Jeudi 10 MAI : Un énième mort en prison dans le Val-d’Oise : un jeune détenu meurt brûlé dans sa cellule à Osny

Jeudi 10 Mai , un peu avant deux heures, un détenu de la maison d’arrêt du Val-d’Oise, à Osny, a été retrouvé mort dans sa cellule, brûlé. Il pourrait s’être immolé par le feu. L’alerte a été donné par un détenu voisin. La surveillante principale a découvert le détenu en feu. Les secours n’ont rien pu faire.

Son décès a été constaté sur place par les secours qui ont ausculté les autres détenus voisins. Le jeune homme, âgé de vingt ans, qui n’a alerté personne au moment des faits, présentait des antécédents psychiatriques et avait vu un médecin à deux reprises dans la soirée d’hier. Suicide ou accident ? L’origine du feu n’est pas encore déterminée avec certitude par l’enquête.

( source : le parisien )

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Conseils démarche du permis de visite au parloir.

          Le permis de visite s’obtient :

–  soit auprès du juge d’instruction (pour les personnes qui ne sont pas encore condamnés/ les « prévenuEs »)

– soit auprès de la Direction de l’établissement (pour les condamnéEs).

Vous devez envoyer avec la lettre expliquant votre lien de parenté avec la personne ou la nature de vos liens (concubinage, collègue, ami(e), etc.), en joignant deux photographies, une photocopie recto verso de votre carte d’identité ou de votre carte de séjour, ainsi qu’une enveloppe timbrée à votre adresse pour la réponse.

Vous trouverez le formulaire à remplir sur le site : https://www.formulaires.modernisation.gouv.fr/gf/showFormulaireSignaletiqueConsulter.do?numCerfa=13960

D’autres conseils ici : http://prison.eu.org/article3568.html

Les contacts/ adresses des prisons : http://prisons.free.fr/adressesdesprisons.htm

et : http://www.annuaires.justice.gouv.fr/etablissements-penitentiaires-10113/

Le prisonnier pourra appuyer votre demande auprès de l’autorité compétente par un courrier. Sachez que pour de certains prisonnierEs (politiques, classés DPS, etc.), les demandes de permis sont systématiquement refusés lorsqu’ils n’émanent pas de la famille rapprochée (et encore …). Mais faire la demande peut aussi être un moyen d’exprimer sa solidarité ! Et rien n’empêche de la renouveler régulièrement.

Le temps pour obtenir une réponse peut varier. Si cela met plus d’un mois n’hésitez pas à téléphoner régulièrement, soit au bureau du juge d’instruction, soit au service des permis de l’établissement pénitentiaire, afin de savoir ce qu’il en est. Il arrive souvent que la réponse ne soit pas envoyée (et donc non motivée) ou que la prison reçoive le permis avant que vous ayez la réponse. Mais la décision peut prendre beaucoup plus de temps, notamment si une enquête de police est faite sur vous. Normalement, vous devez donner votre consentement à ce qu’on effectue cette enquête lorsque vous faite votre demande auprès de l’établissement pénitentiaire (formulaire à remplir).

Ne prenez pas peur dans le cas de l’enquête de « moralité » vous recevrez un courrier qui vous demande si vous êtes d’accord avec cela afin d’obtenir le permis de visite. Toutes ces démarches ont pour but de décourager les personnes à pouvoir voir leurs proches. Ne vous laissez pas intimider. N’hésitez pas à obtenir conseils à un avocat si vous craignez trop l’enquête mais dans la plupart des cas cela ne va pas plus loin qu’un interrogatoire sur votre situation (dans la plupart des cas lors d’une convocation au commissariat ).

Les enfants doivent également avoir un permis de visite, même si dans certains établissements le livret de famille peut suffire pour les plus jeunes (se renseigner auparavant).

Le parloir :

Dans la quasi-totalité des prisons, il faut réserver les parloirs. Il ne vaut mieux pas s’y prendre la veille, car les standards sont souvent saturés et les plannings risquent d’être déjà complets. Mais on ne peut rarement réserver plus d’une semaine à l’avance, également par téléphone. Les jours et les horaires des parloirs sont différents selon les établissements.

Si vous venez de loin, la personne incarcérée pourra demander, par courrier auprès du service des parloirs et/ou auprès de la Direction, un « parloir double » (c’est à dire d’une durée doublée). Dans beaucoup de prisons, un parloir double est attribué systématiquement une fois par mois à tous ceux qui font la demande : ça vaut toujours le coup d’essayer !

La visite prend souvent beaucoup plus de temps que prévu, car il faut attendre l’appel pour entrer dans la prison, passer sous un portique détecteur de métaux (songez-y avant car cela peut être stressant et humiliant d’avoir à se dévêtir dans ces circonstances), et après le parloir, encore de l’attente : comptez, en maison d’arrêt, 1h½ en plus du parloir lui-même.

Les parloirs ne sont jamais pareils, et sont parfois particulièrement sordides (comme à Fresnes). Dans la plupart des maisons d’arrêt modernes, c’est une cabine (1m2 pour les plus petites) avec deux portes vitrées (une côté détention, l’autre côté famille) avec quelques chaises et une table. Les surveillant(e)s passent régulièrement « mater » aux portes.

Dans certains parloirs, il y a un muret entre le/a détenu(e) et ses proches. Dans d’autres, ce ne sont pas des cabines, mais des espaces aménagés, c’est à dire que les familles sont séparées par des cloisons d’un mètre de haut environ, et donc il n’y a réellement aucune intimité. En général, les parloirs sont aussi surveillés par des caméras (ça arrive qu’une caméra soit exactement braquée sur votre parloir, c’est gênant, mais c’est malheureusement fréquent).

Vous pouvez venir à plusieurs au parloir, mais renseignez-vous auprès de l’établissement car cela varie (de trois à cinq personnes…).

Vous n’avez le droit de ne rien apporter au parloir (certaines prisons, depuis la canicule, acceptent qu’on apporte une bouteille d’eau, qui est humée par le surveillant avant l’entrée, idem pour les biberons…), mais vous verrez vous-même que la pratique est un peu différente… Par contre, c’est au moment du parloir que vous pouvez récupérer le linge de votre proche ou lui en apporter. Vérifiez toujours les listes de ce que vous donnez ou de ce que vous reprenez, en cas de contestation ultérieure…

Mais n’oubliez pas qu’au parloir, les murs ont des oreilles !

Que faire en cas de refus de permis ?

Souvent déçu(e)s ou humilié(e)s en cas de refus de permis, les proches de prisonnierEs n’utilisent pas toujours tous les moyens de recours existants. Peut-être que leur utilisation systématique par chacun d’entre nous obligera, à l’avenir, les juges d’instruction et les directeurs de prisons à justifier leurs décisions…

Si le refus émane du Juge d’instruction (prisonnier prévenu) :

Seuls les membres de la famille peuvent faire un recours. La contestation de la décision de refus d’accorder le permis doit se faire dans les dix jours après la notification, devant le Président de la Chambre de l’instruction. Il devra statuer dans les 5 jours par une décision écrite et motivée. Cette décision n’est pas susceptible de recours (article 145-4 du Code de Procédure Pénale). Si le Président de la Chambre d’Instruction annule la décision du juge d’instruction, c’est lui qui délivre le permis de visite.

Si le refus émane du Directeur de la prison (prisonnier condamné) :

Il faut refaire la demande au Directeur, puis effectuer un recours hiérarchique (c’est à dire re-refaire une demande par courrier auprès du Directeur régional de l’Administration Pénitentiaire en mentionnant le refus précédent). Si le refus persiste, il faut faire un recours devant le tribunal administratif dans les deux mois. Ce recours peut s’appuyer sur l’article D-404 du Code de Procédure Pénale et sur l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme.

Les colis :

Inutile d’envoyer un colis, il ne sera pas remis au prisonnier. Au moment de Noël, il est possible d’apporter des colis avec de la nourriture (limité à 5 kilos). Il y a souvent beaucoup de restrictions (les produits avec de l’alcool sont interdits, mais aussi selon les établissements : les piments, les viandes en sauce, etc.) et il faut respecter certaines règles (dénoyautage des fruits secs, découpage des fromages, pains, etc.).

Dans tous les cas, il est primordial de se renseigner auprès de l’établissement pour connaître les modalités particulières.

Et si vous n’arrivez pas a avoir de nouvelles de votre proche harcelez la SPIP de l’établissement pénitentiaire ( voir sur le lien adresse des prisons plus haut ).

Quoi qu’il en soit le mot d’ordre face à ces institutions c’est : ne lâchez pas l’affaire !

Force et courage à tous.

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X., envoyé en centre de rétention en sortant de l’hôpital

Etre en rétention n’est pas marrant en soi. Mais s’y trouver en sortant de l’hôpital, opéré suite à une vertèbre brisée et une greffe osseuse est encore plus délicat. Pas de chocs, pas de déplacements rapides, pas de bousculades… Compliqué dans un centre de rétention de remplir ces considérations médicales.  X. est arrivé après avoir été interpellé au guichet de la préfecture où il venait demander le renouvellement de son récépissé. Il ne savait pas qu’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) avait été prise contre lui. Parent d’un enfant français, payant chaque mois la pension alimentaire à la mère, accidenté du travail, il n’aurait songé un seul instant être ainsi conduit manu miliatri dans un centre de rétention en attente de son éloignement. Impossibilité de le reconduire dans son pays  Les points de suture n’étaient pas encore enlevés qu’il arrivait au centre. Deux heures après, le médecin inspecteur de santé publique attestait de l’impossibilité de le reconduire dans son pays d’origine. Décision rapide, urgente, sans appel.  Et pourtant… Vendredi en fin d’après-midi, la rétention se poursuivait. Samedi, malgré les relances téléphoniques à la Préfecture, X était toujours enfermé. Dimanche, idem. Lundi, la préfecture annonce son refus de le libérer.  Requête en urgence auprès du juge des libertés qui s’auto-saisit de la situation :      « […]

Attendu qu’en dépit d’une demande réitérée à l’audience, Monsieur le Préfet n’a pas communiqué au juge des libertés et de la détention (JLD) le certificat dressé par le médecin de l’ARS dont le retenu déclare qu’il contiendrait un avis défavorable à l’éloignement de l’intéressé en raison de l’impossibilité pour celui-ci d’obtenir les soins que nécessite son état de santé…      Une telle carence prive le JLD, gardien des libertés individuelles, de la possibilité de vérifier immédiatement si le médecin de l’ARS a émis ou non un avis défavorable… »  X. est libéré, après plusieurs jours de risques inutiles et un incompréhensible refus de l’administration de fournir au juge ledit certificat médical.

 

source : rue 89/A. Lombre/travailleur en rétention

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Infos et petites recettes pour les proches de détenu-e-s

On est rarement préparé à l’incarcération d’un proche. Et il y a subitement une multitude de problèmes qui surgissent… Je ne vous fais pas de dessin…Alors cette petite brochure donne des réponses aux premières questions (toujours angoissantes) que se pose toute personne pour qui le monde carcéral est – encore – inconnu.

Mais s’il n’y avait qu’un conseil à donner, ce serait celui-ci : ne pas rester isolé(e). La raison d’exister de la prison est de briser les liens sociaux et amicaux, les solidarités naturelles entre les individus. Avoir un proche en prison, ce n’est pas une honte. La honte, elle est pour les juges, les politiques, les flics, les matons, etc. et pour tous ceux/celles qui croient que les méchant(e)s sont uniquement derrière les murs.

En allant au parloir, vous verrez souvent que les familles se parlent peu, restant chacune dans leurs problèmes, alors qu’on est tou(te)s confronté(e)s aux mêmes galères, qu’on passe tou(te)s par les mêmes phases de découragement, de haine, d’espoir…

Rompez le silence, n’hésitez pas à solliciter l’aide des autres et lorsque vous serez un(e) habitué(e) – même si je ne vous le souhaite pas ! – à aider les autres… La parole est un premier acte de résistance et l’information permet de mieux résister… N’oubliez pas que pour celui/celle qui est incarcéré(e), les premiers jours sont très difficiles… ce n’est pas le moment qu’il/elle se sente lâché(e) par ceux qui sont dehors !

Premières démarches…

L’arrivée en prison.

A son arrivée en prison, toute personne doit avoir un entretien avec un membre du service social – SPIP, c’est à dire Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation – (et aussi un médecin). Celui-ci peut prévenir les proches, mais dans beaucoup de cas, il ne le fera pas (j’m’en foutisme du travailleur social, interdiction du juge, etc.). C’est donc à vous d’agir, car il y a beaucoup de choses que vous pourrez faire très rapidement pour votre proche dès que vous connaîtrez l’endroit où il/elle est incarcéré(e) (une Maison d’arrêt s’il est prévenu ou condamné(e) à une peine inférieure à deux ans, un Centre de détention s’il est condamné à plus de deux ans, et une Centrale si c’est une longue peine).

La première chose à faire, c’est sans doute de téléphoner à la prison et de demander le service social/SPIP. Vous pourrez alors obtenir les informations suivantes :
- le numéro d’écrou et de cellule de la personne (les premiers jours, les prisonnierEs sont placés dans des cellules dites « arrivants » et changent donc ensuite d’affectation, mais pas de numéro d’écrou) : ces informations permettent d’avoir l’adresse complète pour les courriers et surtout les mandats. – le nom de la personne du SPIP chargée du dossier de votre proche. Cela vous permettra d’entrer directement en contact avec elle par la suite en cas de difficultés rencontrées par votre proche ou par vous-même. En moyenne, les travailleurs sociaux s’occupent d’une centaine de personnes, ils/elles sont donc surchargé(e)s, ceci dit sans oublier la désinvolture de beaucoup d’entre eux/elles. Ne surestimez donc pas trop l’aide qu’ils/elles peuvent apporter.

Si vous arrivez à joindre le travailleur social qui a vu votre proche pour l’entretien d’arrivée, vous pouvez lui demander des nouvelles générales (« il/elle va bien », etc.) et lui demander de dire à votre proche que vous avez appelé et également donner des messages généraux (« ses enfants sont chez x », « on t’apporte des vêtements demain », etc.) Ce n’est évidemment pas certain que le message lui parviendra. Vous pouvez également demander à la prison (au service des parloirs) :

- les conditions pour apporter du linge : généralement, les quinze premiers jours, il est possible d’en apporter sans avoir de permis de visite. Il est préférable de connaître le règlement particulier de chaque prison avant de s’y rendre, même si sur place vous découvrirez probablement d’autres subtilités du règlement (dans certaines prisons, on ne peut pas apporter plus de 5 tee-shirts, par exemple).
- les jours et horaires des parloirs. Chaque établissement a ses propres règles. En Maison d’arrêt, le parloir dure entre 30 min. et une heure. Les prévenu(e)s ont droit à trois parloirs par semaine, et les condamné(e)s à un parloir minimum par semaine. En établissement pour peine (Centre de Détention ou Centrale), les parloirs sont souvent plus longs et plus nombreux. – s’il y a une association d’accueil des familles et leur numéro de téléphone.

Les accueils des familles et des proches.

Dans beaucoup d’établissements pénitentiaires, il y a un accueil pour les proches, sous des formes diverses : salle d’attente, garde des enfants pendant le parloir, hébergement (pour une somme modique) des proches venant de loin et transport depuis la gare ou l’aéroport le plus proche, soutien psychologique, etc. Ces accueils sont tenus normalement par des bénévoles, donc indépendants de l’Administration Pénitentiaire, même si, dans certains endroits, on pose beaucoup de questions… Méfiez-vous notamment des salles d’accueil, elles sont sous surveillance (caméra et micro) de l’Administration Pénitentiaire (c’est réglementaire !).

Ces bénévoles pourront vous renseigner sur :
- les moyens d’accès à la prison (notamment par les transports en commun) ;
- le règlement concernant le linge, les livres, les demandes de parloir, etc. car il vous sera souvent difficile d’obtenir ces infos de l’Administration Pénitentiaire elle-même…

Dès que possible, je vous conseille :
- d’apporter du linge. Même si le/a prisonnierE pourra récupérer des vêtements propres (mais souvent d’occasion) en détention, ceux que vous lui apporterez lui montreront aussi qu’on s’occupe de lui/elle dehors. Les premiers jours d’incarcération sont souvent les plus difficiles, c’est donc important que la personne ne se sente pas abandonnée. Ces vêtements ayant une odeur familière sont donc importants. Il faut apporter ces vêtements sans délai, car dans la plupart des prisons, il n’est possible de le faire sans permis de visite que la première quinzaine d’incarcération. Il n’est pas toujours possible d’apporter des chaussures, mais les tongues sont très utiles en détention (pour les douches). Les vêtements sont fouillés et passés aux rayons X.

- vous pouvez également apporter des livres (plutôt de poche et de manière générale de petit format et sans couverture rigide). Il y a  de la censure partout en prison : faites attention aux livres et revus trop « politiquement incorrect…   il peut aussi avoir des problèmes avec des livres en langue étrangère, il leur faudra vérifier le contenu, et cela peut prendre du temps. Dans beaucoup de prisons, il est demandé aux détenu(e)s de faire une « demande d’autorisation » pour faire entrer des livres auprès de la Direction, cette demande étant systématiquement accordée. C’est au vu de cette autorisation, remis aux surveillant(e)s du service des parloirs, que les livres pourront rentrer. Vous pouvez apporter des revues et des journaux (souvent uniquement ceux qui ne sont pas cantinables, et donc les quotidiens et les grands hebdos ne passent pas). Mais là encore, le règlement varie selon les prisons (et le maton de service).

- d’envoyer un mandat. En prison, tout se paye : la télé, le savon, le PQ… et même si des plateaux-repas sont servis, ils ne sont pas forcément savoureux… Cet argent lui permettra de se procurer des aliments complémentaires, de louer une télé (environ 10 euros par semaine), d’acheter un poste de radio, d’acheter un appareil pour faire bouillir l’eau, des clopes, etc. Sans oublier qu’en prison, tout est plus cher que dehors.

- de lui écrire, afin qu’il/elle sache que ses proches sont informés de sa situation et de le rassurer éventuellement (en prison, on a beaucoup de motifs d’angoisse…). Beaucoup de prisonnierEs aiment avoir des photos de leurs proches, des lieux qu’ils/elles aiment. Si le début de l’incarcération est un moment difficile, l’envoi de photos peut, pour certain(e)s apporter un peu de réconfort… Les photos sont autorisées dans les courriers. Pensez à joindre des timbres et des enveloppes, afin qu’il/elle puisse faire des courriers sans avoir à les acheter en détention (ce qui prend du temps). Si la personne que vous soutenez est particulièrement isolée, vous pouvez lui indiquer (car les travailleurs sociaux ne le feront pas systématiquement) qu’il peut :
- de demander un visiteur de prison (bénévole qui vient discuter avec les détenu(e)s les plus isolé(e)s) auprès du service social ;
- de trouver des correspondant(e)s auprès du Courrier de Bovet ou de Ban Public.

– nous contacter :Groupe Enquête Prisons, Syllepse, 69, rue des Rigoles, 75020 Paris/ Contact : geprison@riseup.net et 06 69 97 89 71.)

 

Si il/elle est atteinte d’une pathologie grave ou s’il est usager de drogues, si vous êtes inquiet de la façon dont il/elle va pouvoir suivre son traitement, faites appel aux associations spécialisées dans le domaine, qui disposent de groupe s’occupant plus particulièrement des personnes incarcérées. Vous pouvez notamment contacter Act-Up, Sida infos service ou l’ASUD. Ils pourront vous renseigner utilement. Sachez qu’il est très difficile d’arriver à joindre les médecins qui travaillent en détention : malgré leur indépendance depuis 1994 de l’Administration Pénitentiaire, on a parfois l’impression qu’ils portent eux aussi l’uniforme…

Si il/elle est étranger(e) et menacé(e) d’expulsion, prenez très vite contact avec des associations de soutien et des juristes (GISTI, CIMADE, etc.) ou avec des groupes de lutte (Comité Anti-Expulsions) pour connaître exactement les démarches à effectuer et les recours possibles. Le service social de la prison ne fera en général rien…

Si il/elle a des enfants, et que personne ne peut les emmener au parloir, prenez contact avec le Relais Enfants Parents. Ils peuvent le faire (bénévolement), mais sous certaines conditions (absence de retrait de l’autorité parentale notamment). Dans quelques prisons, il y a des parloirs spécialement aménagés pour les enfants.

Il n’est pas simple d’emmener un enfant au parloir, surtout si c’est la première fois également pour vous. Avant de prendre une décision, essayez de vous rendre d’abord au parloir vous-même et prenez en compte l’âge de l’enfant, sa personnalité, etc. et l’avis de la personne incarcérée (c’est dur aussi, pour le/a détenu(e), de voir son enfant dans un pareil lieu…). Une seule chose est sûre : évitez de cacher la vérité aux enfants (ils comprennent souvent beaucoup plus qu’on ne croit), même si elle est dure, prenez le temps d’expliquer avec des mots simples ce qui se passe.

L’avocat(e) : Question difficile. Entre les avocat(e)s qui ne viennent jamais voir leurs client(e)s en détention, ceux qui prennent de l’argent et ne s’intéressent pas ensuite à l’affaire, c’est parfois le parcours du combattant. Et ce n’est pas parce qu’un avocat passe souvent à la télé et qu’il a des tarifs très élevés qu’il fera du bon travail. Le mieux est de se faire recommander un avocat(e) par quelqu’un qui a déjà été défendu par lui/elle. Si la personne a des revenus inférieurs à 770 euros, elle pourra bénéficier d’un avocat commis d’office (et avec des revenus inférieurs à 1 150 euros, d’une prise en charge partielle), même si elle est en situation irrégulière. La demande doit être faite auprès du Bureau de l’aide juridictionnelle dont l’adresse doit être affichée en détention. L’avocat(e) peut visiter autant qu’il/elle le souhaite son client en détention, et sa correspondance est confidentielle (les lettres ne peuvent pas être ouvertes par l’Administration Pénitentiaire ou le Juge d’instruction).

Maintenir les liens avec le/la prisonnier(E) : le courrier & la censure, les permis et le parloir, les radios…

 

Les lettres.

Pour un prisonnier, une lettre, quelques mots, une carte postale, une photo… c’est un geste énorme. Recevoir du courrier est, pour la plupart des personnes détenues, une grande joie. Non seulement c’est un signe que, dehors, des personnes pensent à eux, mais c’est aussi, pour les prisonniers en lutte, un moyen de montrer à l’Administration qu’ils ne sont pas seuls : ça n’évite pas les brutalités et autres vexations, mais les maton(ne)s savent que le prisonnier est en contact avec l’extérieur… Si vous prenez l’initiative d’une correspondance avec un(e) détenu(e) que vous ne connaissez pas bien, renseignez-vous auparavant sur sa situation, afin de ne rien écrire qui pourrait le compromettre. Une plaisanterie, ça peut être mal interprétée par l’Administration ! Une bonne règle est de se conformer au ton avec lequel répondra le/a prisonnierE… Même si certain(ne)s veulent qu’apparaissent sur l’enveloppe  » prisonnierE politique  » ou sont avides de discussions politiques, n’en prenez pas l’initiative.

Vous avez le droit d’écrire tous les jours, ainsi que le/a détenu(e)s. Par contre, ce qui est interdit est de « coder » les lettres (écrire en hiéroglyphes, par exemple), et si vous n’écrivez pas en français (et surtout si c’est dans une langue « rare »), les lettres mettront plus de temps car il faudra qu’elles soient (peut-être pas systématiquement par la suite) traduites.

Les lettres sont systématiquement ouvertes et lues avant d’être données à la personne. Le ramassage du courrier des détenu(es) se fait le matin. Elles sont fermées après leur lecture. Le courrier des prévenu(e)s passe par leur juge d’instruction.

Les lettres peuvent être retardées ou retenues, alors indiquez bien la date à laquelle vous postez votre courrier : cela permettra au prisonnier de la retrouver ou de constater le retard… Numéroter toutes les pages, des fois qu’elles s’envoleraient… Si vous envoyez un tract, (encore une fois, une certaine prudence s’impose) écrivez au verso une lettre : cela évite parfois une saisie ! Je vous conseille d’inscrire à l’intérieur de l’enveloppe, le contenu exacte de votre courrier : nombre de pages, éventuellement de timbres, photos, etc. Ce n’est malheureusement pas imparable contre les vols, mais ça laisse une preuve.

Censure : Le droit et quelques astuces

Il arrive souvent, lorsqu’on joint aux courriers des tracts, des coupures de journaux, des communiqués d’autres prisonniers, etc. que ce genre de document soit retenu (« censuré »). Selon le Code de Procédure Pénale (art. D. 415 et D. 416), ainsi que la circulaire du 19 décembre 1986, les lettres peuvent être retenues si elles  » contiennent des menaces précises contre la sécurité des personnes ou celle des établissements pénitentiaires « , ou si elles servent à des  » trafics, tractations, ou paris « .

Selon les textes cités précédemment, l’administration doit prévenir le détenu de la retenue du courrier, et s’il est possible (notamment si l’adresse de l’expéditeur figure dans le courrier), elle doit réexpédier le texte saisi.

Pour finir, la décision de retenue est susceptible de recours devant le Tribunal Administrative. Avant de faire ce recours, il faut faire un recours gracieux au directeur (tout simplement lui rappeler les termes de la loi et en quoi la retenue est une erreur d’appréciation, et lui expliquer qu’il lui est possible de revenir sur sa décision avant que vous entamiez la procédure – même si vous n’avez pas l’intention d’en arriver là…).

Lorsque vous craignez une retenue du courrier, mettez votre adresse sur l’enveloppe, cela fera un argument supplémentaire lors d’un éventuel recours, devant le directeur ou le Tribunal Administratif, car (par expérience) il est rarissime que l’administration pénitentiaire prenne la peine de renvoyer le courrier…

Je vous conseille aussi d’écrire sur tous les textes susceptibles d’une censure abusive une mention du genre « selon le Code de Procédure Pénale (art. D. 415 et D. 416), ainsi que la circulaire du 19 décembre 1986, la retenue de ce texte est illégale ». Cela suffit souvent pour effrayer une administration qui a des habitudes de censure sans connaître le droit !

( article sur le permis de visite et le parloir à suivre )

Les mandats.

Toute personne ayant un permis de visite est autorisée à envoyer de l’argent par mandat cash (sinon, il faut en demander l’autorisation au directeur de la prison, mais souvent le règlement n’est pas appliqué, surtout si la personne vient d’être incarcéré).

Le mandat cash s’envoie d’un bureau de poste. Il pourra vous être demandé votre carte d’identité (ou carte de résident). Vous devez remplir un imprimé et payer en espèces (le montant du mandat plus 5,60 euros si vous envoyé jusqu’à 150 euros, un peu plus au-delà), et le guichetier vous remettra le volet 1 et 3 de l’imprimé. Transmettez le premier volet au destinataire pour qu’il puisse faire valoir ses droits auprès de l’Administration et gardez le reçu en cas de contestation. Indiquez bien les coordonnées du bénéficiaire. Ce n’est pas la peine de donner le numéro d’écrou , ça peut déstabiliser l’ordinateur de la Poste qui n’est pas conçu pour…

N’envoyez jamais d’argent liquide, et évitez les chèques qui sont rarement acceptés par les établissements. Dans certains endroits, il est possible de remettre de l’argent liquide auprès du service comptable. Par ailleurs, les mandats sont limités à 180 euros par mois. Au-delà, sachez que votre proche ne percevra pas l’intégralité de la somme envoyé : 10% est réservé aux parties civiles et 10% est déposé pour le « pécule de libération » (et comme son nom l’indique, ne sera disponible qu’à la libération).

Normalement, cette répartition des mandats dépassant les 180 euros ne s’applique qu’aux prévenus et condamnés dans les maisons d’arrêt. Pour les condamnés dans les centres de détention et les centrales, si l’expéditeur du mandat est inconnu, l’administration peut verser le montant au Trésor public.

Au moment des fêtes de fin d’année, le plafond des mandats est doublé.

Vérifiez auprès de l’Administration.

Aide sociale

Il n’existe pas de Revenu Minimal Carcéral, et la détention s’accompagne généralement de la fin d’un certain nombre d’aides sociales, alors même que pour les proches, il faut envoyer des mandats, payer les transports pour aller au parloir, souvent payer aussi un avocat… Prenez le plus rapidement possible rendez-vous à votre Caisse d’Allocations Familiales (CAF) et auprès d’une assistante sociale du Centre d’Action Sociale de votre quartier ou de votre ville. La mairie peut vous orienter auprès des services compétents.

La sécurité sociale

Même si vous n’avez pas personnellement la qualité d’assuré social, vous pouvez continuer à bénéficier de la protection sociale d’un détenu(e). Les prestations en nature délivrées par la caisse d’assurance maladie sont maintenues aux familles dont le père, la mère, le mari ou l’épouse est incarcéré(e). Les remboursements des frais médicaux sont aussi pris en charge.

Les prestations en nature et en espèces de l’assurance maternité sont également maintenues aux familles dont le mari ou le père est incarcéré. Renseignez-vous à la caisse de la sécurité sociale où se trouve votre dossier. Cette caisse vous indiquera toutes les pièces à lui fournir afin de conserver ces droits. Les prestations familiales sont maintenues. Demandez à l’établissement pénitentiaire un certificat de présence (c’est à dire que votre proche est bien incarcéré) qui vous permettra de continuer à les percevoir.

Le RSA ( revenu ( minimum) de  » solidarité active » !!! )

Tout(e) détenu(e) depuis plus de deux mois ne peut plus percevoir le RMI. Normalement, l’administration prévient la CAF. Si le/a détenu(e) est marié, en concubinage, etc. la CAF va examiner la situation des personnes qui étaient à sa charge, mais le/a prisonnierE n’est plus considéré(e) comme membre du foyer.

L’Allocation Adulte Handicapé (AAH)

Lorsqu’une personne bénéficiaire de l’AAH est incarcérée depuis plus de 45 jours, son allocation est habituellement réduite à 12% de son taux mensuel. Le complément d’AAH, versé pour les personnes disposant d’un logement, n’est plus accordé.

Langage des prisons :

La prison (la taule, la zonzon, le placard, le trou, le ballon…), c’est aussi des mots, un vocabulaire spécifique… Alors voici quelques rudiments !

Auxi : terme qui désigne les détenus qui travaillent au service général. Le service général emploi des détenu(e)s aux travaux d’entretien de la prison ou à diverses autres tâches, comme la distribution des repas (« auxi-gamelles »). Synonyme : « être classé ».

Bricard : nom donné aux surveillants gradés. Se distinguent des simples matons par leurs barrettes jaunes (sur l’épaule de l’uniforme).

Baveux : nom donné aux avocats. Synonyme : un « pingouin », un « bavard ».

Cantine : système de vente aux détenus par l’administration pénitentiaire (alimentation, produits d’hygiène, papeterie, etc.), plus chère que dehors.

Détenu Particulièrement Signalé (D.P.S.) : désignation établie par les magistrats ou l’administration pénitentiaire en fonction du chef d’accusation (comme la participation à un groupe terroriste) ou d’un certain comportement (agression, évasion, etc.). Ces détenus font l’objet d’une escorte par la force de police lors des déplacements extérieurs, et sont accompagnées dans leurs déplacements à l’intérieur de l’établissement.

Gamelle : nom donné aux repas servis par la prison. Pas de commentaire sur sa qualité !

Greffe : service de l’administration qui consigne les dossiers des détenu(e)s : le montant disponible sur leur pécule, leurs condamnations, leurs remises de peine, etc.

Pécule : nom donné au compte du détenu(e), sur lequel sont placés les mandats reçus et le peu d’argent gagné en travaillant (les salaires en prison représentant 20% du SMIC !).

Prétoire : instance disciplinaire de la prison, qui condamne notamment à la cellule disciplinaire/mitard. Certaines fautes sont également passibles des juridictions ordinaires (agression de personnel, tentative d’évasion, détention de drogues, par exemple).

Prévenu(e) : désigne une personne qui n’est pas encore condamnée (et pas toujours prévenue des usages de la prison…).

Quartier disciplinaire (mitard) : cellules de punition. Le/a détenu(e) y reste seul(e) pendant la durée fixée par le chef d’établissement, dans la limite de 45 jours. Il/elle est alors privé(e) des visites, des parloirs, des activités socio-culturelles et des promenades.

Quartier d’isolement (QI) : cellules où les détenus sont placés sur décision – n’ayant théoriquement pas un caractère disciplinaire – du chef d’établissement par mesure de précaution (détenu(e) suspecté(e)s de délits/crime à caractère sexuel, ancien(ne)s flics, maton(ne)s, etc.) ou de sécurité (candidat(e)s à l’évasion, meneur/ses, etc.), ou à la demande du détenu(e). Sauf prolongation par le directeur régional, sa durée ne dépasse pas trois mois. Les Quartier de Haute Sécurité (Q.H.S.) et les Quartiers de Sécurité Renforcée (Q.S.R.), créés en 1975 et supprimés en 1982, suite à une forte mobilisation, ont dans la plupart des prisons été remplacés purement et simplement par des QI.

Toto : appareil (artisanal) pour chauffer l’eau, et donc par bain-marie les plats.

Yoyo : système de ficelles permettant aux détenu(e)s de passer des messages et/ou des objets d’une cellule à une autre. Interdit, mais se pratique partout.

Petite chronologie des réformes :

1948 : La punition de privation de droit de visite et de correspondance est supprimée. Elle persiste toujours lorsque le/a détenu(e) est au mitard ou lorsque suite à un incident au parloir (comportement jugé indécent notamment), le permis est suspendu.

1949 : La vente en cantine de quelques revues est autorisée

1971 : Le 12 novembre, par une circulaire, le Ministre de la Justice Pleven supprime les colis de Noël jusqu’alors tolérés. Du 5 au 13 décembre, l’insurrection à la maison centrale de Toul se termine par un assaut des gardes mobiles et le transfert dans d’autres prisons des trois quarts des prisonniers.

1972 : Le 23 octobre, une note de service rétablit la tolérance sur les colis de Noël. Le décret du 19 septembre instaure les quartiers d’isolement et autorise les parloirs libres : c’est la carotte et le bâton. Le 24 avril, un décret officialise l’institution dans chaque établissement d’une commission d’application des peines et apporte d’importantes modifications au régime de l’exécution des peines : sont pris en compte le maintien des liens familiaux, la possibilité de contacts avec l’extérieur, le droit à l’information et l’accès à des activités socioculturelles.

1974 : La circulaire du 23 août fait disparaître les limitations de correspondance aux condamnés (ils n’avaient droit qu’à trois lettres par semaine écrites chacune sur une feuille recto verso). Par ailleurs, les détenus sont autorisés à se marier sans restriction. Y a pas que les gens dehors qui ont le droit d’être ringards, na !

1975 : La réforme pénitentiaire permet une certaine libéralisation des conditions de détention : assouplissement des conditions d’obtention des parloirs et augmentation de leur fréquence, autorisation de la radio en cellule et de la télévision dans les salles collectives. La loi du 2 juillet (n° 75-551) ouvre des droits à la Sécurité Sociale aux membres des familles de détenus.

1983 : Du 15 au 22 janvier, c’est l’effervescence dans les prisons, surtout à Fleury-Mérogis et aux Baumettes, dans l’attente des réformes annoncées en décembre (parloirs sans séparation, en particulier). Le 26 janvier, sont à nouveau décrétés les parloirs libres. Pourtant, dans beaucoup d’établissement, il y a aujourd’hui encore des murets qui sépare le/a prisonnierE de son/sa visiteur(se).

1987 : Le 2 décembre, les préservatifs sont autorisés en prison. Par ailleurs, les rapports sexuels ne sont toujours pas autorisés au parloir, ou alors se font dans des conditions honteuses de manque d’intimité.

1992 : Le troisième code pénal est adopté. Désormais, la peine de privation de tout ou d’une partie des droits civiques, civils et familiaux n’est plus automatique et doit être expressément signifiée pour être valable.

2003 : Expérimentation dans les maisons centrales de Saint-Martin de Ré, Rennes et Poissy des UVF (Unités de Vie Familiale : parloir de 24 à 48h en toute intimité), pourtant promises dès le début des années 80 mais qu’une forte opposition des maton(ne)s avait fait abandonner. Le critère familial est privilégié, bien sûr : la famille doit être garante de la réinsertion. Quel progrès !

source : http://www.canalsud.net/spip.php?article369

P.S. Cette brochure est faite pour être reproduite, piratée, et améliorée ! Pas de copyright ! Vous qui l’utilisez, qui la photocopillez, n’hésitez pas à me faire part de vos remarques et de vos « bonnes recettes »… On sortira une autre édition enrichie de nos expériences communes. Bon courage à tous et à toutes !

 

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Acharnement de l’administration pénitentiaire contre Samir : 6 mois chers payés en 2008 et il est encore en prison !

Ceux qui se rappellent du dernier gros mouvement lycéen de décembre 2008
n’auront pas oublié Samir, arrêté place Jean Macé à LYON et jugé pour
avoir participé à retourner une voiture lors de la manifestation du 18
décembre. Il refuse alors la comparution immédiate et est placé en
détention provisoire à la Maison d’arrêt de Lyon Saint-Paul. Puis lors
de son procès, le 23 février 2009, il écope de 8 mois de prison ferme,
alors même que le procureur n’en requérait que 6 ! Depuis cette
condamnation, Samir est maintenu en détention, au fil des provocations
des matons, et des nouvelles peines qui tombent. Retour sur les faits.

Au cours de sa déten­tion, il obtient une place en semi-liberté, annu­
lée au bout d’un jour sous le pré­texte que Samir aurait bous­culé un
sur­veillant au moment de sa sortie. De nou­veau en prison, il apprend à
quel­ques jours de la fin de sa peine de 8 mois, que le sursis qui
pesait sur lui est révo­qué pour une alter­ca­tion avec des sur­
veillants, et reprend un an de ferme en plus. Fin 2009, Samir est trans­
féré à Aiton, en Savoie, loin de ses pro­ches.

En août 2010, à quel­ques jours de sa sortie, il est de nou­veau
condamné à 14 mois ferme pour s’être défendu contre un gar­dien qui le
pro­vo­quait. On connaît la poli­ti­que de l’admi­nis­tra­tion péni­ten­
tiaire, lors de
mou­ve­ments col­lec­tifs ou indi­vi­duels, qui est de briser la moin­
dre
pos­si­bi­lité de révolte en trans­fé­rant sys­té­ma­ti­que­ment ces «
fau­teurs de trou­ble », qui refu­sent sim­ple­ment de bais­ser la tête
devant les
raille­ries, les humi­lia­tions, voire par­fois les coups. Samir est
donc trans­féré à Varces, puis à Moulins. Plusieurs déte­nus témoi­gnent
de ce trans­fert comme étant par­ti­cu­liè­re­ment vio­lent : agents
cagou­lés,
entra­ves aux pieds… De plus, Moulins est à trois heures de voi­ture
de Lyon, et il devient ainsi très dif­fi­cile pour la mère de Samir, qui
a de sérieux pro­blè­mes de santé, de le voir !

Enfin trans­féré à Saint-Quentin Fallavier, il fait une demande de
semi-liberté, appuyée par le fait qu’il tra­vaille déjà en prison et
suit des for­ma­tions diver­ses depuis un an. Mais il faut croire que
Samir est deve­nue la bête noire de l’admi­nis­tra­tion péni­ten­tiaire,
qui refuse sa demande. A Saint-Quentin, un détenu raconte que lors­que
qu’un jeune
pri­son­nier s’est fait pren­dre lors d’un par­loir à rece­voir du can­
na­bis, un sur­veillant lui aurait demandé de dire que c’était Samir qui
lui aurait fourni cette drogue. Le détenu a heu­reu­se­ment refusé et a
mis au cou­rant la famille de Samir de cette ten­ta­tive de fausse accu­
sa­tion par le gar­dien.

En décem­bre 2012, suite à une nou­velle pro­vo­ca­tion de la part d’un
sur­veillant, Samir est de nou­veau condamné à 12 mois de prison ferme.
Cette alter­ca­tion est sur­ve­nue parce qu’un sur­veillant « oublie »
de le faire sortir de sa cel­lule pour la pro­me­nade. Samir demande
alors tout sim­ple­ment que son droit de pro­me­nade soit res­pecté ! Il
est alors pris à partie par un gar­dien qui l’insulte puis le pousse
vio­lem­ment à trois repri­ses, accom­pa­gné d’autres matons. Samir leur
a demandé à chaque
bous­cu­lade « de ne pas le tou­cher », et fini par repous­ser son
agres­seur. Il est alors vio­lem­ment plaqué au sol par plu­sieurs gar­
diens prêts à agir au moin­dre geste de Samir et subit les clas­si­ques
tech­ni­ques d’étranglement, de clé de bras, ainsi que des coups ! Ceci
inter­vient alors que des déte­nus ont entendu des sur­veillants dire
qu’ils feraient « tout pour que Samir reprenne deux ans ». Ces déte­nus
étant encore incar­cé­rés, ils ne peu­vent témoi­gner ouver­te­ment car
cela ris­que­rait de les com­pro­met­tre avec l’admi­nis­tra­tion péni­
ten­tiaire.

Samir est alors trans­féré à la maison d’arrêt de Bourg-en-Bresse. Dans
cette prison également, les coups bas sévis­sent. Suite à un par­loir,
le jeudi 26 avril, Samir, le bras dans une attelle, apprend à sa mère
qu’une alter­ca­tion avec un gar­dien a éclaté trois jours plus tôt, et
qu’il fut placé immé­dia­te­ment au mitard. Il entame alors une grève de
la faim.

Les pro­vo­ca­tions phy­si­ques vio­len­tes, les insul­tes racis­tes,
les
trans­ferts à répé­ti­tion, le refus sys­té­ma­ti­que d’amé­na­ge­ment
de peines, et l’impres­sion que tout est mis en œuvre pour que Samir ne
sorte jamais sont into­lé­ra­bles. Cette situa­tion donne à Samir un
sen­ti­ment
d’impuis­sance et de déses­poir très inquié­tant. Sa famille com­mence à
se mettre en rap­port avec l’OIP, pour faire cesser cette situa­tion.

Qu’est-ce qu’on peut faire ? Envoyer des let­tres à Samir, pour lui
faire sentir qu’il y a du sou­tien dehors, et éventuellement envoyer
des
let­tres à l’admi­nis­tra­tion péni­ten­tiaire pour pro­tes­ter contre
cet
achar­ne­ment.

       TAFER Samir
       n° d’écrou : 2190
       Centre Pénitentiaire de Bourg-en-Bresse
       20, chemin de la pro­vi­dence
       BP 90321
       01011 . Bourg-en-Bresse

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Pétition des prisonniers de Ducos (Martinique)

 

Les détenus du centre pénitentiaire de Ducos (136 signatures) / Transmis par l’OIP

Nous nous adressons à vous afin que vous puissiez savoir ce qui se passe à la prison de Ducos depuis trop longtemps, aujourd’hui la colère des détenus est à son sommet, et en voici les raisons.

Surpopulation carcérale ! En effet, je vous rappelle que nous sommes environ 1014 détenus dans un établissement prévu pour 574 détenus. Cela entraîne des conditions de vie déplorables, plus qu’insupportables. En témoignent les nombreuses bagarres et agressions, aussi bien côté détenus que surveillants.

Nombreux sont les détenus à dormir au sol faute de place. Une pression invivable pour des détenus enfermés 22 heures sur 24. Une fausse ouverture d’une heure durant laquelle une quarantaine de détenus doivent jouer des coudes dans une cour ne comptant que quatre douches.

Un cadre de vie indigne dans le pays des droits de l’homme, où les détenus couchant au sol côtoient les cafards et les souris plus qu’envahissants.

Un manque de suivi médical compétent dû à un effectif plus que minimum. Les détenus sont souvent guéris avant même d’avoir pu être consultés. Et pour les quelques élus ayant pu être auscultés, toujours le même médicament prescrit, quels que soient leurs maux. Vertu magique ou réellement guérissante ? Question pertinente…

Des repas très peu variés au goût plus que douteux qui, souvent, sont causes de rébellion. Date de péremption dépassée, colique après digestion, éruption cutanée due à l’alimentation.

Cantines alimentaires trop chères et nous citerons pour cela une boîte de cassoulet (420 g) à 4,73 euros, une boîte de thon (160 g) à 1,65 euro, et j’en passe… Des prix ayant pour conséquence quelques détenus sans solution devant leur faim. Des familles impuissantes devant leur impossibilité à subvenir aux besoins de leurs enfants incarcérés.

Des sanctions injustifiées ! Et nous entendons par cela, les confinements en courette à la suite d’un bonnet oublié, ou d’un retard sous les douches, sans présentation au prétoire, sans moyen de protestation ou de défense. Les confinements, en général sans motif avancé, décisions plus d’abusives à répétition.

Une équipe socio-éducative dépourvue de moyens et dépassée par le nombre de demandes d’inscriptions aux stages de formation ou aux demandes de scolarité.

Les rares activités proposées sont très vite saturées. Nous ne vous apprendrons rien en vous disant l’effet néfaste du manque d’activité sur tout individu enfermé 24 heures sur 24.

Nul ici ne peut contenir son calme devant cette situation qui ne fait que s’aggraver. Malgré nos appels de détresse, les autorités restent sans réponse. Pour preuve, des jugements qui cautionnent que des détenus condamnés à moins de six mois soient placés en détention, alors qu’il existe de nombreux aménagements de peine alternatifs à l’incarcération. À croire que nul à l’extérieur n’est conscient des risques à venir.

Pour toutes ces raisons, nous demandons que soient prises les décisions nécessaires afin que tout cela change dès aujourd’hui.

• Que les nouvelles décisions prises soient notifiées et rendues aux détenus afin qu’ils puissent en prendre connaissance.

• Que nous soyons détenus dans des conditions dignes.

• Que soit mandaté qui de droit afin de constater nos dires et nous représenter.

• Que tout harcèlement physique et moral cité précédemment cesse dès aujourd’hui.

• Qu’il soit trouvé une solution pour tous les détenus couchant au sol sans plus attendre.

• Que notre alimentation soit revue et plus variée.

• Que les cantines alimentaires soient plus accessibles au niveau des prix.

• Que les formations et autres disciplines socio-éducatives soient plus nombreuses et plus accessibles.

Nos droits ont suffisamment été bafoués, notre patience et notre compréhension assez éprouvées.

Nous souhaitons donc que cette pétition fasse office de plainte contre l’administration pénitentiaire. Nous sommes déterminés à faire valoir nos droits.

Publié par Le Journal du Pays basque, 4 mai 2012

Du Jura Libertaire : http://juralib.noblogs.org/2012/05/05/petition-des-prisonniers-de-ducos-martinique/

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Les détenus et leurs proches

Ce livre de Gwénola Ricordeau et de Abel-Hafed Benotman aborde un thème rarement évoqué dans les recherches, les documentaires ou les débats sur la prison : les proches des personnes détenues. Ils sont pourtant plus d’un demi-million en France a avoir un parent, un conjoint, un enfant, un frère ou une soeur en prison.

L’enquête de terrain s’est déroulée sur plusieurs années. Elle s’est d’abord effectuée auprès d’anciens détenus ayant été incarcérés pour des durées très variables, et libérés depuis plus ou moins longtemps, puis auprès de personnes détenues. Cinq établissements pénitentiaires (Bapaume, Caen, Pau, Clairvaux, Les Baumettes) ont été retenus pour leur diversité : taille, localisation, régime carcéral et profil de la population carcérale.

L’auteur y a rencontré des hommes, des femmes, quelques mineurs, des prévenus, des condamnés et quelques « innocents », des français et des étrangers. Les types de délits ou crimes (et de longueur de peine) étaient très divers. Des expériences de la prison très différentes sont donc évoquées : de celle d’Estelle, jeune primaire, consommatrice d’héroïne, incarcérée depuis trois jours à la maison d’arrêt de Pau… à celle de Frédéric, 41 ans, en prison depuis dix-neuf ans, ancien évadé et libérable en 2044.

Enfin, des proches (des compagnes, des parents, des enfants) de détenus ont été interviewés, souvent dans des structures d’accueil des visiteurs (de jour et de nuit). Le plan de l’ouvrage se déroule de l’entrée en détention à la sortie et la réinsertion. Ces différents « moments » sont l’occasion d’aborder des stades de la vie privée des détenus et de leurs proches, leurs modes de communication : le parloir, la correspondance, le téléphone, mais aussi l’argent, les pratiques sexuelles, le travail… et tout ce qui se joue là pour la vie conjugale, l’éducation des enfants ou la position sociale.

Abondamment appuyé sur des extraits des entretiens recueillis par l’auteur et sur son journal de terrain, le livre porte un regard critique sur le traitement, par le système pénitentiaire, des personnes détenues et de leurs proches. Une annexe présente une bibliographie et des documents pour aller plus loin, un lexique et la liste des personnes interrogées.

Sommaire

1 – À l’épreuve de la prison
Parloirs, correspondance, téléphone ; L’argent ; Les peines et la sécurité  ; L’affectation ; Les conditions de visite

2 – Les infortunes de la séparation
Le « choc carcéral » ; Premiers parloirs ; L’épreuve du procès : Affrontements et ruptures ; Solidarités et abandons ; Les femmes plus solidaires que les hommes ; Quitter et être quitté ; Rupture et isolement ; Les proches : secrets et stigmatisation ; Une « vie de famille », le lien conjugal et la vie amoureuse

3 – Les liens par-delà les murs
Le parloir, entre joies et chagrins ; Les galères du parloir ; Les surveillants et l’Administration pénitentiaire ; Malgré ses faux airs de dehors, le parloir est bien dedans. ; Les accueils et les lieux d’hébergement ; Attendre et recevoir, faire « entrer » et faire « sortir »  ; Les lettres : le public et le privé ; Les photos, le téléphone et la radio ; L’argent et les colis

4 – La prison en partage
Pour le pire et le meilleur, le couple en prison ; Contraception, conception et accouchement en prison ; Être parent et détenu ; Deuils irréels, deuils impossibles

5 – La sexualité : pratiques et discours
Désirs, frustrations et identités sexuelles ; Pratiques homosexuelles, discours hétérosexistes ; La sexualité au parloir

6 – La liberté devant soi
Un dehors si loin ; Attendre et être attendu ; Détention et réinsertion : des injonctions contradictoires ; Les permissions ; Les premiers moments dehors ; Sort-on jamais de prison ; À la recherche de soi ; Sexualités ; Revivre et vivre dehors ; Dehors : une peine après la peine ; « Le » dire ou « le » taire ; « Amitiés de prison, amitiés de carton » ; Les proches, garants de la non-récidive ?

http://www.autrement.com/ouvrages.php?ouv=2746711280

 

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Sur la mort de Fakkradine à la prison de lyon (2009)

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Abdel-Hafed Benotman, sur les suicides en prison.

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32ème suicide ou mort suspecte connu(e) en détention en 2012


Le nombre de suicides ou de morts suspectes en prison ne diminue pas.
Un suicide ou mort suspecte tous les trois jours en prison,
10 fois plus qu’en milieu libre.

Manquement grave de l’administration pénitentiaire. L’omerta [1] continue sur la réalité des chiffres quant aux conditions et lieu réel du décès.

Maison d’arrêt d’Angers
Suicide d’un homme, 36 ans, 3 jours après sa condamnation
Le lundi 7 mai 2012

Centre pénitentiaire de Toulon la Farlède
Suicide par pendaison de Hugues Vexteen, 58 ans, manifestant des signes de dépressions
Le vendredi 4 mai 2012

Centre pénitentiaire d’Argentan
Suicide par pendaison d’un homme, 24 ans, suite à nouvelle condamnation
Le jeudi 3 mai 2012

Maison d’arrêt de Lyon-Corbas
6 Suicides d’hommes, âges inconnus, dates inconnues

Nous exigeons, les familles et proches exigent la vérité de la part de l’administration pénitentiaire et des autorités judiciaires afin que toute la lumière soit faite sur ces nouveaux décès.

Les familles et proches souhaitent une vraie prise en compte de leurs souffrances et une aide directe de la part de l’administration pénitentiaire.

Les autorités judiciaires doivent assumer toutes leurs responsabilités sur ces nouveaux décès.

32 suicides et morts suspectes connus depuis le 1er janvier 2012

Nous savons que ces chiffres ne reflètent pas la réalité. La création de l’Observatoire des suicides et des morts suspectes sur le site prison.eu.org a permis d’interpeller l’opinion publique.
www.prison.eu.org/spip.php ?page=rubrique&id_rubrique=68

« L’ensemble des études pointent comme des périodes de particulière vulnérabilité, outre l’entrée en détention, certains moments particuliers :
la période correspondant au jugement ;
le placement au quartier disciplinaire ;
la période postérieure à une tentative de suicide ou à une automutilation. ».
Circulaire du 26 avril 2002 NOR JUSE0240075C sur la Prévention des suicides dans les établissements pénitentiaires.

« Le droit à la vie : il est nécessaire de montrer que l’administration pénitentiaire doit tenir compte de cette obligation dans la mise en place de certaines procédures (quartier disciplinaire, isolement…). ».
Conclusion du 20 octobre 2003 du Rapport de la CNCDH sur les droits de l’homme en prison.

Contact Presse :
Milko Paris, tél. 06 60 17 33 42
mail. redaction@banpublic.org

[Omerta : Par extens. Loi du silence imposée par un groupe. (Le nouveau Littré, 2006) Le véritable problème posé par ces statistiques est qu’elles sont globales : l’administration pénitentiaire se garde bien de communiquer le détail de son décompte macabre. Elle « omet » de publier la date, l’âge, le lieu dans la détention (quartier disciplinaire, quartier d’isolement cellule d’arrivant etc…), et cultive l’opacité la plus absolue lorsqu’il s’agit d’obtenir des explications précises quant aux conditions dans lesquelles ces femmes, ces enfants, ces hommes sont décédés.
Ces statistiques, transmises par l’Administration Pénitentiaire, ne disent rien sur les souffrances des proches, leur prise en charge psychologique, leur prise en charge financière, et sur la manière dont l’information leur est transmise ou pas.]

 

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