Témoignages de Xavier Valancker sur la prison d’Annoeullin, été 2012 (G.E.P.) Partie 1

Concernant la sphère du travail pénal, elle relève de l’arbitraire de l’administration pénitentiaire. Pour y accéder, il faut faire partie de la catégorie des bons détenus. Ce qui t’explique pourquoi j’en suis écarté. Il faut aussi accepter une certaine dépersonnalisation, j’entends par là de porter une blouse ou un uniforme de couleur frisant bien souvent le grotesque. Tant et si bien que la prison est irisée dès le matin de toutes les nuances du prisme de l’exploitation. Quant à l’ambiance régnante, reprenons le cas de Malin. Pour impératif alimentaire, il intègre un atelier de confection de tapis d’auto. Après quelques mois, il constate que certaines quantités de travail disparaissent des comptes et ne lui sont pas rétribuées. Il s’adresse au responsable civil qui met aussitôt sa bonne foi en doute face à l’administration pénitentiaire. Cela dégénère progressivement au point que l’intéressé bousculera physiquement Malin. Dès lors, l’administration pénitentiaire décide de déplacer mon camarade vers un autre atelier (confection à la pièce), bien moins rémunérateur, conforme à l’exploitation salariale intra muros, afin de le protéger (on croit rêver !). Malin n’en reste pas là et porte plainte au Parquet. Il devient gênant. Quelques temps après, cet intervenant (Ahmed pour ne pas le citer)sera interpellé à l’entrée de l’établissement lors de son arrivée, placé en garde à vue par la gendarmerie, suspecté de faire entrer shit, alcool et portables afin de gagner les faveurs de certains membres de son atelier, les grugeant par là même sur leur production. Conjointement, une surveillante, Noémie pour les amis, est interpellée dans des conditions similaires pour des motifs quasi-identiques et quelques faveurs affectives accordées aux reclus. Les deux ont depuis disparu des lieux. Il va de soi que cela contraste avec le prétendu caractère sécuritaire de ce cloaque. Il y a une information ouverte au parquet. J’ai omis de te signaler qu’ils amènent actuellement dans ces lieux des longues peines libérables entre 2020 et 2030. Comment vont-ils les gérer ? En les maintenant enfermés dans des étages où il n’existe aucune activité ou en leur proposant du travail qu’ils n’ont pas, vu la conjoncture ? On est dans une gestion du stock humain à flux tendu, réalisée par de piètres administrateurs dont l’impéritie est le trait majeur.
Le divorce est consommé. Je leur ai dit que je ne solliciterai rien jusqu’au départ (condi ou perme, encore moins l’accès au régime ouvert), ne faisant pas l’aumône administrative, ni judiciaire. J’ai hâte de partir, tu t’en doutes. Depuis son ouverture, cette prison est demeurée une page blanche, ils feront en sorte qu’elle le demeure malgré leur prétendue bonne volonté d’ouvrir le dialogue avec les détenus par l’entreprise d’un groupe de rencontre ainsi que cela se fait dans certaines centrales. Présentement, vu leur optique répressive, cela se résumera soit à de la poudre aux yeux, soit à de la masturbation intellectuelle, peut-être aux deux. Il va de soi que je n’y participerai pas, ayant fait le deuil intellectuel de ce lieu, donnant tout au plus quelques pistes de réflexion à mes camarades.
Concernant l’aspect économico-esclavagiste des lieux, je te ferai part de ma perception lors d’un prochain courrier. Parmi les exploiteurs, tu as de grands noms tels Louis Vuitton, Chanel (confection de sacs d’emballage avec leur logo) mais aussi des entreprises locales telles Pocheco (confection d’enveloppes cartonnées), il y a aussi les tapis de sol de voiture (Renault si je ne m’abuse). J’essaierai d’avoir plus d’informations, mais sache que cela se résume à une paye de misère.
Lorsque j’étais à Bapaume, je travaillais pour MKT-conseil, une société de télé-conseil dont le siège est à Versailles, ayant déjà implanté une première plateforme à la maison d’arrêt des femmes de Versailles. Jean-Marie Delarue l’avait déjà visitée. Question salaire, c’est éloquent. Tu bosses pour 300 euros mensuels maximum ! Si tu veux, je t’envoie les fiches de paie.
Fin juin, un prisonnier de 24 ans, libérable en juillet 2014, demande à être transféré, ne supportant plus l’endroit. Ignoré dans sa requête, la situation dégénère progressivement jusqu’au point de non retour. S’en prenant physiquement à un agent féminin, il est conduit manu militari au quartier disciplinaire et écopera de trente jours de cachot pour violence physique sur personnel, sans omettre une prévisible comparution devant l’instance judiciaire qui lui vaudra un allongement de peine. Il en était déjà à trente-huit jours de cachot, refusant de réintégrer la détention, alors qu’il n’était toujours pas transféré. Plus de nouvelles depuis. Cela atteste une nouvelle fois que l’on ne quitte pas l’endroit sans un ajout pénal.
Concernant cet autre détenu, incarcéré depuis presque neuf ans et libérable en 2015, les provocations ont démarré préalablement à son passage en commission d’application des peines dans le cadre d’une requête initiale de permission de sortir, en devenir depuis novembre dernier. Le dimanche 22 juillet, vers 17h30, portant une djellaba du fait du ramadan, il se voit apostrophé par le premier surveillant Grégory Skzempek qui lui fait une remontrance en ce sens, lui signifiant qu’il regagnera dès le lendemain l’étage inférieur des enfermés comme sanction immédiate ( ?!?) alors qu’il se trouve à celui des semi-ouverts (2ème étage, ouvert l’après-midi). Il est à préciser qu’il n’est pas le seul à porter cette tenue, vu la fête précitée et qu’il n’y avait présentement aucune ostentation de sa part. Dès le lendemain, il se voit dans l’obligation de bloquer sa porte de cellule de l’intérieur (avec des morceaux de spatule), ce jusqu’à intervention de la direction et d’un serrurier, afin de placer ses arguments quant aux provocations de ce week-end opérées par certains gradés zélés ayant soif d’autorité et compensant leur mal-être social dans l’assouvissement de pulsions sous couvert de leur exercice professionnel. La directrice du centre de détention lui rendra raison et annulera la mesure inique d’une rétrogradation arbitrairement décidée.
Le dimanche 29 juillet, ce même détenu achève la confection d’un plat dans l’office du second étage destiné à cet effet. Il est 17 heures 45, heure d’interruption des activités et alors qu’il a obtenu un délai du surveillant d’étage, de quelques minutes pour achever ce qu’il a entrepris, intervient de manière abrupte le premier surveillant Frédéric Blondel qui, s’adressant au détenu, lui signifie qu’il y a refus de réintégration ( ?!?), le provoque verbalement, porte la main sur son épaule, déclenche l’alarme silencieuse et, assisté des renforts, le place directement dans une cellule du premier étage (régime fermé) sans qu’il n’ait pu faire son paquetage. Il a pris sur lui-même afin de ne pas céder aux provocations, conscient que cela lui serait préjudiciable puisqu’il devait se présenter le lendemain même devant la commission d’application des peines, dans le cadre du débat contradictoire, afin de défendre sa demande de permission de sortir. L’ « incident » sera toutefois rapporté et lui vaudra un rejet de la requête. Il a présentement vécu une situation quasi-similaire à celle qu’à éprouvé Malin Mendy, à savoir que l’arbitraire de certains membres du personnel fait d’un règlement à géométrie variable un instrument de provocations permettant d’assouvir leur ressentiment à l’égard de certains détenus. On est face à un procès d’action-réaction dont le dessein patent est d’altérer, voire d’annihiler tout effort d’amendement et d’hypothéquer les réflexes de sociabilité recouvrés grâce au régime assoupli rencontré dans d’autres établissements, dignes d’un centre de détention, ce qui n’est présentement pas le cas.
Le 18 juin, vers 17h30, un autre prisonnier de 27 ans, condamné à une courte peine, libérable dans quatorze mois, revient d’une permission exceptionnelle accordée afin d’assister aux obsèques de l’un de ses parents. Dès qu’il pénètre dans l’établissement, on lui fait observer qu’il sent l’alcool et qu’il est éméché. Orienté vers le local de fouille, on lui demande de se dévêtir intégralement, lui confisquant par là même un paquet de cigarettes qui disparaîtra définitivement. Patientant dans le plus simple appareil, on l’enjoint de s’accroupir, dans un dessein avilissant, ce qu’il refusera de faire. Voulant par la même le soumettre à l’éthylotest, il décline la démarche. Le ton s’élève, il est projeté au sol et menotté dans le dos. Intégralement nu, il est ainsi traîné vers le quartier disciplinaire, les parties génitales en contact avec le sol sur la longueur du trajet. Jeté au cachot, il demeurera ainsi la nuit entière, sans vêtement, sans matériel de couchage, avec un unique matelas pour dormir ou tenter d’y parvenir. C’est ainsi qu’il fera son deuil…

Publié dans Groupe Enquête Prison | Marqué avec , , , , , | Commentaires fermés sur Témoignages de Xavier Valancker sur la prison d’Annoeullin, été 2012 (G.E.P.) Partie 1

Témoignage d’une femme anciennenement detenue a Fleury-Merogis par Laurent Jacqua

Publié dans Comment ils nous enferment, Vidéos | Marqué avec , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Témoignage d’une femme anciennenement detenue a Fleury-Merogis par Laurent Jacqua

Lettre de Joseph Wetter, prison de Corbas, 15.10.12 (G.E.P.)

Le dysfonctionnement et le caractère contre-productif des instances judiciaires et le carcan pénitentiaire offrent les carences de notre société.

La chape de plomb des crimes et des bassesses imputables qui sont absous par le corps judiciaire offrent de beaux jours à la cécité du peuple.

La liberté ne se donne pas elle se prend, les peuples et les révolutions l’ont démontrés.

La corruption étant le fléau le plus répandu, nos élites pratiquent le sophisme à but mercantile.

Publié dans Groupe Enquête Prison | Marqué avec , , , , | Commentaires fermés sur Lettre de Joseph Wetter, prison de Corbas, 15.10.12 (G.E.P.)

Lettre de Xavier Valencker, du mitard de la prison d’Annoeullin, 4.11.12 (G.E.P.)

J’attaque mon 25e jour de mitard et je tiens bon. […]

Le 19 septembre, vers 9 heures, au départ des promenades, une première altercation verbale a lieu au 1er étage droit du bâtiment C, ce pseudo centre de détention, avec une équipe spécifique, opérant principalement le week-end, s’attachant au principe du règlement à géométrie variable, spécialisée dans la provocation, amalgamant l’endroit à une maison d’arrêt. Bref, on en vient aux noms d’oiseau et cela se termine en un face à face tendu entre une dizaine de détenus et un nombre égal de nervis. Il faudra l’intervention du 1er surveillant de permanence, l’humaniste de service, pour que la situation ne s’édulcore. Je serai, dans la foulée, entendu par la direction, faisant valoir ce que je pense de ces secouées administratives, toujours à même de générer de l’incident. Forcément, n’étant guère en odeur de sainteté, je trinque au premier degré, écopant d’un rapport disciplinaire pour injure et incitation à un mouvement collectif, c’est là que tout devient intéressant.

Convoqué devant la commission de discipline le 12 octobre à 14h30, j’arrive à 14h, m’attendant à rencontrer X., qui s’est décommandé de ses rendez-vous afin de m’assister. On m’introduit derechef dans une salle d’audience, attenante au prétoire, où il se trouve, consultant le « dossier ». Il se lève face à moi pour me saluer et s’allonge aussitôt au sol, m’invitant à le rejoindre dans un « lie-down » pacifiste sous le regard hébété du 1er surveillant de service, lequel referme aussitôt la porte.

La machine se met en marche. Situation de crise mais aucune réaction réelle dans un premier temps si ce n’est d’obstruer la fenêtre principale avec une couverture et d’investir dans un second temps la pièce (le 1er surveillant et un agent) afin d’en déménager le mobilier (chaises, table-bureau, ordinateur) et les effets de X., sans en requérir l’avis.

Intervient un long moment avant que ne se présente le directeur-adjoint, censé présider le prétoire. X. lui dit qu’il souhait parler à son bâtonnier. Le directeur se retire et le temps s’écoule. A présumer qu’il consulte sa hiérarchie. Il réapparaît avec un poste fixe, tendant le combiné à l’avocat allongé pour mieux tenir le dit-poste (le chancelier ?), le fil étant assez long, toutefois insuffisamment pour accorder l’intimité nécessaire aux deux professionnels de la défense. Je crois saisir que le Bâtonnier ne cautionne pas l’action entamée, exigeant qu’il y soit porté terme, ce que réfute X., invoquant être solidaire de son client. Ces positions antagoniques coupent court à l’échange, le recteur s’en retournant avec l’appareil. Cela fait presque une heure que la situation est engagée mais rien ne se décante, nous sommes toujours allongés, main dans la main (ne vous y méprenez pas!), ravivant notre passé judiciaire commun.

Le temps est long et nous ne savons à quelle sauce ils vont nous consommer sachant qu’ils viennent nous filmer discrètement l’aide d’un portable par un interstice de la fenêtre recouverte. Ils nous ont également enregistrés vocalement par je ne sais quel biais (je ne le saurai qu’après les événements). Ce n’est qu’après deux heures trente passées à même le sol qu’ils interviendront. Nous pensions être chargés et bien non ! La porte s’ouvre et les pandores en nombre (le Parquet est donc alerté) se pointent, accompagnés du gratin des lieux. Les premiers s’adressent à X., lui demandant très posément que cela cesse avant de devoir, en ultime recours, faire usage de la force. Je le sens rétif, peu enclin à obtempérer. Je ne souhaite par qu’il surenchérisse, risquant plus avant de mettre sa carrière et a fortiori son cabinet en péril. Je le dissuade donc de prolonger cette situation sachant que l’impact a été porté et qu’il y aura inéluctablement des conséquences individuelles suite à cela. Un dernier regard pour se saluer et je m’oriente sereinement vers le mitard, à deux pas de l’endroit, tandis qu’il est emmené en garde-à-vue. J’écope de huit jours de mitard (+ 20 de sursis) pour le rapport initial, jugé en notre absence, alors qu’il sera relâché quelques heures plus tard, devant être prochainement convoqué devant l’instance disciplinaire du Barreau afin de s’expliquer sur les faits.

Personnellement, je fais alors l’objet d’un nouveau rapport d’incident, amené à comparaître le 19 octobre devant la commission disciplinaire pour m’être allongé près de mon conseil. Fidèle à nos principes, désireux de ne pas désavouer la portée de son engagement, un geste symbolique en soi, et de porter ombrage à sa réputation, je récuse la légitimité du prétoire et ne m’y rends pas, laissant le soin à une avocate, commise d’office, en toute apparence administrativement inféodée et donc incapable de saisir notre point de vue, d’orchestrer une défense sirupeuse, étant personnellement conscient que les jeux sont déjà faits. M’étant préalablement entretenu avec elle, j’avais appréhendé les limites de son engagement à l’aune de sa réaction quasi-révulsée lorsque je lui eu signifié que je venais de perdre un conseil pour gagner un ami ! A un tel seuil d’implication, le corporatisme possède ses limites et nombreux sont ceux préférant préserver leur fonds de commerce que soutenir le bien-fondé d’une résistance passive, dictée par la désapprobation de conditions iniques d’enfermement. Fort heureusement, certains de ses confrères ont eu un réflexe antagonique, amusés par les faits, estimant qu’il fallait oser entreprendre un tel acte, symptomatique du malaise persistant caractérisant l’endroit.

J ‘ai été sanctionné de 7 jours supplémentaires de cachot mais qu’est-ce au regard de ce qui fut entrepris ? Il n’y rien à prétendre en ces lieux si ce n’est des ennuis supplémentaires. Ici, c’est le royaume du sophisme, à savoir que tout est axé sur un discours spécieux, de belles promesses, chacun manipulant la langue de bois avec brio. J’ai forcément écrit à X. afin de lui apporter mon soutien et de témoigner en son sens, espérant que cela puisse être retenu par l’instance qui examinera les faits.

Refusant de quitter le mitard à l’issue de la sanction pour regagner ce lieu délétère qu’est le bâtiment C, j’ai été à nouveau sanctionné de douze jours de quartier disciplinaire, ayant de nouveau dénié de me rendre au prétoire, une instance arbitraire digne des tribunaux de l’Inquisition où tout avise hérétique relève du bûcher. Dois-jet te préciser qu’ils mont reproché notre contact lors de la rédaction du premier compte-rendu ? Estimant que je participais par écrit à l’élaboration d’un site anti-carcéral ?!? C’est te dire si la liberté de pensée a place en l’endroit. Entretenir son libre-arbitre est hors de prix. J’ai, plus que jamais, l’impression d’être pris en otage, de leur appartenir et d’avoir à endurer ce qu’ils souhaitent me faire subir. Certains, dont moi-même, ont renoncé à toute démarche, complètement désabusés, patientant de quitter l’endroit au plus vite.

Publié dans Groupe Enquête Prison | Marqué avec , , , , , , , | Commentaires fermés sur Lettre de Xavier Valencker, du mitard de la prison d’Annoeullin, 4.11.12 (G.E.P.)

Un détenu se pend dans sa cellule à Privas

Un détenu a été trouvé pendu vendredi matin dans sa cellule à la maison d’arrêt de Privas, a-t-on appris de source proche de l’administration pénitentiaire, confirmant une information de la radio France Bleu Drôme-Ardèche. Le prévenu était dans l’attente de son procès, pour des faits qui n’ont pas été précisés.

L’Observatoire international des prisons (OIP) avait constaté en 2011 la recrudescence des suicides en prison, malgré les plans de prévention mis en oeuvre ces dernières années, avec plus de 80 suicides cette année-là. L’administration pénitentaire refuse de rendre public le nombre de suicides survenus dans les prisons françaises.

http://www.europe1.fr/Faits-divers/Un-detenu-se-pend-dans-sa-cellule-de-Privas-1306195/

Publié dans Ils ont été tués | Marqué avec , | Commentaires fermés sur Un détenu se pend dans sa cellule à Privas

Lettre d’une personne détenue à la prison d’Annoeullin, adressée à L’Envolée, 3.10.12 (G.E.P.)

Bonjour la radio,

Je vous écris pour vous rapporter ce qui se passe dans cette prison. Je suis ici depuis dix mois, incarcéré depuis quatre ans, j’ai encore vingt mois à faire. Il y a ici une tension constante avec les agents, de nombreuses provocations verbales et physiques.

Certains vous empêchent de téléphoner en interrompant la communication sous de prétextes approximatifs. Certains détenus voient leur demande de permission de sortir ou leur aménagement de peine refoulés car ils ont cédé à des provocations verbales, agencées à cet effet.

Il y a eu le cas de Malin Mendy. Mon ami a été provoqué alors qu’il cuisinait dans l’office. Ils l’ont alors tabassé, conduit au mitard (trente jours), lui ont infligé deux ans fermes et l’ont transféré. Au passage ils ont détruit son paquetage et trahi le secret médical en dévoilant son état de santé à la population carcérale.

On a le sentiment de leur appartenir, d’être leur objet d’entraînement, leur sac de frappe. On ne sait jamais qui sera leur prochaine victime.

Vous pouvez vérifier l’article consacré à Malin dans la Voix du Nord du 21 juin, l’OIP est aussi alerté de ce qui se passe ici. Les juges ne font rien, ils font la sourde oreille car rien ou presque ne filtre.

Je suis de la région parisienne, je suis arrivé ici par mesure d’ordre et je me retrouve à l’index de tout. Je suis en attente de transfert mais ils jouent la montre et font tout pour retarder celui-ci.

Je n’ai vu que la haine et rien d’autre dans cet endroit. Rester ici, c’est faire une sortie sèche avec la récidive à la clé. Ils n’ont rien à proposer, rien à offrir, c’est une prison indigente gérée par des incapables, des vendeurs de rêve qui n’ont rien en stock sauf des mirages. J’espère que vous pourrez refléter l’ambiance car franchement il y a péril en la demeure pour chacun d’entre nous. Nous sommes sur nos gardes, désireux d’éviter tout affrontement. Ce milieu est dangereux, ils sont capables du pire.

Merci de l’intérêt porté.

Publié dans Groupe Enquête Prison | Marqué avec , , , , , , | Commentaires fermés sur Lettre d’une personne détenue à la prison d’Annoeullin, adressée à L’Envolée, 3.10.12 (G.E.P.)

Lettre de Xavier Valancker, prison d’Annoeullin à l’Envolée, 5.10.12 (G.E.P.)

Abou Ghraïb, le 5 octobre 2012,

Hello l’équipe,

Je pense ne pas vous avoir contacté depuis novembre 2008. Mea culpa mais le fait de ne plus vous lire et de ne plus vous entendre oblitère d’autant le contact.

Le « Groupe Enquête Prison », avec lequel nous sommes en relation constante, nous a fait savoir que vous consentiez à relayer le communiqué inhérent à notre situation. On s’adjoint donc à la démarche afin de la cautionner et de l’étayer.

Ce que nous vivons actuellement n’est ni plus ni moins que le bis repetita de Sequedin 2007, à savoir des écarts ignobles confinant aux pires résultats. Vous nous aviez soutenus à l’époque et je présume qu’il en sera de même cette fois. Notre but est de divulguer, non de nous inscrire dans un exposé victimaire, assumant tant que possible le régime infligé.

Composé de deux quartiers de maison d’arrêt (environ 500 personnes), d’un quartier centre de détention (qui n’en a que le nom, 250 personnes), et d’un quartier « maison centrale » (la vitrine de l’établissement, 20 personnes), l’endroit présente autant de disparités que de règlements à géométrie variable. Vous saisirez dès lors que les cerveaux reptiliens de la matonnerie, sujette à un turn-over bimestriel sur les différentes structures, ont le plus grand mal à adapter leur attitude au lieu de travail. De fait, les transgressions déontologiques sont monnaie courante et la litanie des détenus tabassés n’est que le témoignage palpable du malaise persistant caractérisant ce pseudo-CD.

Nombreux sont ceux qui ont écopé de trente jours de Q.D., de dix-huit mois (voire plus) de prison supplémentaire et d’un transfert à la clé après les violences endurées. Ils ont transformé la relation gardien-gardé en un rapport dominant-dominé, certaines équipes syndicalisées tirant notre sort à la courte paille au gré de leur prise de service. Brimades, humiliations, et exactions sont la marque de fabrique des lieux.

Il n’est peut-être pas inutile de préciser que la direction actuelle est composée, en majeure partie, de celle officiant à Séquedin en 2007. Arrivé au mercato pénitentiaire et jouant dorénavant en première division répressive, ceci explique clairement cela. Il y a bien eu quelques mouvements de réaction, aussitôt réprimés et annihilés par des transferts matinaux dans un silence dont l’administration gardienne a le secret. La direction interrégionale et le Ministère sont parfaitement alertés mais rien ne change en l’état. Les longues peines ne veulent pas stagner dans cette fosse sceptique. Par conséquent, l’hémorragie des transferts est proportionnelle à leur comportement outrancier. Quoi de plus logique? Je suis moi-même en attente de réaffectation, toutefois conscient qu’ils feront tout pour endiguer cette transhumance collective. J’ai été condamné à vingt-trois ans de réclusion et je n’ai pas su que la torture psychique était corrélée au verdict.

Quant au parquet lillois, il fait la sourde oreille, classant les plaintes sans suite, préférant se pavaner dans les quotidiens inféodés, cédant par de là-même aux flatteries obséquieuses et s’auto-congratulant des résultats judiciaires de l’année écoulée. Cela en devient pathétique et ferait presque sourire sans les nombreuses sorties sèches diluées par une ou deux permissions de sortir faisant office de lot de consolation. C’est ainsi qu’ils confrontent leurs statistiques, plan de carrière oblige…

S’agissant du partenaire privé (Thémis pour ne pas le citer), il est omniprésent et quasiment omnipotent. Viendra-t-il à sponsoriser le prétoire et le mitard par divers calicots aux slogans ravageurs (avec Thémis, la sanction propice…)? Il est troublant de voir ces esclavagistes participer aux commissions PEP (projet d’exécution de peine) dans un déballage général (motif de sentence, quantum, paramètres familiaux, etc.) durant lesquelles le moindre pékin viole votre existence sans autre forme de considération. Cela témoigne autant de la privation du carcéral que d’une justice industrialisée. La masse pénale est devenue une ressource naturelle illimitée pour l’industrie de la répression tandis que l’univers carcéral n’est qu’un marché commercial comme les autres.

Ces prison de la « 3ème génération », plus déshumanisantes que les autres, ne sont que des usines du crime, des fabriques de la récidive, et ceux qui en ont la charge, au même titre que l’application des peines, sont les orfèvres de la désocialisation et de l’aggravation pénale. Accomplir ou achever une sentence dans de telles circonstances revient à régurgiter à l’extérieur ce qui a été préalablement infligé intra muros.

Présentement, certain(e)s possèdent une définition trop zélée, trop restrictive, de l’enfermement pour envisager l’amorce d’un quelconque dialogue constructif nécessaire à l’évolution d’un nouveau centre de détention. Dès lors, se dégager de l’emprise délétère des lieux, de par l’insécurité régnante, devient un impératif de survie. Voici plus d’un an que je croupis dans cette ratière et j’ai eu à y voir et à y subir ce que je n’ai jamais constaté ni enduit par ailleurs pendant plus d’une décennie recluse. Depuis son ouverture, cette structure est demeurée une page blanche dont l’introduction fait encore défaut. Ces grands utopistes technocrates pensent pouvoir gérer de lourds profits sur la base d’une jachère intellectuelle et d’une friche physique tant les activités de toute nature sont portion congrue. Je rétorquerai que je ne suis pas disposé à tout accepter du seul fait d’être incarcéré. Ces pervers ruinent tous les réflexes de sociabilité recouvrés par un long travail personnel opéré sur soi-même au fil du temps. Ils ne font que ravager les espoirs et instiller un sentiment haineux, salvateur car moteur de survie.

J’espère que nos lettres seront dignes d’antenne et d’impression. Notre présent dessein est aussi d’informer la population pénale pour éviter ce bourbier dont il est très difficile de s’extraire sans un rapport de force et un prolongement afflictif. J’oserai ajouter que nous sommes les bâtards de l’endroit, comparés aux « people » du quartier maison centrale, à qui toute faveur (par crainte d’une alerte médiatique?) est consentie. On passe là du Carlton au Formule 1. N’y voyez aucune amertune, tout au plus un constat objectif car après tout, une cage dorée n’est demeure pas moins une cage…

Merci de l’attention portée. Prenez soin de vous.

Publié dans Groupe Enquête Prison | Marqué avec , , , , , , | Commentaires fermés sur Lettre de Xavier Valancker, prison d’Annoeullin à l’Envolée, 5.10.12 (G.E.P.)

Michel Vaujour – Ne me libérez pas je m’en charge

Résumé :

Michel Vaujour (né le 16 janvier 1951 à Saint-Quentin-le-Petit, Ardennes) a pris depuis très jeune de lourde peine pour des vols (et plus tard des braquages). Dans ce documentaire M.Vaujour se livre et retrace son parcours.

En 1986, il s’évade de la prison de la Santé à bord d’un hélicoptère détourné par son épouse, Nadine. Cette évasion inspire le film La fille de l’air avec Béatrice Dalle. Il est repris quelques mois plus tard au cours d’un braquage. Il est alors blessé par balle à la tête. Il sort du coma temporairement hémiplégique.

Il est finalement libéré en 2003, après avoir passé 27 ans en prison dont 17 à l’isolement, grâce à l’obtention d’une remise de peine record de 16 années.

Michel Vaujour relate l’enfer de l’isolement avec toute la force qu’il a pu avoir pour les surmonter.

lien vidéo : Ne me libérez pas je m’en charge

Publié dans Vidéos | Commentaires fermés sur Michel Vaujour – Ne me libérez pas je m’en charge

[Fleury-Mérogis] Suite du décès de Gourdana

ne date du 2 novembre 2012

Gourdana est morte hier à Fleury, vraisemblablement d’un problème cardiaque. Les détenues ont manifesté estimant qu’elles n’ont pas un accès convenable aux soins.

Ambiance de mutinerie à la maison d’arrêt des femmes. Hier, près de 80% des 300 détenues de la prison de Fleury ont refusé de dîner pour protester après la mort de Gourdana. Dans l’après-midi, une cinquantaine d’entre elles avaient refusé de rentrer de la cour de promenade. Les équipes régionales d’intervention et de sécurité de Paris avaient dû intervenir pour rétablir l’ordre.

Gourdana, cette prisonnière de 34 ans, incarcérée depuis près d’un an, a été retrouvée morte dans sa cellule vers 7 heures. Une autopsie sera réalisée afin de connaître les causes du décès.L’enquête menée par la gendarmerie devra déterminer s’il n’y a eu aucune défaillance des médecins. Car la veille déjà, en fin d’après-midi, cette mère de famille s’était plainte de maux de ventre et de douleurs thoraciques. A 22 heures, la détenue qui partage la cellule avec Gourdana frappe à la porte pour alerter les surveillants de l’état de santé de son « amie ». Un médecin est appelé mais il ne se déplace pas. Dans la nuit, une deuxième fois les prisonnières demandent à voir un généraliste. Cette fois, un diagnostic est établi en parlant au téléphone avec Gourdana. Les deux détenues se couchent. Et le lendemain la victime est découverte dans son lit avec la peau déjà bleue. Les soins prodigués ne parviennent pas à la sauver.

« Cela arrive que les pompiers soient obligés de faire le travail des médecins », témoigne un surveillant qui confirme le déroulement des faits. « S’il y avait plus de moyens pour les surveillants et les médecins, on pourrait éviter ce genre de drame, avance Gérald Ferjul, délégué syndical Usap-Unsa. Ce qui s’est passé est triste. Cela nous choque tous. » Les médecins et les principaux protagonistes ont été entendus par les gendarmes. « Les conseils du généraliste semblaient avoir soulagé la détenue, commente une source proche du dossier. Pour le moment, rien ne permet de dire qu’il y a eu un problème du corps médical. » L’administration pénitentiaire n’a pas souhaité commenter l’enquête en cours. Par ailleurs, un détenu a eu le doigt sectionné après avoir été mordu par un autre prisonnier jeudi à la maison d’arrêt des hommes. L’agresseur présumé, était libérable la semaine prochaine.

source : Le Parisien.fr 03/11/2012
A voir et lire : http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-mort-d-une-detenue-a-fleury-merogis-8658.asp?1=1
la famille reclame une enquête et porte plainte : http://www.metrofrance.com/paris/plainte-contre-x-apres-le-deces-d-une-detenue-de-fleury-merogis-essonne/mlke!I4JB3JuzvgiUU/

http://www.bfmtv.com/societe/plainte-contre-x-apres-deces-dune-detenue-fleury-merogis-375212.html

Publié dans Actualités, informations, Ils ont été tués | Marqué avec , , , , , , | Commentaires fermés sur [Fleury-Mérogis] Suite du décès de Gourdana

La prison tue !

Début septembre, un homme prisonnier au centre de détention de Bourg en Bresse est décédé d’une crise cardiaque, sans avoir été pris en charge médicalement à temps, malgré ses demandes répétées. Nous relayons ici un texte qui a été publié suite à cela sur divers sites internet, et l’interview audio de sa compagne.
Ces témoignages doivent circuler au maximum.

Un texte ayant circulé sur internet :

« Dans la nuit de dimanche à lundi 2 septembre, un détenu du centre pénitentiaire de Bourg en Bresse, M. LAVANCHY, surnommé « papy », est mort d’une crise cardiaque. Dans l’après midi, d´autres détenus l’ont vu, il tenait son coeur et disait qu’il avait mal. Il se plaignait depuis deux jours de douleurs au coeur, et quand il est allé à l’infirmerie, c´est des efferalgans qui lui ont été donnés.

D’autres prisonniers, très inquiets de son état, ont interpellé la surveillante qui était présente, en disant qu´elle devait prévenir le brigadier, pour que « papy » soit soigné rapidement.

La surveillante dit qu’elle a prévenu le brigadier, que celui ci est allé voir le prisonnier et que comme il était « capable de parler », il a jugé que ce n’était « pas grave ».

« Papy » était en cellule avec un autre prisonnier, qui en voyant son état dans la nuit a tapé à la porte pour alerter les surveillants. Ceux ci lui ont répondu que ce n´était « pas la peine de taper, qu’ils ne viendraient pas plus vite ».

Le lendemain, l’information a circulé que « papy » était mort dans la nuit.

Il ne s´agit pas d’un décès accidentel. L´administration pénitentiaire, qu’il s´agisse des surveillants ou des soignants, ont été informés que son état de santé était grave, qu’il souffrait et était en danger. Ils ont choisi de le remettre en cellule, et l’ont laissé crever, plutôt que d’appeler les pompiers, plutôt que de l´emmener à l’hôpital.

Pour les vies détruites, les humiliations au quotidien, le temps volé, rendons les coups. »

Une interview de la compagne de Monsieur Lavanchy :

Cette interview a été réalisée auprès de sa compagne, dont une amie est également présente (elle intervient à la fin). Elle revient sur les faits, la manière dont elle a été prévenue, et le problème très grave du manque de soins en détention.

Vous pouvez l’écouter ou la télécharger ici

Pour contacter le collectif anti-carcéral Papillon (émission de radio, solidarité avec les prisonniers, publication d’infos et témoignages, etc.) :
émission papillon
16 rue du mont
42100 st-étienne
ou : emissionpapillon (at) riseup.net

http://lenumerozero.lautre.net/article2472.html

Publié dans Prisons | Marqué avec , , | Commentaires fermés sur La prison tue !