Seysses : la justice juge le braqueur sorti du coma encore «dangereux»

 

Le détenu a été retrouvé inanimé à la prison de Seysses, près de Toulouse./ Photo DDM, archives

Le détenu a été retrouvé inanimé à la prison de Seysses, près de Toulouse./ Photo DDM, archives

Soupçonné de braquages, un détenu de la maison d’arrêt de Seysses de 43 ans a été retrouvé dans le coma fin avril. Soigné, opéré, il sort peu à peu de sa léthargie mais a besoin d’une rééducation spécialisée. La justice hésite et le parquet général le juge «dangereux»

«Dangereux de quoi ? Comment un homme qui peut à peine se lever, qui ne peut pas s’habiller seul peut-il être jugé dangereux ?» La colère est profonde. Saisi par l’OIP, Me Alexandre Martin se bat contre la cour d’appel de Toulouse pour obtenir des soins spécialisés pour un détenu. «Les médecins affirment qu’il lui faut une rééducation neurologique. Ce travail ne peut pas être réalisé à l’unité hospitalière sécurisée de l’hôpital Rangueil, à Toulouse. On prive ce détenu d’une chance de mieux s’en sortir neurologiquement et physiquement. C’est ahurissant.»

Ludovic A, 43 ans, n’est pas un enfant de chœur. Plutôt un homme qui a flirté avec les mauvais coups et qui en décembre 2011 puis en janvier 2012 est passé à des crimes plus sérieux. Il est en effet accusé du braquage d’une agence bancaire à Toulouse, d’une tentative cinq jours plus tard toujours dans la Ville rose et enfin d’une attaque d’un bureau de Poste dans les Côtes d’Armor. La police judiciaire l’a interpellé en région parisienne alors qu’il rentrait de ce dernier coup. Mis en examen, il aurait reconnu sa responsabilité et a été placé en détention le 10 janvier 2012. La vie de ce fils de policier a basculé quinze mois plus tard. Le 27 avril, dans des conditions qui font l’objet d’une instruction, il a été retrouvé inanimé dans la cour de promenade de la maison d’arrêt de Seysses. Chute fortuite ou terrible passage à tabac ? L’omertà règne même si les coups semblent s’imposer (lire l’encadré). «L’incident» a plongé cet homme dans un coma profond. Après trois opérations des neurochirurgiens et trois semaines de coma, il commence à sortir de sa léthargie.

Suite nécessaire pour améliorer son état neurologique et physique, un traitement spécialisé dans un des centres de rééducation de la région, comme la clinique de Verdaich. La chambre d’instruction dont dépend cet homme qui attend d’être jugé devant la cour d’assises de la Haute-Garonne a demandé une expertise médicale. Le parquet souhaite son maintien en détention au regard de ce qui lui est reproché et de son caractère «dangereux». Un nouveau débat est prévu le 7 août. En attendant Me Martin parle «de traitement inhumain et dégradant» citant l’article 3 de la convention européenne des droits de l’homme. Et l’OIP, scandalisé, dénonce la faiblesse des soins attribués en France aux détenus, qu’ils soient malades physiquement ou psychologiquement.


Une instruction sur «l’incident»

Que s’est-il passé dans la journée du samedi 27 avril dans l’escalier du bâtiment de détention de Seysses ? Les détenus partaient en promenade. Ludovic A a été retrouvé inconscient, en bas de l’escalier. «Chute fortuite ou agression, personne ne sait. Ce n’est pas clair», admet un membre du personnel de l’administration pénitentiaire. Un légiste qui a examiné la victime exclut l’accident avec un argument simple : une chute n’aurait pas pu entraîner une double fracture du crâne, des deux côtés de la boîte crânienne. Une instruction a été ouverte par le parquet et le 20 juin, un homme a été mis en examen pour «violences volontaires». Il nie son implication et les témoins slaloment entre les versions. L’omertà en détention n’est pas seulement une légende.

 

Source : http://www.ladepeche.fr/article/2013/07/26/1678634-seysses-justice-juge-braqueur-sorti-coma-encore-dangereux.html
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( CHALONS-EN-CHAMPAGNE (51) ) De mauvais traitements à la maison d’arrêt ?

Clémentine est venue tirer la sonnette d’alarme pour dénoncer les conditions de détention de la maison d’arrêt.

« Il est mal. Je ne suis pas bien. Que puis-je faire pour lui de l’extérieur ? »

« Mon concubin est en prison. Il assume. Mais il n’a pas à être traité comme il l’est actuellement. » Clémentine* a poussé notre porte avec détermination, mardi après-midi. « Je souhaiterais dénoncer les conditions de détention de la maison d’arrêt de Châlons-en-Champagne », a-t-elle déclaré. « Que les détenus paient leur dette à la société en étant privé de liberté, c’est une chose. Qu’ils subissent de mauvais traitements, infligés par des surveillants zélés quand ils ne résultent pas de la vétusté de l’établissement, ç’en est une autre. Cela me choque. Nous sommes quand même en 2013 ! Je ne conçois pas pareilles pratiques dans un pays démocratique comme le nôtre. » Et d’énumérer ces « petites choses » poussant son amoureux à lui confier : « Ils veulent me faire péter les plombs. » « Les surveillants de la maison d’arrêt ont la réputation de se prendre pour des Dieux. Détenus, ex-détenus, familles de détenus et même avocats s’accordent sur ce point-là : les matons châlonnais font la pluie et le beau temps dans la prison. Ils testent les détenus, n’hésitant pas à les provoquer. Ils cherchent à savoir jusqu’où ils peuvent aller. » Elle illustre son propos d’exemples : « Ils vont mettre 5 minutes de plus pour les descendre en promenade. Quand j’apporte des CD à mon concubin, ils ne les lui remettent que trois jours plus tard. » Les conditions de détention valent elles aussi que l’on s’y attarde : « Il n’y a ni rideau, ni volet aux fenêtres. Quand le soleil donne dans les cellules pendant tout un après-midi, c’est épouvantable. Sans compter que les détenus n’ont droit qu’à trois douches par semaine. Imaginez le tableau, avec la canicule… » Elle poursuit : « N’y tenant plus la semaine dernière, les détenus ont demandé à pouvoir passer à la douche. Le surveillant, auquel ils s’étaient adressés, a catégoriquement refusé. Il leur a dit que s’ils n’avaient pas commis un délit, ils ne seraient pas derrière les barreaux. Ils pourraient alors, comme lui, prendre une douche quotidienne ! » Pas étonnant que son compagnon ait demandé son transfert au tout nouveau centre de détention de Villenauxe-la-Grande (à côté de Troyes).

« Nous sommes maltraités »

Dans un article paru le 24 avril dernier, nous relations des propos similaires, tenus par un détenu qui nous téléphonait avec un portable depuis sa cellule. « Nous sommes maltraités, nous n’en pouvons plus », affirmait-il. « Les surveillants nous insultent, nous donnent des coups, nous humilient. Si nous ne plions pas, ils nous le font payer. Ça fait 20 ans que je suis au placard. Des prisons, j’en ai déjà fait un paquet. Mais celle de Châlons bat un triste record. Dans les chenils, les animaux sont mieux traités. » De la même manière, Me Jean-François Delmas, qui défend les intérêts de Marcel Guillot (le détenu le plus âgé de Châlons et de France), s’indignait des conditions de détention de son client dans notre édition du 19 juin 2013. « Il a perdu une trentaine de kilos depuis son placement en détention provisoire et déjà fait deux infarctus. » À se demander ce qui trame derrière les portes du pénitencier. * Clémentine est un prénom d’emprunt

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Prisons : 68.569 détenus au 1er juillet, un nouveau record

Nouveau record de la population carcérale française : la barre des 68.000 détenus a été franchie. La capacité d’accueil est, elle, de 57.320 places.

Le bâtiment D3 de la maison d'arrêt Fleury Mérogis, le 27 juillet 2010. (WITT/SIPA)

Le bâtiment D3 de la maison d’arrêt Fleury Mérogis, le 27 juillet 2010. (WITT/SIPA)

Le nombre de détenus dans les prisons en France a passé la barre des 68.000 au 1er juillet, avec 68.569 personnes incarcérées, un nouveau record, selon les chiffres publiés lundi 22 juillet par l’administration pénitentiaire.

Un record avait déjà été battu en juin, avec 67.977 personnes incarcérées. La « capacité opérationnelle » des établissements pénitentiaires – c’est-à-dire leur capacité d’accueil – était au 1er juillet de 57.320 places.

Hausse de 10% des aménagements de peine en un an

Le nombre de prévenus (personnes en attente de jugement) est en hausse de 1,1% par rapport à la même période l’année dernière, s’élevant à 17.318 personnes, pour 51.251 condamnés.

Les mineurs incarcérés sont au nombre de 799 au 1er juillet, soit une hausse de 2,7% par rapport au mois précédent. Ils représentent 1,2% de l’ensemble de la population carcérale.

Les aménagements de peine (placement à l’extérieur, semi-liberté, surveillance électronique) concernent 21,9% des condamnés écroués, soit 13.900 personnes. Ces aménagements ont progressé de 10,2% en un an et de 33,3% en deux ans.

Par ailleurs, 629 personnes sont placées sous surveillance éléctronique de fin de peine (Sefip), un chiffre en hausse de 1,9% sur un an.

 
Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20130722.OBS0532/prisons-68-569-detenus-au-1er-juillet-un-nouveau-record.html
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Des détenus de la prison de Clairvaux refusent de réintégrer leurs cellules

Une trentaine d’hommes ont refusé de regagner leurs cellules hier en fin d’après-midi, pendant deux heures environ. Des unités spéciales sont intervenues.

Parmi leurs revendications : un meilleur accueil des familles pour les visites.

 

© Photo : François Nascimbeni /AFP

© Photo : François Nascimbeni /AFP
 
Source : http://champagne-ardenne.france3.fr/2013/07/22/des-detenus-de-la-prison-de-clairvaux-refusent-de-reintegrer-leurs-cellules-291463.html?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+France3-ChampagneArdenne-Info+%28France+3+-+Info+Champagne-Ardenne%29
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Prison de Fleury-Mérogis : « C’est une situation de cocotte-minute », prévient une avocate parisienne

Surpopulation, manque d’activités : situation préoccupante pour les détenus.

Surpopulation et chaleur : la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis est dans une situation alarmante.

Surpopulation et chaleur : la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis est dans une situation alarmante.

Avec un taux de surpopulation de 140%, des détenus laissés 22h sur 24h en cellule malgré la chaleur et un manque d’activités à proposer aux détenus, la prison de Fleury-Mérogis inquiète. Certaines voix s’élèvent pour réclamer de nouvelles mesures.

Des risques de suicides et de mutineries

La garde des Sceaux, Christiane Taubira, vient d’être alertée sur la situation via la lettre d’une avocate parisienne, Marie-Alix Canu-Bernard. Cette dernière souhaite la « saisir très officiellement, avant un été toujours propice à des événements dramatiques ».
Elle affirme que « depuis des mois des détenus végètent dans l’attente de leur transfert vers des établissements pour peine en étant enfermés 22/24 heures dans leurs cellules ». Et Marie-Alix Canu-Bernard d’interpeller la garde des Sceaux : « Vous préconisez la fin du tout-carcéral mais il semble que les magistrats du siège et du parquet ont omis de vous lire ».

Au micro de RTL, l’avocate commente : « C’est une situation de cocotte-minute. Cela va exploser d’une façon ou d’une autre. On peut avoir aussi bien des mutineries que des suicides. Quand je suis sortie de Fleury-Mérogis, j’étais brassée alors que ça fait 21 ans que je fais ça et que je suis en détention », explique-t-elle.

La chaleur de l’été n’arrange rien

La critique formulée par Marie-Alix Canu-Bernard est très largement partagée par le président du Sénat, Jean-Pierre Bel, qui a visité Fleury-Mérogis au début du mois de juillet :

« Le constat est difficile. On sait très bien ce que les chaleurs très fortes peuvent donner sur la situation des prisons. Donc on ne peut pas éviter de voir ce problème de face », alerte-t-il.

Ces mises en garde interviennent alors qu’une certaine impatience se manifeste dans l’attente de mesures législatives de la garde des Sceaux, Christiane Taubira. Mais la loi pénale du gouvernement n’est programmée que pour la rentrée. D’ici là, le président du Sénat invite chaque sénateur à aller visiter une prison pour un état des lieux avant débat.

Source : http://www.rtl.fr/actualites/info/politique/article/prison-de-fleury-merogis-c-est-une-situation-de-cocotte-minute-previent-une-avocate-parisienne-7763253375
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D’énormes pressions sont exercées sur 8 prisonniers en grève de la faim dans la « clinique de la prison de Ramleh ».

Ramallah ( palestine/ territoire occupé le 21/07/2013 )

Selon le « Club des prisonniers », 8 prisonniers en grève de la faimsont détenus dans la  » clinique de la prison de Ramleh  » dans desconditions très difficiles, ils subissent d’énormes pressions. Parmi eux troisjordaniens malades sont détenus depuis une semaine dans la section psychiatrique.Le prisonnier Munir Mar’i, a expliqué à l’avocat « du club desprisonniers » qui lui a rendu visite que le but de les maintenir en psychiatrieest de faire pression sur eux pour qu’ils mettent fin à leur grève de la faim,mais cela ne fait qu’accroitre leur volonté de résister avec détermination. A longueurde journée et de nuit ils n’entendent que des cris, l’eau est restreinte et neleur est donnée par l’administration pénitentiaire, que plus d’une heure après.Dans leur cellule il n’y a aucune intimité, les toilettes sont ouvertes et sansporte. Le prisonnier Mar’i  indique  que l’administrationpénitentiaire les a informés qu’elle n’accorde aucun intérêt à la question desprisonniers jordaniens et ne pense même pas les libérer.

 

Il souligne en ajoutant  que la situation du prisonnier Mohammad Rimawi est la plusdifficile parmi les grévistes, il vomit du liquide en permanence et souffre dedouleurs à l’estomac et dans toutes les parties de son corps, en disant  » Noussommes parfois obligés de crier pendant longtemps avant qu’ils nous fournissentde l’eau ou de faire venir un médecin pour  le prisonnier Rimawi ».

L’avocat du « club des prisonniers » a également visité  le prisonnier Jordanien Hamza Al-Dabbas,en grève de la faim qui est maintenu dans une cellule d’isolement dans la » Clinique de la prison de Ramleh « , il confirme qu’en dépit de lapression exercée et la  négligence préméditéeenvers leur cause,  ils continueront à se battre  jusqu’à l’obtention de leurs demandes.

Sans oublier le prisonnier Adel  Haribat, en grève de la faim depuis le 23 mai dernier pourprotester contre sa détention administrative, il souffre de nombreuses maladiesmais depuis sa grève il ne prend aucun médicament et il refuse d’être ausculté.Ayman  Atbish, en grève de la faimpour protester contre sa détention administrative aussi, il a commencé àsouffrir d’un ralentissementdu rythme cardiaque et de la baisse de sels minérauxdans le corps. Hossam Matar de Jérusalem, en grève de la faim pour exiger salibération, ainsi que Mohammad Atbish, en grève de la faim en solidarité avecson frère Ayman.

 

Traduction : Moncef Chahed
Source : Club des prisonnierspalestiniens
http://www.ppsmo.ps/portal/
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Un fugitif de Sequedin prend des « vacances » avant de regagner la prison, selon son frère

La prison de Sequedin, en avril.

Arrêté mardi alors qu’il était en fuite de la prison de Sequedin (Nord), Mohamed E. est parvenu à échapper aux policiers le ramenant en détention. Dans une surprenante interview publiée jeudi 18 juillet dans le quotidien régional La Voix du Nord, son frère explique que ce dernier a décidé de prendre des « vacances » mais qu’il regagnera sa cellule « à la rentrée ».

« On s’est vus [mercredi midi], on s’est promenés au soleil, en plein centre-ville de Lille. On n’a pas mangé, comme c’est le ramadan, a expliqué Aïssa, à qui le journal demandait s’il avait des nouvelles de Mohamed, en cavale. Il m’a dit ‘Je fais mes vacances, je rentre en prison à la rentrée.' » Quant au risque qu’une fois repris Mohamed voie sa peine de prison rallongée, Aïssa déclare : « J’aurais fait la même chose, c’est tentant. A Sequedin, il dort par terre, dans sa cellule, avec deux Irakiens qui ne parlent même pas français. »

« IL EST PARTI EN COURANT »

Assurant que son frère, un trafiquant de cannabis, « n’est pas potentiellement dangereux »« il fait 66 kg, il est tout petit » –, Aïssa a raconté les détails de l’évasion, que lui a confiés Mohamed : « Mardi soir, il était assis à l’arrière de la voiture. La portière de son côté était verrouillée, mais le policier qui était à côté de lui est sorti. Il a ouvert sa porte, et il est parti en courant. Mohamed, il fume, mais il est athlétique : il a fait deux marathons ! »

(… )

 

Source : Le Monde.fr avec AFP | 18.07.2013
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Réécriture de la loi à la faveur d’une QPC sur la suspension de peine pour raisons médicales

(Cass. crim, QPC, 26 juin 2013)

Par une décision du 26 juin 2013, la Cour de cassation a refusé de renvoyer au Conseil constitutionnel au QPC dirigée contre les dispositions régissant la suspension de peine pour raisons médicales. Pour autant, la juridiction a saisi cette occasion pour modifier significativement le régime juridique de cette mesure, en particulier en neutralisant la condition imposant deux expertises médicales concordantes. Mais la démarche utilisée marque une extension sensible du contrôle de constitutionnalité exercé par la juridiction suprême, qui affecte la cohérence du droit et est susceptible de nuire in fine à l’effectivité de la protection recherchée

L’augmentation de la durée de l’emprisonnement, et en particulier, sur les trente dernières années, des très longues peines de réclusion, combinée au vieillissement de la population carcérale, a conduit à une multiplication en détention de personnes en situation de grande dépendance. Les statistiques pénitentiaires font apparaître la nette aggravation de ce phénomène : « la catégorie des plus de 60 ans représentait ainsi 2 356 personnes au 1er janvier 2010, alors qu’elles n’étaient que 1 683 en 2002 et 1 104 au 1er janvier 1997. Au 1er janvier 2011, 52 personnes incarcérées avaient 80 ans ou plus, le doyen de ces seniors ayant 89 ans » (Samuel Gautier, « Vieillir et mourir en prison », in Soins et gérontologie, n° 88 mars-avril 2011).

Pour répondre à la succession de drames humains et aux importants problèmes sanitaires que cette situation provoque au quotidien dans les établissements pénitentiaires, le législateur a institué par la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé un mécanisme ad hoc, communément désigné suspension de peine pour raisons médicales. Aux termes des dispositions de l’article 720-1-1 du code de procédure pénale, « Sauf s’il existe un risque grave de renouvellement de l’infraction, la suspension peut également être ordonnée  (…) pour les condamnés dont il est établi qu’ils sont atteints d’une pathologie engageant le pronostic vital ou que leur état de santé est durablement incompatible avec le maintien en détention (…) La suspension ne peut être ordonnée que si deux expertises médicales distinctes établissent de manière concordante que le condamné se trouve dans l’une des situations énoncées à l’alinéa précédent. (…) ».

Pourtant, en raison à la fois des conditions assortissant sa mise en œuvre et du contexte d’exacerbation de la répression pénale, ce dispositif n’a pas permis d’éviter que ce problème ne prenne une dimension réellement structurelle (voir à ce sujet le très éclairant état des lieux dressé par Céline Reimeringer et Samuel Gautier, « Dix ans de loi Kouchner : funeste anniversaire de la suspension de peine médicale », in Dedans dehors (OIP), n° 76, mars-avril 2012). Et ce en dépit de condamnations répétées à Strasbourg pour violation de l’article 3 de la CEDH (notamment : Cour EDH, 1e Sect. 27 novembre 2003, Henaf c. France, Req. no 65436/01 ; Cour EDH, 1e sect. 14 novembre 2002, Mouisel c. France, Req. n° 67263/01 ; Cour EDH, 2e Sect. 24 octobre 2006, Vincent c. France, Req. n° 6253/03 ; Cour EDH, 5e Sect. 21 décembre 2010, Raffray Taddei c. France, Req. n° 36435/07 – ADL du 21 décembre 2010). La loi n°2009-1436 du 24 novembre 2009 « pénitentiaire » s’est bien efforcée de remédier aux carences les plus flagrantes du mécanisme, en permettant, en cas d’urgence, la remise en liberté du condamné au vu d’un simple certificat médical, dispensant ainsi de l’obligation de réaliser deux expertises, et en favorisant l’accès au dispositif alternatif de la libération conditionnelle pour les condamnés âgés de plus de 70 ans. Mais les observateurs constatent que les juges « restent globalement réticents à passer outre les deux expertises et réservent cette procédure exceptionnelle aux personnes à l’article de la mort » (Céline Reimeringer et Samuel Gautier, préc.). Aussi, plus de trois ans après l’introduction de ces correctifs, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), tout en constatant l’impossibilité d’évaluer « à quel pourcentage de mesures accordées correspondent les 104 mesures de suspension de peine pour raison médicale prononcées pour l’année 2009 ; les 137 pour l’année 2010 et les 172 pour l’année 2011 », jugeait le niveau de ces chiffres en tout état de cause « très faible » et affirmait que « les conditions posées par [la loi] constituent, dans la pratique, de vraies restrictions à l’usage de ce droit » (dossier de presse accompagnant la publication du rapport annuel d’activité du CGLPL pour l’année 2012 ; sur ce rapport, voir ADL du 5 mars 2013). La directrice de l’hôpital pénitentiaire de Fresnes, vers lequel les juridictions tentent régulièrement d’orienter les condamnés en état de grande dépendance, a récemment publiquement interpellé les pouvoirs publics sur l’abandon des personnes âgés en prison (Franck Johannès, «  Malades en prison : la colère du médecin de Fresnes », in Le Monde, 13 avril 2013).

Dans ce contexte délétère, était suivi avec la plus grande attention le traitement réservé à la question prioritaire de constitutionnalité visant l’article 720-1-1, présenté par un condamné à l’occasion d’un pourvoi en contre l’arrêt de la Cour d’appel de Chambéry lui refusant la suspension de peine. La question adressait trois séries de griefs au texte. Il était d’abord allégué qu’en liant entièrement le pouvoir du juge par les conclusions négatives des expertises, la loi violait l’article 66 de la Constitution, qui attribue aux juridictions judiciaires la mission de protéger la liberté individuelle, entendue comme la protection de la liberté d’aller et de venir. L’auteur de la question faisait ensuite valoir qu’en interdisant aux juridictions d’accorder la suspension à un condamné satisfaisant aux conditions d’octroi de la mesure, le législateur méconnaissait le caractère intangible du droit au respect de la dignité humaine. Enfin, il arguait de ce que, par leur imprécision, les dispositions privaient des garanties légales le droit à la protection de la santé, au respect de la dignité humaine, et ne répondent pas aux exigences de clarté et de précision de la loi pénale, de prévisibilité juridique et de sécurité juridique.

La réponse apportée à bas bruit – la décision ne sera pas publiée – par la chambre criminelle est pour le moins inattendue. Elle refuse de renvoyer la question au Conseil constitutionnel, mais fait partiellement droit à l’argumentation du demandeur, au moyen d’une interprétation neutralisante des dispositions contestées. D’une part, elle affirme que, saisi d’une demande présentée sur le fondement de celles-ci, le juge a le devoir de remédier aux traitements inhumains et dégradants. D’autre part, elle supprime la condition légale tenant à la concordance des expertises ordonnées.

En éliminant ainsi au stade du filtrage une partie des vices allégués, la chambre criminelle transforme très sensiblement le régime d’octroi de la suspension : elle met fin à l’état de subordination dans lequel se trouvait le juge vis-à-vis des experts; elle modifie les conditions substantielles d’octroi de la mesure en les alignant sur les exigences résultant de la jurisprudence de la Cour de Strasbourg (). Si elle peut sembler à première vue expédiente, en ce qu’elle évite les aléas d’une discussion devant un Conseil constitutionnel qui, jusqu’ici, ne s’est pas illustré par l’efficacité de la protection qu’il assurait aux détenus (voir Lola Isidro et Serge Slama, « La dérobade du Conseil constitutionnel face à l’ersatz de statut social du travailleur détenu » in Lettre « Actualités Droits-Libertés » du CREDOF, 25 juin 2013), la technique employée créé une confusion sur rôle du juge du filtre, qui rejaillit sur l’examen des différents griefs et nuit à l’effectivité de la protection des droits et libertés garantis par la Constitution ().

Lire la suite de la Lettre sur le site de la Revue des Droits de l’Homme

 

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Argentan. À deux reprises, il a incendié sa cellule

Sa demande de transfert laissée sans réponse, un détenu de 28 ans, a mis le feu au centre de détention d’Argentan (Orne). Il écope de quatre ans de prison… qu’il effectuera à la maison d’arrêt de Coulaines (Sarthe).

Sa détention est ponctuée d’incidents. Incarcéré depuis le 9 mars 2012, le détenu de 28 ans a provoqué deux incendies récemment. Le dimanche 7 juillet, il met le feu à sa cellule. Placé dans le quartier disciplinaire, il allume à nouveau un feu le mardi 9 juillet.

« Le seul moyen pour me faire entendre »

Cité, le mardi 16 juillet, en comparution immédiate, il explique à la barre qu’il ne veut plus rester au centre de détention d’Argentan. Il a commis ces actes pour obtenir son transfert. « J’ai écrit plusieurs fois. Sans réponses ! Mettre le feu à ma cellule est le seul moyen que j’ai trouvé pour me faire entendre. »

Quatre ans de prison dans un autre établissement

Le tribunal condamne le détenu à quatre ans de prison. Il a été immédiatement incarcéré à la maison d’arrêt de Coulaines (Sarthe).

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( Maroc ) En prison pour avoir insulté le roi

Au Maroc, Abdessamad Haydour, un étudiant de 24 ans, est en prison depuis 18 mois pour avoir insulté le roi Mohammed VI dans une vidéo postée sur YouTube.

HRW

Human Rights Watch est une OING qui défend des droits humains sur le plan international. Aujourd’hui, elle demande aux autorités du Maroc de libérer Abdessamad Haydour, un étudiant de 24 ans, qui a purgé la moitié de sa peine de 3 ans de prison pour s’être élevé contre le roi Mohammed VI.

En effet, cela fait deux ans que le Maroc a adopté une constitution qui consacre la liberté d’expression. Pour être en accord avec cette constitution, les autorités marocaines doivent abolir les lois répressives qui ont expédié le jeune homme en prison.

D’après Joe Stark, le directeur par interim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW : « Si le Maroc a réellement l’intention de mettre en œuvre les garanties de liberté d’expression qu’offre sa nouvelle constitution, il doit se débarrasser des lois qui envoient les gens en prison pour avoir insulté le chef de l’État, même si ce qu’ils disent peut sembler grossier  »


Dix-huit mois pour offence au roi !

C’est la peine déjà faite par Abdessamad Haydour. C’est le premier Marocain qui passe autant de temps derrière les barreaux pour ce type d’infraction. 

Le jeune homme a été placé derrière les barreaux pour s’être « élevé contre le roi », lors de manifestations à Taza, contre le chômage et la conjoncture économique. Il est ici filmé alors qu’il échange ses opinions avec un autre jeune. La vidéo a été téléchargée sur YouTube, ce qui a provoqué l’arrestation du jeune homme.

Les journalistes de Demain Online ont traduit certains passages : « Pourquoi nous vivons dans la pauvreté ? Parce que le colonisateur dont le représentant à Rabat est Mohamed VI, le dictateur, l’assassin et le tueur, et que chacun le traite comme il le veut… tout qualificatif conviendrait à ce chien et aux chiens qui l’entourent. »

(… ) Tant qu’il est en prison pour s’être exprimé ainsi, aucun Marocain ne jouit vraiment du droit de parler librement du roi. »

 

SOURCE : http://www.mediaetudiant.fr/actualites/maroc-prison-depuis-18-mois-insulte-roi-16301.php
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