne, sur tout.es celles et ceux qui en tirent profit, et sur l’ignominie de l’enfermement, a été distribué à 500 exemplaires dans les boîtes aux lettres de différents quartiers de la ville.

Voici son contenu :

La cir­cu­la­tion a été aujourd’hui blo­quée dans la ville. Des bar­riè­res ont empê­ché les voi­tu­res d’avan­cer. Sur ces bar­riè­res, des ban­de­ro­les disaient : « Soli­da­rité avec les pri­son­nier.es en lutte » et « À bas toutes les pri­sons, que vivent les révol­tes ! ». Cela vient redire à l’ensem­ble des habi­tant.es de Roanne qu’à quel­ques pas de là sont enfer­mées près de 600 per­son­nes dont chaque dépla­ce­ment est contrôlé. Chaque jour, ces per­son­nes se retrou­vent des dizai­nes de fois « blo­quées » par des bar­riè­res et des portes aux ser­ru­res dont elles n’ont pas la clé.

Et pour­tant…

À Roanne, malgré toutes les cou­ches de vernis démo­cra­ti­ques et de moder­nité sensés faire croire que le centre de déten­tion serait au final un lieu accep­ta­ble, ça craque, ça pète, ça prend feu… Parce que les meilleurs maquilla­ges n’empê­che­ront jamais le besoin de liberté de se faire sentir à une per­sonne enfer­mée pen­dant les semai­nes, les mois, les années qu’elle ne pourra pas rat­tra­per.

L’Administration Pénitentiaire (AP) et la mairie vou­draient donner l’image de prison « propre », c’est-à-dire une prison moderne d’un point de vue archi­tec­tu­ral et social.

Mais le vernis com­mence à se cra­que­ler, des détenu.es réus­sis­sent à faire enten­dre leurs révol­tes par delà les hauts murs malgré les ten­ta­ti­ves de muse­lage répé­tées de l’AP. Pétitions, textes de reven­di­ca­tion, gestes d’insou­mis­sion ont filtré au tra­vers des bar­reaux au prix de beau­coup d’efforts et de lour­des repré­sailles (trans­ferts dis­ci­pli­nai­res, jour­nées de mitard, sup­pres­sion de remi­ses de peines, procès don­nant lieu à des peines sup­plé­men­tai­res … sans comp­ter les consé­quen­ces non offi­ciel­les : fouilles géné­ra­li­sées, chan­tage concer­nant les pos­si­bi­li­tés de libé­ra­tion condi­tion­nelle et ten­ta­ti­ves de briser mora­le­ment les per­son­nes par du har­cè­le­ment au quo­ti­dien … c’est-à-dire réveiller des pri­son­nier.es au milieu de la nuit, ne pas aller les cher­cher pour la pro­me­nade ou un par­loir, donner le cour­rier plu­sieurs jours en retard, et bien d’autres choses encore.) Face à cette situa­tion, des pri­son­nier.es refu­sent de bais­ser les bras et de se lais­ser écraser par le chan­tage et la peur.

Nous sommes soli­dai­res de leur colère parce que nous ne vou­lons ni prison ni enfer­me­ment.

La propagande au niveau de la population

Pour per­met­tre l’implan­ta­tion du centre de déten­tion (CD), la mairie a mis en œuvre tout une pro­pa­gande auprès des habi­tant.es de l’agglo­mé­ra­tion van­tant les méri­tes des pri­sons du futur dont celle de Roanne a été une des pre­miè­res : visi­tes des locaux avant l’arri­vée de ses « pen­sion­nai­res », jour­née annuelle de sen­si­bi­li­sa­tion sur la prison…

Mais aussi un joli bour­rage de crânes orga­nisé en 2011 par le biais de la com­mis­sion soli­da­rité à des­ti­na­tion d’une partie des enfants des écoles et cen­tres sociaux de la ville. Une ren­contre avait été orga­ni­sée avec le direc­teur du CD M. BOYER et la direc­trice du SPIP (ser­vi­ces péni­ten­tiai­res d’inser­tion et de pro­ba­tion, les tra­vailleurs sociaux des pri­sons), pour bien ancrer dans la tête des plus jeunes qu’il est normal et banal de mettre des per­son­nes dans des cages.

Dans ce monde mer­veilleux des pri­sons moder­nes, on vou­drait faire croire que les ten­sions entre détenu.es et sur­veillant.es n’exis­tent pas puis­que d’une part les pri­son­nier.es seraient trié.es sur le volet pour leur com­por­te­ment et leurs « chan­ces » de réin­ser­tion, et d’autre part parce qu’on leur pro­po­se­rait la crème de toutes les acti­vi­tés socio-cultu­rel­les et de for­ma­tion exis­tan­tes, ce dont elles et ils seraient sûre­ment reconnais­sant.es.

Dans ce type de dis­cours (également lar­ge­ment dif­fusé par les entre­pri­ses qui pro­fi­tent de l’enfer­me­ment et par l’admi­nis­tra­tion péni­ten­tiaire), on retrouve tou­jours les argu­ments liés au « profil » par­ti­cu­lier des détenu.es des cen­tres de déten­tion qui seraient des per­son­nes aux plus gran­des chan­ces de se « réin­sé­rer » (encore fau­drait-il avoir été « inséré » dans quel­que chose aupa­ra­vant, encore fau­drait-il le vou­loir…). Cela entre­tient l’idée qu’on va en prison uni­que­ment pour des rai­sons pro­pres à notre per­son­na­lité.

Ce dis­cours nie sys­té­ma­ti­que­ment le contexte de merde dans lequel pas mal de gens vivent, et qui laisse assez peu d’espoir de sortir un jour la tête des fac­tu­res en retard alors que chaque jour il faut aller bais­ser les yeux face à des petit.es chef.fes arro­gant.es pour avoir « la chance » de garder un boulot pourri et mal payé.

Les retombées économiques

À Roanne, la cons­truc­tion du centre de déten­tion a été bien accueillie (en tout cas par les élu.es et une cer­taine part de la popu­la­tion qui a voix dans les médias) et même lon­gue­ment négo­ciée par les élu.es de l’époque (Nicolin et son équipe muni­ci­pale) avec pour seule moti­va­tion les éventuelles retom­bées économiques qu’elle doit engen­drer : emplois sala­riés « sta­bles », achats effec­tués par les pro­ches des détenu.es venus les visi­ter…

Concernant ce der­nier point, on peut se deman­der quel fric on a encore à dépen­ser quand :

• Il faut déjà faire plu­sieurs cen­tai­nes de kilo­mè­tres pour voir une heure celles/ceux qu’on aime au par­loir,

• Il faut aider finan­ciè­re­ment les pro­ches enfermé.es parce qu’en prison tout se paye beau­coup plus cher qu’ailleurs (au CD de Roanne, 2 à 3 fois le prix de l’exté­rieur pour des pro­duits de base),

• Pour cer­tain.es, avoir un.e proche enfermé.e ça veut dire se retrou­ver avec un revenu et une per­sonne en moins à la maison mais tou­jours le même loyer, les mêmes char­ges, etc…

C’est sûr qu’après ça, pas ou peu de per­son­nes ont les moyens d’aller à l’hôtel, de se payer des restos ou d’aller faire les maga­sins à Roanne. Et quand bien même les moyens seraient là, en a-t-on vrai­ment envie quand on vient de lais­ser une per­sonne qu’on aime der­rière les grilles ?

Au final, ceux et celles qui pro­fi­tent finan­ciè­re­ment de la pré­sence du centre de déten­tion à Roanne, et de pas mal d’autres pri­sons, sont les très gros­ses entre­pri­ses :

• Eiffage qui a cons­truit et reste pro­prié­taire des bâti­ments qu’il loue 750’000 euros par mois à l’État avec un bail garanti pour 30 ans, et ses filia­les ENEP4 et SYNESTES qui en font l’entre­tien ;

• GEPSA (filiale d’Elyo-Suez) et Eurest qui gèrent pour 250’000 euros par mois ce qui est cyni­que­ment appelé « ser­vi­ces à la per­sonne », c’est-à-dire :

Repas (imman­gea­bles), can­ti­nes (à des prix qui ren­draient dingue n’importe quelle asso­cia­tion de consom­ma­teurs si ça se pas­sait à Cannes ou Courchevel), for­ma­tions (3 profs pour 600 détenu.es), « tra­vail » (très peu de places pos­si­bles et don­nées aux per­son­nes les plus « méri­tan­tes » aux yeux de l’admi­nis­tra­tion péni­ten­tiaire, ce qui pousse cer­tai­nes per­son­nes qui n’ont pas d’autre moyen d’avoir un peu d’argent à tout accep­ter sans jamais ouvrir la bouche. Le « tra­vail » en prison, est payé en moyenne 3 euros de l’heure ou à la pièce, non garanti, c’est-à-dire que les per­son­nes ne bos­sent et ne sont payées que lors­que ça arrange l’entre­prise qui trouve là une main d’œuvre modu­la­ble et pas chère. Elle peut ensuite se vanter de faire de la « réin­ser­tion »).

Peu après la cons­truc­tion du CD, répon­dant aux cri­ti­ques des mal­fa­cons dans les tra­vaux qui appa­rais­saient déjà au grand jour, le direc­teur d’Eiffage décla­rait publi­que­ment qu’il offrait « 5000 euros à ceux qui ouvri­raient une porte de cel­lule à coup de pied ».

Prenons-le au mot, et que les per­son­nes enfer­mées dans ces cel­lu­les puis­sent pren­dre la poudre d’escam­pette !

Par ailleurs, l’arri­vée du centre de déten­tion a cer­tai­ne­ment permis de main­te­nir la pré­sence d’un tri­bu­nal à Roanne puis­que ce der­nier était avant cela menacé de fer­me­ture. Un centre de déten­tion néces­site la pré­sence d’un tri­bu­nal et de ses juges d’appli­ca­tion des peines (JAP) qui don­nent ou pas (sou­vent pas à Roanne) les remi­ses de peine, amé­na­ge­ments, sor­ties en condi­tion­nelle ou per­mis­sions.

On pour­rait se dire qu’un tri­bu­nal est un « ser­vice public » qui n’a pas d’obli­ga­tion de ren­ta­bi­lité et qu’il n’aurait donc pas besoin de cher­cher à trai­ter beau­coup d’affai­res. Pourtant, de l’acti­vité d’un tri­bu­nal dépen­dent les acti­vi­tés et le niveau de vie d’un bon nombre de per­son­nes effec­tuant ces bou­lots qui se nour­ris­sent de la misère des autres : avocat.es, juges, huis­sier.es, maton.nes. En effet, il suffit de consul­ter le Progrès pour cons­ta­ter le nombre de peti­tes affai­res jugées par le tri­bu­nal liées aux « alter­ca­tions » entre maton.nes et pri­son­nier.es.

Les peines dis­tri­buées par le tri­bu­nal de Roanne sont la plu­part du temps extrê­me­ment lour­des (2 ans sup­plé­men­tai­res en juin à l’encontre d’un détenu) et s’agré­men­tent pres­que tou­jours d’une com­pen­sa­tion finan­cière pour les maton.nes impli­quée.es (on com­prend que pour arron­dir les fins de mois, ceux et celles-ci aient faci­le­ment ten­dance à se sentir « agressé.es », voire à pro­vo­quer ces « alter­ca­tions »).

L’AP intente aussi régu­liè­re­ment des procès contre des per­son­nes enfer­mées pour déten­tion d’objets non auto­ri­sés ou contre leurs pro­ches qui contour­nent le règle­ment. Une déte­nue a récem­ment pris 10 mois ferme d’empri­son­ne­ment sup­plé­men­tai­res, et qua­torze mois avec sursis pour la décou­verte de son télé­phone, une per­sonne a pris 4 ans ferme pour lancé de pro­jec­ti­les dans la cour de pro­me­nade.

Ces procès contri­buent ainsi à la bonne santé du tri­bu­nal et de ses pro­ta­go­nis­tes, qui ne l’oublions pas ont besoin de ces « affai­res » pour ali­men­ter les leurs.

On parle rarement des liens et rapports de connivences entre les différent.es actrices/acteurs de l’enfermement.

À Roanne, la JAP (Juge d’appli­ca­tion des peines, c’est elle qui décide des pos­si­bi­li­tés de sor­ties en per­mis­sion et en condi­tion­nelle) Ludivine Chétail et Georges Boyer, direc­teur du CD, posent ensem­ble en photo pour un arti­cle du Pro­grès et se lamen­tent d’une même voix des man­ques de moyens attri­bués au tri­bu­nal de Roanne.

La presse locale relaie régu­liè­re­ment la parole des maton.nes en les inter­vie­want pour com­men­ter le moin­dre fait divers lié au centre de déten­tion sans appor­ter aucune nuance à leurs propos. On peut lire dans ces arti­cles des dis­cours plain­tifs quant au manque de per­son­nel, aux besoins gran­dis­sants de sanc­tions « exem­plai­res » à l’encontre d’une « popu­la­tion car­cé­rale de plus en plus dif­fi­cile ».

Ces arti­cles font tou­jours la part belle à la vio­lence des pri­son­nier.es qui se rebel­lent (et on les com­prend…) mais ne par­lent jamais de la vio­lence de ceux et celles qui enfer­ment, qui pri­vent de liberté, de liens, de rêves, d’auto­no­mie, de soins, d’inti­mité…

Entre autres, le major Bertrand Arnoud, délé­gué de la CGT péni­ten­tiaire, est régu­liè­re­ment inter­viewé par la presse pour pleu­rer sur son sort et celui de ses col­lè­gues. C’est lui qui est à l’ori­gine depuis le mois de sep­tem­bre de vagues inces­san­tes de répres­sion au sein de la déten­tion qui contri­buent d’un climat de ten­sion per­ma­nent.

On remar­que au pas­sage que pour un repré­sen­tant syn­di­cal qui demande plus de moyens pour sa cor­po­ra­tion, empi­ler sur le bureau de la direc­tion des rap­ports d’inci­dents dis­ci­pli­nai­res est un bon moyen pour jus­ti­fier son propos. En atten­dant, ce sont les pri­son­nier.es qui mor­flent, par­fois sim­ple­ment pour cir­cu­ler d’un bâti­ment à un autre, par­fois sim­ple­ment pour être sorti sans t-shirt, par­fois parce qu’ils pètent les plombs face à l’accu­mu­la­tion des bri­ma­des.

Si leurs condi­tions de tra­vail sont si dures, les sur­veillant.es ont la pos­si­bi­lité de démis­sion­ner (et on les encou­rage à le faire !) alors qu’aucune per­sonne enfer­mée ne peut échapper à ses bour­reaux.

La mairie de Roanne, par la voix de sa maire Laure Déroche, a également faci­le­ment accès aux colon­nes des jour­naux lorsqu’il s’agit d’expri­mer son indi­gna­tion et récla­mer une enquête quand les murs de la ville se recou­vrent d’affi­ches dénon­çant nom­mé­ment les matons qui tabas­sent au centre de déten­tion.

Le centre de détention est mis à l’écart de la ville.

On pour­rait pres­que oublier qu’il existe, car, rele­gué.es entre la sta­tion d’épuration et la SPA, les pri­son­nier.es sont effec­ti­ve­ment traité.es tantôt comme des merdes, tantôt comme des chiens. Cette prison en marge de la ville par­ti­cipe à ali­men­ter la peur, voire le res­pect des gen­dar­mes, huis­sier.es, patron.nes, tra­vailleurs sociaux, pro­fes­seurs… de tous ceux et celles qui veu­lent faire de nous de bon.nes citoyen.nes, roua­ges d’un monde hypo­crite.

Les pri­sons ser­vent à main­te­nir ce monde, il ne peut pas fonc­tion­ner sans elles. Elles ser­vent à contrain­dre par la peur et la sou­mis­sion, au res­pect des lois. Mais qui d’entre nous a choisi ces lois ? Ces lois pro­tè­gent le pou­voir, parce qu’elles sont choi­sies par ceux qui l’ont ou aspi­rent à l’avoir. Elles pro­tè­gent les inté­rêts et pri­vi­lè­ges des puis­sants et des riches.

Qui les res­pecte dans leur inté­gra­lité ? En réa­lité il s’agit avant tout de ne pas se faire pincer. Les sta­tis­ti­ques et études diver­ses le mon­trent bien, la prison ne résout rien. La prison sert à bles­ser, contrain­dre, isoler, détruire, celles et ceux qui sont tombé.es dans ses mailles. Beaucoup de per­son­nes ont un pro­blème avec ce monde, qu’elles soient dans ou hors des pri­sons.

Pour beau­coup, il n’a à offrir qu’une place misé­ra­ble, qui conduira for­cé­ment à se débrouiller dans les marges. Même les rêves qu’il pro­pose sont insa­tis­fai­sants ! En quoi la non confor­mité avec ce monde pour­rait se régler en met­tant des coups à celles et ceux qui ne ren­trent pas dans ce moule ?

C’est pour remet­tre au centre de la ville toute l’igno­mi­nie qu’est l’enfer­me­ment que cer­tains axes de cir­cu­la­tion de la ville ont été blo­qués. Pour rap­pe­ler que dans ces bâti­ments chaque jour, des per­son­nes sont enfer­mées, dans un étage, dans une cel­lule, d’où cer­tai­nes ne peu­vent sortir qu’une heure par jour.

Être enfermé.e là-bas ça veut dire

• N’avoir la pos­si­bi­lité de voir ses pro­ches que trois fois par semaine (quand elles et ils le peu­vent), une heure misé­ra­ble, et excep­tion­nel­le­ment plus…

• Être privé.e de ten­dresse, de contact ;

• Devoir atten­dre pour avoir des soins, et par­fois ne pas y accé­der du tout ;

• Avoir selon les sai­sons trop chaud ou trop froid ;

• Perdre par­fois des dizai­nes de kilos, perdre la vue, l’odorat, le sou­ve­nir des sen­sa­tions du dehors, subir un stress continu, mourir d’ennui ;

• Voir tout son cour­rier lu et soumis à la cen­sure, ses coups de télé­pho­nes à la cabine écoutés ;

• Voir au dehors le monde à tra­vers des bar­reaux ;

• Se faire racket­ter pour ache­ter des pro­duits d’ali­men­ta­tion et d’hygiène de base ;

• Savoir que la porte peut s’ouvrir n’importe quand et les uni­for­mes retour­ner tes moin­dres effets per­son­nels selon leur bon vou­loir ;

• Être face à des per­son­nes en uni­for­mes qui peu­vent se croire tout permis, te faire la misère, ou faire sem­blant d’être sympa, et dans tous les cas refer­mer la porte à clé der­rière toi.

Chaque jour dans cette prison comme dans d’autres, des pri­son­nier.es sont privé.es du monde et de la vie du dehors.

Nous ne les oublions pas, nous n’oublions pas que nous haïs­sons les pri­sons et que nous vou­lons les détruire.

En avril, des pri­son­niers ont remis au direc­teur du centre de déten­tion et à la juge d’appli­ca­tion des peines une lettre où ils deman­daient notam­ment la fin des exper­ti­ses psy­chia­tri­ques, la fin des régi­mes fermés et semi fermé, la fin du mitard et de l’iso­le­ment.

Nous sommes soli­dai­res de leur lutte, et des actes de révol­tes contre l’admi­nis­tra­tion péni­ten­tiaire.

Complément d’information :
Au cd de Roanne la lutte continue par des détenus de Roanne, le 28 novembre

Malgré l’acharnement de l’administration pénitentiaire nous continuons à lutter ici ! Le cd de Roanne est loin d’être un endroit où l’on a envie de vivre, les possibilités de sortie son très faibles, une répression acrue de la part du major et du lieutenant brise un peu plus des détenu(e)s, fouilles à répetition, provocations nombreuses, allongement des peines chantages, plaintes, etc… Ils cherchent à nous rendre fous ou à nous tuer, merci à tous ceux/celles qui luttent de dehors contre les enfermements qui ont décidé de nous soutenir.

Indymedia Grenoble, 28 novembre 2012

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[Mulhouse] « Quelle que soit la violence qu’elle devra gérer, la République ne laissera pas régner la loi du plus fort »

Mulhouse. Prison ferme pour trois auteurs de violences urbaines

Trois Mulhousiens ont été condamnés à deux et trois ans de prison ferme, hier, par le tribunal correctionnel de Mulhouse, pour le caillassage et l’incendie d’un fourgon de police.

Août 2012. Mulhouse a connu plusieurs épisodes de violences urbaines. Parmi les affrontements entre habitants et forces de l’ordre, la soirée du 22 a tourné à l’embuscade. Appelée pour un feu de poubelles dans le quartier de Bourtzwiller, une patrouille de l’Unité d’ordre public du commissariat est prise pour cible : des jets de pierre suivis de cocktails Molotov qui mettent le feu au fourgon. Les cinq policiers à bord s’en sortent indemnes grâce au port de casques et de tenues ignifugées et coursent les six assaillants, interpellés une rue plus loin avec leurs collègues de la Brigade anticriminalité.

Hier, ce sont les trois majeurs, sur les six individus interpellés, qui ont été jugés. Âgés de 18 et 19 ans, ils ont toujours contesté les faits. « Vous avez été interpellés tous ensemble, recroquevillés, transpirant, sentant l’essence et chaudement habillés pour un mois d’août. Qu’est-ce que vous faisiez là ? », a demandé Pierre Wagner, le président de l’audience. « J’étais dans le parc, tout seul, je n’ai rien vu, rien entendu. Je venais de remplir mon scooter avec un bidon d’essence », a avancé Kévin T…, sans aucune conviction. « Vous aussi vous craignez les courants d’air ? », s’est adressé le juge à Youcef O…. « À minuit, il fait froid quand même. Je fumais ma clope tranquillement. C’était pas moi. C’est impossible, ils n’ont pas pu me reconnaître », a-t-il répondu, faisant allusion à son identification par les policiers. Même discours de Afif-Fethi M… : « Je fumais une clope tranquillement, seul. Je regardais les autres se faire interpeller, mais je n’ai pas participé. »

Deux témoins ont tenté de soutenir les prévenus – « ils n’ont rien fait, ce sont les policiers qui leur ont tiré dessus au flash-ball et les ont savatés » – mais leurs témoignages ont pris du plomb dans l’aile à cause d’un mensonge sur la version écrite (rédigée de la même main), chacun se désignant comme l’auteur.

Pour l’avocate des parties civiles, les violences ne font aucun doute : « Le but était de percer les vitres pour lancer des cocktails Molotov et tuer des policiers. »

« Je suis atterrée, voire horrifiée par la distorsion entre la gravité des faits et la lâcheté des prévenus, a lancé la représentante du ministère public, Julie Fergane, dans un réquisitoire particulièrement émouvant [sic – NdJL]. Ce qui a motivé ce passage à l’acte, c’est la défiance envers toute forme d’autorité, envers les institutions et ceux qui les incarnent. Une défiance réduite aujourd’hui à des jérémiades. Quelle que soit la violence qu’elle devra gérer, la République ne laissera pas régner la loi du plus fort. » Elle a sollicité trois ans de prison ferme pour Kévin T…, en raison de ses antécédents judiciaires, et deux ans ferme pour Youcef O… et Afif-Fethi M…, dont les casiers judiciaires sont vierges.

Les arguments des avocats de la défense étaient sensiblement identiques : « Tout n’est pas si clair dans ce dossier, a souligné Me Stosskopf. Aucun des trois n’a été pris sur le fait. Se baser uniquement sur la façon dont ils étaient habillés ne suffit pas à les condamner. » Tous ont demandé la relaxe. Ils ne l’ont obtenue que pour les faits de dégradation du bien d’autrui. Pour les préventions de violence sur personne dépositaire de l’autorité publique et d’embuscade en réunion avec arme, les juges ont suivi les réquisitions du ministère public

source : LAlsace.fr, 1er décembre 2012
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Pau : les gardiens de prison prenaient leurs aises dans les miradors

Un rapport confidentiel dénonce des habitudes « maison » prises par un groupe de gardiens syndiqués à la prison de Pau. Ils sont convoqués devant le conseil de discipline

Neuf gardiens de la maison d'arrêt de Pau sont convoqués mercredi et jeudi devant le conseil de discipline, à Paris.

Neuf gardiens de la maison d’arrêt de Pau sont convoqués mercredi et jeudi devant le conseil de discipline, à Paris. (photo « Sud Ouest »)

 

Cinquante gardiens pour 266 places : la prison de Pau, pourtant en sous-population, nage en pleine zizanie. La mainmise syndicale opérée par une dizaine d’agents sur l’établissement tourne au cauchemar. « C’est le bordel depuis près d’une dizaine d’années », assure à « Sud Ouest » l’un des 50 surveillants palois, pour qui « une direction parallèle tenue par un petit groupe de personnes s’est imposée au fil du temps sans que l’administration bouge ».

Révélé par « Sud Ouest », le dispositif technique permettant de contourner l’obligation de pointage de nuit, mis en place par certains gardiens, restera sans doute dans les annales des instances disciplinaires du ministère de la Justice. Installé sur l’interrupteur de pointage du mirador, ce minuteur se déclenchait automatiquement toutes les 30 minutes, permettant vraisemblablement à certains gardiens qui avaient même monté un matelas de passer des nuits de garde très tranquilles. Il constitue le point d’orgue d’une invraisemblable série de dérives.

Menaces et quarantaine

« Une telle pétaudière, où tout le monde se déteste, se tire dans les pattes et, au final, où chacun fait ce qu’il veut, je n’avais jamais vu ça », confie un magistrat palois. Au final, neuf surveillants pénitentiaires, suspectés de fautes professionnelles graves, sont convoqués en conseil de discipline national, mercredi et jeudi prochains, à Paris.

Parmi eux figurent les représentants des deux principaux syndicats de l’établissement, l’Ufap (majoritaire) et Force ouvrière (en deuxième position). « On s’attend à se faire pilonner par l’administration sans preuves », lâche toutefois l’un des convoqués.

Ces deux sections syndicales sont en tout cas largement étrillées dans le rapport confidentiel pondu par l’Inspection générale des services pénitentiaires (IGSP), comportant plus d’une cinquantaine d’auditions, que « Sud Ouest » a pu consulter intégralement. Tracts personnalisés où les noms d’oiseaux fleurissent, dénonciations, menaces, mises en quarantaine de certains surveillants considérés comme des « balances » constituent la toile de fond du constat vitriolé dressé par les inspecteurs.

« Un chef de bande »

Une ambiance qui n’aurait pas été sans conséquences sur la sécurité de l’établissement. Ainsi, entre deux services, les matons se dispensaient-ils régulièrement de tout appel et même d’un simple passage de consigne entre personnel. Cet usage s’explique, selon un surveillant auditionné, « par le fait des mises en quarantaine. Les agents refusent de se serrer la main, ils ne se parlent pas. »

« Pour moi, la difficulté, c’est d’être en permanence en marge des règles élémentaires de sécurité sans que personne s’en émeuve », poursuit un autre surveillant devant les IGSP. Et les manquements soupçonnés par les inspecteurs relèvent d’une liste à la Prévert : abandons de poste pour aller boire un café, rondes de nuit aléatoires, grilles de sécurité ouvertes en permanence, visionnage de la télévision au sein des postes de travail, dégradation des talkies-walkies, entrée de personnes non autorisées pendant un service de nuit…

La mission s’est particulièrement attendrie sur des consommations de nourriture destinée aux détenus, ainsi que sur des refus d’effectuer certaines vérifications de routine. Ainsi, « les surveillants ne veulent pas faire le sondage des barreaux, disant que si un détenu scie un barreau, il arrivera dans la cour de promenade, donc ce n’est pas grave », balance même une ancienne stagiaire de la prison. Quant aux rondes de nuit, un surveillant avait pris l’habitude de les effectuer comme à la maison, « en short et claquettes » !

Sans stigmatiser l’ensemble des agents, le rapport pointe « un sentiment de toute-puissance et d’impunité de certains personnels » qui ont mis en place « des façons d’opérer maison pour le seul confort des bénéficiaires, dont certains ont pu s’abriter derrière un engagement syndical de simple façade ». À la retraite depuis peu, un représentant Ufap, « pilier de l’établissement », est accusé par l’IGSP de mener une stratégie « visant à pérenniser les dysfonctionnements ». Il sera décrit comme « un véritable chef de bande » par ses collègues lors de leurs auditions.

Une enquête pénale ouverte

Comment en est-on arrivé là ? Rappelons qu’en 2004, la maison d’arrêt de Pau avait déjà fait parler d’elle avec l’arrestation de sa directrice de l’époque, condamnée en 2007 pour avoir détourné de l’argent des détenus. Les mauvaises habitudes auraient pris racine lors de cet épisode.

« Les directeurs suivants n’ont pas mis le holà. La plupart voient Pau comme une rampe de lancement pour leur carrière : ils y arrivent officiers de l’administration pénitentiaire pour y gagner leurs galons de chef d’établissement, n’y passent pas plus de trois ans en général et ne font pas de vagues pendant leur séjour », explique un surveillant.

Pour certains, l’actuelle direction, en place depuis septembre 2008, aurait tenté de remettre de l’ordre. D’autres, au contraire, l’accusent de laxisme. « Pour sortir de cette situation affligeante, il faut une direction ferme, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », pense Thierry Dumontheil, représentant régional de FO Pénitentiaire. Contacté, le représentant local de l’Ufap ne souhaite pas s’exprimer avant la tenue du conseil de discipline.

Aujourd’hui, « l’ambiance s’est calmée », confie un surveillant qui craint toutefois que le feu ne reprenne. « Le rapport de l’IGSP a été envoyé à toutes les organisations syndicales. Du coup, tout le monde sait qui a dit quoi sur qui. Pour apaiser les choses, on a connu mieux », soupire un autre.

De son côté, la Direction interrégionale de l’administration pénitentiaire assure que « des actions ont été engagées en lien avec la direction de la maison d’arrêt, depuis plusieurs mois, afin de corriger les pratiques nuisant à la sécurité des personnes et de supprimer les atteintes à la déontologie relevées dans le rapport de l’Inspection des services. » En attendant, les gendarmes, saisis par le parquet de Pau, poursuivent les investigations de l’IGSP, mais cette fois dans le cadre d’une enquête préliminaire.

 

source : http://www.sudouest.fr/2012/11/25/gardiens-en-shorts-et-matelas-dans-le-mirador-889293-4344.php
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Charente-Maritime : des gardiens de prison dans le collimateur

Des détenus, leurs familles, les contrôleurs de prisons mettent en cause une équipe de surveillants de la centrale pénitentiaire. « Robin des lois »* demande une enquête.

L’administration se tait…

Que s’est-il passé le mardi 13 novembre à la centrale de Saint-Martin-de-Ré ? Officiellement, rien. L’administration pénitentiaire nie tout incident et refuse de répondre aux questions. Officieusement, pourtant, la prison aurait été le théâtre ce jour-là d’un « blocage » comme il s’en produit de temps en temps. Quelque 80 détenus ont « fait du tapage » dans la cour, à l’heure de la promenade, raconte la mère de l’un d’eux. « Ils voulaient voir le directeur parce qu’ils en ont ras-le-bol de leurs conditions de détention. Il a refusé. Il leur a fait dire que s’ils continuaient, il ferait intervenir les équipes de sécurité. Ensuite, en représailles, les surveillants les ont empêchés de regagner leurs cellules. Ils les ont obligés à rester dans la cour alors qu’il faisait très froid. »

Dans la soirée, un détenu, considéré comme le meneur, a été expédié au centre de détention de Poitiers-Vivonne. « Sans même pouvoir prendre ses affaires », dénonce un proche. Les détenus ont à nouveau manifesté le lendemain par solidarité avec lui.

Ce n’est pas le premier mouvement de grogne à Saint-Martin, ni le dernier. En cause, le quotidien carcéral, la vétusté des locaux, le manque de travail, l’alimentation trop chiche. À ce cahier de doléances commun aux 191 établissements de l’administration pénitentiaire, s’ajoute une spécialité bien rétaise : la fameuse « équipe 4 », des surveillants dont un rapport du Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, pointait déjà en 2009, avec un grand sens de l’euphémisme « les pratiques professionnelles plus rigoureuses que les autres ».

Plus rigoureuses ou plus vigoureuses ? L’équipe 4 est l’une des six équipes qui interviennent à la Caserne, l’un des deux quartiers de la centrale, réputé le plus difficile. Les détenus reprochent à cette quinzaine de surveillants (sur 230 au total) des « abus de pouvoir répétés ». Des brutalités, parfois, mais surtout des brimades, des vexations. Les douches sont souvent froides quand ils sont de service, rapporte un témoignage, l’accès aux cabines téléphoniques est plus compliqué. Un détenu condamné pour une affaire de mœurs s’est plaint aux contrôleurs « d’être régulièrement l’objet d’insultes et de menaces. » D’autres ont vu le motif de leur condamnation dévoilé à leurs codétenus, avec les conséquences que l’on imagine.

La femme d’un prisonnier s’irrite : « C’est du harcèlement. Ils cherchent systématiquement la petite bête, ils font monter la pression, ils veulent pousser les détenus à la faute. Elle raconte qu’elle n’apporte jamais de colis à son mari si l’équipe 4 est de service parce qu’elle sait « qu’ils refuseront tout. » Une autre renchérit : « Dès que je les vois, je suis morte de trouille, rien qu’à leur façon de vous détailler de la tête aux pieds. Ils m’ont refusé un jour un parloir sous prétexte que je n’avais pas pris rendez-vous alors que c’était faux. Personne n’ose se plaindre de peur que cela retombe sur les détenus. »

« Dérapages individuels ». Les services de Jean-Marie Delarue sont revenus en 2011 à Saint-Martin pour une nouvelle visite. Le documentariste Stéphane Mercurio les accompagnait à travers leurs tournées d’inspection pour montrer le quotidien de la prison. Dans son film « À l’ombre de la République », sorti au printemps, on entend les détenus se plaindre à nouveau de l’équipe 4 et un contrôleur stigmatiser « une équipe de surveillants qui feraient une application extrêmement stricte du règlement avec un certain nombre de dérapages individuels ». On y entend aussi le directeur de l’époque, Jean Letanoux – devenu depuis contrôleur des prisons – se réjouir de voir une autorité indépendante s’emparer du problème. Ce qui a fait grincer pas mal de dents parmi son personnel et dans sa hiérarchie.

« J’ai interrogé l’un des surveillants de l’équipe 4, raconte Stéphane Mercurio. Il m’a expliqué qu’il ne faisait que son travail, consciencieusement, un point c’est tout. Mais il n’a pas voulu que je garde son témoignage au montage. »

Ces fonctionnaires zélés sont décrits par des familles comme « toujours ensemble, soudés l’un à l’autre ». Ce sont pour la plupart des professionnels expérimentés, présents à Saint-Martin depuis des années, et fortement syndiqués. « Un véritable bastion, résume un observateur extérieur. Les directeurs passent, eux restent. Même si l’équipe a été remaniée depuis la visite des contrôleurs, les méthodes demeurent. À croire que c’est une stratégie délibérée de l’administration. »

Le rapport du contrôleur général est depuis six mois sur le bureau de la garde des Sceaux, Christiane Taubira. Cette femme de détenu n’y croit plus : « C’est le deuxième en trois ans, il y a eu le film, des articles de presse, et rien ne bouge… Je sais que ce ne sont pas des enfants de chœur à Saint-Martin, bien sûr qu’il faut un règlement strict et des gardiens pour le faire respecter, mais ils pourraient le faire plus humainement, non ? »

*http://robindeslois.org/

 

source : sudouest.fr
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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « J’ai fait ma route avec le noyau dur des mecs qui sont prêts à donner leur vie pour votre amitié »

[21 avril 2012]

Résister est un devoir face à l’épreuve

Je te parle de ma peine au passé pourtant je suis en plein dedans !!

Ne le prends pas pour de la prétention j’ai juste travaillé ma patience à force de me sanctionner ils m’ont immunisé à la douleur pénale, maintenant j’ai la poitrine pour amortir.

Je dis pas que le combat a été facile ce fut un long périple pour garder mon cerveau intact et sans baisser mon froc pour sortir avant ma date prévue j’ai vu des soi-disant voyous passer la plupart de leur temps dans les bureaux des chefs et miraculeusement juste après leur peine fondre comme de la neige au soleil !! Moi que Dieu m’en soit témoin j’ai fait ma peine à la dure comme un soldat je ne compte plus mes va-et-vient au mitard mes fouilles à répétition et tout cela au lieu de m’affaiblir m’a endurci combien de fois j’ai été trahi pour éviter les geôles du mitard je me méfie des faux potes qui te sucent par-devant ils finissent toujours par te la mordre par-derrière !!!

J’ai fait ma route avec le noyau dur des mecs qui sont prêts à donner leur vie pour votre amitié j’ai la peau sombre mais tu peux zoomer sur tout mon corps tu ne trouveras aucune balafre de dépression aucune mutilation résister est un devoir la défaite n’a aucun justificatif valable tout ce qui ne tue pas rend plus fort !!

On apprend beaucoup dans l’épreuve pendant cette traversée du désert combien se sont mis sur messagerie lors de mes nombreux appels il y a dix ans, aujourd’hui je les vois revenir sans figure mais j’ai d’autres chats à fouetter ma rancune est sans limite quand tu me lâches la main alors que je mourais de faim « que Dieu me préserve de mes amis mes ennemis je m’en charge » !! C’est une realité car on n’est jamais mieux trahi que par les siens.

Certains que je connaissais à peine m’ont soutenu au fond du trou ont répondu présent à mes appels en direct du mitard à 4 heures du matin, c’est ces gens qui m’ont permis de rester toujours debout, sans le savoir ils m’ont apporté énormément c’est chez eux que j’ai puisé cette envie de survivre face à l’oppresseur, je parle de ma peine au passé alors que j’ai encore les pieds poings liés car je n’ai jamais accepté leurs peines leurs sanctions mon cerveau est resté dehors mon corps est enfermé mais moi ils m’auront pas !!

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Défense libre, Défense insoumise ! Projection-débat à Lille, le 4 décembre

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Témoignages de Xavier Valancker sur la prison d’Annoeullin, été 2012 (G.E.P.) Partie 2

Y avait-il nécessité de le placer en prévention au quartier disciplinaire ? C’est bien entendu l’arbitraire qui motive une nouvelle fois une telle décision. Comparaissant dès le lendemain au prétoire, il écopera de quelques jours de cachot, ce qui est en soi anecdotique, tant le mal se veut autre. Car au-delà des stigmates résultat de la pression des menottes (toujours apparents deux semaines après les faits) et de divers hématomes sur le corps que l’unité médicale, dans son attitude collaboratrice, refusera de ratifier, il en va du traumatisme mental induit par de telles exactions et des effets opérés par celles-ci sur une conscience malheureuse et sur une constitution psychiquement entamée par les circonstances extérieures.

Le 5 août, à six heures, les gendarmes accompagnés d’un chien pénètrent au deuxième étage, fouillent une cellule, emmènent un détenu menotté en garde à vue, lequel réapparaîtra à l’issue de celle-ci, non inquiété, une erreur d’appréciation, semble-t-il.

Le 9 août, à 5 heures 45, les Eris (les CRS de l’administration pénitentiaire) emmènent trois détenus dont deux seront transférés illico. Le premier est passé d’une peine titulaire de quatre ans à un quantum à purger avoisinant les seize ans, de par l’accumulation de peines intérieures pour agressions sur personnel et autres mouvements d’humeur. Il est accompagné d’un deuxième prisonnier, qui vient de la centrale de Sequedin (59), laquelle a depuis fermé pour être réadapté en centre d’orientation à effet régional. Ce dernier ne s’adapte pas à l’endroit et a demandé son transfert malgré sa récente arrivée. Le troisième détenu a été placé au quartier d’isolement. Le dénominateur commun était la préparation d’un mouvement collectif basé sur le refus des conditions de détention actuelles sachant qu’ils étaient au régime enfermé. Fallait-il être utopiste pour croire pouvoir gérer de tels profils dans un principe de claustration absolue ?

Le même jour, vers 17 heures, on assiste à une intervention casquée au 1<sup>er</sup> étage contre l’un des trois détenus ayant témoigné pour Malin Mendy qui est en train de détruire intégralement la cellule où il se trouve. Pour quel motif ? Le premier surveillant Skzempek a décidé de le placer en confinement sur un prétexte approximatif, spécieux, lui retirant par là même la télévision ainsi que l’autorise cette mesure. Le résultat est à la hauteur de l’initiative puisqu’il est placé au quartier disciplinaire, la cellule est ruinée, autant que sa fin de peine (il ne lui reste que quelques mois à purger). Il a vingt-quatre ans et une famille qui l’attend, mais ici, on paye jusqu’au bout.

Lorsque tu recevras cette lettre, sache que d’autres maillons se seront ajoutés à cette déjà trop longue litanie coercitive. Ne penses-tu qu’il soit temps de (ré)agir ?

Ce n’est pas le nombre qui fait la force d’un témoignage, c’est son intensité. Actuellement, leur nouvelle politique est axée sur l’intégration des longues peines, mais il est évident qu’ils ne possèdent pas les dispositions mentales nécessaires à l’exercice d’une telle gestion. Quant au cheminement intellectuel qu’il conviendrait d’opérer à cet effet, il sera le fruit d’une minorité car force est d’admettre que deux demi-cerveaux n’en font pas systématiquement un. Ceux qui arrivent sont libérables entre 2020 et 2030 et ils ont si peu à leur offrir que cela en est pathétique !!! Pour finir, il m’importe de te citer le cas d’un camarade de longue date, qui purge un quantum belgo-français de vingt-cinq ans, arrivé ici depuis peu, incarcéré depuis seize ans et demi, libérable en janvier prochain, ils ne lui ont rien proposé de concret si ce n’est une permission de sortir au titre du maintien des liens familiaux (à quelques mois de l’élargissement) qu’il a d’ailleurs sobrement déclinée, son appartenance au gang de Roubaix justifie peut-être une sortie sèche, dans une ultime revanche. Nous en discutons et constatons que le temps carcéral nous a rendu autant savants que philosophes, de fait, tout n’est pas perdu…

Le 30 août, vers 10 heures, un jeune garçon d’origine africaine souhaitait se rendre en musculation. Il avant comparu la veille devant la commission disciplinaire pour avoir participé à une bagarre collective au terrain de foot. Rien de grave, juste quelques bourre-pifs lorsque le but n’est pas valide. Il fut néanmoins sanctionné de deux semaines d’interdiction d’accès au sport, à savoir terrain et salle de musculation mais il avait, en toute apparence, mal interprété la nature de la décision. Frédéric Blondel, notre premier surveillant humaniste, se fait une joie de lui prohiber l’accès à la salle, se référant à la sanction. Le ton s’élève et le gradé aboyeur pose la main sur le détenu pour lui barrer le passage. Ce détenu qui est d’ordinaire respectueux et poli à l’égard de chacun se jette alors sur Blondel et lui mord profondément le bras dans l’affrontement avant d’être maîtrisé et lynché par les renforts, dont l’un des membres se blessera au genou. Blondel, dans toute sa dimension sadique, ceinturera le cou du détenu avec le bras, l’étouffant par là même, lui susurrant : « espèce de bâtard, tu m’as mordu ! ». L’intéressé sera trainé au sol dans un premier temps pour être ensuite soulevé et conduit manu militari au quartier disciplinaire, un vêtement posé sur le visage (en prévention d’une morsure ? pourquoi pas une muselière ?). Il a été depuis condamné à trente jours de cachot, dont dix avec sursis, certainement amené à comparaître devant l’instance correctionnelle lilloise et sera probablement transféré vers un autre établissement. Ayant assisté par la fenêtre de la cellule à son déplacement vers le mitard, j’ai eu cette réminiscence visuelle du cas de mon ami Malin Mendy. Quant à Blondel, il a depuis disparu, en soin ou en repos, ayant parait-il demandé sa mutation (avec promotion ?). Puisse cela être vrai, good riddance to bad rubbish !

Le 1er septembre à 13h30, un jeune détenu de vingt-sept ans, lourdement condamné puisque libérable en 2025, arrivé ici depuis deux mois, provenant de la centrale de Sequedin, demande au surveillant d’étage de lui laisser la porte ouverte afin de décompresser quelque peu. Il faut préciser qu’il possédait cette faculté à Sequedin, étant alors auxiliaire de vie, et qu’il ne comprend pas qu’il soit placé en régime fermé depuis son arrivée alors qu’il est censé être dans un centre de détention où le régime ouvert est en soi une norme.

Le surveillant lui refuse cette possibilité. S’ensuit une dérive verbale précédant un affrontement physique durant lequel les deux vont rouler au sol avant que l’alarme ne soit déclenchée. Le détenu est alors maitrisé par la soldatesque vindicative, menotté et amené au quartier disciplinaire, soulevé du sol par maints agents désireux d’en découdre dans le huis clos du cachot. Parvenu sous la fenêtre de la cellule que j’occupe, il aura le réflexe de me lancer cette phrase pathétique : « tu vois, Xavier, cela recommence ! ». Il a écopé de trente jours fermes de mitard et se voit accompagné d’une escorte casquée, style robocop, à chaque intervention (repas, promenade, soins). Lui aussi aura droit à un ajout pénal dans une prochaine comparution judiciaire. Quant à son sort interne, nul ne sait s’il sera réaffecté en maison centrale compte tenu d’un indice de dangerosité revu à la hausse au regard de cet épisode, ce dernier ayant été rapporté et travesti dans les périodiques locaux.

Il convient aussi de préciser qu’il avait préalablement fait l’objet d’une dizaine de rapports d’incident en moins de deux mois, suite à de non-évènements qui n’en étaient pas moins des cris de détresse quant au caractère insupportable d’un système d’enfermement axé sur le binôme contention-contrition. J’avais été récemment convoqué en sa compagnie face au chef de détention associé à la directrice-adjointe afin d’arrondir les angles et de trouver un terrain de cohabitation. On voit où cela a mené, persistant à affirmer qu’il n’est pas celui que l’on présente dans l’article de la Voix du Nord consacré à cet effet.

Je viens d’apprendre que dans la gradation d’une violence prévisible, il a placé un coup de tête à un gradé lors de sa comparution au prétoire. J’ignorais ce détail, ce qui démontre le « jusqu’au boutisme » gagnant ceux qui sont acculés dans leurs derniers retranchements, certains sont à fleur de peau compte tenu des provocations persistantes.

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