D’incidents en incendie

Les incidents se succèdent dans la prison pour sans-papiers du Canet à
Marseille: refus d’embarquement, destructions de matériel, incendie,
résistances individuelles et collectives.
Le centre est surpeuplé, les flics insultent et tabassent quotidiennement.
Les retenus sont gavés de médicaments (anxiolytiques…).

Les tentatives de suicides et les actes d’automutilations sont courants. Lorsqu’ils
résistent aux expulsions, ils sont ligotés et bâillonnés au scotch. La
bouffe est périmée, etc.
La lutte à l’intérieur trouve un écho à l’extérieur: prises de contacts
avec les retenus, relais de la situation, soutien juridique, parloirs
sauvages, rassemblements…

Si nous luttons aux cotés des retenus, ce n’est pas pour obtenir de
meilleures conditions de rétention, mais pour détruire toutes les prisons.
Si nous dénonçons les violences policières, ce n’est pas pour réclamer une
police respectueuse des droits de l’homme. La fonction de la police, c’est
de protéger la violence des intérêts des classes dominantes, c’est de
défendre la violence de la propriété privée, d’empêcher toute tentative de
révolte,  de nous forcer par la peur et la répression à accepter les
règles d’un jeu truqué. La violence de ce système nous la subissons tous
les jours et les gardiens de la paix sont ceux de la guerre sociale contre
les pauvres.

Dans les rapports de domination et d’exploitation capitaliste, les
sans-papiers, sont utilisés par l’Etat patron pour faire baisser le prix
de la main-d’œuvre et niveler vers le bas l’ensemble des conditions de
travail.
Les sans-papiers sont une population utilisée dans le but de normaliser et
faire accepter les dispositifs de contrôle qui s’étendent à toutes les
classes dominées (rafles dans les quartiers, fichiers internationaux,
obligation de se soumettre à tout un tas de formalités
administratives…).

Être solidaire des sans-papiers en lutte, c’est comprendre que nous avons
les mêmes intérêts contre ce système qui nous domine et nous exploite.
Être solidaire des sans-papiers en lutte, c’est se battre contre
l’ensemble des dispositifs de contrôle et de répression que nous
subissons.
Être solidaire des sans-papiers en lutte, c’est lutter contre les
séparations, celles qui font que les pauvres s’entre-tuent pendant que la
domination s’étend.

 

Plus sur : http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org

une brochure à télécharger sur les luttes actuelles : http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/post/2012/09/08/marseille-brochure-lutte-de-crasse/

luttedecras@riseup.net

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A l’intérieur du centre de rétention du Canet ( marseille )

La vie dans le centre :

« Ils nous frappent beaucoup, et ils nous menacent
Ils nous traitent comme de la merde, en ce moment, tous les jours ils fouillent nos cellules, ils nous frappent et foutent tout en l’air, ils ouvrent les cellules à 6h du matin et les ferment à 23h, c’est une cage à poules.
Pendant le ramadan, ils ne voulaient pas donner aux gens leurs médicaments, ils donnent peu de bouffe et même pas hallal, le médecin vient seulement une heure par semaine.
Si quelqu’un proteste, ils lui donnent des cachets et l’isolent dans une
pièce. »
Les expulsions
« Ils ont expulsé François et un autre mec en même temps. Ils les ont
entourés de scotch, et ils les ont expulsés un matin. »
Les coups de pression
« Les gens voudraient s’évader, mais là c’est difficile. Ils ont ajouté
des flics en renfort, il y a beaucoup de surveillance en ce moment, si tu
voyais à quel point c’est surveillé, t’aurais le vertige, y a plein de
flics. »
« Le matin ils m’ont emmené au tribunal, à 8h30, on était trois, ils nous
ont menottés les uns aux autres, j’ai protesté, ils m’ont dit « toi tu
parles beaucoup alors que les autres se taisent » et ils m’ont fait entrer
seul dans un bureau, ils m’ont dit « écoute, attention on connaît tout sur
toi et on connaît tes amis qui sont dehors, on sait tout sur eux, et
bientôt on pourra t’envoyer au Baumettes. »
L’incendie et ses suites
« Samedi, à 21h, après le dîner, un feu a été allumé au deuxième étage, et
le bloc du deuxième étage a brûlé en entier, ils ont mis tous les retenus
de ce bloc dans les deux blocs du bas. Du coup, ils ont mis 3, 4, 5
retenus dans chaque cellule et on dort tous par terre. Ils ont arrêté un
algérien, ils l’ont envoyé aux Baumettes, et il y a des gens qui ont été
mis à l’isolement. Ils sont en train de faire une enquête, à chaque fois
ils mettent quelqu’un à l’isolement et l’interrogent en lui parlant des
images des caméras. Ils les menacent de les envoyer aux Baumettes à cause
de l’incendie. On ne sait pas ce qu’il veulent en faire de ces gens qu’ils
ont mis à l’isolement.
Hier, ils sont venus chercher quelqu’un  dans notre bloc en l’accusant
d’avoir fait passer un briquet avec une ficelle du deuxième étage. On a
dit qu’on avait vu aucun briquet passer dans notre bloc. (…)
Ils nous menacent à longueur de temps, nous fouillent et fouillent nos
cellules. Ils cherchent des briquets. Ils nous disent que si on fait
entrer un briquet, on sera expulsés à coup sûr. Jusque-là on attend, on ne
comprend rien à ce qui se passe. (…)
Ils ont mis en renfort un nombre hallucinant de flics. C’est une nouvelle
équipe, ils ne se comportent pas bien. Toutes les deux secondes ils
interrogent quelqu’un et lui demandent s’il a briquet ou s’il sait qui a
un briquet, et jusque-là on ne comprend rien. »

 

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Samer al-Barq et Hassan Safadi en danger de mort imminente

Ramallah-Jaffa, 2 septembre 2012

L’association de soutien aux prisonniers et pour les droits de l’homme Addameer, Al-Haq et Médecins pour les droits de l’homme-Israël (PHR-IL) craignent pour les vies des trois derniers grévistes de la faim palestiniens détenus par Israël. L’état de santé des détenus administratifs Samer Al-Barq, aujourd’hui à son 104ème jour de reprise de sa grève de la faim qui suit ses 30 jours de grève de la faim précédente, et Hassan Safadi, aujourd’hui à son 74ème de reprise de sa grève de la faim qui suit ses 71 jours de grève de la faim précédente, est extrêmement préoccupant.

Samer al-Barq et Hassan Safadi en danger de mort imminente

Selon l’avocat d’Addameer Fare Ziad, suite à sa visite au centre médical de la prison Ramleh le 30 août, Samer était trop faible pour le rencontrer et n’a pas pu quitter son lit. M. Ziad a rencontré Hassan et son compagnon gréviste de la faim Ayman Sharawna, qui est aujourd’hui à son 64ème jour de grève de la faim. Pendant la visite, Hassan a dit à M. Ziad que lui et Samer avaient été récemment emmenés à l’hôpital Assaf Harofeh où ils sont restés quelques jours étant donné la détérioration de leur état et les médecins les ont informés que leurs vies étaient en danger immédiat.

Hassan est tellement épuisé qu’il est incapable de dormir et il s’évanouit 2 à 3 fois par jour. En raison de la lenteur de son rythme cardiaque et d’une carence sévère en potassium, il a été emmené à Assaf Harofeh du 27 au 29 août pour des examens. Chose troublante, les médecins de l’hôpital lui ont dit que les examens avaient révélé que son niveau d’immunité était tombé à un niveau dangereusement bas, qu’il a du liquide dans les poumons et qu’il a développé des problèmes au foie et aux reins, dont des calculs rénaux. Il a également des douleurs chroniques dans la partie supérieure du torse et articulaires.

Pendant son hospitalisation, Hassan a eu les quatre membres enchaînés à son lit. Quatre soldats sont restés en permanence dans sa chambre où ils ont fait le plus de bruit possible, ils ont mangé et bu dans la pièce. Lorsqu’il leur a demandé d’être plus silencieux, ils se sont tout simplement moqués de lui. Après lui avoir communiqué les résultats des examens, les médecins de l’hôpital ont dit à Hassan qu’il était entièrement responsable de son état puisqu’il refusait de briser sa grève. Addameer, Al-Haq et PHR-IL tiennent catégoriquement Israël pour responsable de l’état actuel d’Hassan et des autres grévistes de la faim.

Pendant sa visite à Ayman Sharawna, M. Ziad a appris que les médecins de la prison ont informé Ayman que sa vie aussi était en danger. En plus d’un niveau immunitaire très faible et d’une cirrhose du foie, il souffre de douleurs articulaires et dorsales aiguës, ces dernières consécutives à une maladie chronique antérieure, et les médecins de l’administration pénitentiaire refusent de lui donner des analgésiques tant qu’il poursuit sa grève de la faim. Ayman dit que la douleur est si intense qu’il n’a pas pu tenir debout seul depuis la mi-août.

Pendant la visite de l’avocat de PHR-IL Muhammad Mahajne le 28 août, Ayman a rapporté qu’il avait constamment des vertiges, qu’il souffrait de violents maux de tête, d’hypertension artérielle et d’une perte de poids extrême d’environ 28 kg par rapport à son poids initial. Ayman a également rapporté qu’il a été emmené à l’hôpital Assaf Harofeh trois fois pendant sa grève de la faim, et qu’on lui a dit qu’il commençait à développer un problème rénal.

De plus, Ayman a indiqué que pendant chacune des hospitalisations, il a été enchainé au lit par trois membres, un traitement humiliant qui était aussi extrêmement inconfortable et qui l’empêchait de bouger dans son lit. Ayman est toujours interdit d’accès à un médecin indépendant et aux visites familiales. Les trois grévistes de la faim sont maintenant détenus dans la même cellule d’isolement à Ramleh.

Akram Rikhawi a interrompu sa grève de la faim le 22 juillet après 102 jours, suite à un accord avec l’administration pénitentiaire israélienne d’être libéré en janvier 2013. Suite à une visite à Akram le 25 juillet, le médecin de PHR-IL a recommandé qu’Akram soit transféré immédiatement à un hôpital public pour y être examiné par un pneumologue. A ce jour, sa recommandation n’a pas été suivie. Encore plus alarmant, Akram a rapporté que l’administration pénitentiaire israélienne a augmenté son dosage de stéroïdes, qu’on lui donne pour traiter son asthme, qui continue d’être une source de préoccupation et est fortement instable malgré le traitement par stéroïdes. Le médecin a souligné que l’asthme est une maladie mortelle dans le cas d’une attaque majeure.

Samer est maintenant le plus long gréviste de la faim dans l’histoire palestinienne. Lui et Hassan ont atteint des stades très critiques de leurs grèves de la faim prolongées, et les médecins ont déclaré qu’ils étaient en danger de mort imminente. Néanmoins, Israël continue non seulement de les priver injustement de leur droit à un procès équitable, mais aussi de les maltraiter, sous forme de brutalités physiques et de tortures psychologiques du service pénitentiaire israélien pour leur faire cesser leurs grèves.

Malgré leur état de santé critique, Samer et Hassan sont toujours privés de visites familiales, d’accès à des médecins indépendants et à des soins médicaux indépendants. Addameer, Al-Haq et PRH-IL sont scandalisés par la pratique de l’administration de n’approuver les visites de médecins indépendants qu’après un jugement de cour, et par le refus de la cour de district de Petah Tikva d’ordonner à l’administration pénitentiaire d’autoriser des visites fréquentes et régulières des médecins indépendants aux grévistes de la faim.

A la lumière de la grave détérioration de l’état de santé des détenus palestiniens en grève de la faim, Addameer, Al-Haq et PHR-Il exhortent la communauté internationale à intervenir immédiatement en leur nom et exigent :

– que les accords des 14 et 15 mai 2012 soient respectés, dont la libération des détenus administratifs à qui il a été promis qu’ils seraient libérés à la fin de leur ordre en cours ;
– l’accès sans restriction de médecins indépendants à tous les grévistes de la faim ;
– le transfert immédiat de Samer Al-Barq et Hassan Safadi, ainsi que tous les autres grévistes de la faim, à des hôpitaux publics ;
– qu’aucun gréviste de la faim soit enchainé pendant son hospitalisation ;
– que tous les grévistes de la faim reçoivent des visites familiales tant qu’ils sont lucides ;
– qu’Hassan Safadi et Samer Al-Barq, ainsi que tous les autres détenus administratifs et que Ayman Sharawna et les autres détenus qui ont été libérés dans le cadre de l’échange de prisonniers d’octobre 2011 soient libérés immédiatement et sans condition.

Source : Addameer

Traduction : MR pour ISM

http://www.ism-france.org/temoignages/Samer-al-Barq-et-Hassan-Safadi-en-danger-de-mort-imminente-article-17322

http://samidoun.ca/

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Sécurité, prison, réinsertion

Notre pays vient de battre un nouveau et lamentable record : 67 000 détenus en prison pour 57 000 places en juillet ! La situation devient impossible à gérer, non seulement au plan humanitaire mais aussi au regard de la loi. De plus en plus souvent, l’État est l’objet de plaintes de la part des détenus à propos de leurs conditions d’enfermement : hygiène, promiscuité… L’État est de plus en plus souvent condamné. Actuellement, l’inacceptable prison de Nouméa défraie cette triste chronique.

Mais, inacceptable est aussi la condition des personnels pénitentiaires condamnés à un exercice professionnel impossible, c’est l’efficacité de la prison qui est en cause. « La prison est un lieu de ravage, y règne la loi de la jungle (vol, menace…). Les détenus en sortent la haine au coeur, avec le désir de se venger de la société. Ce n’est pas normal », a déclaré récemment le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, M. Jean-Marie Delarue.

De ses rapports, il ressort que les détenus, en France, sont deux fois plus nombreux qu’il y a quarante ans, 35 000 à l’époque, alors que la délinquance n’a pas augmenté dans une telle proportion. On a accru les peines. On est de plus en plus sévère. On pratique de plus en plus les petites peines, les trois mois et les peines plancher qui ont souvent pour effet de rompre, pour des délits légers, l’insertion sociale et professionnelle.

M. Delarue précise : « 80 000 personnes entrent, chaque année, en prison ; autant en sortent. Qu’est-ce qu’on en fait ? Il faut une prison où les gens soient traités, respectés comme des êtres humains. Les délinquants doivent être punis, mais ils doivent être réinsérés. C’est aussi le rôle de la prison que de contribuer à cette réinsertion. »

Améliorer la sécurité

Et le Contrôleur des prisons de s’interroger : « Qu’est-ce que produit la prison ? Des malfaiteurs ou des bienfaiteurs ? Que faire ? Construire de nouvelles prisons à un coût faramineux ou trouver des aménagements de peines pour les détenus qui ont moins de six mois de détention à accomplir ? »

C’est à cette question que s’est attelée Mme Taubira, nouvelle garde des Sceaux, mais elle est mal comprise par une société toujours plus désireuse d’une sécurité (…)

Mme Taubira estime que la politique pénale actuelle accroît la récidive. Dans un manifeste, des magistrats et des chercheurs se montrent sévères : « Ce système pénal est un échec, la promesse d’une faillite, c’est une course à l’abîme. » (1)

La garde des Sceaux en est consciente. Très certainement, elle a fait sienne la recommandation du Conseil de l’Europe de janvier 2006 : « Ne placer en détention les délinquants (sauf les criminels) qu’en dernier recours et leur infliger une peine dans la communauté, c’est-à-dire dans la société et non pas en prison. Le condamné aura des devoirs et des obligations et un suivi intense pour éviter la récidive. » (1)

On irait ainsi vers davantage de peines de substitution et, probablement, vers cette peine de probation, sorte de suivi sur mesure, qui éviterait la désocialisation. Les prisons non surpeuplées pourraient alors mieux favoriser la réinsertion sociale des détenus ( … ) 

(1) Le Monde, le 21 août 2012.
source : http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Securite-prison-reinsertion-_3632-2106884_actu.Htm?xtor=RSS-4&utm_source=RSS_MVI_ouest-france&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS
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Béthune: un homme de 23 ans se suicide en prison

Le détenu, sous surveillance après un premier passage à l’acte, est mort mardi 14 Août après-midi à la maison d’arrêt de Béthune.
Le jeune homme de 23 ans était sous surveillance accrue après une première tentative mais est finalement passé à l’acte avec ses draps, a indiqué une source. Des problèmes familiaux seraient à l’origine de son geste. Les secours, prévenus rapidement, n’ont pas pu le réanimer.

 

source : 

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Les kanaks de la prison poubelle de Nouméa inquiètent Christiane Taubira

Deux mutineries ont éclaté dans la prison de Nouméa, en moins d’un mois. Les témoignages des détenus sont accablants sur la situation d’un établissement plus proche d’un bagne que d’une prison.

Lundi 6 aout, la ministre de la Justice, Christiane Taubira a évoqué la possibilité de l’envoi d’une mission sur place.

« Fous le feu ! Fous le feu ! » C’est la fin de la promenade, samedi 4 août, lorsqu’une centaine de détenus de la prison de Nouméa, dit Camp-Est, en Nouvelle-Calédonie, déclenchent une mutinerie dans la cour du centre pénitentiaire. Des palettes prennent feu, une fumée noire s’échappe de l’enceinte du camp. Pompiers et forces de l’ordre se massent devant les grilles de la prison. C’est la deuxième mutinerie en moins d’un mois à Nouméa. La précédente rébellion des prisonniers remonte au 14 juillet.

Ce mouvement spontané a contraint la ministre de la Justice, Christiane Taubira, à prendre position, lundi 6 août. « J’étudie sérieusement l’éventualité d’une mission du ministère de la Justice [à Nouméa] », a-t-elle déclaré, précisant qu’elle ne serait « pas uniquement centrée sur la question pénitentiaire », mais aussi sur le « fonctionnement de la justice en Nouvelle-Calédonie ». La priorité n’en reste pas moins celle du sort réservé aux 480 détenus entassés dans une prison qui ne dispose officiellement que de 226 places.
Que se passe-t-il à Camp-Est pour que les détenus se mutinent, que les tentatives d’évasion soient  si fréquentes et que la justice décide de sanctionner l’Etat français ?

Le mardi 31 juillet, le tribunal administratif de Nouvelle-Calédonie  a en effet donné raison à trente détenus qui poursuivaient l’Etat depuis mars 2012 pour des conditions de détention qu’ils jugent attentatoires à la dignité humaine. L’Etat a été condamné à indemniser les requérants à hauteur de 20 000 francs CFP, soit 167 euros chacun. Depuis, une soixantaine de détenus s’organisent  pour poursuivre à nouveau la France devant la justice.

Dans un rapport très sévère, rendu public fin 2011, le contrôleur général des prisons, Jean-Marie Delarue, jugeait la situation de l’établissement « gravissime », dénonçant la présence de cafards, une chaleur insupportable et des détenus victimes d’une promiscuité dramatique. Certaines cellules abritent pas moins de six détenus pour 12m2. « La situation très alarmante de ces lieux est sans conteste constitutive d’une violation grave des droits fondamentaux des six cents trente personnes qui s’y entassent », pouvait-on lire dans le compte-rendu de sa visite effectuée sur place, en octobre.

Plus édifiants encore, des témoignages de détenus rappellent l’ouvrage d’Albert Londres Au bagne. L’Observatoire international des prisons (OIP) et la Ligue des droits de l’homme en Nouvelle-Calédonie (LDH-NC) ont recuilli, par courrier, les récits des  prisonniers pour monter le dossier de recours administratif. Dans un article intitulé «Camp-Est, bagne ‘post colonial’», certains d’entre eux sont publiés:

« On vous amène de l’eau chaude et du pain vers 6 heures. Une fois que vous avez déjeuné, vous vous recouchez pour laisser la place aux autres à la table, jusqu’à la promenade de 30 minutes qui n’est jamais à la même heure. Ensuite vous regagnez votre cellule. Quand les W.C. sont libres, vous faites vos besoins et vous en profitez  pour vous laver avec un broc au dessus du trou des W.C à la turque avec l’eau des toilettes. Vous passez le reste de votre journée allongé à regarder la télé ou à écouter de la musique aux écouteurs afin de vous isoler des cinq autres détenus. L’après-midi, il y a à nouveau une promenade de 30 minutes, ensuite vous restez enfermé jusqu’au lendemain. Le plus dur, c’est le bruit : cris, hurlements, insultes, menaces, tapage dans les portes en fer, télé 24 heures sur 24, postes de radio mis au maximum. Odeur de chaud, de transpiration, de cigarette, de merde, de pisse. »

Tous évoquent « la chaleur et les rats ». Beaucoup tombent malades. « Depuis que je suis arrivé en 2009, j’ai eu trois « gastro » et la gale. J’ai régulièrement mal au ventre et la courante. La semaine dernière, j’ai eu un traitement pour la leptospirose, maladie due aux rats, » témoigne l’un d’eux. Un autre évoque l’organisation en cellule : «A six dans une cellule, nous disposons de 3,80 m2 pour circuler. Cela oblige tout le temps deux à trois d’entre nous à rester couchés sur nos lits, car nous ne pouvons pas non plus nous asseoir, ces lits étant verticalement séparés de 60 cm».

A en croire l’OIP, la prison accueille en grande majorité de jeunes kanaks «parmi lesquels un tiers sont condamnés pour des peines de moins d’un an (…) 15% pour des faits de conduite en état alcoolique, 28% pour des vols.»

Le dossier Camp-Est n’est pas nouveau. Michel Alliot Marie, ancienne garde des Sceaux avaient déjà promis en son temps  une «restructuration lourde» de la prison. Sans effet. Un projet de rénovation et reconstruction a bien été déposé par l’administration pénitentiaire sauf que la mairie de Nouméa s’oppose à la délivrance du permis de construire nécessaire. Motif : la municipalité souhaiterait récupérer le terrain ciblé par le projet afin d’ y faire construire un site touristique …

Reste à savoir si la mission envisagée par Christiane Taubira permettra d’accélérer les choses. Le syndicat de surveillants FO-Pénitentaire en doute. Dans un communiqué diffusé lundi, il «exige l’accélération des procédures pour la construction d’un nouvel établissement avec un vrai dossier et pas seulement l’envoi sur place d’une énième délégation, qui chercherait à « calmer le jeu », voire à se donner bonne conscience…» En attendant, la prison de Camp-Est continue d’enregistrer un taux de détention d’au moins 40% supérieur à celui de la métropole. Métropole où les prisons n’ont pas (encore) fait parler d’elles cet été mais qui seront l’un des dossiers chauds de la ministre à la rentrée.

En date du 6 aout, source : marianne

 

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ROANNE. Un détenu de 20 ans se pend dans sa cellule

Un jeune homme, âgé de 20 ans, incarcéré depuis l’an dernier s’est suicidé en se pendant vendredi matin, dans sa cellule du centre de détention de Roanne (Loire).

Le jeune homme était libérable en 2015.

Depuis le début de l’année, la situation au centre de détention de Roanne est très tendue(…)

Ainsi lundi, des insultes ont été taguées sur les murs du centre de détention  et une vidéo a été mise en ligne, début juillet, où l’on peut voir une intervention musclée des surveillants.

 

(Source : Le Progrès)en date du 05/08/2012

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RASSEMBLEMENT DEVANT LE CENTRE DE RETENTION DU CANET MARDI 7 AOÛT à 18 H

Pendant que les touristes se prélassent au bord de l’eau , visitent le
vieux port en chantier et sirotent leur pastis en attendant 2013, la
machine à expulser poursuit son cours.
Dans le centre de rétention, la tension monte. Le centre est plein,
environ 120 retenus. En sous effectifs, les keufs demandent des renforts à
la préfecture. D’ailleurs, ils n’autorisent qu’un parloir à la fois.
Depuis 15 jours une grande partie des retenus font le ramadan. Ce qui
implique une modification des horaires (repas à 21h, fermeture des
cellules de 23h à 3h), et une tension palpable à l’intérieur du centre.
Les retenus sont gavés de médicaments, et si malgré tout ils se rebellent,
ils ont droit à une injection.
Ces derniers jours il y a eu des tabassages en règles.

Petite chronologie non exhaustive des événements des derniers jours :

Dans la semaine du 23 au 28 juillet, un retenu se taillade le bras. Il est
amené menotté à l’infirmerie. Le docteur lui fait une piqûre. De retour à
sa chambre, il s’endort pendant 18h.

Dimanche 29 juillet
Expulsion de 13 personnes vers la Tunisie. Départ du centre à 6 du mat. 4
retours volontaires sont embarqués sans difficulté. Parmi les 9 autres,
l’un part en courant dans la cale du bateau où il y a toutes les voitures
de touristes. Il casse une vitre de voiture. Les 8 autres en profitent
pour s’éparpiller dans différentes directions. Les flics n’étant pas assez
nombreux, ils décident de ramener les retenus au centre.

Lundi 30 juillet
Refus d’embarquement d’un marocain par avion.
Un téléphone avec  caméra et appareil photo intégrée est dans le centre de
rétention. C’est un téléphone interdit, afin d’éviter la diffusion à
l’extérieur d’images dérangeantes…  Un retenu, connu dans le centre pour
être une balance, protégé par les flics, leur en parle. Les flics
récupèrent le téléphone, vers 3 h du mat. Les retenus ne se laissent pas
faire. Dans le bordel, un retenu se casse le pied. Comme la police ne veut
pas amener le blessé chez le médecin, les retenus décident d’appeler les
pompiers. Une fois devant le portail, les flics ne laissent pas rentrer
les pompiers. Les retenus insistent à plusieurs reprises pour que les
flics acceptent d’amener le blessé à l’hôpital. Au bout d’un certain d’un
temps, trois flics enfilent des gants, et amènent prétendument le retenu
chez le médecin. En fait ils l’emmènent dans une salle sans caméra et le
frappent.

Mardi 31 juillet
Le soir, du shit est envoyé de l’extérieur dans la cour de promenade. Un
retenu le prend.  Les flics l’identifient à l’aide des caméras. Ils
l’emmènent dans une pièce sans caméra.
Ils utilisent une matraque électrique pour le mettre ko. Une fois au sol,
ils le frappent.
Ce sont toujours les 3 même flics qui agissent, pendant que 2 sont à
l’intérieur et tabassent, le troisième reste devant le porte fermée pour
couvrir ses collègues.
Quand les fics s’en vont, le retenu est au sol inconscient. Ce sont les
autres retenus qui l’évacuent et le réaniment à grande eau.

Régulièrement les flics doivent compter nominativement les retenus. Dans
le centre il y a des interphones qui permettent à la police de faire
l’appel sans avoir à se déplacer. Les interphones peuvent aussi servir aux
retenus pour appeler les flics. Cette nuit, au moins dans un bâtiment,
tous les interphones sont mis hors service par les retenus, ce qui oblige
les flics à se déplacer.

Mardi également, une femme retenue depuis le 29 juin, a été conduite en
urgence à l’hôpital de la Conception où elle se trouve entre la vie et à
la mort, suite à l’ingestion de « substances ».  Après avoir refusé 2
expulsions par avion, elle avait été placée en cellule d’isolement en
attendant une 3ème expulsion prévue pour le mardi.
Dès 19h environ, elle avait appelé sa famille pour lui dire qu?elle
souffrait depuis sa mise à l?isolement de violents maux de ventre, et pour
se plaindre de violences de la part des policiers intervenus pour la
maîtriser. De source médicale, ses poignets  présentent des traces de
menottage, ce qui indiquerait qu?elle a été attachée dans la cellule, et
son visage présentait des hématomes.
Les policiers du Centre n’ont appelé les pompiers qu?à 1h du matin, soit
10 heures après sa mise à l?isolement, et 6 heures après son appel à
l?aide auprès de sa famille.

Mercredi 1er aôut
Les interphones sont réparés. Les retenus les font sonner toute la nuit
pour harceler les flics. Un parloir sauvage a lieu.
A 23h les flics enferment les retenus dans les cellules. Ils enfilent
leurs gants et leurs disent : « rentre dans ta cage ».

Les révoltes éclatent souvent dans les centres de rétention, en France et
partout ailleurs. Depuis quelques jours, c’est à la prison pour
sans-papier du Canet  que les détenus manifestent collectivement leur
ras-le-bol. Ce n’est pas une nouveauté, il y a un an déjà des détenus
avaient tenté de mettre le feu à ce centre de rétention.

Cette fois-ci, ne laissons pas les retenus seuls face à leurs matons !
Seul notre solidarité active peut abattre des murs !

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Pau : une nouvelle plainte déposée après un décès en prison

 

(Archives Jean-Philippe Gionnet)

 

Chantal Favre se bat toujours pour connaître la vérité sur la mort de son fils Fabrice Latapie, décédé d’une overdose à la maison d’arrêt de Pau il y a tout juste quatre ans, le 5 août 2008. Comme elle l’avait annoncé, son avocate, Me Denise Pombielh, a déposé devant le doyen des juges d’instruction une plainte contre X avec constitution de partie civile pour homicide volontaire, homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger.

Elle n’a cependant pas pu saisir le tribunal administratif avant la date anniversaire du décès, comme elle le souhaitait : « Je n’ai toujours pas le dossier pénitentiaire, ni l’intégralité du dossier médical » explique l’avocate. « J’ai été dans l’impossibilité de déposer ma requête, qui doit être complète et surtout à laquelle des pièces aussi importantes doivent être annexées, à cette date symbolique. Le procureur nous avait indiqué que ces pièces étaient sous scellés. Entre-temps, elles ont été restituées à la maison d’arrêt. Nous avons écrit en recommandé, il y a presque un mois. Nous n’avons toujours pas de réponse ».

 

source :http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2012/08/04/deces-en-prison-une-nouvelle-plainte-deposee,1093271.php
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Centre de rétention de Marseille : une femme placée à l’isolement entre la vie et la mort

Une femme de nationalité marocaine, Madame Fatima ASFOUR (39 ans), se trouve actuellement au bloc opératoire de l’hôpital de la Conception à Marseille, avec un diagnostic vital engagé.
Madame ASFOUR, dont la situation au regard du séjour est irrégulière, s’est vu notifier une obligation de quitter le territoire par la préfecture du Vaucluse le 26 juin 2012, décision confirmée par le tribunal administratif le 29 juin. Placée aussitôt au Centre de rétention de Marseille Le Canet, elle a vu son maintien en rétention décidé par le juge des libertés et de la rétention les 1er et 21 juillet.
A deux reprises, les 10 et 18 juillet, Mme ASFOUR s’est opposée à son départ en avion pour le Maroc, refusant de sortir de sa chambre. La préfecture du Vaucluse a décidé d’un nouveau départ le mardi 31 juillet à 9h20 vers le Maroc, avec la mobilisation d’une escorte policière féminine de l’UNESI (Paris).
La semaine dernière, Forum réfugiés avait alerté un officier de police du centre sur la situation de Mme ASFOUR, qui paraissait traumatisée à l’idée de partir et qui à plusieurs reprises a refusé de s’alimenter. Alerté par la famille de l’intéressée, le Consulat du Maroc s’est déplacé au centre avant de saisir la préfecture du Vaucluse d’une demande de réexamen de sa demande de titre de séjour.
Lundi 30 juillet à 15h, Mme ASFOUR a été placée dans une cellule d’isolement.
Mardi 31, la famille et le conseil de Mme ASFOUR ont averti Forum réfugiés du transfert de celle-ci à l’hôpital nord de Marseille. Le lendemain, Forum réfugiés a été informé du développement d’une pathologie grave affectant les reins et le foie, suite à l’ingestion de substances, et d’une proche intervention en vue d’une greffe du foie à l’hôpital de la Conception où elle avait été transférée dans la nuit.
Il ressort également des informations communiquées par son conseil et ses proches que dès 19h environ, Mme ASFOUR avait appelé sa famille pour lui dire qu’elle souffrait depuis sa mise à l’isolement de violents maux de ventre, et pour se plaindre de violences de la part des policiers intervenus pour la maîtriser, et qui à plusieurs reprises ont placé un casque sur sa tête pour la protéger des coups qu’elle se donnait. De source médicale, les poignets de Mme ASFOUR présentent des traces de menottage, ce qui indiquerait qu’elle a été attachée dans la cellule, et son visage présentait des hématomes.
Mme ASFOUR n’a été acheminée à l’hôpital par les pompiers, appelés par la police du Centre, qu’à 1h du matin, soit 10 heures après sa mise à l’isolement, et 6 heures après son appel à l’aide auprès de sa famille. Les témoignages des proches et l’état de santé de Mme ASFOUR, avec un diagnostic vital engagé, laissent supposer que ces dix heures ont été un long calvaire.
On peut en conclure que la volonté d’aboutir à tout prix à l’exécution de la reconduite de Mme ASFOUR au Maroc l’a emporté sur les considérations humanitaires qui auraient dû conduire rapidement le chef de Centre à alerter les secours pour mettre un terme à une situation de souffrance qui a conduit à un danger vital. La lumière sur les conditions du maintien à l’isolement pourra être faite grâce au visionnage, par les autorités habilitées à le faire, des images prises par la caméra située à l’intérieur de la cellule.
Forum réfugiés, qui saisit le Contrôleur général des lieux de privation de liberté de cette situation, rappelle que si la rétention administrative est un moyen légal de coercition pour contraindre les étrangers en situation irrégulière, qui n’en ont pas pris l’initiative, à quitter le territoire français, l’exécution de la mesure d’éloignement ne saurai! t prendre la forme d’un acharnement au péril de l’intégrité des personnes concernées.
En date du 2 Aout par  http://www.forumrefugies.org/fr/Prises-de-position/Espace-presse/Communiques-de-presse/2012/CRA-Marseille-situation-aout-2012>

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